Sophie Chabanel témoigne ici des réalités sociales de la misère en France et des aberrations administratives pour s'en sortir. « Le principe de réalité » a pour sous titre « Dans le labyrinthe de l'action sociale »; c'est peu dire lorsque l'on lit avec empathie cet ouvrage poignant.
L'auteure raconte ses premiers pas, peut-être aussi ses derniers, dans le monde du logement social: « j'ai été salariée dans une association d'aide au logement. J'ai aidé quelques personnes, et vu de plus près la misère dans nos villes. J'ai découvert un système impuissant et des gens de bonne volonté, aux succès rares, modestes et précieux. Des courageux et des découragés, (…) certains qui allaient mieux, d'autres qui n'allaient nulle part. Et des complètements paumés, à qui il manquait un logement et tant d'autres choses. » Ces lignes résument assez bien les rencontres que cette diplômée d'HEC a pu faire tout au long de son parcours en compagnie des travailleurs sociaux, des bailleurs et des bénéficiaires.
Ce livre illustre de manière convaincante un secteur social malade de la gestion. Il me rappelle d'ailleurs l'essai du sociologue Vincent de Gaulejac qui décrit une société sclérosée par le même mal.
Sophie Chabanel raconte notamment comment, dans le champ de l'action sociale, elle doit se soumettre aux règles de rentabilité importées des entreprises privées.
Pour y être aussi, côté secteur public, il y aurait un tas d'anecdotes à raconter, plus par colère que par plaisir. Le social est en effet rongé par une gestion comptable qui laisse très peu de place à l'empathie, à l'écoute et à la solidarité. Les témoignages ne manquent pas et les institutions ne changent pas. Et on s'étonne que les Français se mobilisent et manifestent leur ras-le-bol !
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Mains sur les genoux, abattu, vous avez l’air de ne plus savoir ce que vous faîte là ? Votre présence massive me semble insolite, à moi aussi, avec ces tableaux de nouilles derrière vous, et cette oreille de lapin en peluche qui dépasse d’un carton.
Malgré les apparences, je ne suis pas du tout surqualifiée pour ce poste, où j’ai atterri un peu par hasard. A l’origine, bien sûr, il y a eu le choix de travailler pour les personnes en difficultés, après HEC et un début de carrière classique.
Le délai d’attente monstrueux, je ne vous en parle pas, pour éviter que vous ne vous re-suicidiez tout de suite. (Maintenant, c’est pour vous que j’ai peur.)
Un jour, en réunion, je m’enhardis à poser la question: pourquoi toute l’équipe surnomme-t-elle ce lieu d’accueil le chaos ? La présidente me précise, sans commenter ni sourire, que CAO signifie Centre d’Accueil et d’Orientation.
Etrange manie du secteur social de vouloir à tout prix copier le modèle de l’entreprise, de préférence dans ce qu’il a de pire à proposer.
En parallèle de son parcours professionnel, Sophie Chabanel se laisse porter par son plaisir d'écrire et publie son premier roman aux Éditions Albin Michel en 2007.
Elle voit en l'écriture un moyen de développer sa pensée mais aussi un avantage "libérateur", une façon de s'affirmer pour soi et pour les autres.
Pour découvrir son dernier livre, L'emprise du chat, Editions du Seuil, c'est par ici : https://bit.ly/3vRjTNL
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