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The Expanse tome 7 sur 10
EAN : 9782330128463
800 pages
Actes Sud (06/11/2019)
  Existe en édition audio
4.29/5   153 notes
Résumé :
Presque trente ans après la fin de la guerre et l'anéantissement de la Flotte libre, l'humanité a retrouvé un semblant d'ordre et de stabilité. La Terre et Mars ont reformé leur coalition et se relèvent progressivement, tant sur le plan économique que militaire. L'Union des transports, l'organisme ceinturien chargé de réguler les échanges commerciaux entre les différents systèmes, tient un rôle essentiel au sein de l'Univers connu. Dans ce contexte, Holden, capitain... >Voir plus
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En neuf romans et un recueil de nouvelles, sans doute la plus passionnante série de science-fiction spatiale et politique de ces dernières années.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/11/note-de-lecture-the-expanse-james-s-a-corey/

Tout démarre (en tout cas, on le croira longtemps) à bord du Scopuli, un vaisseau spatial d'apparence anodine en transit entre les astéroïdes Cérès et Éros. D'apparence anodine seulement, car il est en réalité en mission pour l'Alliance des Planètes Extérieures, organisation semi-clandestine qui conteste activement la domination politique et économique de la Terre et de Mars sur le reste du système solaire, myriade d'astéroïdes habités, de lunes jupitériennes ou saturniennes et de stations spatiales qui constituent la frontière active de l'économie globale sous le nom générique de « la Ceinture ». Lorsque le Scopuli est mystérieusement attaqué par ce qui semble être une bande pirate lourdement armée et bien déterminée, une certaine Julie Mao semble être la seule survivante à bord.

Le Canterbury, transportant de la glace entre les anneaux de Saturne et Cérès (l'eau est une question cruciale pour la vie sur ces « planètes extérieures » – qui n'en sont pas vraiment -, bien entendu), capte alors un signal de détresse venant du Scopuli. Arrivé sur place, l'équipage de la navette dépêchée par le lourd vaisseau de transport réalise que le signal en question était un leurre. Alors qu'un étrange vaisseau furtif surgit de nulle part et détruit le Canterbury, Holden, le second du bord, embarqué à bord de la navette, décide de transmettre en clair à l'ensemble du système solaire l'attaque qui vient d'avoir lieu ainsi que la présence de technologies martiennes au sein du système de leurre utilisé – ce qui crée un tollé dans les opinions publiques et un état de guerre, de facto, entre Mars et les différentes entités de la Ceinture. Consignés à bord du Donnager, vaisseau de ligne martien arrivé le premier sur les lieux du crime, Holden et ses compagnons d'infortune assistent impuissants à la destruction de celui-ci par de nouveaux vaisseaux furtifs inconnus, fuient de justesse à bord d'une corvette martienne qu'ils vont bientôt rebaptiser Rossinante, et informent le système solaire que l'analyse d'une puce électronique des assaillants récupérée à bord par miracle indique cette fois une fabrication… terrienne. Désormais, la Terre, Mars et la Ceinture sont tous au bord de la guerre totale.

Parallèlement à ces événements déclencheurs (et de quelle ampleur !), Josephus Miller, enquêteur au sein de la société privée Hélice Étoile, qui détient le contrat de sécurité sur Cérès, est embauché en marge de ses activités officielles pour retrouver la trace de Julie Mao, qui se révèle être l'une des filles de Jules-Pierre Mao, l'un des plus riches multi-milliardaires du système solaire, aux commandes d'un conglomérat hautement diversifié. Bientôt, alors que le Rossinante cherche à échapper aux recherches de la Terre comme de Mars, l'enquête s'étend et révèle qu'une certaine protomolécule secrète, possiblement extra-solaire, n'est peut-être pas étrangère aux cataclysmiques événements en cours…

Publié en neuf volumes (plus un dixième contenant plusieurs nouvelles dans le même univers) entre 2011 et 2022, « The Expanse » est certainement l'une des plus passionnantes séries littéraires de science-fiction – et au-delà – créées ces dernières années, justement récompensée par le prestigieux prix Hugo en 2020.

Issue à la base d'un univers de jeu (en ligne et sur table) développé en extrême détail par Ty Franck, que son ami l'auteur Daniel Abraham rejoint sous le pseudonyme commun de James S.A. Corey pour en extraire les romans, la série se distingue par la profondeur et la logique de son background, par son sens rebondissant de l'aventure et des développements de personnages, par la richesse de la véritable cosmopolitique du système solaire qu'elle imagine, par le réalisme de ses anticipations technologiques (même s'il a bien fallu, d'emblée, inventer la propulsion Epstein – avec ses accélérations inhumaines et donc ses adjuvants chimiques indispensables – pour que les distances à l'intérieur du système solaire se comptent en mois plutôt qu'en années), mais peut-être surtout par la puissance du réalisme politique (et d'ailleurs de diverses formes de Realpolitik) qui y est déployé.

Dans leur excellent article de novembre 2018 pour Science Fiction Studies (« Solar Accumulation : The Worlds-Systems Theory of The Expanse »), Brent Ryan Bellamy et Sean O'Brien, avec une approche post-marxiste particulièrement adaptée au terrain et à l'enjeu, montrent élégamment comment « The Expanse » met en scène la mainmise continuée du capital (largement incarné par l'entreprise Protogen de Jules-Pierre Mao, mais pas uniquement par elle) sur les « sauts » de l'accumulation et sur le transfert hégémonique (pour reprendre ici notamment le vocabulaire précis de Michael Hardt et Toni Negri dans leur « L'Empire » de 2000) : dans ce modèle à trois mondes pour le 23e siècle, la rareté des ressources et l'épuisement écologique hantent la Terre, la colonie martienne a pris son autonomie (sous des formes qui sont à la fois un bel hommage et un rude désaveu à la « Trilogie martienne » de Kim Stanley Robinson, se rapprochant davantage in fine du « 2312 » du même auteur) et les minerais de la Ceinture préservent l'illusion de la poursuite d'un système d'accumulation « à l'infini » (qui jaillira encore renforcé du formidable rebondissement introduit dans le tome 3, « La Porte d'Abaddon », par l'une des actions encore moins prévisibles de la « proto-molécule » – si l'on persiste ici à essayer de ne pas trop dévoiler les éléments à moyen et long terme de l'intrigue). Derrière Fernand Braudel et Karl Polanyi, les auteurs de l'article lisent ici l'influence souterraine de Giovanni Arrighi et de son « Long vingtième siècle » de 1994. On pourrait ajouter que l'imagination déployée dans la série illumine son inconscient politique, au sens de Fredric Jameson, et que le mélange détonant de réchauffement climatique, d'épuisement des ressources et d'astro-capitalisme résonne étrangement tant avec l'Andreas Malm de « L'anthropocène contre l'histoire » qu'avec les Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin de « Une histoire de la conquête spatiale ». Une fois de plus la terrible première phrase du « En panne sèche » d'Andreas Eschbach s'impose : « Même la dernière goutte d'essence permet encore d'accélérer ».

La série littéraire a donné lieu entre 2015 et 2022 à une série télévisée particulièrement réussie sous l'égide de Mark Fergus et Hawk Ostby. le casting y colle magnifiquement aux personnages imaginés par James S.A. Corey, que ce soit du côté de l'équipage du Rossinante (Steven Strait en James Holden, Dominique Tipper en Naomi Nagata, Cas Anvar en Alex Kamal et Wes Chatham en Amos Burton), de l'enquêteur Josephus Miller (Thomas Jane) et de son fameux chapeau, de la marine martienne Roberta Draper (Frankie Adams), de chefs ceinturiens tels que Fred Johnson (Chad Coleman) ou Anderson Dawes (Jared Harris) – l'une des seules vraies libertés que s'est permise l'écran, en assemblant plusieurs personnages littéraires pour sa version de Camina Drummer, jouée par Cara Gee, est sublime – ou encore de la haute fonctionnaire terrienne Chrisjen Avasarala (Shohreh Aghdashloo). le scénario est particulièrement fidèle aux romans d'origine, et la série a réussi à éviter le « piège de la précipitation » à la Game of Thrones au moment de conclure son aventure télévisuelle, préférant s'arrêter entre deux tomes à un moment où nombre d'arcs narratifs avaient atteint leur terme et où d'autres commençaient tout juste à s'ouvrir, pour, n'est-ce pas, ne pas insulter l'avenir.

J'avais insisté dans l'épisode 9 (à regarder ici) de Planète B, l'émission science-fiction et politique conçue pour Blast par Antoine Daer, notre librairie Charybde et les éditions La Volte, sur l'importance donnée par la série littéraire à une forme actualisée de lutte des classes du 23e siècle, à l'échelle du système solaire : la série télévisée amplifie encore cette thématique, dès sa présentation d'ensemble, en signalant d'emblée le contraste entre les élites terriennes et leurs masses inscrites au revenu minimum d'existence, les Martiens largement militarisés et les salariés de la Ceinture, précaires et fortement exploités par les propriétaires des moyens de production. Par bien des aspects, l'article d'Emma Johanna Puranen, « The Ethics of Extractivism in Science Fiction » (Strange Horizons, 2022), souligne le même point. Il en est de même du « Work, Horror and The Expanse » de Jamie Woodcock et du somptueux (on en reparlera ci-dessous à propos de langage) « We should have brought a poetry grad student: Higher education and organised labour in The Expanse » de Heather Clitheroe et Mark A. McCutcheon, deux articles à lire dans « The Expanse Expanded: A Special Issue of Red Futures », dont l'ensemble des onze contributions (à lire ici) méritent bien davantage qu'un simple détour.

Dans son passionnant article, « The Modality in Which Class is Lived : Literalizing Race and Class in The Expanse » (dans SPELL: Swiss Papers in English Language and Literature, « The Genres of Genre: Form, Formats and Cultural Formations », 2019), Bryan Banker note par ailleurs comment James S.A. Corey, en dépeignant les Ceinturiens dans leur unité et dans leur variété, rend concret ce que les théories contemporaines de l'identité gardent dans le domaine de l'abstrait, et plus particulièrement le lien difficilement déconnectable entre race et classe (ce que la série télévisée souligne aussi de son côté), ce dont on reparlera plus bas à propos de langues et de langage.

Dans les mots de la série littéraire comme, naturellement, dans les images en parfaite continuité de la série télévisée, on sera frappé par la force de l'esthétique spécifique développée dans « The Expanse ». Lorsque les deux membres de James S.A. Corey sont interrogés sur leurs influences, ils citent régulièrement (aux côtés de la série « La Grande porte » de Frederik Pohl, pour des raisons évidentes, mais qui obligeraient à dévoiler ici certaines surprises des tomes 3 et 4) « Alien ». On se doute bien que ce n'est pas à propos de forme de vie extra-terrestre prédatrice que cette influence se manifeste : c'est avant tout à propos de précision technique imaginée et de vie matérielle omniprésente. Ici, le vide c'est le vide, les semelles électromagnétiques ne comptent pas pour du beurre, les hémorragies internes ne peuvent pas coaguler en apesanteur, et le silence est omniprésent (là où justement, on le sait, on ne vous entend pas crier). Même le célèbre duo contestant les conditions de travail formé par Dennis Parker (Yaphet Kotto) et Samuel Brett (Harry Dean Stanton) dans le premier film de Ridley Scott, en 1979, trouve son écho ici (comme le soulignent Heather Clitheroe et Mark A. McCutcheon dans leur article sus-cité), dans l'une des rarissimes représentations d'activité syndicale dans la science-fiction contemporaine (et toute l'ambiguïté subtile du personnage d'Anderson Dawes – et de l'interprétation qu'en donne à l'écran Jared Harris).

Dans le même article, on trouve une analyse portant à un degré encore supérieur cette esthétique de la matière, lorsque Miller explique à Holden, dans les tomes 3, 4 et 5, à diverses reprises, l'importance de l'incarnation de l'humanité vis-à-vis de l'immatérialité qui est désormais l'apanage des Constructeurs (je n'expliquerai pas ce terme ici, sinon ce serait un spoiler significatif), d'une manière que ne renierait pas « un enseignement marxiste de la distinction entre infrastructure et superstructure ». Et que dire dans ce cas du trait encore souligné par un autre article du même numéro spécial de Red Futures, celui de John Roselli, « The Heart of the Expanse: Discovering Humanity in the Void » ?

Comme Daniel Abraham, l'une des composantes du duo James S.A. Corey, a longtemps été un proche collaborateur de George R.R. Martin (impliqué notamment de très près dans les déclinaisons en bandes dessinées et romans graphiques du premier livre du « Trône de Fer », entre 2011 et 2014), il a beaucoup été écrit sur le foisonnement d'intrigues, de personnages, de situations géopolitiques (médiévales ou non), de coups de théâtre, de trahisons et de rebondissements de toute nature qui hantent « The Expanse » comme « Game of Thrones ». Disons-le tout net : en la matière, il me semble que l'élève (si élève il y eut) a su magnifiquement dépasser le maître (même si celui-ci n'est pas directement responsable de l'achèvement télévisé de sa série), et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, l'art (presque) immémorial du feuilleton (celui défendu jusqu'au bout avec acharnement par un Valerio Evangelisti, par exemple) est ici construit de manière ouverte : pas de dénouement inexorable (dont seules, finalement, les modalités et la place des personnages candidats et candidates restent à débattre : comment s'ouvrira le grand Mur ? qui tuera le Roi des Morts ? qui vaincra la détermination de Cersei ? qui règnera sur Westeros ?), mais au contraire une narration ouverte, qui excelle à enchaîner les intrigues dont la résolution même donne naissance à une autre, qui manie avec une réjouissante expertise l'enchevêtrement des niveaux des différents arcs narratifs – et qui n'utilise jamais de deus ex machina, même soigneusement dissimulé comme chez son illustre prédécesseur. Toujours dans le numéro spécial de Red Futures cité plus haut, l'article de Horst Trenkwill-Heiser, « The Expanse or: How Holden Kept Worrying and Learned to Embrace Division », propose un éclairage supplémentaire et passionnant sur ce point.

Ensuite, même des situations hautement interrogatives (Attention spoilers ! Que peut bien f… la protomolécule sur Vénus ? Comment communique-t-on avec les Constructeurs ? Pourquoi Miller est-il toujours là ? Où se situe la démarcation entre guerre de libération légitime et terrorisme aveugle ?) sont résolues avec grâce et logique, en parfaite cohérence (coucou Daenerys !) avec l'évolution intime et politique des personnages (et sans recours à de mystérieuses et rétrogrades « lois de l'hérédité »).

Enfin, « The Expanse » se caractérise par un véritable refus du manichéisme instinctif et instantané. Même les « pires » personnages (scientifiques dévoyés, ultra-milliardaires mégalomanes, politiciens corrompus, officiers rebelles ou indépendantistes jusqu'au-boutistes et terroristes) présentent plus que de simples lueurs d'humanité, offrent des justifications souvent complexes et pour partie « écoutables » et présentent une cohérence interne extrêmement forte qui ne se limite pas à « être psychopathe » ou « être sociopathe » (même si ces éléments sont bien entendu régulièrement disponibles). Et les « meilleurs » personnages ont leur beau contingent de failles, mais cela est relativement plus courant dans les grandes fresques dont nous traitons dans ce paragraphe. L'article « Heroism in the Expanse » de Mary B. Smith (toujours dans Red Futures) est particulièrement précieux pour pleinement apprécier cette dimension-là.

En tant qu'oeuvre de science-fiction, « The Expanse » se livre à un intense travail de démythification de l'anticipation. Comme le soulignent à leur manière Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin dans leur récent « Une histoire de la conquête spatiale » du côté historique et sociologique ou Gil Bartholeyns dans son également récent « L'occupation du ciel » (dont on vous parlera très prochainement sur ce blog) du côté purement fictionnel, il n'y a pas ici de vertueux changement de paradigme ayant pris place d'ici le 23e siècle. le capitalisme et l'extractivisme triomphent, la foi en la croissance (on ne parle plus guère de ruissellement, toutefois, à part sous sa forme résiduelle et minimale de revenu universel maintenu au plus juste) resplendit de toute part, et la science poursuit imperturbablement sa marche en avant – sans souci réel du bonheur du plus grand nombre. C'est le « Réalisme capitaliste » de Mark Fisher qui est ici, plus que jamais, aux commandes. Il n'y a pourtant là rien de réellement dystopique, à proprement parler : le fait même de distinguer au plus haut degré la puissance des rapports sociaux, comme cela a été développé plus haut et comme cela est devenu au fond si rare dans la science-fiction contemporaine, suffit à obtenir ce précipité chimique aussi inquiétant que passionnant.

On pourra noter que Ian McDonald dans son excellente « Trilogie Luna », en se contentant finalement, au plan socio-politique, d'ironiser sur les nouveaux ultra-riches du système solaire en gestation (en parfaite cohérence, ceci dit, avec sa focalisation sur une nouvelle ère des « barons-voleurs ») ne parvenait pas à obtenir la même puissance de shock & awe systémique que « The Expanse » – et que Kim Stanley Robinson, dans son remarquable « 2312 », ne pouvait, lui, comme souvent, se résigner à un futur dans lequel aucune prise de conscience de masse n'aurait pu changer significativement les fondations de la société et de la polis.

Davide Mana (« The Politics of Anthropocene: Environment and Society in The Expanse »), Grigor Velkovsky (« The Expanse on the Cyclical Nature of History ») et Marcin Stolarz (« The Future Society of
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Plus de vingt ans après la fin de la guerre entre Ceinturiens et Intérieurs, la chute d'Inaros et la mise en place de l'Union des Transports, la paix règne à peu près dans le système Sol. Avec à sa tête l'excellente Drummer (incarnée par la non moins excellente Cara Gee dans l'adaptation série, qu'on se le dise les copains-copines), l'Union assure la bonne utilisation des Portes. Jusqu'à là, ça va, c'est plan-plan, on est sur une jolie entité administrative de régulation et de contrôle, qui ne ressemble ni à un système politique comme pouvaient l'être l'APE, les Nations Unies ou le Congrès Martien, ni à une compagnie de commerce militarisée tel que la VOC au 17e. C'est après que ça dérouille.

Et alors que L Univers promet de tomber dans un ennui monstrueux à coût de douane et d'interdiction de trafic, une ancienne menace fait son retour : le Martien Winston Duarte revient nous jouer un mauvais tour. Sur Laconia, où il s'était retiré avec une partie de l'armada martienne, il a développé un régime autoritaire et militaire. Il a surtout utilisé la protomolécule et après des années d'études a mis sur pieds des armements et des technologies mi-protomoléculaires mi-humaines. Quand il toque à la Porte de la Station Medina pour annoncer que Laconia va prendre le contrôle de la situation et pacifier la situation (c'est ce que disent souvent les dictateurs), ni Drummer, ni la CTM, ne comprennent le danger.

En tant que lecteurs, on découvre cette menace à travers les yeux de nos héros du Rossinante. Mais au contraire de Don Quichotte, Holden et Naomi en ont marre de l'aventure et prennent leur retraite, laissant le reste de l'équipage sous la direction de Bobbie. Clarissa et elle sont désormais des membres à part entière de l'équipage. Clarissa Mao est toujours plus malade, semant l'inquiétude dans l'esprit des autres, notamment le sensible insensible Amos. Et alors que Holden et Naomi débarquent sur Medina, on assiste à travers eux à l'arrivée de l'Invincible Armada (vraiment invincible pour le coup) de Laconia. Et là, c'est parti pour la pire fessée jamais reçue par n'importe laquelle des flottes du système Sol.

Ce tome met en avant un nombre relativement réduit de POV, les plus intéressants et développés, pour moi, sont ceux de Singh, l'administrateur laconien de la station Medina et de Drummer, qui essaie de faire la gestion de crise interplanétaire. Les chapitres de Singh nous permettent de voir l'envers du décor et la mise en place d'un système répressif, propagandiste et dictatorial que ce soit à travers l'utilisation des institutions existantes (l'Union des transports ou l'Assemblée des mondes) pour contrôler le système ou l'intégration des populations au nouveau régime (le bâton et la carotte). le POV de Singh est aussi un bon angle pour comprendre à quel point les Laconiens sont devenus puissants avec la technologie de la protomolécule. Les autres points de vue m'ont peut-être un peu moins touché, même si intéressants car montrant l'émergence et la mise en place d'une guérilla résistante ou au contraire la collaboration de certains avec le nouveau régime.

C'est un bon pageturner, on est, ou replonge, vite dans l'ambiance de The Expense. L'ellipse temporelle de 20 ans ne porte pas de préjudice à l'atmosphère et à l'évolution des personnages. le roman n'est pas sans défaut, cela étant dit, on a l'impression de tourner en rond avec certains des personnages, d'autres quittent le navire sans laisser grande émotion. Les batailles vues à travers les écrans de Drummer sont un peu frustrantes. Y'a parfois un peu de plat. Reste que c'est une suite ambitieuse, j'ai hâte de voir ce qu'elle peut promettre dans le tome suivant en terme de progression de scénario puisque le paradigme politique est totalement bouleversé (les méchants chez les gentils et les gentils chez les méchants) et en terme de lore avec la mythologie des constructeurs de porteurs et des destructeurs de cette même civilisation.

Je lance un questionnaire au hasard : préférez-vous être en terrasse alors qu'un faisceau de projecteur magnétique passe par là ou vous faire injecter de la protomolécule directement par intra ? Y'a intérêt que les instituts de sondage nous donnent des bons résultats, hein, oh !
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Trente ans ont passé.
La Terre et Mars se sont à peu près remises des destructions survenues autrefois.
L'union des transport a fait une place aux Ceinturiens et gère les flux de marchandises à travers les portes vers les nouvelles colonies.
Quand Laconia et son haut Consul Duarte se rappellent au bon souvenir de tous quand ils s'emparent de Médina et revendiquent le contrôle de toutes les planètes, stations…
Holden et Naomi voient leur projet de retraite salement compromis. Avec Bobbi, Amos, Clarissa et Alex ils rejoignent la résistance afin de contrer les ambitions démesurées des Laconiens et du nouveau gouverneur de Medina Santiago Singh.
Cette suite peut surprendre avec ce saut dans le temps assez long mais me semble absolument cohérente. En effet, Des questions restaient sans réponse. Ainsi, on savait que Laconia s'était retirée de toute alliance et menait son petit bonhomme de chemin seule. Désormais on sait pourquoi. de plus, on se souvient du vol de la proto-molécule dans le coffre de Fred Johnson. Et bien voilà, maintenant on sait qui a volé et pourquoi.
Ce temps peut paraître long mais il reste quand même raisonnable rapporté à la vie humaine puisqu'on retrouve la famille du Rossinante, certes vieillissante mais. Je trouve plutôt agréable de voir des personnages auxquels on s'est attachés prendre un peu de bouteille. Même Avasarala est encore de la partie et surtout n'a pas perdu sa répartie cinglante. Je l'adore.
J'aime aussi la mise en place de ce régime totalitaire par le gouverneur Singh, jeune homme ambitieux, biberonné à l'idéologie de Duarte, convaincu de son bon droit et des bienfaits que la grandeur laconienne va apporter à la civilisation.
Bref, un regain d'intérêt pour moi dans ce tome qui s'achève sur un cliffhanger ce qui me fait enrager car je ne me suis pas encore procuré la suite. GRrr.
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Encore un très bon moment de lecture en compagnie de l'équipage du Rossinante toujours au complet 30 longues années après l'attaque génocidaire de Marco Inaros.

Il est temps pour Jim et Naomi de prendre leur retraite et de se trouver un coin tranquille. Qui sera le nouveau capitaine du Rossinante ?

C'est à ce moment que le Haut Consul Duarte lance sa flotte high-tech pour prendre le pouvoir absolu. On découvre enfin ce qui se cachait derrière toutes ces disparitions mystérieuses de vaisseaux du tome précédent.

Santiago Singh, un Laconien, prend le poste de gouverneur de station Médina où Holden et ses compagnons s'étaient séparés. Ils s'y retrouvent tous piégés et comme de bien entendu il ne vont pas rester les bras croisés. Cela ne sera pas simple.

J'ai trouvé Singh intéressant. Il se définit comme un homme bien mais ses choix le font constamment se remettre en question. Cela étant dit il ne changera pas son fusil d'épaule et devra en subir les conséquences.

Camina Drummer, la présidente de l'Union des Transports, a été contrainte à la reddition mais n'a cependant pas enterré sa détermination de se battre jusqu'à son dernier souffle.

L'équipe est dispersée et la menace est terrifiante. Je lirai rapidement la suite.




Challenge pavés 2023
Challenge mauvais genres 2023
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Persepolis Rising est le septième volume de la saga de science-fiction The Expanse signée James S.A. Corey, le nom de plume du duo composé des auteurs Daniel Abraham et Ty Franck.

Après un sixième volume sympathique mais un peu moins à mon goût que les précédents, j'attendais que celui-ci relance totalement mon intérêt pour la saga. Malheureusement, je garde un sentiment mitigé après ce septième tome.

Pourtant, cela commençait plutôt bien : après la multitude de narrateurs du précédent volume, j'ai d'abord été rassuré en parcourant la table des matières de voir que le nombre de points de vue était réduit. Hormis quelques rares chapitres isolés, l'action est recentrée sur quatre personnages et donc quatre points de vue :

- Holden, le boy-scout capitaine du Roccinante

- Bobbie, l'ancienne combattante des Marines martiens

- Drummer, désormais présidente de l'Union qui gère les transports entre les Anneaux

- Singh, un nouveau personnage venu de Laconia, le système où les rebelles martiens s'étaient exilés pendant que la Free Navy semait la terreur lors du cinquième tome

L'autre élément qui saute aux yeux dès les premières pages, c'est le bond dans le temps proposé par les auteurs. Alors que les dix premiers tomes se déroulaient l'espace de quelques années, celui-ci reprend le récit 30 ans après la fin du précédent volume. L'équipage du Roccinante a vieilli, Jim et Naomi rêvent de prendre une retraite bien méritée sur Titan quand l'anneau de Laconia, inactif depuis trois décennies, montre des signes d'activité.

Pourtant, je dois dire que j'ai eu un peu de mal à me passionner pour cette histoire. Nous sommes face à une histoire somme toute classique d'invasion par une puissance technologiquement supérieure et de résistance face à l'envahisseur. Cela pourrait être passionnant et bien traité dans un récit de science-fiction, mais je n'ai pas été emballé cette fois-ci. Il y a de bons moments, des passages réussis, mais j'ai aussi eu du mal à avancer parfois, un peu lassé par les actes prévisibles des personnages et par un récit sans grande surprise.

C'est d'autant plus dommage qu'il y a tout pour me plaire dans ce volume : un récit qui se veut épique, l'évocation de la vie dans une cité occupée, la guerre désespérée face à un ennemi nettement supérieur, et un antagoniste fascinante. Malheureusement j'ai été déçu par la façon dont les auteurs développent tous ces aspects prometteurs.

Espérons que le huitième et avant-dernier tome de la saga, Tiamath's Wrath, me réconciliera avec les auteurs de The Expanse, qui m'avaient habitué à bien mieux jusque là.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Certains ont besoin de tout avoir. Pour eux, poser les yeux sur quelque chose qu'ils ne possèdent pas, c'est comme avoir une écharde dans le doigt.
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Il lui semblait qu'on devenait réellement vieux lorsqu'on ne sentait plus la nécessité de se persuader qu'on ne l'était pas.
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Ils n'étaient plus si jeunes, à présent, mais peut-être ne remarquait-on la véritable beauté d'une personne que lorsque l'âge avait entièrement forgé sa personnalité.
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And, almost without her knowing it, they’d become her family. [Bobbie] still had brothers and nieces and nephews back on Mars related to her by blood, but she rarely spoke to them. Even then it was always in a recorded message fired across space on the end of a laser. Instead, she had Amos, the gruff big brother who’d let her fuck up on a repair job and just laugh at her, but then fix it later and never mention it again. And she had Clarissa, the annoying know-it-all little sister who wrapped herself in rules and procedure lists and formality like a shell around her fragile center.
And then, Holden and Naomi, who couldn’t help but become the parents of the ship. Alex, the best friend she’d ever had, and the person she’d realized recently she had every intention of growing old with, in spite of never having seen him naked. It was an odd group of people to fall in love with, to adopt as your own kin and tribe, but there it was, and she wasn’t ever going back.
p. 77
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Votre empire a les mains beaucoup moins sales en décidant quand commence l'Histoire et quelles périodes doivent être passées sous silence.
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Vidéo de James S.A. Corey
"The Expanse, tome 7" de James S.A. Corey lu par Thierry Blanc l Livre audio
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