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4,15

sur 93 notes
Le récit d'un aspirant écrivain passé à côté de sa vocation. Après l'échec cuisant de son premier poème le jeune homme végète comme professeur de roumain dans une école générale de Bucarest. Les illusions de ces années d'étudiant en lettres semblent définitivement perdues. de santé fragile depuis la tuberculose de son enfance, son mental est aussi affecté. Il souffre de visions et est hanté par ses rêves et ces hallucinations. L'histoire d'un homme éprouvé par la vie, qui relit frénétiquement les pages de son journal tout en noircissant celles de son manuscrit secret. Un roman étrange et envoutant, dans lequel on se perd parfois, à l'image du narrateur.
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S'il est un cliché qui convient au roman de Mircea Cărtărescu, c'est sans doute celui de roman-monstre, tant par la forme foisonnante d'un texte qui bouscule la taxinomie des genres littéraires que par la parade monstrueuse qui s'y déploie. Pour autant, le cliché est trompeur et si le livre de Cărtărescu joue bien avec certains codes du fantastique et la figure du monstre, cette dimension du livre entraîne peut-être le lecteur vers une fausse route. le narrateur de Solénoïde, professeur de roumain dans une école de Bucarest, écrit un journal hybride où rêves et récits réalistes s'entrelacent, une autobiographie enracinée dans une Bucarest chimérique, au sens presque biologique de création organique mêlant deux tissus, ici celui du réel et celui du songe. Dans Solénoïde, La réalité est contaminée par l'épanchement du rêve (la référence nervalienne est explicite) : les souvenirs parfois brumeux de l'enfance comme le récit de la vie quotidienne dans l'école du quartier Colentina présentent une texture réaliste que la fantasmagorie finit presque toujours par pénétrer, fissurer, transfigurer. S'agit-il pour autant d'un roman fantastique, habité par l'hésitation classique entre l'interprétation rationnelle et l'interprétation surnaturelle ? Solénoïde va au-delà de cette proposition binaire : ici, réalité et songe, comme présent et souvenir, sont intimement tressés et paraissent indissociables, coagulés par un faisceau de signes qui vont éclairer progressivement la structure générale de ces huit-cent pages labyrinthiques.
Le lecteur est emporté dans un maelstrom de souvenirs, de rêves, d'échos littéraires aussi (Kafka, Nerval, Rilke, Dostoïevski, Jean Ray sont cités parmi beaucoup d'autres), sans pour autant s'y noyer car il peut s'arrimer à quelques leitmotivs qui finissent par s'unir et former une architecture subtile. Plusieurs lignes thématiques sillonnent le livre de Cărtărescu et se rejoignent pour, finalement, façonner le roman comme les solénoïdes (bobines électriques gigantesques capables de produire un champ magnétique) enfouis dans le sous-sol de Bucarest finissent par transfigurer la ville. (suite sur le lien)
Lien : https://julienphilippe4.wixs..
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Écrivain raté, enseignant désabusé, homme solitaire et anxieux, le héros de Solénoïde traîne son spleen dans les rues du Bucarest des années 80. Les cauchemars de ses nuits agitées, nourris par les souvenirs de son enfance humiliée et par son obsession pour les parasites en tous genres, débordent de plus en plus sur ses journées, pendant lesquelles il doit faire face à des élèves qu'il craint. Petit à petit se révèle ainsi à lui un univers dérobé. de la bobine magnétique - un solénoïde - enfouie sous sa maison à la mystérieuse usine désaffectée qui abrite un musée des horreurs anatomiques, c'est tout un ensemble de signaux que semble lui adresser son monde onirique, inquiétant et cryptique - avec, au bout du chemin, une improbable rédemption.
Expérience de lecture immersive et obsédante, Solénoïde enferme son lecteur dans un univers à la puissance visuelle affolante, qui évoque autant l'Aurélia de Nerval que les labyrinthes de Borges, le fantastique morbide de Lovecraft ou les constructions d'Escher. Porte-parole d'une humanité révoltée face au scandale de la mort et de la souffrance, tantôt prophète et tantôt martyr, le héros de Cărtărescu s'y débat sans fin, ressassant sa complainte et questionnant les possibles issues que sont l'art ou l'amour. Grand cri de douleur magistralement traduit par Laure Hinckel, Solénoïde est un astre noir qui assoit définitivement la position de Mircea Cărtărescu en auteur nobélisable.
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Par un narrateur surchauffé se revendiquant anti-écrivain, une fantastique et totalisante vue en coupe d'une capitale de la douleur. Un chef-d'oeuvre.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/11/12/note-de-lecture-solenoide-mircea-cartarescu/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Bien difficile de commenter cette brique de quasi 800 pages. Si la valeur du livre se jugeait au poids (850 grammes), ce serait l'un des livres de l'année.
Un enseignant et poète banal et sub-moyen est le narrateur de ce roman sans fil conducteur. Ce serait plutôt un long poème en prose avec de multiples plongées dans l'enfance, dans le rêve, et dans des descriptions bien faites mais qui ne débouchent que sur d'autres descriptions sans lien avec ce qui précède ni ce qui suit. le roman commence de manière très peu poétique par des descriptions de poux et de punaises dans l'école. Plus loin, il y aura des livres moisis et pourris dans une bibliothèque, des scorpions (p. 62), des rats (p. 471), des foetus, et d'autres visions analogues. On y trouve - communisme athée oblige – un concours de crachats sur les icônes (p. 235) et de nombreux passages assez crus, beaucoup moins érotiques qu'eschatologiques, avec davantage de «fluides» que de tendresse (pp. 110, 179, 342, 470-471, 496, 562, 578, 586, et j'en passe). Les pages 690 à 701 ne font rien d'autre qu'aligner le cri «A l'aide», répété environ 2700 fois en suivant sur 11 pages, après quoi on passe à autre chose, comme de longs passages en langue imaginaire tels que celui qui commence par «polairy oair olpcheey ykaiin olpchedy... », où les mots et les lignes se suivent sans ponctuation ni explication (pp. 487, 713 et 788 par exemple). Certains paragraphes ont presque trois pages, ce qui rend la lecture assez difficile. Si le tout est assez décousu, il y a de très belles images, c'est pourquoi je parle de poème en prose. Certains critiques ont parlé de Kafka, j'ai pensé pour ma part à Bernardo Soares, l'un des hétéronymes de Fernando Pessoa, dans «Le Livre de l'intranquillité», qui est également une chronique où il ne se passe presque rien, sinon dans la tête du narrateur. Mais là, il y a l'ambiance de Lisbonne qui surpasse le peu des descriptions de Bucarest, descriptions sans âme qui ne rend pas l'ambiance de cette autre belle ville.
Merci à Masse critique pour ce livre déconcertant qui a du charme, qui laisse perplexe mais pas indifférent, et qui est joliment traduit du roumain. Je ne regrette pas de l'avoir lu.
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J'ai pensé à Foster Wallace qui se serait marié avec Kafka.
Il est dit que c'était le chef d'oeuvre de l'auteur et en effet c'est un livre assez extraordinaire, dans le sens où il sort de l'ordinaire. Par son nombre de pages conséquent, mais qui file vite, par son rythme très saccadé et ses nombreuses digressions, par son flot fébrile de réflexions et d'analyses mélangés à de simples événements dans le Bucarest soumis au communisme. période intéressant dans un pays qu'on connait mal en France alors que sa culture littéraire notamment est riche. Il est impossible de décrire le sentiment que l'on ressent lors de la lecture si ce n'est d'être perdu et d'aimer cela.
Le style est élégant, assez vif, voire nerveux mais alternant avec des descriptions lentes et contemplatives. Tout est déséquilibré dans ce roman et c'est pour cela qu'il est grand.
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« Chef d'oeuvre de Mircea Cartarescu », peut-on lire en quatrième de couverture. C'est ce que proclame l'éditeur ; c'est son droit, il est dans son rôle. D'ailleurs, c'est bien cette proclamation qui m'a amené à lire Solénoïde, un livre de huit cents pages, écrit par un poète et romancier roumain contemporain que je ne connaissais pas. Mais voilà, le livre ne m'a pas plu et je ne suis parvenu à le lire jusqu'au bout, qu'en balayant du regard des dizaines de pages qui me procuraient l'impression de toujours rabâcher les mêmes délires morbides, cauchemardesques, parfois peu compréhensibles.

Le personnage principal et narrateur de Solénoïde est un double de l'auteur. Un double raté : humilié à l'âge de dix-sept ans par des quolibets lors de la lecture de ses poèmes, il a renoncé à l'ambition d'être écrivain. Modeste professeur de roumain dans une école de la banlieue de Bucarest, cet homme solitaire, étriqué et tourmenté prend à parti le lecteur : à quoi bon écrire un roman, bâtir une histoire dont chaque ouverture est un trompe-l'oeil ne débouchant sur rien ? Selon lui, il faut viser plus haut : écrire pour résoudre l'énigme de l'existence, la sienne et celle du monde. Et profiter de l'implantation souterraine secrète de solénoïdes – des dispositifs générant des champs magnétiques –, pour s'ouvrir l'accès, par la lévitation, à la quatrième dimension.

Difficile de définir cet ouvrage ! le narrateur – qui n'a pas de nom – amalgame présent et passé, espace et temps, réalité et rêves, mémoire et fantasmes, dans un récit hallucinatoire difficile à suivre. Il évolue dans un univers glauque, imprégné d'une luminescence jaune, un jaune sale, évoqué tout au long du texte. Les personnages sont dépeints sous leurs aspects les plus grotesques, exprimés par des corps où tout n'est que plaies, croûtes, filaments, matières desquamées, sécrétions liquides, acariens, asticots et autres parasites micro-organiques. Bon appétit !

Le visage de Bucarest présente la laideur triste et impersonnelle des villes communistes. le quotidien se caractérise par un ciel crépusculaire et par le bruit de ferraille des tramways déglingués qui slaloment sur leurs rails, de quartier en quartier. Dans les rues, les alignements de façades décrépies sont entrecoupés par des terrains vagues encombrés d'ordures, ou par des hangars délabrés aux charpentes rouillées, aux tuyauteries éclatées, aux câbles arrachés. Dans les bâtiments où le narrateur entraîne le lecteur, des locaux inattendus s'ouvrent indéfiniment sur d'autres locaux encore plus inattendus. Une ancienne fabrique recèle des labyrinthes souterrains aussi mystérieux que les méandres d'un cerveau tourmenté. Un cabinet dentaire fantôme évoque de douloureux souvenirs d'enfance, ressentis comme une trahison maternelle refoulée.

Un moment, le narrateur se joint à des militants portant un nouveau type de revendications révolutionnaires : le refus de la maladie, de la vieillesse et de la mort, ce qui ne peut mener qu'à l'objectif de détruire le monde, qualifié d'enfer injuste et corrompu. En même temps, il tombe sur un manuscrit ancien oublié, écrit dans une langue indéchiffrable et illustré d'images incompréhensibles, symbole de l'impossibilité définitive de connaître le monde. Ne reste alors comme solution que la recherche d'un plan d'évasion, qui pourrait être la mise au monde d'un enfant. Une perspective finalement préférable à la création d'une oeuvre d'art.

L'auteur multiplie les références littéraires. Pour ma part, le parcours laborieux du narrateur m'a fait penser à La Métamorphose, de Franz Kafka, mais la première référence de Solénoïde – assumée explicitement à plusieurs reprises – est à mon sens un ouvrage dont des extraits nous fascinaient quand nous avions dix-huit ans, Les Chants de Maldoror, écrit sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont, par un poète franco-uruguayen du dix-neuvième siècle, mort à vingt-quatre ans, nommé Isidore Ducasse.

Un point positif : l'écriture de Mircea Cartarescu, parfaite et harmonieuse. Prises indépendamment, les phrases sont longues, onctueuses, agréables à lire, comme je les aime. Mais globalement, la lecture est interminable, ennuyeuse et déprimante.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Solénoïde est le journal des "anomalies" d'un homme dont l'existence n'est qu'un labyrinthe de souvenirs pour les uns vécus, pour les autres hallucinés, et enfin pour certains rêvés. Vus comme autant de fragments de soi-même l'homme y cherche une réponse, il questionne sa propre existence par l'expérience de leur écriture, par la littérature.
Dans une Bucarest à l'agonie dont les rues seraient les méandres du cerveau de l'écrivain, tant son atmosphère crépusculaire, cendreuse, pourrie, qui nous perd et nous hallucine à notre tour ; dans une Bucarest à l'agonie l'homme erre et hait au plus profond de soi, mais surtout, il est effrayé par ses profondeurs envahies des monstres tirés des plus sombres de nos cauchemars. Mais quelle est cette ville ?
Ce journal est une expérience de littérature comme il y en a peu. On rentre dans la tête d'un homme qui a décidé d'aller au bout de sa folie et, si le chemin peut paraître repoussant et difficile, il renverse toutes nos certitudes établies, nos frontières du réel.
Dans la lignée de Kafka et de Proust, une langue exceptionnelle, instinctive, hallucinée : un auteur d'exception.
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On avance dans Solénoïde comme dans une forêt touffue , on y trouve des descriptions sans fin de Bucarest , de l'enfance de l'auteur , de ses collègues enseignantes , des moments de grâce comme des oasis pour repartir de plus belle dans la forêt touffue .
Comment faire un résumé de cet ovni littéraire , cette lecture ardue qui contient quelques pépites et il faut bien le dire des pages et des pages indigestes comme ces rêves récurrents que certains critiques comparent à l'univers de Kafka .
On y apprend des choses sur la vie dans le Bucarest communiste , où en manque de tout , où les portraits des meilleurs élèves ornent le mur des écoles , où une enseignante jeune et jolie ayant un mari proche du régime est détestée de ses collègues , ou simplement ignorée car tellement différente .
Il y a aussi la trame de l'écrivain raté qui devient un médiocre professeur de roumain , des histoires d'amour comme la très touchante histoire d'amour qui clôture le livre , celle du père pour sa fille qui vient de naître .
On fait des rencontres étonnantes comme celles de l'inventeur du solénoïde qui donne son nom au roman , ce Borina qui travaille pour Tesla , une évocation rapide de Mitza Bicyclista , reine des coeurs du Bucarest avant le communisme , de l'inventeur du Rubik's cube , Rubik est le nom de l'inventeur du célèbre cube des années 80 .
Il y aussi les Piquetistes qui organisent des manifestations contre la maladie , la mort .
Et bien d'autres choses encore , près de 800 pages en comptant les nombreuses pages ' à l'aide ' , j'en ai compté 18 mais ça dépend des éditions et moi j'ai lu le livre sur une liseuse .
Roman ardu , très , trop ardu ?
A chacun de se faire son avis , à ne lire que si la difficulté ne fait pas peur , si on aime les descriptions interminables , les allers et retours temporels .
Pour ma part , j'ai beaucoup aimé tous les passages sur l'enfance de l'auteur .
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Un roman de formation, un vibrant hommage au courant existentialiste, une oeuvre totale, colossale, folle et totalement délirante, qui vous transporte dans le monde merveilleux du rêve et de l'évasion. J'y suis encore.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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