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Jenny S. Bradley (Traducteur)
EAN : 9782070354078
Gallimard (08/05/1979)
4.09/5   23 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Chesterton est un des grands polémistes de notre temps. À la fois brillant, drôle et profond, il s'attaque dans ce livre aux idées de Bernard
Shaw, H.G. Wells et Kipling . Il critique les idées du XIXe siècle qu'il n'est pas loin de considérer – selon un mot fameux – comme particulièrement bête, et critique aussi bien les idées du progrès que les attitudes nationalistes de ses contemporains.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'hérétique est celui qui professe ou soutient une hérésie. C'est celui, étymologiquement, qui choisit ou qui est apte à choisir. On notera que le titre du livre de Chesterton est au pluriel et en effet, il y a plusieurs hérésies qu'il a envie de combattre.

Je ne suis pas encore bien à l'aise avec la prose de Chesterton puisque c'est la première fois que je lis une de ses créations. Mais qui est l'auteur ? Gilbert K. Chesterton est un auteur anglais qui nous livre son premier essai polémique à 31 ans en 1905. Il a écrit dans les trente premières années du XXe. Fait singulier pour un Anglais, il se convertira au catholicisme Romain.

J'ai trouvé dans son livre beaucoup d'analyses qui pourraient aussi correspondre à la société et à l'ambiance que nous connaissons actuellement. Il nomme hérétiques ceux qui se revendiquent comme étant clairvoyant et courageux contrairement aux autres.

Cela peut faire penser aux personnes qui veulent s'extirper de la masse et se revendiquer comme étant pour un idéal, un progrès, comme faisant partie d'une avant-garde que la majorité silencieuse ne comprend pas encore. Nous avons régulièrement des hérétiques qui viennent sur la place publique pour se vanter d'en faire partie et qui nous disent que nous sommes dans le faux. Et nous les laissons parler.

En comparant la morale moderne à la morale chrétienne, il fait ressortir que l'idéal chrétien donne de l'espoir et une foi inébranlable, même et surtout dans les moments les plus perdus. Tandis que les athées, les modernes, n'auront pas d'espérance. Dans la morale moderne ne subsistent que des interdictions. Il n'y a aucune image de pureté ou de triomphe dans la morale moderne. On ne présente aucun idéal. Les chrétiens ont le paradis, que l'on associe à la perfection, le purgatoire, qui donne l'idée d'un progrès à faire, et l'enfer qui est là pour punir.

La moralité moderne ne peut rien donner de cela et ne peut donc donner aucune envie de progresser humainement. Il dira même :

« Le genre humain, d'après la religion, succomba et dans sa chute acquit la notion du bien et du mal. Mais voilà que nous avons succombé une seconde fois et que, seule, la notion du mal nous reste. »

Il y a d'ailleurs dans la moralité moderne « humanitaire », l'idée qu'il faut être indulgent, à la limite de la philanthropie avec le faible et les inférieurs. Il faut avoir pitié et c'est ce que l'on nous demande lorsque l'on nous admoneste de faire preuve de « tolérance ». Et c'est tout sauf un idéal démocratique, qu'ils sont les premiers à défendre, ironiquement. Notre époque est la plus antidémocratique qu'il soit puisque nos gouvernants visent à chaque loi les gouvernés. Chesterton idéalise le passé par le fait que le despote réfléchissait avant de passer une loi abusive puisqu'il y avait un risque que cela se retournât contre lui. Nos gouvernants n'ont même pas cet éclair d'esprit.

Pour éluder cette question de bien, nous parlons de « progrès », « liberté », « éducation » sans aucunement nous concentrer sur le bien que cela devrait nous apporter. Nous essayons d'apporter plus de bien sans jamais avoir essayé de le définir, en utilisant des lieux communs. Et justement sur l'utilisation du progrès comme d'un idéal moral à atteindre, Chesterton nous dit qu'il est risible d'utiliser ce mot dans ce sens puisque nous ne savons même pas ce que cela définit.

On oppose le progrès, non défini, à des choses comme la religion, le patriotisme qui ont des doctrines, des idéaux précis. On ne sait rien du progrès ni ce que cela va nous apporter, mais nous devrions troquer des idéaux connus et dont nous connaissons les fruits contre lui. Pour parler de progrès, il faut avoir défini une direction, un sens. Et donc, finalement, il n'y a que les catholiques qui peuvent utiliser le mot progrès puisqu'ils savent dans quelle direction l'humanité doit aller, de même pour les patriotes. Néanmoins, je ne sais pas quelle définition Chesterton donne au patriotisme.

C'est à ce moment qu'il s'attaque à Bernard Shaw, le meilleur ennemi de Chesterton. M. Shaw est comme les prêcheurs de progrès que nous connaissons. Si l'homme n'est pas capable d'adopter le progrès, alors ce n'est pas que c'est une mauvaise idée, mais c'est que l'homme n'est pas le bon et que donc, il faut le changer pour qu'il colle au moule idéologique.

Et si, ce monde moderne n'a plus de foi, c'est à cause de la séparation qu'il a mis avec la nature. Il dit :

“L'absence dans la vie moderne des formes les plus élevées et les plus basses de la foi est due, en grande partie, à notre éloignement de la nature, des arbres et des nuages. Si nous ne voyons plus de fantômes à tête de navets, c'est probablement faute de navets.”

Concernant ce monde moderne et son amour du scientisme, Chesterton craint qu'il ne nous amène à une destruction de la démocratie et à l'avènement de l'oligarchie et le gouvernement des spécialistes.

Et sur les néo-paganismes, il nous dit que leur foi est artificielle et que si ces païens étaient honnêtes, ils se convertiraient au christianisme puisque seul le christianisme a permis la transition entre les fois païennes et le christianisme que nous connaissons. le christianisme a absorbé les cultes païens déjà en place en Europe. Cela ne sert à rien de créer une foi païenne hors sols qui n'a plus rien à voir avec les cultes d'avant la christianisation de l'Europe. Nous avons récupéré le mariage, Noël, Pâques, la Toussaint, la Saint-Jean… Donc finalement, que les néo-paganismes créer leurs nouvelles religions, ils finiront sans doute comme les anciennes, par se faire absorber par le christianisme.

Sur Nietzsche, qui n'a pas une grande place dans le coeur de Chesterton, ce dernier attaque l'aristocratie de Nietzsche qui serait celle d'hommes forts et vigoureux alors qu'ils ne sont que des hommes aux “nerfs faibles”. C'est parce qu'ils ont besoin de répéter qu'ils sont forts, vigoureux, qu'ils sont tout son contraire. Ils ne sont pas non plus braves en s'attaquant à des plus faibles qu'eux, ils sont faibles et couards. David a bien plus de mérite en combattant Goliath que le cyclope qui s'attaque à l'équipage d'Ulysse. Ce n'est que quand une Nation puissante a besoin de s'attaquer à de plus petites en faisant croire qu'elles sont une menace sérieuse que sa décadence est avancée.

Il faut sans doute nuancer les propos en rappelant que si Chesterton se base sur La volonté de puissance pour juger de l'oeuvre de Nietzsche, il fait une erreur puisque cela a été publié de manière posthume par la soeur de N.

J'ai bien apprécié ce livre et son auteur. Néanmoins, la lecture est assez difficile, cela vient sans doute de la traduction que j'ai eue sous la main, mais il est difficile de retranscrire des blagues ou des métaphores d'une langue à l'autre. Après tout, nous ne comprenons pas le fait qu'il pleuve des grenouilles ou que l'on pave une voie. On peut être un peu perdu si l'on ne connaît pas les auteurs et hommes politiques qu'il cite et qu'il critique, bien que les noms de Chamberlain ou Wells vous sont sans doute familiers. C'est intéressant d'avoir la vision d'un écrivain britannique catholique sur les tendances de son époque et les choses qui le dérangeaient alors. Il a une plume aiguisée et les saillies dont il est l'auteur vous raviront sans doute.
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Ce livre est un recueils de textes. Certains diront un assemblage tenu par un fil rouge. Pas inintéressant pourtant ! L'auteur y va d'idées qui sont le fondement de sa conviction et assène maintes démonstrations qui étayent son avis. Il appuie sa pensée sur de nombreuses imprécisions et ce que je qualifie d'erreurs pour proposer une image fantasmée de la société européenne et du christianisme. Bien entendu, lorsqu'on sait qu'on lit un livre de RELIGION, on se doute qu'il est orienté. mais pas toujours dans l'inclinaison qu'on attend. Une légère déception, malgré une écriture très colorée
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Le fort ne peut être courageux. Seul le faible peut l'être [...] C'est pourquoi cette sympathie envers les petits et les vaincus, qu'on nous a souvent reprochée, à nous libéraux et nationalistes, n'est pas du tout un sentimentalisme vain, comme l'imaginent M. Wells et ses amis. C'est la première loi du courage pratique. Appartenir au camp le plus faible, c'est appartenir à l'école la plus forte.
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Cette magnanimité n'est pas un produit de l'humanitarisme moderne ; ce n'est pas un produit ayant un quelconque rapport avec la paix. Cette magnanimité est simplement un des arts perdus de la guerre.
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Être mêlé à une aventure, c'est être dans un milieu antipathique. Être né dans ce monde, c'est être né dans un milieu antipathique, et par conséquent être né dans une aventure. De toutes ces grandes limitations et de ces cadres qui façonnent et créent la poésie et la variété de la vie, la famille est la plus définie et la plus importante. Aussi est-elle incomprise des modernes qui s'imaginent que le roman pourrait atteindre son apogée dans un état absolu de ce qu'ils appellent liberté. Ils pensent que si un homme faisait un geste et que le soleil tombât du ciel, il réaliserait une action étonnante et romanesque. Mais ce qu'il y a de réellement étonnant et romanesque dans le soleil, c'est qu'il ne tombe pas du ciel. Ils cherchent sous toute espèce de forme un monde sans limitations, c'est-à-dire un monde sans contours, c'est-à-dire un monde sans formes. Il n'y a rien de plus bas que cette infinité. Ils disent qu'ils désirent être aussi forts que l'univers, mais en vérité ils désirent que l'univers entier soit aussi faible qu'eux.
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La forte littérature primitive ne fait que l'éloge du faible.
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Autour de la plus innocente table à thé nous entendons dire couramment que « la vie ne vaut pas d'être vécue ». Nous écoutons émettre cette opinion comme si on disait que la journée est belle. Personne ne songe que cela puisse avoir le moindre effet sur les hommes ou sur le monde. Et pourtant, si cette parole était réellement crue, le monde se trouverait renversé. Les meurtriers se verraient attribuer des médailles pour avoir sauvé des hommes de la vie ; les pompiers seraient dénoncés pour avoir arraché des hommes à la mort ; les poisons remplaceraient les remèdes ; les médecins seraient appelés auprès des personnes bien portantes et la Royal Humane Society serait exterminée comme une horde d'assassins. Cependant nous ne nous demandons jamais si le causeur pessimiste fortifie ou désorganise la société, parce que nous sommes convaincus que les théories sont sans importance.
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Videos de Gilbert Keith Chesterton (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gilbert Keith Chesterton
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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