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Rudolf Rach (Éditeur scientifique)Pierre Vesperini (Éditeur scientifique)
EAN : 9782851816320
180 pages
L'Arche (22/01/2007)
4.2/5   5 notes
Résumé :

Moi, Bertolt Brecht, je suis des forêts noires. Ma mère m a porté dans les villes Quand j étais dans son ventre. Et le froid des forêts En moi restera jusqu à ma mort.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce recueil est très hétéroclite, couvre une vaste période de production de Bertolt Brecht et regroupe des poèmes très variés : certains sont longs et, à mon sens, très banals et d'autres, surtout les plus courts, surtout ceux ayant trait à la politique ou à la guerre, sont d'une incroyable force.
Je reste donc très dubitative sur l'intérêt d'un tel ouvrage où la puissance littéraire de Brecht se trouve diluée par d'autres de ces écrits beaucoup moins pertinents à mon sens. J'imagine bien que l'éditeur n'a pas le même avis.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
SUR LE SENS DU POÈME DE DIX VERS
DANS LE NUMÉRO 888 DE « DIE FACKEL »
OCTOBRE 1933

Lorsque fut fondé le Troisième Reich
De cet homme éloquent ne vint qu'un court message.
Dans un poème de dix vers
Sa voix s'éleva juste pour déplorer
Son insuffisance.

À un certain niveau d'horreur
Les exemples n'ont plus de sens
Les forfaits se multiplient
Et les plaintes se taisent.
Les crimes dans la rue bruyamment se pavanent
Défiant toute description.

L'homme qu'on étrangle
Les mots lui restent dans la gorge.
Le silence s'étend et de loin
Ressemble à une approbation.
La victoire de la violence
Paraît totale.

Il n'y a plus que les corps mutilés
Pour dénoncer le passage des assassins.
Il n'y a plus, sur les maisons saccagées, que le silence
Pour signaler ce crime.

La lutte est-elle donc finie ?
Peut-on oublier le crime ?
Les victimes peuvent-elles être jetées à la fosse et les témoins bâillonnés ?
L'injustice peut-elle vaincre, bien qu'elle soit l'injustice ?
Le crime peut être oublié
Les victimes être jetées en terre et les témoins bâillonnés,
L'injustice vaincre, bien qu'elle soit l'injustice.
L'oppression s'assied à la table et empoigne les mets
De ses mains sanglantes.

Mais ceux qui servent le repas
N'oublient pas le poids du pain et la faim leur creuse le ventre
Même si le mot « faim » est interdit.

Qui a dit « faim » est assommé
Qui a crié « oppression », bâillonné.
Mais ceux qui paient les intérêts n'ont point oubli de l'usurier.
Les opprimés n'ont point oubli du pied qui pèse sur leur nuque.
Avant que la violence ait atteint son sommet
Recommence la résistance.

Lorsque l'homme éloquent s'excusa
De ce que la voix lui manquait
Le silence comparut à la barre
Ôta le drap qui le masquait
Et déclara : je suis témoin.


*Karl Kraus, écrivain juif viennois, avait fondé la revue Die Fackel [Le Flambeau] en 1899. À la suite de l'arrivée de Hitler au pouvoir (janvier 1933), il en avait suspendu la publication. Il la reprend en octobre 1933, avec un numéro de quatre pages seulement, contenant ce poème :


Ne me demandez pas ce que j'ai fait pendant ce temps.
Je me tais ;
et ne dirai pourquoi.
Du silence il y en a quand la terre craqua.
Aucun mot n'était juste ;
On ne parle que somnolant.
Et rêve d'un soleil qui brilla.
Ça passe ;
Et après ce fut peu importe.
Le Verbe s'endormit lorsque ce monde s'éveilla.
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Abandonnez votre chimère, ne vous figurez pas
Que l'on fera pour vous une exception.
Ce que vos mères vous on dit
Cela n'engageait personne.
Laissez votre contrat dans la poche
Ici il cesse d'avoir cours.
Laissez donc s'envoler les rêves
Où vous étiez choisis pour Présidents.
Mais mettez-vous pour de bon à l'ouvrage
Il faut vous décarcasser beaucoup plus que ça
Pour qu'on vous tolère à l'office.
Il vous reste encore à apprendre le B.A. BA
Et le B.A. BA, c'est :
On finira par vous avoir
Ne réfléchissez pas à ce qu'il faudra dire :
on ne vous posera pas de questions.
Les mangeurs eux sont au complet
Ici, ce dont on a besoin c'est de chair à pâté.

[Mais que cela
Ne vous décourage pas !]"
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LE CHANT DE LA PEINE

Ainsi plus d'un court et s'épuise
Parce qu'il aime trop
Le repos. Tous courent après le bonheur
Quand le bonheur leur court après.
Qui cherche midi à quatorze heures
Arrive trop tard à la soupe.
Qui prend les choses par-dessus la main
Se trompe de chemin.

Comme on court bien plus vite sans sa tête, on la laisse
Derrière, et quand à l'arbre, à bout de course, on a cueilli
Le fruit, on est tout surpris :
Sans sa tête on ne peut manger de fruit.
Si vous voulez, sur les étoiles, mettre la main,
Il faut vous lever et courir de bon matin.
Comme au bout d'une perche vous les tenez accrochées
Elles vous filent sous le nez.

L'arbre de la vie plie
Sous les fruits.
Si tu te mêles d'y grimper,
Tu n'arrives qu'à t'écorcher.
Attends qu'ils soient tombés
Pour les ramasser.
Quand la meute te tombe dessus en plein repas,
Avale bien vite et ne réponds pas.

Si tu lézardes couché dans l'herbe
Langue pendante, bouche grande ouverte,
Le fruit dans la gueule te tombera lourdement
Et te fera sauter les dents.
Si vous vous colletez autour du pichet,
Sûr qu'il va culbuter.
Et vous serez tous saouls
Non de vin mais de coups.

Quand à la dernière marche vous arrivez,
Sur une femme au mieux vous tombez,
Vous la déshabillez, elle vous culbute :
Mais c'est vous qui payez ce passe-temps.
La vie est belle
Si tu es plus beau qu'elle :
Alors au fond tu restes collé,
Il est envasé.

L'éternel féminin
Ah ! voilà qui les attire, et combien !
Potence garantie ! À toute épreuve !
Mais où sont donc les pendus ?
La passerelle est trop courte
Et au cœur la peine pèse si lourd !
Peu importe ce qui lui manque
Pour être assez longue !
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CROIS SEULEMENT...

Crois seulement ce que tes yeux voient et tes oreilles entendent !

Ne crois même pas ce que tes yeux voient et tes oreilles entendent !

Sache aussi que ne pas croire quelque chose, c'est croire autre chose !
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Quitte tes camarades au sortir de la gare
Marche dans la ville au matin, ta veste bien fermée
Cherche-toi un gîte, et si ton camarade frappe
N’ouvre pas, ah ! n’ouvre pas la porte
Au contraire
Efface tes traces !
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Videos de Bertolt Brecht (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bertolt Brecht
Engagé à gauche, mais critique du régime d'Allemagne de l'Est, le dramaturge allemand Bertolt Brecht, traverse un demi-siècle d'histoire allemande et propose un théâtre marxiste qui fait réfléchir le spectateur sur sa condition.
Pour comprendre l'influence qu'a eue la Première Guerre Mondiale sur Bertold Brecht, Tiphaine de Rocquigny reçoit Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice, et Hélène Camarade, professeure en études germaniques à l'Université Bordeaux-Montaigne, spécialiste de la résistance allemande et de la mémoire du national-socialisme.
#economie #histoire #bertoltbrecht ___________ Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqogc4cP5KsCHIFIryY2f1h ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco
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