Troisième volume de la correspondance
Morand - Chardonne. 3 volumes de plus de mille pages chacun. Il y a de quoi faire. J'en lis une petite heure par ci par là : après, il faut prendre l'air.
Chardonne ne m'intéresse pas trop (quelque chose qui fait charme m'irrite - et sa pente grand bourgeois charentais un peu fat, un peu veule, un peu (passe-)plat).
Morand lui est un monstre. Et un styliste hors pair. Un oeil d'aigle, une patte de tigre, un coeur de bronze. Il y a des fulgurances à chaque lettre, des saillies, des contrastes, des bonheurs. Et des horreurs : on les lit en s'exclamant Oh non mais c'est aussi pour ça qu'on les lit.
Entre des précipités sur des auteurs entrés ou entrant dans l'oubli (
Cocteau, Mauriac,
Giraudoux, Maurois, Nimier, Galey, Nourrissier...) et des dépaysements suisses, anglais ou normands, ce qui frappe est ceci : rien ne va. Entendez : rien ne va plus. C'est le Muppet Show sauce Vichy.
De Gaulle, encensé par nos politiques, est descendu en flèche. Caudillo d'opérette. Produit Télé. Fantoche à képi. Ça change avec ce qu'on entend aujourd'hui. Autre chose que CNews. On n'ose imaginer (et encore moins écrire) ce que
Paul Morand penserait de Pécresse, le Pen ou Zemmour.
Qu'on se le dise : la France a vraiment (et épouvantablement) été de droite...