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EAN : 9782361933180
156 pages
Les Grandes Personnes (30/11/-1)
3.35/5   50 notes
Résumé :
Suivez le Merveilleux tandis qu'il passe de main en main, des montagnes du Cachemire jusqu'aux faubourg de Londres !

Un saphir exceptionnel - le Merveilleux -, héros de cette histoire, fait, par le biais de ses propriétaires successifs, voyager le lecteur à travers des univers très différents. Depuis les montagnes sauvages et meurtrières du nord de l'Inde, d'où il sera extrait, jusqu'aux faubourgs de Londres, où il achèvera son périple, le joyau sera ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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« Au coeur de la roche mère gorgée de silicium, de fer, de titane et d'aluminium, s'introduisit le magma, lors des mouvements capricieux de l'écorce terrestre ; des forces colossales exercèrent leur pression. La chaleur irradia, puis s'en alla, irradia de nouveau. Mille alchimies complotèrent à la création de la pierre, qui enfin naquit. Quand l'oeuvre fut achevée, elle demeura tapie dans le ventre de la montagne. Longtemps, très longtemps, le saphir attendit son heure. »

Dès la lecture à voix haute des premières lignes, la curiosité de toute la famille était à son comble. C'était évident : nous avions à faire à un texte hors norme qui ne manquerait pas de nous prendre de court. Quelle belle idée de construire ce récit non pas autour d'un schéma narratif classique mais avec pour fil conducteur un objet. Pas n'importe lequel ! Une pierre précieuse parmi les précieuses, un saphir d'un bleu incroyable et à l'ovalité parfaite, un joyau aux airs de talisman, émettant une lueur presque magique. Un rayonnement qui vient éclairer de façon saisissante la nature de ceux qui entrent en sa possession – et, plus largement, les forces qui travaillent le monde à la fin de l'époque victorienne.

Jean-François Chabas nous fait entendre un choeur de voies singulières qui témoigne de la capacité de la littérature à croiser plusieurs regards. Car chacun des propriétaires du saphir y projette quelque chose de différent – un signe de la bonté divine, une fortune avec un grand "f", un symbole de pouvoir, quelque chose d'infiniment pur qui questionne la corruption des hommes – ou tout simplement une pierre d'une dureté inouïe, parfaite pour affûter des lames. Invariablement, le Merveilleux agit comme un révélateur de l'âme humaine, comme un catalyseur de rebondissements captivants.

Happés par cette lecture, nous aurions aimé qu'elle dure plus longtemps. Pas facile de mettre un point final à une telle histoire ! le saphir semble aussi inaltérable que la vie humaine paraît éphémère face aux éléments, aux crocodiles, à la faim, aux maladies et aux maux de ce vingtième siècle naissant. J'ai trouvé que l'auteur s'en était très bien sorti, parvenant à boucler sa boucle sur une note poétique et presque mystique. Mes garçons, qui n'aiment pas les fins ouvertes, m'ont demandé si j'avais déjà mis la main sur le tome 2 ; ils en auraient voulu "au moins une cinquantaine de pages de plus"…

J'ai été heureuse de pouvoir découvrir ce texte fascinant avec eux. La lecture à voix haute nous a permis d'en profiter pleinement en leur faisant un peu de sous-titres sur le contexte historique qu'ils n'ont pas encore étudié à l'école (colonisation, conflit irlandais, socialisme, etc.). S'il est lu en solo, il me semble que ce texte s'adresse à des lecteurs plus âgés, à partir de la fin du collège et sans limite d'âge.

Un grand merci à Sylvie qui m'a recommandé le merveilleux - et par la même occasion fait connaître Jean-François Chabas dont nous allons sans tarder lire d'autres livres ! Vive Babelio et ses échanges de pépites littéraires !
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Le merveilleux ! 
De sa définition, du latin mirabilia , « choses étonnantes, admirables », se définit par le caractère de ce qui appartient au surnaturel, au monde de la magie, de la féerie.
Le merveilleux !
 Ce qui s'éloigne du cours ordinaire des choses ; ce qui est miraculeux, surnaturel.
Le merveilleux est parfois aussi dans l'air que l'on respire, la douceur des jours qui passe en bonne compagnie, dans le sucré et le salé, la force d'un chocolat amer, dans le toucher d'une écriture en braille, dans l'acte d'un enfant qui se met à marcher ou prononce un nom chéri, le merveilleux a plusieurs apparences, plusieurs parfums, plusieurs valeurs.
Le merveilleux est précieux, envoûtant, indéfinissable et pourtant saisissable.
Il peut être ici, à deux pas, comme dans la lointaine Cachemire.
D'ailleurs, Il y a très longtemps près de l'Inde, un jour, un forgeron trouva une pierre contre la roche montagneuse. Une pierre d'un bleu du ciel, d'un bleu à s'y perdre, s'y noyer. D'une beauté du diable comme le qualifie l'Occident.
Dès que le forgeron tira le saphir de sa montagne, il échappa de peu à la mort, à la chute de pierres. La pierre n'était pas maudite. D'ailleurs, Gupar vit au contraire dans ce qui venait de se passer un signe divin, un signe de chance et de bienfaits, un signe du merveilleux.
Pourtant, comme la suite de l'histoire le raconte, avec l'extraction de cette pierre mal dégrossie grosse comme le poing venait de s'inviter de mauvaises amies, l'envie, la convoitise, la haine, la jalousie.
D'une main à une autre, d'une poche à une autre, d'un troc à un vol, le Saphir voyagera de l'Orient à l'Occident, de l'Inde à Londres.
Dans les eaux de la Tamise de Londres, un jour, la jeune May pêcha un énorme brochet et en fit pâlir son frère aîné.
C'était merveilleux !
A l'intérieur des entrailles du brochet se trouvait caché un énorme saphir, gros comme le poing, venant de la lointaine Cachemire...

Sous la forme d'un roman aux multiples protagonistes, Jean-François Chabas construit son « Merveilleux » comme un voyage dont les rebondissements se vivent dans la surprise ou la stupeur d'un chapitre à un autre. L''apparition de la pierre va susciter bien des passions, conduisant même au meurtre.
Oui, ce beau saphir détient ce pouvoir dans son ensorcelante beauté de révéler chez l'être humain le meilleur comme le pire, dans des sociétés de traditions qui souffrent déjà de leurs propres repères de puissance, de richesse, de justice et d'équité.
Avec le périple de cette pierre laissant à penser à un conte philosophique, l'auteur nous fait entrer dans des cultures différentes, des modes de pensées redoutables parfois où se dessine clairement une forme de chaîne alimentaire humaine, basculant lourdement par le poids de la culture, de la fourberie ou du couteau . Comme le précieux anneau du « Seigneur des Anneaux » de Tolkien, de nombreux personnages vont se trouver tenter, du pêcheur qui troque au forgeron la pierre pour « une bouchée de pain », du policier qui glisse la pierre sur le lieu du crime, à son enfant qui s'en débarrasse de peur d'être supplanté dans l'amour de sa maman. Ce « précieux » transforme et met en exergue les pires bassesses déjà en place de l'Inde au Londres du XIXème siècle. Toutefois, parfois le doute s'installe, les personnages se remettent aussi en question, des éclairs salvateurs de changements possibles. Passant du récit au journal intime, du récit de voyage au récit policier, l'auteur nous baigne de sa richesse et de son savoir-faire afin de tenir son propos sur le racisme, le mépris et l'égoïsme qui peut résider en tout à chacun. Toutefois, l'histoire commence avec un homme de bien et fini entre les mains d'une jeune fille frondeuse et emplie de liberté, d'égalité. Tout est bien qui finit bien. Un bijou, ce merveilleux !
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En 3 lignes on est transporté en Inde. Au détour d'un chapitre, on change de personnage. Au détour d'un autre, on change de continent. le tout en 150 petites pages. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne s'ennuie pas !
De propriétaire en propriétaire, on suit une partie de l'épopée d'un saphir fabuleux "Le Merveilleux". de sa découverte, qui semble guidée par le destin, jusqu'à son séjour en Angleterre.
C'est écrit avec fluidité, simplicité et justesse. le rythme est dynamique, varié. Et j'apprécie beaucoup que la fin ne soit pas un point final. le lecteur, ainsi, n'est pas lassé, et il peut librement imaginer la suite de l'histoire du Merveilleux.
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Nous sommes au 19è siècle. Un saphir est sur le point d'être découvert par un forgeron dans le Nord des montagnes de l'Inde. Après avoir fait une brève escale auprès d'une marmotte, il revient entre les mains du forgeron qui y voit là un signe du destin, conforté dans son idée par sa croyance en le bouddhisme. Par besoin, il vendra cette belle pierre contre deux sacs de sel à un marin anglais. le saphir qui sera appelé « le merveilleux » passera ainsi de mains en mains et traversera différents milieux avant de finir sa belle aventure dans les bras d'une demoiselle pauvre, à Londres.
On constate que chaque nouveau détenteur du Merveilleux se gargarise de son acquisition en soulignant la bêtise des hommes qui ont bien voulu s'en séparer. Mais cette arrogance et cette suffisance auront raison de leur soi-disant supériorité intellectuelle. Un roman à l'écriture brillante qui se démarque selon l'univers où elle évolue : on passe de l'onirisme à l'épistolaire du 19è, jusqu'au réalisme des rues de Londres. Un souffle d'humanité court tout au long de ces pages même si on retrouve des idées très ancrées dans l'esprit du 19è, comme l'expression du racisme de colons qui prennent des autochtones pour des êtres inférieurs non dotés de l'intelligence supérieure des blancs. Cependant ceci est tout de même relativisé par le marin anglais qui admet que « le quota d'ânes bâtés est le même partout, celui des gens brillants également. » Pour preuve que rien n'est tout à fait perdu !
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Un "merveilleux " court roman pour adolescents, mais que bien des adultes apprécieront pour son analyse fine et perspicace des tempéraments humains qui se révèlent à travers la possession d'un saphir hors du commun. On y découvre le cheminement de pensée d'un marin anglais qui à son arrivée en Inde considère les autochtones comme à peine plus évolués que des singes (nous sommes en pleine colonisation), et profitera de leur "naïveté" pour acquérir la pierre contre deux sacs de sel. Revenu à Londres, il correspond avec un vieil ami irlandais à qui il finira par confier qu'il préfère revendre le saphir pour pouvoir retourner en Inde, où il se sent finalement plus à sa place que parmi "ces snobinards" de Londoniens...
Le Merveilleux passera de main en main, révélateur des pires travers, comme des plus belles qualités humaines, comme l'optimisme et la joie de vivre de May, entre les mains de laquelle on le retrouve à la fin du roman, le jour même où son premier possesseur, un vieux forgeron kashmiri profondément philosophe achève son cycle de vie.
J'ai découvert ce livre admirable par le biais d'un comité de lecture pour ados auquel je participais, et je le recommande très chaudement à tous ceux qui recherchent des lectures originales de qualité. Il est bien écrit, chaque personnage bien dans son registre de vocabulaire, mais se lit aisément d'une traite. le contexte historique est respecté, l'auteur maîtrise son sujet à tous points de vue. Une belle découverte.
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critiques presse (2)
HistoiresSansFin
12 décembre 2014
Journal intime, récit de voyage, récit policier, Chabas livre avec richesse un propos sur le racisme et l'égoïsme avec un peu de merveilleux dans les mains. Talent et profondeur. Un véritable bijou, ce merveilleux !
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Ricochet
01 juillet 2014
L'écriture délicate de Jean-François Chabas, subtile dans sa moindre formulation, sait nous faire réfléchir sur l'humain à partir de son environnement. Aventure et philosophie sont au rendez-vous : pas merveilleux, mais parfait.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ce que je ne dirais pour rien au monde à un Anglais, je l’avoue, va comprendre pourquoi, à un Irlandais : je cois bien que je suis tiraillé entre ce qu’on m’a fourré dans la tête depuis l’enfance et surtout dans la Royal Navy, et ce que j’ai vu de mes propres yeux. Pour faire bonne figure et être accepté par les nôtres, c’est comme si je me sentais obligé de clamer que nous sommes supérieurs, nous Occidentaux, et que les Indiens et tous ces peuples d’outre-mer, quels qu’ils soient, surtout s’ils ont la peau basanée, sont des singes imbéciles. Mais dans l’intimité de mon âme, je sais que ce n’est pas la vérité, et que le quota d’ânes bâtés est le même partout ; celui des gens brillants également. Il y a en Inde des indigènes fascinants, qui l’emportent en grandeur de sentiments et en élévation de l’esprit sur la plupart des Blancs. Voilà qui est dit. Et puis, je traine cette culpabilité, vois-tu, qui ne cesse de grandir à mesure que passent les mois. Maintenant que je n’ai plus de crétins du même acabit que ma pauvre personne pour m’encourager à penser qu’on peut gruger ces moricauds sans dommage, je me retrouve acculé à la vérité vraie : j’ai escroqué beaucoup de ces gens, des âmes simples qui se sont fait dépouiller sans comprendre. Le plus effrayant, c’est d’avoir pris conscience de l’ampleur de la chose. Car je n’étais pas seul à agir ainsi.
Qu’est-ce que l’Empire britannique, sinon une gigantesque entreprise de pillage de peuples qui ne nous sont rien, et surtout qui ne nous avaient rien demandé ?
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Il fabriquait des outils à lame de fer, mais il refusait absolument de forger des armes de combat. Si quelque fou désirait se servir d'une de ses faucilles ou d'un de ses couteaux pour s'en prendre à un autre humain, libre à lui. On pouvait de toute façon aussi bien tuer quelqu'un à coups de bâton, et à mains nues tant qu'on y était. En revanche, nul outil fait pour assassiner - une épée, un poignard de guerre - n'était jamais sorti de sa forge, et il entendit que cela persistât. Il avait le cœur trop pur pour se persuader qu'il ne serait pas responsable de l'usage qu'on en ferait.
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Le vieil homme était forgeron, ainsi que l'avaient été ses pères, et les pères de ses pères. Comme il avait cru que le serait son fils. Il fabriquait des outils à lame de fer mais il refusait absolument de forger des armes de combat. Si quelque fou désirait se servir d'une de ses faucilles ou d'un de ses couteaux pour s'en prendre à un autre humain, libre à lui. On pouvait de toute façon aussi bien tuer quelqu'un à coups de bâton, et à mains nues tant qu'on y était. En revanche, nul outil fait pour assassiner - une épée, un poignard de guerre - n'était jamais sorti de sa forge, et il entendait que cela persistât. Il avait le cœur trop pur pour se persuader qu'il ne serait pas responsable de l'usage qu'on en ferait. Il n'avait pas le cynisme du marchand de canons. S'il armait une personne, son karma, se disait-il, en serait tout aussi chargé que celui du meurtrier.
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Ensuite, il a appelé un bonhomme ridiculement petit, plus tordu qu'un pied de vigne, chauve si ce n'étaient quelques touffes noirâtres qui lui poussaient sur le caillou au petit bonheur. Pour couronner le tout, un œil lui sortait de la tête comme s'il avait envie d'aller voir ailleurs. ce type ne respirait pas exactement la santé, et cela n'inspirait pas une confiance aveugle quant à ses capacités à soigner les autres.
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Au cœur de la roche mère gorgée de silicium, de fer, de titane et d'aluminium, s'introduisit le magma, lors des mouvements capricieux de l'écorce terrestre ; des forces colossales exercèrent leur pression. La chaleur irradia, puis s'en alla, irradia de nouveau. Mille alchimies complotèrent à la création de la pierre, qui enfin naquit. Quand l’œuvre fut achevée, elle demeura tapie dans le ventre de la montagne. Longtemps, très longtemps, le saphir attendit son heure.
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