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EAN : 9782911188985
205 pages
Allia (23/04/1999)
4.04/5   39 notes
Résumé :
J'ai toujours cru que lorsqu'un homme se met dans la tête de venir à bout d'un projet quelconque et qu'il ne s'occupe que de cela, il doit y parvenir malgré toutes les difficultés ; cet homme deviendra grand vizir, il deviendra pape, il culbutera une monarchie pourvu qu'il s'y prenne de bonne heure.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au petit matin du 26 juillet 1756 le chef de la police inquisitoriale de la Sérénissime escorté de trente à quarante archers cueille un fêtard en sa résidence vénitienne. Giacomo Casanova séduisant trentenaire et fier gaillard de 1,87m est conduit en gondole – en chemise à dentelle et galant habit « non pas comme un homme qui sait d'aller en prison, mais comme on va aux noces ou au bal » –, sous les plombs du Palais ducal où il est enfermé séance tenante sans autre forme de procès. Il en ressortira quinze mois plus tard avec le même costume tout juste un peu chiffonné. Ce livre relate les péripéties de sa fuite mémorable, écrite en français, passée depuis à la postérité et devenue un des sommets du récit d'évasion. Casanova n'a jamais su ni vraiment voulu savoir, lorsqu'il revint en grâce des années plus tard, les raisons de cet emprisonnement arbitraire dont certains historiens débattent encore. Ses moeurs, ses amitiés franc-maçonnes ou ses pratiques cabalistiques ? Peut-être… La littérature retient, elle, le récit de cette cavale splendide, extravagante et romanesque de bout en bout. Un coup de maître souvent narré oralement par son auteur, probablement un peu enjolivé ce dont on le remercie, écrit trente deux ans après les faits, avant "Histoire de ma vie", alors que l'aventurier libertin trop souvent caricaturé s'est assagi en devenant bibliothécaire de l'électeur de Bohême à Dux. Publié la première fois à Leipzig en 1788 le livre fit rapidement le tour d'Europe et sa lecture que je recommande absolument, plus de deux siècles après et tout préjugé laissé de côté quant à l'auteur, reste encore aujourd'hui un moment de lecture à la saveur intacte.

Mon seul regret serait d'avoir autant tardé à m'y plonger. Vivante et directe l'écriture "chantournée" si alerte de Casanova, on imagine la plume courant sur le papier, est une vraie découverte. On se prendrait même à entendre le conteur vif et enflammé tout au long d'un fil narratif tendu vers un unique objectif : se libérer au plus vite, et si possible joyeusement, de sa geôle (une seule respiration entre deux parties très denses et point de chapitres dans son livre). Si l'écriture peut suggérer la langue elle révèle aussi le tempérament et l'esprit de Casanova dans un XVIIIe siècle décrié et pourtant passionnant qu'illustrent ses réflexions et les multiples dialogues entretenus avec les personnages : son gardien Lorenzo en premier lieu et ses différents compagnons d'infortune et de cachots (un valet de chambre, deux ecclésiastiques et un espion). Ici l'intelligence résiste à la bêtise et le talent de l'écrivain éclate autant que l'esprit du libre penseur. L'action souvent hilarante (Casanova simule et joue la comédie avec maestria pour parvenir à ses fins libératrices) malgré le contexte d'enfermement, l'art de ménager le rebondissement, les subtiles digressions, les stratagèmes et entourloupes débridés tiennent en haleine et ne font jamais défaut dans l'organisation de cette fuite insensée où Casanova et un complice encombrant finissent après moult ruses et quelques percées spectaculaires au travers du toit du Palais, par emprunter pour en sortir l'escalier monumental de son entrée, comme s'ils s'y étaient négligemment égarés !!!! Au-delà de la solitude ressentie, des moments de désarroi, de torpeur ou de rage contenue contre les trois inquisiteurs d'État dans la première partie, rien n'entame jusqu'à la fin du récit l'énergie trépidante de celui dont le véritable ennemi fut sans doute l'ennui. Casanova affirme un goût du bonheur et de la liberté vers lesquels on ne peut que se sentir irrésistiblement porté. On n'enferme jamais un bel esprit, je ne sais plus qui l'a dit, c'est la morale de ce récit.
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Un excellent livre dans lequel Casanova raconte comment il a été jeté en prison à Venise en 1755, cela du jour au lendemain, sans audience et sans raison explicite, alors qu'il était âgé de 30 ans. Il nous fait découvrir la société de son époque, ses compagnons de cachot, son gardien et enfin sa fuite spectaculaire, longuement préparée. Il s'agit d'un récit authentique (et d'ailleurs plein d'italianismes) vraiment passionnant, plein d'humour et d'intelligence, et qui donne envie de se plonger immédiatement dans les mémoires du même auteur.
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non seulement lu cette histoire fameuse dont le récit a permis à Casanova d'entrer dans toutes les cours d'Europe mais nous lui avons consacré toute une émission à France Inter - "Chroniques sauvages" de (feu) Robert Arnaut
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Après avoir fuit la prison de Venise, prouesse qu'il fut le premier à réussir, Casanova doit encore fuir le territoire de la République vénitienne.
Livre d'aventure pour tous publics. Cet extrait de ces mémoires est accessible à tout le monde.
Ce récit est bien sûr rocambolesque, mais ce qui est très intéressant, c'est de retrouver le vocabulaire et le phrasé de l'époque.
L'histoire, bien que romancée, est vraie car des écrits ont été retrouvés concernant entre autres les réparations du toit qui ont dues être faites.
Je recommande très vivement.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
En qualité de grand libertin, de hardi parleur et d'homme qui ne pensait qu'à jouir de la vie, je ne pouvais pas me trouver coupable ; mais en me voyant malgré cela traité comme tel, j'épargne au lecteur tout le détail de ce que la rage, la fureur, le désespoir m'a fait dire et penser contre le despotisme qui m'opprimait. La noire colère cependant et le chagrin qui me dévorait et le dur plancher sur lequel j'étais ne m'empêchèrent pas de m'endormir : ma nature avait besoin du sommeil, et lorsque l'individu qu'elle anime est jeune et sain, elle sait se procurer ce qu'il lui faut sans avoir besoin de son consentement.
Première partie (p. 29)
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Celui de survivre au dépérissement de nos membres et à la perte de ce dont notre individu a besoin pour son bien être est un grand malheur, car la misère ne peut dépendre que du manque du nécessaire ; mais si ce malheur survient quand on est vieux, il ne faut pas s'en plaindre, puisque si l'on a enlevé nos meubles, on nous a laissé du moins la maison. (p. 9)
Avant-propos
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Trente-deux ans après l'événement, je me détermine à écrire l'histoire d'un fait qui me surprit à l'âge de trente, nel mezzo del cammin di nostra vita [au milieu du chemin de notre vie (Dante)]. La raison qui m'oblige à l'écrire est celle de me soulager la peine de la réciter toutes les fois que des personnes dignes de respect ou de mon amitié exigent ou me prient que je leur fasse ce plaisir. Il m'est arrivé cent fois de me trouver après le récit de cette histoire quelque altération dans la santé, causée ou par le fort souvenir de la triste aventure ou par la fatigue soutenue par mes organes en devoir d'en détailler les circonstances. J'ai cent fois décidé de l'écrire, mais plusieurs raisons ne me l'ont jamais permis : elles sont toutes disparues aujourd'hui à l'aspect de celle qui me met la plume à la main. (p. 9)
Avant-propos
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Les nuits éternelles de l'hiver me désolaient. J'étais obligé de passer dix-neuf mortelles heures positivement dans les ténèbres, et dans les jours de brouillards qui, à Venise, ne sont pas rares, la lumière qui entrait par le trou de la porte n'éclairait pas assez mon livre. Ne pouvant pas lire, je tombais un peu dans la pensée de mon évasion, et une cervelle toujours occupée dans une même pensée parvient facilement aux confins de la folie. Je contemplais comme un souverain bonheur celui de posséder une lampe à huile, et ma joie fut grande lorsque, après avoir pensé à me la procurer par ruse, j'ai cru d'en avoir trouvé les moyens. (p. 69 - 70)
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Mon seul plaisir était celui de me repaître de projets chimériques, tous tendant au recouvrement de ma liberté sans laquelle je ne voulais pas de la vie. Je lisais toujours Boèce ; mais j'avais besoin de sortir de là, et dans Boèce je ne trouvais pas le moyen ; j'y pensais toujours parce que j'étais persuadé de ne pouvoir le trouver qu'à force de penser. Je crois encore aujourd'hui que lorsque l'homme se met dans la tête de venir à bout d'un projet quelconque, et qu'il ne s'occupe que de cela, il doit y parvenir malgré toutes les difficultés : cet homme deviendra grand vizir, il deviendra pape...
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Videos de Giacomo Casanova (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Giacomo Casanova
Casanova, ou le rêveur éveillé (1975 / France Culture). Raphaël Mengs, “Portrait de Giacomo Casanova”, vers 1760. Émission “Les samedis de France Culture”, réalisée pour le 250ème anniversaire de la naissance de Giacomo Casanova (1725-1798). Diffusion sur France Culture le 3 mai 1975. Par Pierre Barbier. Réalisation : Bronislaw Horowicz. Avec Pierre Barbier, Robert Abirached, Gilbert Sigaux et Hubert Juin. Textes de Giacomo Casanova, Carlo Goldoni, Lorenzo da Ponte, du prince de Ligne lus par François Périer, Pascal Mazzotti, Roger Bret, Pierre Delbon et Catherine Laborde. Giacomo Girolamo Casanova, né le 2 avril 1725 à Venise (République de Venise, actuellement en Italie) et mort le 4 juin 1798 à Dux (Royaume de Bohême, actuelle République tchèque), est un aventurier vénitien. Il est tour à tour violoniste, écrivain, magicien (dans l'unique but d'escroquer Madame d'Urfé), espion, diplomate, puis bibliothécaire, mais revendique toujours sa qualité de « Vénitien ». Il utilise de nombreux pseudonymes, le plus fréquent étant le chevalier de Seingalt (prononcer Saint-Gall) ; il publie en français sous le nom de « Jacques Casanova de Seingalt ». Casanova laisse une œuvre littéraire abondante, notamment ses mémoires connus sous le titre “Histoire de ma vie”. Il est cependant surtout connu aujourd'hui en tant qu'aventurier, et comme l'homme qui fit de son nom un synonyme de « séducteur ». Il savait user aussi bien de charme que de perfidie ou d'argent pour conquérir les femmes. Cette réputation provient de son œuvre autobiographique : “Histoire de ma vie”, rédigée en français et considérée comme l'une des sources les plus authentiques concernant les coutumes et l'étiquette en usage en Europe au XVIIIe siècle. Il y mentionne cent quarante-deux femmes avec lesquelles il aurait eu des relations sexuelles, dont des filles à peine pubères et sa propre fille, alors mariée à l'un de ses « frères » francs-maçons, avec laquelle il aurait eu le seul fils dont il eût connaissance, si l'on en croit son témoignage. Bien qu'il soit souvent comparé à Don Juan comme séducteur, sa vie ne procédait pas de la même philosophie : ce n'était pas un collectionneur compulsif. Parfois présenté (ainsi dans le film “Le Casanova de Fellini”) comme un pantin ou un fornicateur mécanique, qui se détourne de sa conquête dès lors qu'elle s’est donnée à lui, il n'en était rien, il s'attachait, secourait éventuellement ses conquêtes. Personnage historique et non de légende, jouisseur et exubérant, il vécut en homme libre de pensées et de comportements, des premiers succès de sa jeunesse à sa longue déchéance.
Sources : France Culture et Wikipédia
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