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EAN : 9782019699574
80 pages
Hachette Livre BNF (01/08/2017)
3.33/5   6 notes
Résumé :
Pulchérie : comédie héroïque / [par P. Corneille]
Date de l'édition originale : 1673

Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.
HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces œuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La pièce est donnée la première fois en novembre 1672, par le théâtre du Marais, alors passé de mode, Pulchérie sera d'ailleurs la dernière création de la troupe, avant qu'elle ne fusionne avec celle de Molière (après le décès de ce dernier). Cela montre une forme de désaffection pour Corneille à l'époque ; malgré des lectures dans des salons, et l'admiration de la vieille génération (dont Mme de Sévigné) la pièce est jouée par une troupe en déclin, et il s'agit d'un succès d'estime. Corneille n'écrira plus qu'une seule pièce après celle-ci, une de ses plus belles, Suréna, ce qui montre à quel point, il est reste maître de son art jusqu'au la fin de sa vie, même si le public ne le suivait plus comme dans ses jeunes années. Pulchérie paraît en 1672.

Nous sommes à Byzance. Après la mort de son frère empereur, Pulchérie, qui assurait en réalité le pouvoir à sa place, attend le choix du nouvel monarque par le Sénat. Elle aime Léon, mais veut et pense devoir rester impératrice, et épousera donc l'élu des sénateurs. Elle tente de favoriser l'élection de son bien aimé, mais il est jeune, et il a peu de chances d'être choisi. Aspar, l'un des prétendants les plus sérieux, bien qu'amoureux d'Irène, la soeur de Léon, est prêt à tout pour devenir empereur. Pulchérie est également aimée, sans qu'elle le sache, par Martian, un vieux sénateur, dont la fille Justine aime Léon. Irène suggère à Léon de faire élire Pulchérie comme souveraine, et avec l'aide de Martian, l'assemblée fait ce choix. Tout le monde s'attend à ce qu'elle choisisse Léon comme époux. Aspar se montre menaçant. Pulchérie, malgré son amour, est réaliste, le choix de Léon risque de provoquer une guerre civile. Elle finit par opter pour Martian, dans un mariage platonique, et fait épouser Justine à Léon, qui pourra ainsi lui succéder à l'empire.

Un personnage de femme politique avisée, qui refuse d'écouter ses émotions et se fie à sa raison. En même temps une réflexion sur l'amour sur ses différentes formes, cela d'une façon qui n'a rien de conventionnel ni d'idéaliste. Martian, où l'amour d'un vieillard, grand sujet de ridicule dans les comédies, est ici montré avec sensibilité et pudeur. Nous voyons aussi Pulchérie, bien qu'amoureuse de Léon, percevoir progressivement les limites de son bien-aimé, et les dangers d'une vie à deux, qui risque très vite de tuer leurs sentiments. Elle est au final bien plus proche de Martian, que du jeune homme qu'elle aime, par son tempérament, ses valeurs, et en prend conscience. Sa passion ne l'aveugle pas, ni sur la situation politique, ni sur l'homme qu'elle aime. Un personnage étonnant, d'une immense modernité. Et les vers de Corneille sont merveilleux.

Une très belle pièce.
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J'ai eu un peu de mal à rentrer dans cette pièce, en partie parce que Pulchérie, l'héroïne éponyme, n'est d'abord que peu présente, alors que c'est de son choix de mari que dépend le nom futur empereur, et donc le destin de tous les personnages. Léon peut être agaçant, semblant être réduit à sa fonction d'amoureux, ne parlant que de ça. Au contraire, Aspara est présenté comme l'hypocrite, le comploteur. Mais l'intrigue s'accélère à partir du IIIème acte, pour culminer dans le dernier, avec la richesse du personnage de Pulchérie.
J'ai d'abord cru qu'elle allait rejoindre les grands personnages féminins monstrueux de Corneille, ces femmes ivres de pouvoir qui ne pensent qu'à le garder, y compris en versant le sang - Médée, Cléopâtre, Sophonisbe...
Alors certes, Pulchérie semble d'abord tenir plus à son pouvoir qu'à son amour. Elle le dit, dans une réflexion moderne, elle est habituée à régner au nom de son frère, elle ne veut pas se soumettre à un mari qui aurait autorité sur elle en tant qu'homme, alors que c'est d'elle qu'il tiendrait l'empire. Elle préférerait régner seule, sans mari.
Cependant elle aime... Et c'est surtout avec le Vème acte qu'on peut la rapprocher d'Auguste dans Cinna : elle fait passer l'intérêt de l'Etat avant ses propres sentiments, l'Empire avant l'amour. Elle marie donc les différents personnages au mieux dans l'intérêt de Rome, consciente que Léon est trop jeune, trop inexpérimenté pour accéder tout de suite au trône, consciente aussi que pour diriger elle a besoin d'un premier ministre, Martian, qui aura en apparence le nom d'époux. le mariage impérial qui conclut la pièce n'est donc que de façade, elle conserve son coeur - sans donner son corps - à Léon dont elle veut l'élévation prochaine, la formation en quelque sorte. Il y a donc une autre thématique moderne très intéressante, plus souterraine, celle de la différence d'âge : Martian est présentécomme âgé, mais toujours désirant et respecté, Pulchérie est plus âgée que Léon qui la désirait, mais elle sort de cette relation amoureuse pour en construire une de mère qui instruit au trône.
Une pièce avec des thématiques très moderne et une très belle héroïne.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
ASPAR : Le besoin de l'État est souvent un mystère
Dont la moitié se dit, et l'autre est bonne à taire.
PULCHÉRIE : Il n'est souvent aussi qu'un pur fantôme en l'air
Que de secrets ressorts font agir et parler,
Et s'arrête où le fixe une âme prévenue,
Qui pour ses intérêts le forme et le remue.

Acte IV, Scène 3.
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J'aimais quand j'étais jeune, et ne déplaisais guère :
Quelquefois de soi-même on cherchait à me plaire ;
Je pouvais aspirer au coeur le mieux placé ;
Mais, hélas ! J'étais jeune, et ce temps est passé ;
Le souvenir en tue, et l'on ne l'envisage
Qu'avec, s'il le faut dire, une espèce de rage ;
On le repousse, on fait cent projets superflus :
Le trait qu'on porte au coeur s'enfonce d'autant plus ;
Et ce feu, que de honte on s'obstine à contraindre,
Redouble par l'effort qu'on se fait pour l'éteindre.
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Justine, plus j'y pense, et plus je m'inquiète :
Je crains de n'avoir plus une amour si parfaite,
Et que si de Léon on me fait un époux,
Un bien si désiré ne me soit plus si doux.
Je ne sais si le rang m'aurait fait changer d'âme ;
Mais je tremble à penser que je serais sa femme,
Et qu'on n'épouse point l'amant le plus chéri,
Qu'on ne se fasse un maître aussitôt qu'un mari.
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Je vous aime, Léon, et n'en fais point mystère :
Des feux tels que les miens n'ont rien qu'il faille taire.
Je vous aime, et non point de cette folle ardeur
Que les yeux éblouis font maîtresse du coeur,
Non d'un amour conçu par les sens en tumulte,
À qui l'âme applaudit sans qu'elle se consulte,
Et qui ne concevant que d'aveugles désirs,
Languit dans les faveurs, et meurt dans les plaisirs :
Ma passion pour vous, généreuse et solide,
À la vertu pour âme, et la raison pour guide,
La gloire pour objet, et veut sous votre loi
Mettre en ce jour illustre et l'univers et moi.
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Léon seul est ma joie, il est mon seul désir ;
Je n'en puis choisir d'autre, et n'ose le choisir :
Depuis trois ans unie à cette chère idée,
J'en ai l'âme à toute heure, en tous lieux, obsédée ;
Rien n'en détachera mon coeur que le trépas,
Encore après ma mort n'en répondrais-je pas ;
Et si dans le tombeau le ciel permet qu'on aime,
Dans le fond du tombeau je l'aimerai de même.
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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