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EAN : 9782956417095
TheBookEdition.Com (17/09/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
J'avais l'impression que son corps poussait
le monde ou plutôt que ses seins lourds poussaient le monde, de ses hanches puissantes et larges ouvertes sur des pieds ouverts à 10 h 10, une déesse du croissant fertile, triangle ouvert du ciel pointant la terre allaitant l’origine du monde…
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Les encres étaient très liquides et fondaient dans le papier, pour peu que l’on ait pris soin à l’avance d’en humecter d’eau une partie. Une acceptation totale formait ni de l’encre ni du papier, mais autre chose, une immense tache témoin de l’acceptation, absorbée en son for intérieur, dans l’intimité, au creux de son coeur une partie commune où logent l’ignorance des beautés.

— Mais enfin !!!

— C’est quoi ces chiffres 4 qui forment des bateaux et des voiles !!! La ligne du quatre ne descend pas jusqu’en bas. Je l’ai dit maintes et maintes fois, vous allez me recopier des lignes de quatre, sans voiles, et ça va rentrer dans votre petite tête, nous ne sommes pas en pleine mer ici M. et ces cheveux dans les yeux, si l’on commençait à les couper, ça rentrerait peut-être mieux (en me tirant les cheveux des tempes). Mais, ces taches et ces coulures sur votre cahier !!! Et puis ça a traversé, tout le cahier est fichu, vous pouvez être fier de vous maintenant ! Je vais montrer à la classe entière vos bêtises, à regarder en permanence par la fenêtre, voilà où nous en sommes avec vous…

— Vous allez tout recopier sur un nouveau cahier pour le prochain cours !!! Et pas une seule rature ni tache, point à la ligne.

Elle me lâcherait pas cette casse-couilles, « casse-couilles » ce n’est pas méchant c’est un mot du sud de la France pour dire son exaspération gentiment.

Présentant le cahier au reste de la classe comme un contre-modèle, ce qu’il ne faut surtout pas faire : un défaut, une tache, un modèle à ne pas suivre, une cause perdue, fichue, ma valeur était donnée, je serais taches et coulures, exclusions et bêtises. Alors je ne parlais plus au risque de passer encore à côté de ce que je me forçais à comprendre, mais ce n’était pas ma langue, ce n’était pas mon langage, mon langage ne faisait pas de bruit, il ne dialoguait avec aucun humain, ma langue, elle parlait aux animaux, dans les yeux des chiens, avec les tourterelles posées sur les bords de toits, qui partent en deux battements rejoindre les grandes cimes ; mon langage il souffle dans les arbres, accompagne l’odeur de l’écorce des cèdres du Liban enlacé à cinq mètres de hauteur ; mon langage il lève les branches des saules pleureurs entrelacés, il caresse le grand vent qui fait l’histoire du monde, c’est l’odeur de l’orage avant et après la pluie, c’est la matière rugueuse et fine de l’écorce d’un chêne et son odeur de mousse ; mon langage c’est tous les petits gestes que les gens font spontanément ou cachent maladroitement, ceux-là je les traduis parfaitement, les silences, les intonations, les aigus, les graves, les vibrations, les phrases forcées de la peur du silence, celles qu’ils se sentent obligés de dire, des conneries sur le temps et toujours les mêmes selon les saisons, chaud ou froid, les nouvelles des enfants, l’actualité qui fout les glandes, ou du nouveau magasin très tendance. Un polythéisme en devenir, marques et totems. Magasin qui vend aussi des merdes pas chères pour alimenter une machine à merde… les petits oiseaux dans les hautes branches me paraissaient tellement solides et courageux, dans ma tristesse et mon malheur moi, je regardais bas, la ligne, l’interligne, les arrondis, deux carreaux après la marge, lignes bleues, espace blanc, plume, encrier, à en crier !!!

J’ai déjà perdu les consignes, je ne comprends rien à rien de ce que l’on me demande et pourquoi on nous enferme ; on n’a rien fait de mal, de toute façon mamie vient me chercher toujours après la classe, elle se tient en face du grand portail de l’entrée, de l’autre côté de la route à gauche, à l’ombre de la haie de cyprès, près de la boîte aux lettres ou de petits oiseaux ont niché ; on les regarde toujours un petit peu avant d’y aller. La blouse ronde et gonflée tombante sur les grandes poches aux les clefs scintillantes, le cliquetis annonçant l’ouverture du grand portail métallique et au dehors l’amour rond et souple de celle qui accueille, celle qui ne juge pas, celle qui aime et rit aux taches et aux gros mots.

Libération inconditionnelle, de futur love plus que parfait, je sortirai, tu sortiras, il sortira… Nous irons dehors au loin, le plus loin possible, grand écart aux adducteurs distendus hyperlaxes, un corps ça s’évade et vite fait s’il le faut, en engageant la totalité du corps par-dessus tout le passage de la tête première, et glissé du buste en rotation, le demi-tour du nouveau-né avant forceps ; j’avais passé la grille…
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Un accent, c’est une ligne sous le ciel tendu où l’écho des âges chante la multitude des ancêtres dans ta gorge.

Un accent, c’est ce qui reste de ton peuple dont tu sais si peu, parcourant le globe et la terre des épreuves, de ton regard millénaire.

Un accent, c’est ce que le temps a piégé, quand les gens ne partaient pas, qui a pris maison dans ta voix.

Un accent, c’est le chant de nos ancêtres qui sonne dans ta gorge et s’en va à présent courir le monde pour offrir et nourrir ton ADN.

Un accent, c’est ce qu’il reste de la langue que l’unification d’une nation n’a pas réussi à supprimer.

Un accent, c’est ce que perd le petit quand il part faire les études à la grande ville.

Un accent, c’est un claquement de langue, des RRR tournants sous l’inertie du temps.

Un accent, c’est la musique d’un lointain souvenir, où les grands-parents d’un simple bonjour chantaient le jour.

Un accent, c’est le nom des vieux outils en bois usés dans la cabane, sous le chêne au fond du jardin de papi.

Un accent, c’est la recette que tu as fait cent fois avec mamie le dimanche matin entouré des cousins.

Un accent, c’est une chose qui s’en va avec les vieux inclinant leurs chapeaux sur leurs chemins de mystères…

Un accent, ce sont les pas des vieux qui t’accompagnent discrètement quelques instants sur ton chemin de mystère…

Un accent, ça s’oublie, et puis ça vit et c’est tant mieux.

Un accent, c’est l’instrument du monde qui souffle dans les hommes la partition d’un paysage.
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Je suis arrivé au bout du désert plat et fin, à la lisière du monde où la finesse s’est amassée.

Une étendue blanche sans horizon aux lignes volutées, poussées par le temps à la force du monde, sur les crêtes d’un découvrement et ouvertes, sur des landes, des landes sans accroches…

Dans mon dos, laissant le bruit et les guerres qui résonnent encore dans mes veines, il faudra s’enfoncer, perdre les sons, les choses et tous les hommes, jusqu’au silence des derniers jours, où on laisse venir la mort d’une mate et sourde crypte profonde.

Chercher des narines grandes ouvertes, une immense inspiration, ce léger courant d’air d’ascension glissant dans cet escalier aux interstices de pierres sèches.

Les résonances du kaléidoscope cliquetant de multiples éclats sur les parois enivrent et
tournoyant l’entrechoc des planètes, encore des planètes, des planètes, tournoyant, tournant, tournent, tournent des milliers d’univers lumineux s’entrechoquent.

D’une identité plus grande que soi et mourir encore à la vie !!!
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La guerre des Hommes.

Une émeraude comme un ciel se déchire,
et donne un éclat.
On colonise les esprits comme une terre
qui serait à reprendre.
Peu de frontières avouables accordent
la liberté du nombre au sous-nombre ;
démocratie et cœurs défaits.
D’aucun parti,
pris de rien,
des jours qui n’en sont plus,
dans les fausses lumières,
À l’ombre du grand théâtre,
dans l’arène et la foule,
tes yeux se perdent
et se ferment enfin.
Des pourpres venus des temps lointains
que tu ne peux encore recevoir,

Les mains ne trouvent plus de repos dans cette course folle,
et ne retiennent aucun lieu où se poser.
Des pleurs qui ne pleuvent plus,
les prévisibles et leurs mortelles rengaines,
les ignorances et le jardin d’Éden piétiné.
Tu y crois encore aux levées des consciences, aux pierres, aux grands soirs d’orages,
Quand les sombres jouent de leurs mensonges aux foules apeurées.
Un pas de côté enivré et tranquille
dans les herbes hautes,
Je pisse…
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L’œuvre ouverte !!!


« Ce qui compte ce n’est pas une œuvre en tant que telle ni sa matérialité, mais ce quelle laisse entrevoir pour les générations futures dans un espace-temps plus ou moins éloigné. »

(Joan Miró)




Il y a des œuvres qui vous semblent
indépassables ; et parce qu’elles semblent indépassables, il faut tenter d’en saisir jusqu’où leur force et leur mystère vous ont amené.

À partir de ce point, ce que l’on appelle L’œuvre ouverte terme et superbe livre de Umberto Eco, place non pas l’Artiste dans une mégalomanie autocentrée, mais dans la lignée reconnaissante d’une humanité sans cesse en prise directe avec sa grande histoire.

Nous devons garder le lien avec ce qui a été fait, le transmettre aux jeunes générations, mais lâcher soi-même la main qui vous a portée humblement et consciencieusement. Tenter seul soi-même d’aller un peu plus loin.


À Donald Judd et Eduardo Chillida.
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