S'il est un ouvrage que les sociologues, étudiants en sociologie, travailleurs sociaux, etc., ont en commun c'est bien celui-ci. Qui parmi ces agents sociaux précédemment cités n'a jamais entendu parler des métamorphoses de la question sociale de Robert Castel ? Franchement, peu…
Alors, je dois avouer que je ne pensais pas l'ouvrage si volumineux, - environ 800 pages ; mais au final, au fil de la lecture, on comprend mieux pourquoi. En effet, Robert Castel fait une quasi sociohistoire du salariat ; il nous dépeint le salariat de ses prémices/sa genèse aux questionnements actuels que notre société dite moderne se pose à son encontre. de plus, il permet de nous interroger sur les questions de l'emploi/chômage, aides sociales, etc., qui n'ont eu de cesse de rythmer nos questions sociales et sociétales de ces derniers siècles.
Sur le fond, c'est très intéressant de lire les différentes phases du salariat et comprendre comment cette « condition » a évolué : en premier détesté et associé à l'indignité, pour finalement être intériorisé comme une sorte de norme sociale, le salariat n'est en fait, rien d'autre qu'une construction sociale, politique, économique, historique qu'il faut replacer dans son contexte historique.
Le seul bémol que je pourrais faire à l'encontre de cet ouvrage est qu'il est nettement plus historique, d'ailleurs Castel nous dit que c'est une chronique du salariat, que sociologique. Il y a bien quelques lignes sociologiques mais on sent bien que l'intérêt de l'ouvrage est tout autre.
Enfin, je voudrais souligner quelques belles envolées lyriques qui fait de Castel un bon écrivain ; j'espère sincèrement que les nouvelles générations vont s'en inspirer car faire de la sociologie, par exemple, c'est aussi écrire… Et écrire avec poésie.
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Robert Castel dresse une histoire très référencée du salariat dans un ouvrage devenu une bible en la matière. L'auteur y critique la vision d'une société coupée en deux. Selon L'auteur, c'est du centre de la société elle-même que part ce qu'il nomme 'l'onde de choc" qui suscite des fractures sociales diverses. Car, bien avant de basculer dans l'exclusion, nombreuses sont les personnes qui sont avant tout fragilisées, rendues vulnérables par cette même onde de choc.
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Il faut avoir envie d'attaquer ce pavé de plus de 800 pages, qui paraît vraiment très sérieux. ( En réalité le travail est très véritablement sérieux, mais la lecture n'est pas top difficile.)
Il est sous-titré "Chronique du salariat". C'est assez significatif du travail de R. Castel. C'est instructif et ça permet d'éclairer, dans un contexte historique contemporain des questions que l'on ne s'était même pas posées !
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A travers une chronique du salariat, Robert Castel nous offre une vision de la place du travail et de l'évolution de son statut au fil des siècles très étayée, très référencée. Ouvrage qui permet de se saisir des phénomènes complexes que recouvre imparfaitement la notion d'exclusion. En cela, le concept de "désaffiliation" est très opératoire : il croise la dimension économique sans occulter la centralité des appartenances familiales et sociales. Une bible !
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(.) c'est pourquoi il faut manier ce terme avec infiniment de précautions : "l'exclusion" n'est pas une absence de rapport social mais un ensemble de rapports sociaux particuliers à la société prise comme un tout. Il n'y a personne en dehors de la société mais un ensemble de positions dont les relations avec son centre sont plus ou moins distendues (.) Les "exclus" sont le plus souvent des vulnérables qui étaient "sur le fil" et ont basculé.
Sans doute existe-t-il depuis le XIVème siècle, et en tout cas depuis le XVIème, un "esprit capitaliste" au sens de Sombart, caractérisé par le goût du profit, le sens du calcul et de la rationalité, la volonté d'accumuler les richesses.
Cette construction d'un paradigme négatif du vagabond est un discours du pouvoir. J'entends par là qu'elle est d'abord le fait des responsables chargés de la gestion de ces populations, et qu'elle est l'instrument de cette gestion.
La solidarité, ciment d'une société, se construit et se préserve, et cela d'autant plus qu'une société devient plus complexe.
Si le paupérisme avait été le poison de la société industrielle à ses débuts, l'assurance obligatoire constitue son meilleur antidote.
Robert Castel - Changements et pensées du changement / échanges avec Robert Castel .Robert Castel vous présente son ouvrage "Changements et pensées du changement / échanges avec Robert Castel" aux éditions La Découverte.http://www.mollat.com/livres/robert-castel-changements-pensees-changement-echanges-avec-robert-castel-9782707173065.htmlNotes de Musique : Trésors du Jazz à Saint-Germain des Prés - 1 Minor Swing