C'est la première fois que je découvre Roberto Bolaño en nouvelliste, si l'on excepte la lecture de "
La littérature nazie en Amérique" qui, bien que constitué d'une compilation de textes, est davantage une anthologie -bien que fictive- qu'un recueil de nouvelles.
Inévitablement, certains textes m'ont touchée davantage que d'autres, quelques-uns m'ont paru un peu obscurs... ce qui est en tous cas curieux, c'est que deux semaines après cette lecture, je ne garde le souvenir précis que d'un petit échantillon d'entre eux, et qu'il ne s'agit pas forcément de ceux que j'ai préférés.
Ce qui en revanche m'est resté de ce moment passé avec, rappelons-le, l'un de mes écrivains préférés, est la sensation vague mais tenace d'une sorte de mélancolique désoeuvrement, allié à une violence latente, sourde, mais omniprésente. C'est étonnant, parce que lorsque je relis les notes prises lors de ma lecture, je me remémore que certaines des nouvelles relatent des anecdotes très sordides, et parfois explicitement violentes. En réalité, en tant que fervente adepte de Bolaño, je ne suis pas si surprise que j'ai l'air de vouloir vous le faire croire...
Ses romans parlent davantage à notre corps qu'à notre esprit. Ils laissent en nous une empreinte presque insaisissable, la réminiscence en effet quasiment physiologique d'une nostalgie chuchotée à notre oreille, et néanmoins intensément douloureuse.
Plus que le souvenir d'enchainements de faits, je garde la trace d'images, et surtout des émotions qui s'y sont rattachées... l'impression, due au caractère énigmatique de certains épisode, d'avoir parfois évolué, à l'instar des personnages, comme dans un rêve... d'avoir été confrontée à une réalité hoquetante et elliptique, lorsque l'auteur déroule son récit par séquences.
Me revient aussi à l'esprit cette admiration face à sa capacité à rendre perceptible la dimension à la fois tragique et dérisoire de son propos, même lorsqu'il évoque des événements a priori anodins.
Ses personnages, latino américains répartis sur une large surface du globe, semblent inconsciemment hantés par une détresse lancinante, mais dissimulée, qui fait d'eux éternels errants en quête d'une paix dont il ignore la nature.
Le retentissement de l'exil sur les individus, la désillusion engendrée par le constat de l'omniprésence de la barbarie, la difficulté à trouver un sens à l'existence, sont autant de thématiques que Roberto aborde pourtant avec humour -même s'il est souvent grinçant- et poésie (peut-être l'une des seules consolations possibles à la douleur que procure le monde).
Il démontre une fois de plus, avec ce recueil, qu'il est un très grand !
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