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Christiane Besse (Traducteur)
EAN : 9782020213646
357 pages
Seuil (25/05/1993)
3.58/5   242 notes
Résumé :
L'affaire Carriscant commence-t-elle à Manille un matin de 1902, à l'instant où un brillant chirurgien jette les yeux sur une belle tireuse à l'arc ? Ou bien en 1936, à Los Angeles, lorsque Kay Fischer est abordée par un homme qui affirme être son père ? Ou encore à Lisbonne qui réunit les héros de cette surprenante aventure ? Intemporelle, insaisissable, l'affaire Carriscant est une merveilleuse histoire d'amour qui rient de la légende.

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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Dans notre série "je relis tout William Boyd", voici son cinquième roman, paru dans sa traduction française, par Christine Besse, en 1994.

Cette après-midi bleue c'est un ciel d'orage tropical sur la baie de Manille aux Philippines, et, 30 ans plus tard, sur la rade de Lisbonne. L'orage est, bien sur, celui de l'amour fou.

Comme toujours chez Boyd, le héros est un homme jeune, intelligent, inventif - ô combien ! -, et amoureux. C'est le fils d'un solide et banal ingénieur des Chemins de fer, écossais perdu à Manille, et d'une descendante de la bourgeoisie métisse philippine.

Brillant chirurgien, il transpose dans son service, en 1903, les idées de Pasteur et de Lister sur l'asepsie, tandis que son Collègue et rival Diaz continue à opérer en redingote. Il est aidé par Pantaleon Quiroga, un anesthésiste passionné d'aviation, et sans doute aussi impliqué dans la résistance au tout nouvel occupant américain qui vient d'arracher les Îles à Espagne.

Malheureux en ménage, il tombe follement amoureux d'une belle américaine mariée, qui va transformer sa vie de notable moderniste et respecté. L'histoire est racontée 30 ans après par sa petite-fille architecte à Los Angeles, personnage attachant par son courage et sa liberté d'esprit.

Comme toujours, l'imagination de Boyd vous remplit d'admiration, comme son art descriptif. Les sentiments sont justes, l'histoire passionnante. Bref n'hésitez pas à le dévorer.
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Nous sommes à Los Angeles en 1936. La pétillante Kay Fischer est une architecte pleine de promesses mais sa vie amoureuse n'est pas très brillante… Elle ne sait pas encore que sa vie va changer.

« Je suis ton père » dit un vieil homme qui vient de sonner à sa porte.

Kay lui rétorque que son père est mort depuis longtemps mais Salvador Carriscant, c'est son nom, insiste au fil des jours. Il veut que Kay l'accompagne pour retrouver les traces d'une femme dont il ne possède qu'une photo.

Dès lors, on est sous le charme des personnages et des situations troublantes…. William Boyd nous tient en haleine et tout comme Kay on se laisse emporter, on glane des informations précieuses, on tente de démêler le vrai du faux. Qui est cette mystérieuse femme que Salvador Carriscant recherche avec énergie ?

Salvador Carriscant n'est pas un héros mais un homme terriblement attachant. Il prétend avoir été un brillant chirurgien à Manille en 1902 et plus tard dans sa vie, cuisinier, avoir participé à l'un des premiers vols en avion. Il prétend avoir vécu une merveilleuse histoire d'amour avec une femme mariée… Les descriptions du Manille de l'époque et des balbutiements de la chirurgie moderne sont absolument savoureuses.

Et puis, il y a le jour où tout a basculé…

Ce roman à l'écriture élégante n'est jamais ennuyeux. Il suffit de se laisser transporter par son apparente légèreté.


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Au tout début du XXème siècle, pendant un épisode oublié de l'histoire américaine, la guerre des Philippines, voici réunis un héros séduisant en la personne d'un jeune chirurgien de talent, son ami anesthésiste rêvant, au péril de sa vie, d'inscrire son nom au panthéon des inventeurs de l'aviation, une belle histoire d'amour et le talent de conteur de William Boyd. Tous les ingrédients nécessaires à la confection d'un chef d'oeuvre ? Pas tout à fait… la faute à qui, à quoi ? A un scénario parfois trop rocambolesque pour être crédible, à des réponses qui n'arrivent jamais et à des personnages féminins traités un peu superficiellement.
Pourtant, ces quelques réserves ne justifient nullement de négliger ce titre, car le charme opère malgré tout, William Boyd a beaucoup de talent et sait s'en servir, ici aussi. On appréciera tout particulièrement la description brillante du tumulte amoureux s'emparant du héros jusqu'à ce l'orage éclate dans L'Après-Midi Bleu qui donne son nom au roman. Il est alors temps de se taire et d'apprécier :
« A l'ouest, au-dessus de la baie de Manille, le ciel était clair et le soleil, sombrant de tous ses feux, baignait le jardin d'une épaisse lumière crémeuse. Les premières gouttes commencèrent à tomber, telles des pièces d'argent traversant la lumière radieuse du jardin et, tandis que les nuages s'abattaient sur la cité comme pour étouffer ce soleil audacieux, un bref mélange de brouillard orageux mauve et de luminosité crépusculaire fit virer l'air au bleu, changeant presque sa substance invisible pour la transformer en quelque chose de présent, de tangible comme si la lumière bleue emplissant le jardin était une fine brume de gouttelettes suspendues dans l'atmosphère. Enchanté, fasciné, sans vraiment réfléchir, Carriscant ouvrit la fenêtre et tendit la main comme un enfant essayant d'attraper, essayant de toucher ce merveilleux phénomène. Ses doigts se refermèrent sur le vide. Il vit en revanche des centaines de nuances de vert dans les feuilles, les buissons et l'herbe ; il sentit l'odeur de fer rouillé de l'imminent déluge ; de grosses larmes de pluie frappèrent sa paume ouverte et il entendit le tonnerre éclater au-dessus de San Juan del Morte tandis que sous son regard ravi l'après-midi se peignait en bleu.
_ Quelqu'un vous demande, docteur. J'ai dit qu'il était trop tard mais il s'agit d'une urgence, je crois.
_ Faites entrer, Senora Diaz. Et vous pouvez partir.
Il s'assit à son bureau et, de l'ongle, dessina paresseusement des lignes entre les taches d'encre sur son buvard. La pluie tombait maintenant à flots, emplissant les gouttières à les faire déborder, et l'air de bruits de clapotis. Extraordinaire, cet effet de lumière dans le jardin, songea-t-il. L'atmosphère chargée d'humidité à l'excès, l'éclat blanc du soleil et le gris bleuâtre des nuages semblaient fusionner dans les gouttelettes microscopiques. Un genre d'effet de prisme monochrome, si l'on pouvait dire, tout à fait magique. Il avait eu l'impression de pouvoir toucher l'air, d'en ramasser ou presque des poignées bleues.
Il leva la tête et la vit. Elle était entrée dans la pièce si doucement que, durant une seconde de folie, il crut qu'elle était elle aussi une vision, un autre effet magique et sublime de la lumière. »
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La construction de l'ouvrage est un peu boiteuse. le premier récit se situe en 1936, à Los Angeles et narre la rencontre entre une architecte, Kay Fischer, et un homme qui se présente à elle comme son père. Assez étrangement, la jeune femme accepte peu à peu la présence de Salvador Carriscant alors qu'il ne lui donne aucune explication sur sa paternité. Elle accepte même de s'embarquer avec lui pour Lisbonne contre la promesse de certaines explications. On ne comprend pas très bien pourquoi elle n'essaie pas de s'informer auprès de sa mère à qui, d'ailleurs, elle montre l'étranger qui la poursuit sans que cela déclenche la moindre réaction chez cette dernière.
le second récit est constitué par la confession de Salvador Carriscant. L'action se situe à Manille, au tout début du 20e siècle, quand les États-Unis viennent de prendre le contrôle des Philippines. Carriscant est un chirurgien réputé, un métis né d'un père anglais et d'une mère d'origine espagnole, très bien introduit dans les milieux aisés de la capitale et dont la mariage avec Annaliese, la fille d'un marchand allemand de tabac, bat de l'aile. Il rencontre une jeune Américaine, Delphine Sieverance, mariée à un officier américain. Fou amoureux de la jeune femme, il trouve enfin l'occasion de se rapprocher d'elle lorsqu'elle doit être opérée d'une appendicite. le couple d'amants décide de monter un stratagème rocambolesque pour échapper à leurs conjoints respectifs et retrouver leur liberté.
La dernière partie se déroule à Lisbonne où Carriscant espère retrouver la trace de la femme qu'il a aimée et perdue quand il a été arrêté pour le meurtre de son mari.
Il ne faut pas chercher dans cette histoire cousue de fil blanc une grande vraisemblance dans les actions des personnages. Pourquoi ce père recherche-t-il sa fille sur un continent éloigné (l'Amérique), pour l'aider à retrouver son amour d'autrefois qui se trouve sur un autre continent (l'Europe) alors qu'il a une famille sur un île lointaine du Pacifique ? La stratégie mise au point par Carriscant pour s'échapper avec sa maîtresse est d'une complication telle qu'on se demande comment elle peut fonctionner: on se demande comment la mise en scène de sa mort ne suscite aucune question et que personne ne cherche à voir son cadavre. Arrêté pour un crime dont il est innocent, Carriscant est condamné pour complicité dans des meurtres mystérieux sans qu'aucune preuve tangible ne puisse être apportée. Quand il revoit trente ans plus tard le policier qui l'a accusé, ils tombent dans les bras l'un de l'autre. L'auteur semble tellement découragé par l'histoire emberlificotée qu'il a montée qu'il ne répond pas aux questions qu'elle soulève.
Pourtant, ce livre possède un certain charme par le climat d'étrangeté qui se dégage du récit de Carriscant. le Manille que l'auteur évoque est plein de moiteur tropicale, de végétation luxuriante, de promenades en victoria, d'atmosphères troubles... le savoir-faire du chirurgien, son souci de l'hygiène sont confrontés aux méthodes de boucher de son confrère Cruz et à l'incompétence du médecin militaire Ward. Les détails sur les pratiques médicales à une époque où la prophylaxie était à ses débuts montrent le soin que William Boyd, fils d'un médecin, apporte à l'exactitude de ses descriptions. Mais le côté médical se greffe aussi sur le récit comme un élément supplémentaire du suspense puisque la dextérité de Carriscant est ce qui lui permet d'entrer en contact avec Delphine, de mener à bien leur plan d'évasion, et est finalement ce qui causera aussi sa perte. La touche si particulière de Boyd se révèle encore dans l'Aéromobile de Pantaleon, l'anesthésiste fou d'aviation, puisque que l'on sent le plaisir qu'a l'auteur à nous embarquer dans les rêves fous des précurseurs à l'aube des grands changements technologiques.
En découvrant le personnage de Delphine, je n'ai pu m'empêcher de penser à la sculpturale Liesl de Comme neige au soleil. Même peau blanche semée de taches de rousseur, même stature imposante et formes généreuses, deux femmes effarées par la vanité et le manque d'intelligence de leur époux. Par contre, Kay Fischer reste à l'état d'ébauche et de faire-valoir de son fabuleux géniteur.
Voici donc un roman qui ne comptera pas parmi les meilleurs de l'auteur, mais dont le coeur possède le charme indéniable des histoires d'amour avortées dont l'écrivain s'est fait une spécialité.
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L'affaire Carriscant débute à Manille en 1902 mais nous mènera loin, jusqu'à Los Angeles et Lisbonne. William Boyd nous offre ici un grand roman d'aventures et d'amour, une fresque pleine de vigueur mêlant trahisons, violences, coup de théâtre et amour, le grand amour. Un récit qui nous entraîne et nous tient jusqu'au dénouement, offrant un vrai plaisir de lecture détendante et intelligente.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
A l’ouest, au-dessus de la baie de Manille, le ciel était clair et le soleil, sombrant de tous ses feux, baignait le jardin d’une épaisse lumière crémeuse. Les premières gouttes commencèrent à tomber, telles des pièces d’argent traversant la lumière radieuse du jardin et, tandis que les nuages s’abattaient sur la cité comme pour étouffer ce soleil audacieux, un bref mélange de brouillard orageux mauve et de luminosité crépusculaire fit virer l’air au bleu, changeant presque sa substance invisible pour la transformer en quelque chose de présent, de tangible comme si la lumière bleue emplissant le jardin était une fine brume de gouttelettes suspendues dans l’atmosphère. Enchanté, fasciné, sans vraiment réfléchir, Carriscant ouvrit la fenêtre et tendit la main comme un enfant essayant d’attraper, essayant de toucher ce merveilleux phénomène. Ses doigts se refermèrent sur le vide. Il vit en revanche des centaines de nuances de vert dans les feuilles, les buissons et l’herbe ; il sentit l’odeur de fer rouillé de l’imminent déluge ; de grosses larmes de pluie frappèrent sa paume ouverte et il entendit le tonnerre éclater au-dessus de San Juan del Morte tandis que sous son regard ravi l’après-midi se peignait en bleu.
_ Quelqu’un vous demande, docteur. J’ai dit qu’il était trop tard mais il s’agit d’une urgence, je crois.
_ Faites entrer, Senora Diaz. Et vous pouvez partir.
Il s’assit à son bureau et, de l’ongle, dessina paresseusement des lignes entre les taches d’encre sur son buvard. La pluie tombait maintenant à flots, emplissant les gouttières à les faire déborder, et l’air de bruits de clapotis. Extraordinaire, cet effet de lumière dans le jardin, songea-t-il. L’atmosphère chargée d’humidité à l’excès, l’éclat blanc du soleil et le gris bleuâtre des nuages semblaient fusionner dans les gouttelettes microscopiques. Un genre d’effet de prisme monochrome, si l’on pouvait dire, tout à fait magique. Il avait eu l’impression de pouvoir toucher l’air, d’en ramasser ou presque des poignées bleues.
Il leva la tête et la vit. Elle était entrée dans la pièce si doucement que, durant une seconde de folie, il crut qu’elle était elle aussi une vision, un autre effet magique et sublime de la lumière.
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Cariscant n'oublierait jamais la première et presque dernière opération qu'il avait pratiquée avec Cruz. Cruz l'avait regardé se laver les mains avant de pénétrer dans l'amphithéâtre. "Vous préférez, je vois, vous laver les mains avant l'opération, docteur Cariscant, avait-il commenté, acide. Je préfère laver les miennes après." Sa franchise brutale au cours de sa tournée des salles était également légendaire : "Voilà un des pires cancers que j'ai jamais vus" lançait-il à une pauvre âme agonisante recroquevillée sur son lit. Ou bien : "Il faut amputer la jambe, et à hauteur de la hanche en plus, pas question de prendre de risques." Ou encore : "Dans un état comme le vôtre, mon cher ami, l'issue est nécessairement fatale. Je doute que vous revoyez jamais l'extérieur de cet hôpital."
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Mais pour lui l'important c'était la présence de Delphine : elle était là, tout près, sous son toit à lui. Il pouvait monter l'escalier, frapper à sa porte, prendre sa température, consulter ses feuilles de soin, demander qu'on lui change son pansement. Il pouvait être à côté d'elle, avec elle quand il le voulait. La démangeaison pouvait toujours être soulagée, la fringale toujours satisfaite. Mais désormais, c'était la pensée de son départ qui lui pesait. Sieverance avait demandé si elle pourrait rentrer chez elle pour Noël et Carriscant s'en était dit certain. Qu'elle recommence à marcher rendait difficile toute insistance sur une prolongation de son séjour à l'hôpital.
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_" Pourquoi vous faut-il retrouver ce Paton Bobby ?"
Il soupira, baissa le nez sur son assiette vide, tourna sa fourchette, la posa sur les pointes, puis me rendit mon regard.
_"Je suppose qu'on pourrait dire, répondit-il avec de grands yeux innocents et une expression suave, que je suis à la recherche d'un tueur."
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Il ressentit un violent dégoût devant son absurde impétuosité : cela manquait de dignité. Il enfonça son chapeau sur sa tête et prit le chemin de sa maison, se disant avec une sagesse mélancolique que la dignité était ce qu'on abandonnait en premier quand le coeur gouvernait votre conduite.
Et puis, il la vit.
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Vidéo de William Boyd
Au sommaire de la Critique, deux livres :
"Drive", recueil de poèmes de Hettie Jones resté jusqu'à présent inédit en France et disponible dans une édition bilingue chez Bruno Doucey (traduction de l'anglais (Etats-Unis) : Florentine Rey et Franck Loiseau).
"Trio", le nouveau roman de William Boyd paru au Seuil et traduit de l'anglais par Isabelle Perrin.
Nos critiques du jour : Marie Sorbier, rédactrice en chef du magazine I/O Gazette et productrice d'Affaire en Cours sur France Culture et Laurent Nunez, écrivain et éditeur.
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