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EAN : 9782011864390
58 pages
Hachette Livre BNF (01/04/2013)
3/5   4 notes
Résumé :
Don Sanche d'Aragon (Seconde édition) / comédie héroïque de P. Corneille ; mise en 3 actes par P. Planat
Date de l'édition originale : 1844

Ce livre est la reproduction fidèle d'une oeuvre publiée avant 1920 et fait partie d'une collection de livres réimprimés à la demande éditée par Hachette Livre, dans le cadre d'un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, offrant l'opportunité d'accéder à des ouvrages anciens et souvent rares is... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La date de la première représentation de cette pièce et de sa rédaction sont incertaines, la Fronde a forcé les théâtres à de longues relâches en 1648-1649. En tous les cas, elle est publiée en 1650. Corneille écrit à propos de la réception de sa pièce :

« Elle eut d'abord grand éclat sur le théâtre, mais une disgrâce particulière fit avorter toute sa bonne fortune. le refus d'un illustre suffrage dissipa les applaudissements que le public lui avait donné trop libéralement, et anéantit si bien tous les arrêts que Paris et le reste de la cour avaient prononcés en sa faveur, qu'au bout de quelque temps elle se trouva reléguée dans les provinces, où elle conserva encore son premier lustre ».

Créée dans un contexte politique agité, la pièce aurait souffert d'interprétations liées à la situation à la date de sa création. Un certain nombre de commentateurs de la pièce avancent le nom de Condé pour « l'illustre suffrage » refusé à la pièce.

Cette pièce marque la création par Corneille d'un nouveau genre dramatique, celui de la comédie héroïque, genre qui ne s'imposa pas vraiment, à part Corneille, Molière est le seul à avoir composé une pièce (Don Garcie de Navarre) avec cet intitulé.

Dans sa dédicace à Monsieur de Zuylichem, Corneille explique les raisons de cette nouvelle dénomination. Bien que les personnages de sa pièces soient des reines et des grands seigneurs, ce qui la rangerait dans le genre de la tragédie, ces personnages toutefois ne sont pas danger mortel, il n'y a pas de péril pour l'état, pas de violences entre proches. Corneille estime donc que la pièce ne mérite en quelque sorte pas le nom de tragédie. Mais la comédie, genre inférieur dans le typologie de l'époque, met en scène des bourgeois, ou des petites gens, non pas des souverains, il n'y est pas question de batailles et de prouesse guerrières. Corneille invente donc ce nom de comédie héroïque pour les oeuvres dans lesquelles de nobles et grands personnages sont confrontés à des situations qui ne les mettent pas en réel danger. Il existait un genre qui avait déjà associé des rois, princes et des aventures romanesques, la tragi-comédie. Corneille n'utilise pourtant pas cette dénomination. Peut être parce que le genre tombe en désuétude, après avoir dominé sur les scènes françaises, et Corneille a contribué fortement à lui donner un coup de vieux. Mais aussi peut-être parce que la tragi-comédie, complètement en refus de toutes les règles classiques, et surtout en action, dans un mouvement perpétuel, ne correspond pas vraiment à la conception cornélienne du théâtre.

Corneille avoue deux sources d'inspiration pour sa pièce : un pièce espagnole, sans doute de Lope de Vega, et un roman français de Juvenel, Dom Pélage.

Carlos un inconnu, fait des prouesses sur les champs de bataille. Deux reines sont amoureuses de lui, mais évidemment, elles ne sont pas prêtes à exprimer leurs sentiments, mais comptent bien épouser des prétendants d'un rang suffisant. Isabelle, la reine de Castille, après avoir conféré des titres de noblesse à Carlos, lui demande de choisir parmi ses trois nobles prétendants, celui qui sera son époux. Or Carlos est amoureux d'Isabelle, qui l'aime également sans bien sûr le lui dire. Les prétendants, qui méprisent cet homme à l'origine incertaine, se sentent humiliés par le procédé de la reine. Mais un bruit de plus en plus fort laisse entendre, que l'héritier du trône d'Aragon, ne serait pas mort comme on ne pensait mais qu'il se trouverait à la cour de Castille. Tout le monde envisage qu'il pourrait s'agir de Carlos, tant ses exploits ont été éclatants. Mais un pauvre pêcheur vient le trouver en se réclamant son père.

C'est très romanesque, les histoires d'amour contrariées, la question d'identité, de reconnaissance, d'enfant caché, de nobles fiers et méprisant, de héros exemplaire. Cela nous paraît sans doute complètement invraisemblable, parce que les conventions du romanesque de l'époque ne correspondent plus aux nôtres. C'est subjectif, mais j'ai la sensation que Corneille s'est amusé à écrire cette histoire, et qu'il y a un peu de second degré dans ce récit, qui joue sur un certain nombre de presque clichés de l'époque.

Cela dit, cela reste quand même surtout une curiosité.

Challenge Théâtre 2017-2018
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La pièce a pour titre don Sanche d'Aragon, un enfant perdu, qu'on a cru mort, qui doit ré-apparaître, qui doit se marier à dona Isabelle la reine de Castille. Autant le dire tout de suite, il n'y a guère de suspense, puisque dans la liste même des personnages, Corneille nous révèle l'identité de Carlos, brave soldat, beau, courageux, héroïque en un mot, mais qui a pour tort d'avoir une naissance obscure, qui se révèle même infamante puisqu'il pense être fils de pêcheurs. Même s'ils sont honnêtes et vertueux, ils ne sont pas nobles, ce qui est un tort à la cour.
Plus que les rebondissements assez prévisibles, et les différentes intrigues amoureuses, ce qui m'a intéressée, c'est ce débat autour du sang et de l'honneur. Les nobles tirent-ils leur prestige et leur autorité de leur sang, c'est-à-dire de leur naissance, ou de leurs mérites, ceux qu'ils s'acquièrent à la force de l'épée ? Autrement dit, la noblesse est-elle innée ou acquise ? J'ai pensé aux travaux de la grande historienne Arlette Jouanna. Pour dona Isabelle dans la pièce, c'est par ses actes qu'un homme prouve sa noblesse de coeur - coeur au sens du XVII ème siècle de courage ; elle anoblit donc Carlos en récompense des services rendus. Au contraire, les grands de Castille restent soucieux de leurs privilèges, et refusent d'admettre un parvenu dans leurs rangs.
Enfin, plus que le personnage de Carlos, trop lisse à mon goût - un don Rodgrigue qui n'aurait pas de doutes, ce sont les personnages féminins que j'ai préférés, comme souvent chez Corneille. Dona Isabelle est une reine tiraillée entre ses désirs et son pouvoir, tout comme dona Leonor.
Une intéressante pièce espagnole de Corneille, pour en complément du Cid !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
CARLOS : Plût à Dieu qu'en mon sort je ne connusse rien !
Si j'étais quelque enfant épargné des tempêtes,
Livré dans un désert à la merci des bêtes,
Exposé par la crainte ou par l'inimitié,
Rencontré par hasard et nourri par pitié,
Mon orgueil à ce bruit prendrait quelque espérance
Sur votre incertitude et sur mon ignorance ;
Je me figurerais ces destins merveilleux,
Qui tiraient du néant les héros fabuleux,
Et me revêtirais des brillantes chimères
Qu'osa former pour eux le loisir de nos pères ;
Car enfin je suis vain, et mon ambition
Ne peut s'examiner sans indignation ;
Je ne puis regarder sceptre ni diadème,
Qu'ils n'emportent mon âme au delà d'elle-même :
Inutiles élans d'un vol impétueux
Que pousse vers le ciel un cœur présomptueux,
Que soutiennent en l'air quelques exploits de guerre,
Et qu'un coup d’œil sur moi rabat soudain à terre !
Je ne suis point Dom Sanche, et connais mes parents ;
Ce bruit me donne en vain un nom que je vous rends ;
gardez-le pour ce prince : une heure ou deux peut-être
Avec vos députés vous le feront connaître.
Laissez-moi cependant à cette obscurité
Qui ne fait que justice à ma témérité.

Acte IV, Scène 3.
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Aussi sont-ce d'amour les premières maximes,
Que partager son âme est le plus grand des crimes.
Un coeur n'est à personne alors qu'il est à deux ;
Aussitôt qu'il les offre il dérobe ses voeux ;
Ce qu'il a de constance, à choisir trop timide,
Le rend vers l'une ou l'autre incessamment perfide ;
Et comme il n'est enfin ni rigueurs, ni mépris
Qui d'un pareil amour ne soient un digne prix,
Il ne peut mériter d'aucun oeil qui le charme,
En servant, un regard ; en mourant, une larme.
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Après tant de faveurs à pleines mains versées,
Dont mon coeur n'eût osé concevoir les pensées,
Surpris, troublé, confus, accablé de bienfaits,
Que j'osasse former encore quelques souhaits !
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Vois par là ce que c'est, Blanche, que d'être reine :
Comptable de moi-même au nom de souveraine,
Et sujette à jamais du trône où je me vois,
Je puis tout pour tout autre et ne puis rien pour moi.
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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