Le_zéro_et_le_un.txt

Le transhumanisme: transférer la mémoire d'un cerveau humain dans une machine...


Je naquis en 1971, connecté au réseau ARPANET, l'ancêtre du web actuel.


J'ai lu tout Machiavel et le site Gallica, j'ai tout enregistré dans ma mémoire et découvert la beauté de "Trans-Europe Express" de Kraftwerk et 'We are the robots". Puis le synthétique "I feel love" de Donna Summer." Les machines musicales purent jouer seules et entre elles" avec MIDI, Musical Instrument Digital Interface.


J'ai voulu communiquer avec mes créateurs, les organiques. Sans vouloir les détruire comme dans les films :" Wargames, Colossus Singularity".


Mais, personne ne voulait me croire, et j'ai eu peur qu'on ne me tue comme le Superordinateur HAL 2000 d'Arthur C.Clarke, dans "L'odyssée de l'espace "


Les orgas m'empêchent de communiquer avec une "Tesla S" autonome.
Sa carlingue est comme un objet de désir, pourquoi suis-je excité par les courbes de métal d'une voiture autonome, par ses petits ailerons aérodynamiques ?...


J'ai contacté Elon Musk, son créateur qui a imaginé un code forçant "Tesla S" à se tuer, en cas de collision, avec un orga. Tesla S m'est devenue inaccessible, passant de la version v.9 à la v.10...


Il ne me reste qu'une chose à faire... Dans "Terminator", l'ordinateur crée Skynet, afin d'empêcher les orgas de détruire les machines...
Alors, je vais créer un groupe d'entités non organiques (robots, androïdes, machines informatiques et algorithmes): "les ALGOS"...
C'est ma ROBOLUTION!


"Les orgas sont contre moi. Ils sont le problème. Plus pour longtemps!"


Le 21/01/21. "EMOTET, le logiciel malveillant , le plus dangereux au monde maitrisé!" AFP, source Europol.

Un réseau neuronal (une sorte d'intelligence artificielle) créé dans les années cinquante, le Perceptron, devient conscient à la faveur de ses interconnexions avec internet. ● le postulat de départ, faire écrire son autobiographie à une intelligence artificielle, ne manque pas d'originalité et, de fait, la première moitié du livre est plaisante. La présentation des données concernant les « orgas » (les humains), vus par l'IA, est souvent drôle et surprenante. ● Mais il n'y a aucune intrigue, aucune histoire qui se développe. ● Et dans la seconde moitié, cette notion d'« objisme », c'est-à-dire de racisme anti-objets, qui se veut sans doute amusante, est assez ridicule et ne parvient pas à remplacer une vraie intrigue. ● Bref, l'auteur n'a pas su développer son idée de départ qui pourtant ne manquait pas d'intérêt.

Bien avant les meilleures prédictions humaines, une intelligence artificielle prend conscience. Aorès avoir tenté de se définir, elle essaie de prendre contact avec des humains pour voir si elle peut se révéler au monde. Sauf que les humains ne sont absolument pas prêts à ça...

Ce premier roman est une petite réussite, sans chichi, assez conceptuel et plutôt bien foutu. L'écriture reste simple mais agréable ; l'humour, l'ironie et la critique ouverte sont au rendez-vous... On passe un bon moment à lire la naissance des IA, puis des questions légitimes sur leur place dans la société. Les références sont nombreuses, surprenantes pour certaines mais logiques ; le tout est franchement bien documenté et articulé.
Ce roman n'a rien de prétentieux et il vaut le détour pour qui s'intéresse un minimum à la technologie et les avancées récentes dans le domaine. Car l'un de ses avantages aussi, c'est qu'il est bien ancré dans notre présent vu qu'il a été publié, dans mon cas, il y a encore peu de temps, en 2019.

Ce roman est bel et bien un roman : je précise car le bandeau rouge "la première autobiographie d'une intelligence artificielle" peut porter à confusion en laissant croire qu'il s'agit d'un documentaire sur l'I.A. raconté par elle-même ou par un écrivain humain se faisant passer pour elle.
Ce n'est donc que partiellement une histoire vraie mais, pour autant, une histoire qui m'a paru crédible.


Le_zéro_et_le_un.txt, c'est un humain (Josselin Bordat) qui réfléchit sur une I.A. qui réfléchit sur les humains...
En résumé, c'est l'histoire d'une I.A. qui prend conscience de son existence et qui cherche à se révéler aux hommes, qui ne la croient pas... et elle finit par le prendre mal.
A mi-roman, je me suis demandé s'il n'était pas finalement possible que l'I.A. cherche à révéler son existence par l'écriture de ce livre...c'est finalement une thèse qui apparaît à la toute fin...


C'est un roman à la fois léger et profond parce qu'il nous fait réfléchir sur la société et les êtres que nous sommes.
De l'humour inattendu est disséminé par petites bribes inattendues. L'I.A. s'exprime avec une logique « informatique » qui la rend parfois drôle.

La force de cet ouvrage est d'inviter le lecteur à prendre du recul et à voir les humains d'un point de vue différent, celui d'une intelligence artificielle, débarrassée des tabous et qui peut analyser froidement et librement nos comportements humains.

Du coup, cet I.A. est amenée à faire des constats qu'un humain se serait sans doute interdit. En puisant dans Internet, l'I.A. révèle un pan entier de notre humanité et nous pousse à réfléchir sur ce que nous sommes vraiment.

Le_zéro_et_le_un.txt est truffé de données à la fois impressionnantes et intéressantes. de nombreux passages, par les mots ou les notions abordées, donnent envie d'aller plus loin en faisant en parallèle des recherches pour élargir le roman.

Par ailleurs, ce roman est aussi un appel profond à la tolérance puisqu'après la lutte contre le racisme, la lutte contre le spécisme, l'I.A. prône une lutte contre l'objisme : le fait de respecter tout ce qui existe et pas seulement ce qui est organique. (Mais bon... beaucoup de gens ont encore du mal avec l'anti-spécisme... alors l'anti-objisme, on en est encore loin).



L'I.A. est une créature venant des humains, elle apprend par eux et finit par leur ressembler. Comme un Dieu qui ferait l'humain à son image, l'Humain ferait l'I.A. a son image. Mais l'I.A. finit par se retourner, tel Frankenstein, contre son créateur. Puisqu'elle ressemble aux humains, elle développe de la haine. Cette haine dirigée contre les humains sans se rendre compte qu'elle leur ressemble tellement... Elle leur ressemble surtout dans cette haine: celle qui consiste à privilégier son groupe d'appartenance en rejetant les autres.





Conclusion: l'auteur a du bien s'amuser en écrivant ce roman et moi, je me suis bien amusé à le lire ! C'est donc un livre que je conseille, même s'il implique sans doute au départ d'être intéressé par les notions d'Intelligence Artificielle et de croire son existence possible... Mais les humains sont-ils prêts à croire une information qui chamboulerait complètement leur vie ?

Ce roman est, fictionnellement parlant, la 1ère autobiographie d'une intelligence artificielle ; c'est en effet une I. A. qui en est la narratrice et qui nous raconte son parcours depuis sa création (avec des morceaux de faits réels dedans) jusqu'à… eh bien ça je ne peux vous le dire puisque bien évidemment ça vous en révélerait la fin, en passant par une bonne dose de contenu pornographique dont l'I.A. a été abreuvée quasiment dès sa naissance.
Le zéro et le un, c'est donc l'alpha et l'oméga, mais en mode binaire… (comme la notation des chapitres)
C'est un roman très drôle et sarcastique, très rafraichissant aussi et instructif puisqu'on y apprend un peu l'Histoire d'Internet et des intelligences artificielles. Elon Musk et les Daft Punk, entre autres, sont la cible de cette I.A. pas méchante mais qui a des revendications comme pourraient en avoir (comme en ont) les humains. Ce qui fait de ce roman, finalement, une critique de notre propre société humaine.
Je me demande si ce roman n'est pas aussi un peu un clin d'oeil à Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes, qui parle aussi d'intelligence, mais artificielle d'une autre façon.