Mitsou, histoire d'un chat

Balthus est un de mes peintres favoris. de son vrai nom, Balthazar Klossowski de Rola, frère de l'écrivain Pierre Klossowski, fils d'une peintre, Baladine. Celle-ci avait une liaison avec le poète Rainer Maria Rilke, ancien secrétaire d'Auguste Rodin.
C'est donc dans un milieu imprégné d'art et d'esthétique que grandit le jeune Balthus. Doué d'une sensibilité précoce, touchant au génie, il réalisa à l'âge de douze ans une série de dessins à l'encre de chine relatant le destin du chat Mitsou. Enthousiasmé par les aplats noirs, jetés sur le papier avec ingénuité mais avec une réelle sûreté, Rilke se prit au jeu de rédiger une préface pour la série de vignettes. Éditée en 1920, à Zurich, la plaquette était depuis longtemps épuisée. Les deux hommes, le poète déjà âgé et le peintre en devenir, échangèrent jusqu'en 1926 une correspondance. Toutes ces lettres sont ici rassemblées dans leur intégralité. Il existait une réelle connivence entre les deux artistes. Il reste aujourd'hui un livre « pour enfants » peut-être, mais surtout un hymne à l'animal qui fascina Balthus jusqu'aux dernières années de sa vie. Il décéda en 2001.

En 1935 Balthus a peint un autoportrait de l'artiste en Roi des chats. Jusqu'à la fin de sa vie - notamment dans sa trilogie du Chat au miroir qui l'occupa près de vingt ans -, le chat a toujours été présent dans son travail. Dès l'âge de onze ans il a dessiné à l'encre de chine quarante dessins consacrés à Mitsou, un chat qu'il avait trouvé et perdu.
Rilke, qui était l'amant de sa mère, l'aida à publier ces dessins sous la forme d'un livre et y ajouta une préface. Cette sorte de bande-dessinée et cette préface, rédigée directement en français, sont reproduites dans ce livre. Ainsi que huit lettres, toujours en français, adressées à Balthus.
Ces petites « lettres à un jeune peintre » ne sont en fait que des encouragements à un jeune garçon pour persévérer dans la voie artistique et la moitié d'entre elles ne sont guère plus que des cartes d'anniversaire. On peut constater tout de même que Rilke ne fait preuve d'aucune condescendance et qu'il prenait très au sérieux le jeune talent de Balthus. Il avait dès son plus jeune âge une remarquable attention au monde qui l'entourait et de belles dispositions pour composer des images.