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EAN : 9782081210530
1 pages
Flammarion (01/03/2008)
4.02/5   282 notes
Résumé :
L'amour fusionnel d'une adolescente pour sa tante muette, l'amour passionné de celle-ci pour un homme tournent au carnage dans l'Iran des mollahs. Chahdortt Djavann fait un récit court, incisif et dénué de tout artifice. Écrite dans un cahier, par une adolescente de 15 ans en prison, La Muette est une histoire qu'on n'oublie pas.

Biographie de l'auteur
Née en Iran en 1967, Chahdortt Djavann est romancière et essayiste.
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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Pendue à quinze ans… pendue comme une paire de couilles, de celles qui manquent aux larbins du néant spirituel et intellectuel, qui caractérise si bien à travers les âges, tous les Vatican de la planète et dans le cas présent, celui des barbus d'aujourd'hui.

Pendue à quinze ans parce que femme. Pendue à quinze ans pour avoir été femme avant d'avoir vécu.
Fatemeh n'aura eu le temps de rien, un temps déjà trop long pour les gardiens de l'Ô dieux.
Un bout de vie, passé à Aimer sa tante, à tenter de la comprendre. Un bout de vie raconté du fond de sa cellule avant l'exécution.
Fatemeh n'est qu'une enfant témoin de la lâcheté, de la bêtise et de la bassesse des adultes. Une enfant culpabilisant de ne pas avoir pu modifier le destin de cette tante muette à la suite d'un traumatisme. Mutisme par choix, par résistance, par résignation, par un peu de tout ça à la foi.
Fatemeh va honorer le souvenir de la muette, morte d'avoir aimé, en prenant malgré elle sa place dans une histoire qui ne devrait être celle d'aucune femme. Un prolongement comme pour laver l'affront fait à l'Amour, jusque dans la mort.
Ainsi dieux con damne l'amour.
Insidieux le message ne l'est pas, il est clair. La mort plutôt que l'amor.

Ce livre est forcément poignant. L'écriture reste simple, sans pathos destiné à faire pleurer dans les chaumières, l'histoire se suffit à elle-même pour ça.
Alors pourquoi Chahdortt Djavann a-t-elle cru bon de mettre cette histoire en scène?
L'idée, une éditrice reçoit une lettre d'un journaliste iranien qui va lui envoyer le manuscrit de Fatemeh etc… et puis la fin avec la note du journaliste qui, et puis celle du traducteur du manuscrit et blablabla…
Pourquoi ces artifices qui n'amènent rien au livre bien au contraire. Pour faire croire à une histoire vraie? Il y a marqué roman donc il doit y avoir une autre explication qui m'échappe.
Bref, une lecture « difficile » qui marque.

N'en déplaise aux barbus de tous bords, que vivent les mélanges :


Ali et Lola.


Sur un la de Lully
Allah héla Ali.
Ali dans son élan
Alla tout haletant
Vers le lit de Lola.
Livide Ali est las
Là devant le lit vide
Appât de loup valide.
Sur le lit de Lola
Ali mit du lilas
Un lit las d'être là
Sans Ali et Lola.
Et sonne l'hallali
Aux yeux d'Ali on lit
Bien au delà de l'eau
Là haut dans un sanglot
Et l'autre rit sale eau
Loterie pour un lot
Un lot là qui le lie
A l'objet du délit.
Allah héla la lie
Quand son soleil pali
Divin n'aime pas l'eau.
L'eau là dans un halo
En tenue de gala
Pour Ali vint Lola.
Ce lien qui les uni
Va au delà du lit
Et l'amour est dans l'ère
Une chanson dans l'air
Sur un la de Lully
Lola aima Ali
Pendant des millénaires
Allah lalilalère…
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Une journaliste française découvre un beau matin un manuscrit déposé dans sa boîte aux lettres.
Ecrit en persan sur un journal d'écolier, il relate les circonstances qui ont conduit Fatimeh, une jeune fille de 15 ans, à être condamnée à la pendaison.
Pour que quelqu'un un jour se souvienne et comprenne, Fatimeh a décidé d'écrire son histoire et celle de sa tante, "la muette", femme fascinante et indépendante, pendue elle aussi pour avoir osé croire en l'amour dans l'Iran des mollahs.

« J'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh, et je n'aime pas mon prénom. Dans notre quartier, tout le monde avait un surnom, le mien était «la nièce de la muette». La muette était ma tante paternelle. Je vais être pendue bientôt »

Un tout petit ouvrage à grande portée universelle.
Dans ce bref récit sous forme de journal intime, la romancière-essayiste d'origine iranienne dénonce de nouveau la condition des femmes dans les pays soumis au règne des mollahs et de la religion.
Sous le joug de traditions archaïques et machistes que renforcent encore davantage le manque d'éducation et la misère, la femme est totalement réifiée, dépersonnaliser, sans autre choix que celui de l'obéissance.
Celles qui osent braver les interdits récoltent bien souvent la mort !
Ecrit très sobrement, sans effet de style superflu, avec pour seul et puissant argument le thème révoltant de la mise à mort d'une adolescente, ce petit texte qui se lit en une poignée d'heures imprime un sentiment de révolte impuissante face à l'injustice affligeante dont ces femmes iraniennes sont les victimes.
Encore si tristement d'actualité !...
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Bêtement j'ai pensé ici à Kathrine Kressmann-Taylor qui avait construit "Inconnu à cette adresse" sur un vrai faux échange de courriers soulignant la montée insidieuse du nazisme au début des années 30.

Dans La muette, Chahdortt Djavann, elle, dénonce la condition des femmes dans l'Iran contemporain en s'appuyant sur un faux vrai manuscrit rédigé peu avant son exécution par une adolescente condamnée par les mollahs (c'est pas joyeux, j'aurais prévenu).

Epoques et contextes différents bien sûr, mais ces deux récits pourtant m'ont marquée tout pareil, par la même efficacité de l'intrigue et la même concision du propos rassemblées en un minimum de pages percutantes. De même évidemment ni l'un ni l'autre de ces textes ne respire l'allégresse, chacun à sa manière incarnant d'authentiques tragédies individuelles en un condensé romanesque, fictions militantes contre l'oppression des régimes totalitaires.

La muette est aussi un lumineux roman d'amours, amour maudit, amour pur d'une enfant pour sa tante, ardente allégorie de la liberté bafouée. Mais il est avant tout une chronique poignante et cruelle, à découvrir donc de préférence (rapport au moral) un jour de grand soleil.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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L'Iran sous les mollahs. Comment sous le couvert de Dieu, on arrange, on condamne, on viole, on torture, on tue sauvagement… Comment, certainement depuis le néolithique, l'homme se sert du divin et de l'inexpliqué pour établir sa dictature, sous prétexte de détenir une vérité et l'imposer sournoisement ou brutalement à tous les autres, de gré ou de force, plus souvent de force.
Ce récit n'en est qu'un exemple de plus. Un témoignage abominable où tous les sentiments sont bafoués. En fait, tout ce qui ne correspond pas à un dogme fantaisiste qui ne sert que la suprématie d'une élite dirigeante assoiffée de pouvoir et de domination. L'innocence et l'amour sont des mots qui ne doivent pas faire partie de leur vocabulaire.
Je ne reprendrai pas le récit de ce témoignage, très bien expliqué dans les autres commentaires. Je rajoute juste, après la lecture de ce livre, mon désarroi naïf face à l'inhumanité que subissent des peuples entiers.
Merci à l'auteur et à tous ceux qui ont facilité la diffusion de ce récit accablant.
Encore un livre à lire de toute urgence pour comprendre en partie la marche du monde !
Encore un petit mot pour dire combien la photo de couverture de l'édition France-Loisir est évocatrice du récit. La magnifique beauté des yeux de cette femme ceinturés par ce voile légèrement transparent a quelque chose d'envoûtant qui doit paraître insoutenable à tous ces religieux abrutis par l'intransigeance de leur dogme religieux.
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Un très beau roman qui, de manière surprenante, se présente de manière à ce qu'on croie à une histoire véridique.
Hormis cette imposture de départ, le roman est très bien construit. Au fil de très courts chapitres (le livre est très court lui aussi), l'auteure nous fait découvrir petit à petit comment cette jeune fille de 15 ans se retrouve derrière les barreaux dans l'attente de la peine capitale. Cela se passe dans l'Iran des mollahs, où les femmes sont soumises à des exigences comme le port du voile et où, pour les hommes, presque tout est permis. Dans tous les cas, s'il faut sanctionner un homme, la peine est dérisoire par rapport à celle qu'encourt une femme.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
« Tout est silence dans cette cellule et je n’entends que les battements de mon cœur, les démons du passé s’élancent sur moi, j’ai peur, j’étouffe, je ne veux pas mourir avec cette haine qui me transperce et me ravage, je ne veux pas être pendue avec cette souffrance secrète que j’ai dû supporter. Je ne veux pas l’emporter avec moi dans la tombe, je veux mourir en paix, délivrée, je dois épuiser ma souffrance dans cette cellule, je dois enregistrer ma haine dans ce cahier. »
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La pauvreté écrase les hommes et les femmes, les rend misérables, méchants et laids : trop de misère fait que les gens ne sont même plus capables de rêver.
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Je me rappelais la suite du proverbe : « À chacun le sort qui lui échoit, ainsi va la vie.» Moi, je rêvais d'un avenir radieux, croyais avoir un autre destin. Je voulais devenir médecin, j'ai fini assassin. Je pensais à la muette et me suis rendu compte que la souffrance et la solitude de ma tante ne s'étaient pas effacées avec sa mort, elles étaient devenues miennes. La muette et moi avions la même mauvaise étoile. Je la portais en moi depuis sa mort.
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Où j'ai grandi, il n'y avait que la misère et la drogue, aucun destin n'échappait au malheur; dans ce monde-là,la pauvreté écrase les hommes et les femmes, les rend misérables , méchants et laids; trop de misère fait que les gens ne sont même plus capables de rêver.
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Elle s'était offerte à l'homme qu'elle aimait, sans rien lui demander en échange. Un acte plus que révolutionnaire pour une femme dans ce pays où l'amour est toujours une affaire de contrat et d'arrangement, un simple commerce. Dans ce pays où l'amour est interdit.
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Vidéo de Chahdortt Djavann
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