Satisfaction cathartique et profonde remise en cause de ma place dans la collapse en cours. Intense et sans concession. L'histoire m'a devancé tout du long comme une impression de déjà vu, jamais lue.
La fulgurance de la glose organique pose tranquillement des cadrages et donne des mouvements lentement renversés pour enfin fracturer le tout avec une violence : j'ai cru mes yeux lire des mots qui jouaient avec constance avec un fouet. L'entendre se détendre dans le silence et claquer les tympans chaque instant.
Les abîmes formelles et factuelles, les intrications de soue-mondes dans les soue-mondes, l'articulation subtile et simultanée des points de vue, l'orchestration implacable des séquences : tout avance avec l'inertie interne inarrêtable d'un rouleau compresseur survitaminé, armé comme un char d'assaut, lancé sur la ville. Rien qui traine en longueur et on en redemanderait des kilomètres.
Tout sent, ressent, vibre, sonne, résonne, pose, explose.
Est-ce de la sueur, du vomi ou un sourire qui me pend aux lèvres?
Tout sort retourné, usiné salement, buriné. ça déglingue. Tellement bien que ça m'a laissé tout en ruines. Beau.
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Un bobo publiciste qui n'en a plus rien à foutre de rien , une prolo d'1m55 54kg qui ne rêve que de se hisser du lumpen prolétariat à la classe moyenne qui n'a de classe que le nom, un flic tendance chaos qui ne rêve que de s'extra-terrestrer, des feuillets insurrectionnels, voilà le topo.
C'est un bouquin qui fait du bien, un traité de savoir vivre à l'usage des vivants ; un brûlot vengeur qui latte notre non-monde assis sur la violence étatique la pub la corruption, c'est nihiliste, c'est beau et c'est triste, c'est violent et c'est poétique, c'est punk et parsemé d'haïkus.
Bouquard est un écrivain de talent avec de solides références.
Un polar comme en fait peu en espérant qu'il ait le succès qu'il mérite.
"Les beaux jours se passent de napalm"
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