« L'esprit de famille » est une des sagas de mon adolescence. J'ai lu tous les livres, j'ai vu la série. J'avais oublié d'autres titres publiés ultérieurement, dont le superbe «
Trois femmes et un empereur ».
Croiser
Janine Boissard au coin d'un stand de Saint Maur en poche 2018 a fait remonter avec bonheur ces lectures.
Dans mes souvenirs, une écriture pleine de tendresse pour les personnages « ordinaires » qui jalonnent les romans, une description de la vie « normale », celle qui nous est proche. Mais qui dit « ordinaire » ou « normal » ne signifie pas sans relief, bien au contraire! Des personnages au caractère bien trempé, avec des envies, des passions, des deuils.
Alors découvrir la « femme » sous l'auteure m'a forcément séduite. Et la lecture ne m'a pas déçue. Parce que j'ai retrouvé dans les petits riens ou les grands tout de la vie de
Janine Boissard ce qui transparaissait dans sa littérature : des blessures certaines dont il était malgré tout possible de faire un atout, comme la petite fille jamais à sa place est ainsi devenue la grande auteure et scénariste depuis longtemps reconnue.
Avec pudeur et humour, Madame Boissard nous dévoile sa construction de petite fille à adulte, ses relations absentes ou conflictuelles avec ses parents, ses atermoiements entre différents métiers « artistiques », les amours heureuses et malheureuses qui ont marqué sa vie de femme et d'écrivaine.
J'ai pris plaisir à découvrir comment l'écriture de certains livres avait débuté, ceux qui avaient été mis de côté, puis repris au fil du temps et des commandes des éditeurs. Cela éclaire aussi le métier d'écrivain et les relations avec le monde de l'édition pour la lectrice invétérée que je suis.
Et plus que tout, ce qui m'a émue, c'est la constance des valeurs portées par «
Une femme » : la place des femmes fortes, battantes, mais pas « écrasantes » qui luttent pour s'en sortir, mais pas au dépend des autres (les hommes notamment! Cf l'interview avec L. Zeimour), le désir de conserver le cercle familial, d'observer une pause dans un monde toujours plus rapide et avide de sensations.
Tous ses lecteurs devraient remercier
Jean Rossignol, son fidèle ami, qui l'a un jour incitée par ces mots « Et si tu parlais enfin de toi? » Sans lui, nous n'aurions sans doute pas connu « La Marette »!
«
Une femme », certes. Une grande dame, sans aucun doute.
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