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EAN : 9782226400215
416 pages
Albin Michel (02/01/2019)
3.58/5   64 notes
Résumé :
En 1910, Violette, âgée de 17 ans, est élève au couvent de l’Assomption. Encadrées par des professeures d’éducation physique anglaises, les jeunes pensionnaires y découvrent le sport. Les années passant, devenue une sportive exceptionnelle, elle enchaîne les championnats d’athlétisme, se passionne pour le cyclisme, le football, le water-polo, la boxe, la compétition automobile... Quand la guerre de 1914 survient, elle est ambulancière puis motocycliste de liaison.<... >Voir plus
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Femme qui court, de Gérard de Cortanze, retrace la vie ou plutôt l'épopée de Violette Morris et le titre est particulièrement représentatif du roman. Quelle sportive, quelle femme et quelle époque !
Violette est née en 1893. Elle découvre très jeune une passion pour le sport. Elle va devenir une sportive polyvalente de haut niveau, une athlète hors normes. Elle excelle dans tous les sports qu'elle explore : lancer de poids, du javelot, du disque, natation, cross-country, boxe, football, water-polo, cyclisme, course automobile, aviation. Elle a accumulé victoires et exploits et elle est l'une des sportives françaises les plus titrées de l'histoire. C'est une championne toutes catégories. Sa devise était « ce qu'un homme fait, Violette peut le faire ».
Cette extraordinaire carrière sportive, à une époque où le sport est le symbole de la virilité, de la force propre des hommes, l'auteur nous permet de la comprendre en nous faisant vivre sa vie de femme. En effet, quelle femme elle fut !
Violette, une allure de garçonne, anticonformiste, était avant tout éprise de liberté et affichait ouvertement sa bisexualité. Elle s'habillait en homme : complet, gilet, veston avec cravate et portait les cheveux courts à une époque où ceci n'était pas toléré par l'usage.
La bonne société était terrifiée par cette personne capable de donner de mauvaises idées d'émancipation à la gente féminine et les hommes, eux, ne supportaient pas qu'une femme leur tienne la dragée haute et les batte sur leur propre terrain.
Violette Morris pensait qu'elle avait droit à la liberté mais, malgré ses victoires prestigieuses, elle finira par être interdite de stade et exclue en 1930 de la Fédération française sportive féminine. Sa carrière sportive sera définitivement stoppée.
Elle va alors faire une brève carrière dans les cabarets des Années folles où elle tombera amoureuse de Joséphine Baker et Yvonne de Bray grâce à qui elle rencontre Cocteau et Marais. Mais la guerre est là et Violette, criblée de dettes, va tenter de se refaire dans la collaboration, en participant au marché noir, notamment pour répondre à sa passion pour l'automobile. Elle finira abattue dans une voiture, le 26 avril 1944, à l'âge de 51 ans, alors qu'elle conduisait une famille à Paris. Elle devait, au retour, partir avec Annette, son dernier amour, rejoindre Alain Gerbault, à Bilbao. Cet homme était pour elle le symbole de la liberté. Elle ne savait pas qu'il était décédé depuis déjà trois ans. Qu'importe, elle ne le saura jamais.
J'ai été véritablement passionnée par cette vie si riche, si héroïque, si extraordinaire que Gérard de Cortanze retranscrit d'une façon admirable. Je ne connaissais Violette Morris que de nom et, tout au long du roman, j'ai été constamment captivée, me demandant comment cette héroïne qui suscitait tant de crainte et rejet, avait pu aller de l'avant.
L'auteur a su redonner à cette femme remarquable qui s'est battue toute sa vie pour simplement se faire respecter et vivre libre, une place d'honneur qu'elle mérite amplement. Elle a su faire entrer dans les esprits que les femmes, elles aussi, avaient le droit de pratiquer la compétition sportive, n'en déplaise à Monsieur de Coubertin.
Un excellent roman !
Un siècle plus tard, il ne faut toutefois pas pavoiser et ne pas baisser les bras. En effet, le sport féminin, même si maintenant il est accepté, reste néanmoins beaucoup moins bien retransmis et commenté par les médias et je ne parle pas de la différence de salaire entre les professionnels.
Pour ce qui est de l'homosexualité, rien n'est gagné. Bien sûr, les mentalités ont évolué mais nous devons toujours rester vigilants. Il faut sans arrêt prôner la tolérance.

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L'historienne, Marie-Jo Bonnet, avait déjà rétabli la vérité en 2011 avec Violette Morris, histoire d'une scandaleuse, et son livre est maintenant adapté en bande dessinée. Cela permet de couper court aux jugements hâtifs, aux procès bouclés d'avance. Voici que Gérard de Cortanze (Laisse tomber les filles) s'invite dans la danse avec Femme qui court, un roman passionnant que j'ai pu apprécier grâce à Babelio et aux éditons Albin Michel.
En 1903, Violette Morris (10 ans) dont les parents - père indifférent, mère hostile - se sont débarrassés en la mettant en pension au couvent de l'Assomption, à Huy (Belgique), est encore sous le choc de l'abandon. L'amitié puis l'amour de Sarah lui seront un précieux réconfort.
Avec un talent de conteur indéniable, Gérard de Cortanze déroule une vie peu ordinaire avec d'infinis détails, ceux qui expliquent certains choix, et un sens du roman bien utile lorsque des sources ont disparu.
C'est dans ces années de pensionnat que Violette Morris trouve dans le sport, une façon de s'affirmer et de s'épanouir. Elle y apprend aussi à aimer les filles et se dégoûte de certains hommes lorsqu'elle est agressée et violée par le jardinier du couvent.
Aucun sport ne rebute Violette. Elle excelle partout : courses, lancers, sauts, avant d'essayer haltérophilie et boxe. C'est dans cette dernière activité qu'elle commence à se faire des relations douteuses mais qu'importe, Violette veut s'affirmer, prouver à tous qu'une femme peut pratiquer tous les sports malgré l'hostilité de la société.
À 20 ans, Violette va au bal et rencontre Cyprien Gouraud : « Violette, qui avait tant manqué d'amour dans son enfance, était en réalité ce que personne ne pouvait deviner : une géante aux pieds d'argile, que la plus petite attention, le moindre signe d'intérêt faisaient vaciller, éperdue d'amour et de reconnaissance. » Avant d'épouser cet homme, elle participe, seule femme, à des courses cyclistes et finit toujours avec les meilleurs, ce qui indispose beaucoup de monde.
Ambulancière, messagère motocycliste durant la Première guerre mondiale, elle bat ensuite tous les records en athlétisme, se lance à fond dans le football. Violette ajoute le sport automobile et la moto à sa palette mais elle est méprisée, trainée dans la boue dans les journaux de l'époque.
Le pire, c'est quand la Fédération du sport féminin lui retire sa licence. Elle fait un procès, le perd, se met au music-hall sous la houlette de Joséphine Baker, côtoie Jean Cocteau, l'actrice Yvonne de Bray puis c'est la seconde guerre mondiale, l'occupation et Greta, cette amie allemande, connue sur les stades, qui l'entraîne…
Pourquoi ne résiste-t-elle pas, elle qui aime profondément son pays ? La mécanique infernale est bien démontée. Violette Morris est le bouc-émissaire idéal pour endosser les plus vils traits de l'âme humaine.
Violette m'a rappelé, par certains traits, le destin tragique de Pauline Dubuisson, si bien raconté par Philippe Jaenada. C'était une femme courageuse, forte, trop en avance sur son temps. Elle s'est battue, a lutté, s'est laissée entraîner, n'a pas su vraiment choisir le bon camp mais elle reste une grande sportive et une femme héroïque.

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Femme qui court de Gérard de Cortanze est un ouvrage consacré à la sulfureuse Violette Morris, qualifiée généralement et pour faire bref , de sportive lesbienne collabo, et surnommée "affectueusement" par Auguste Le Breton la « Hyène de La Gestap' ». On l'a croisée dans Ronde de nuit de Modiano, dans Histoires de ma vie de Jean Marais, et plus récemment dans une bande dessinée signée Kris, Violette Morris. A abattre par tous les moyens.
Violette, fille du baron Pierre Jacques Morris, vécut loin des siens dans un couvent, où elle prit goût à l'exercice physique. Elle s'illustra dans de nombreux sports, devint l'une des Françaises les plus titrées, battant des records nationaux et mondiaux. Athlète infatigable, aucune discipline ne lui résistait, l'athlétisme, la natation, la boxe, la course automobile… Sa maxime: « Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire. » Elle se porta donc volontaire au cours de la première guerre comme estafette.
Dotée d'un caractère ombrageux, elle n'hésitait pas à se battre, refusa de porter des jupes à la demande de la fédération française, ce qui lui valut de ne pas être qualifiée aux Jeux Olympiques d'Amsterdam. Figure des années folles, icône féministe, elle fut la maitresse de Joséphine Baker, se fit faire une ablation de la poitrine (qui la gênait pour conduire), porta costume et cheveux courts, s'essaya à la chanson... Maîtresse de l'actrice Yvonne de Bray, elle fut aussi l'amie de Marais et surtout de Cocteau qu'elle et Yvonne hébergèrent sur sa péniche. ll s'inspira de leur relation conflictuelle pour écrire sa pièce Les monstres sacrés.
Violette Morris fut toujours considérée comme un monstre, une anomalie, une lesbienne rivalisant avec les hommes, une dangereuse harpie (elle avait abattu un cambrioleur), une aberration de la nature, une hommasse très moche.
Là où les choses se corsent, c'est à partir de 1936, lorsque Violette est une invitée d'honneur aux Jeux Olympiques de Berlin. Dès lors, la légende noire de la Morris prend forme, car elle va devenir pour la postérité une espionne au service du Reich ainsi q'une auxiliaire zélée de la Gestapo française pour laquelle elle torture rue Lauriston, raison pour laquelle elle est abattue avec d'autres personnes en 1944 par des membres du réseau Surcouf..Ses titres tombent dans les oubliettes, elle devient l'équivalent féminin de Jacques Cartonnet l'ancien champion de natation collaborateur notoire.
Ce n'est pas l'ouvrage de Gérard de Cortanze qui a éclairé ma lanterne dans cette affaire. L'auteur veut réhabiliter Violette Morris, et consacre la grande partie de son ouvrage aux années de formation de l'athlète, à la première guerre, aux années folles . La seconde guerre mondiale n'occupe que cent petites pages, où il n'entre pas dans la polémique, et dont quatre seulement sont consacrées au "dossier Morris ». Gérard de Cortanze focalise son livre sur la personnalité d'une femme sans doute née trop tôt, refusant toute compromission, vivant comme elle l'entend, et on comprend qu'elle exerce sur lui une certaine fascination. Dans Femme qui court, elle est le bouc émissaire d'une époque qui ne lui pardonne ni son ambivalence, ni son indépendance.
Violette Morris est en effet un personnage singulier, atypique, sur lequel d'ailleurs les historiens n'accordent pas leurs violons. La Gestapo et les Français de Dominique Lormier, Violette Morris, histoire d'une scandaleuse de Marie-Jo Bonnet, ou bien Violette Morris, la hyène de la Gestapo de Raymond Ruffin en dressent des portraits contradictoires. Je prends donc Femme qui court comme une l'incroyable itinéraire d'une garçonne et d'une grande championne puisque la partie biographique qui m'intéresse le plus n'est pas au coeur du récit.
Je remercie les Editions Albin Michel pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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J'ai découvert par hasard avec « Zazous »Gérard de Cortanze et l'on m'a proposé à la médiathèque « Femme qui court», un ouvrage mi- historique , mi- roman , en fait une biographie romancée, qui retrace et tente de réhabiliter Violette Morris .

Beaucoup de choses ont été dites déjà, je tenterai de faire court ....

Née en 1893 , fille du conte Pierre Jacques Morris qui l'ignora superbement , dans une indifférence glacée et de la baronne Morris , de dix plus jeune qui rejeta sa fille , ne lui donna aucun amour : elle avait perdu un petit Paul , quelques années avant.

Mal aimée, âgée de 17 ans , en 1910, Violette est élève au couvent de l'assomption à Huy.

Encadrées par des professeurs d'éducation physiques , les jeunes pensionnaires y découvrent le sport . Violette, indépendante , ignorée par ses parents y vit un moyen de «  mettre sa violence en cage. »
Les années passant devenue une championne exceptionnelle elle enchaîne les championnats d'athlétisme , se passionne pour le cyclisme , remporte de nombreuses courses , bluffant les hommes , parfois la seule femme.
Elle pratique le poids , le javelot, le disque, le football , la boxe , le water polo et surtout la course automobile ...
Quand la guerre de 14 éclate elle est ambulancière puis motocycliste de liaison .
Dévoreuse de femmes, assoiffée d'amour constamment ,elle fut l'amante de Sarah, sa compagne de couvent , de Josephine Baker, d’Yvonne de Bay , comédienne, l'amie de Jean Cocteau et Marais, contemporaine de Colette ,admiratrice d'Alain Gerbault, célèbre navigateur disparu en mer en 1941....
Elle s'habillait en homme, garçonne aux cheveux courts ,pantalon et monocle, elle alla jusqu'a pratiquer une mastectomie par pure provocation ....

Boulimique de vie, vilipendée par les journaux, constamment rejetée , elle prend la direction du
garage Pershing , réquisitionné par la Luftwaffe et pratique le marché noir .

Elle meurt au volant d'une voiture traquée par les résistants ....

Dotée d'un caractère ombrageux , Fascinante et scandaleuse , atypique et ambivalente, insolite et superbe, visionnaire dans le milieu des sports , audacieuse , amoureuse folle, désirant toute sa vie être reconnue , considérée comme une anomalie , un monstre , une lesbienne, une espèce de harpie violente, acharnée, culottée , impatiente, provocante , qui n'hésitera pas à abattre un cambrioleur , ancien jardinier qui l'avait violée...

Elle cristallise tous les regrets , les fantasmes ,les conflits culturels , les fureurs , dans lesquels notre époque peut se reconnaître ....
De son enfance à sa mort elle sera jugée , honnie , farouchement détestée dans une France corsetée dans son conformisme, incarnant tous les démons refoulés ..

Il fallait le talent extraordinaire de conteur de Gérard de Cortanze pour retracer la vie de cette sportive de haut niveau , de sa naissance à sa mort, au sein de ce roman entraînant ,passionnant , riche , flamboyant.

Un dernier livre parut plus de quarante après sa mort «  La sorcière de la Gestapo » qui décrivait une Violette perverse dès l'enfance ....Je n'en dirai pas plus....

Cette femme libre , hors du commun, inclassable, extraordinaire est née soixante ans trop tôt ...bien trop en avance sur son temps ..

J'ai été emportée par les témoignages, les développements intellectuels, les recherches minutieuses, les pistes proposées, l'ambiance des époques évoquées avec justesse par le travail de documentation de l'auteur , son esprit pétri d'humanité , son écriture fluide, imagée son souci des détails , parfois poétique..
Il restaure avec dignité le parcours d'un femme à la légende noire , celle d'une femme libre, féministe ,insolente , trop en avance sur son temps .
Je conseille ce roman qui emporte dans la tourmente, que l'on ne lâche pas...
Il peut ne pas plaire à tout le monde !

Un Merci chaleureux à Claire de la médiathèque de me l'avoir conseillé .

Bien sûr je n'avais jamais entendu parler de la «  Scandaleuse », hors de son temps , née trop tôt ...
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Violette Morris... ce nom a toujours évoqué pour moi les pires heures de l'Occupation, quand des Français ont commis les pires atrocités en collaborant avec l'ennemi nazi. Cette femme, figurant en couverture de ce roman, avait beau avoir croisé mon regard en librairie, m'interpellant par là même, j'étais résolue à ne pas me plonger dans l'histoire glauque de cette femme qualifiée de "hyène de la Gestapo" et accusée notamment d'avoir torturé des résistants au siège de la Gestapo, situé rue Lauriston, à Paris.

En même temps, ces destins infamants et horribles m'ont toujours intriguée : comment un être humain peut-il à un moment de sa vie basculer du côté du mal et devenir un monstre ? existe-t-il des légendes noires forgées de toutes pièces, comme il en a tant existé de par le passé, et dont Violette Morris aurait fait les frais ? Je dois avouer que je ne connaissais pas grand-chose de la vie de Violette Morris à part l'existence de cette légende noire et le fait qu'elle préférait les femmes, c'est un peu court me direz-vous pour porter un jugement sur cette femme. J'ai alors décidé de m'intéresser à ce personnage afin de me faire ma propre opinion. Je me suis d'abord prudemment approchée de ce personnage par le biais de la bande dessinée, Violette Morris, une femme à abattre – que je vous conseille –, avant de me plonger dans ce roman historique.

ENFIN UN ROMAN HISTORIQUE SUR VIOLETTE MORRIS !
Oui, enfin ! Ce n'est pas que j'en ai assez de Napoléon, de Marie-Antoinette ou de Louis XIV, mais j'aime quand les romanciers s'emparent de personnages historiques moins connus, moins consensuels, moins passe-partout. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'un jour l'un d'entre eux, Gérard de Cortanze en l'occurrence, s'attaque à ce personnage sulfureux et maudit.

Jusqu'à maintenant, il existait quelques biographies, citons celles de Raymond Ruffin dont les titres ne laissent planer aucun doute sur sa position (La diablesse. La véritable histoire de Violette Morris et, plus récemment, en 2004, Violette Morris, la hyène de la Gestapo) et celle de Marie-Jo Bonnet publiée en 2011 (Violette Morris, histoire d'une scandaleuse). Avec cette biographie, Marie-Jo Bonnet remet en cause les jugements un peu hâtifs, voire non documentés, de Raymond Ruffin et démonte l'exécrable portrait à charge qu'il dresse de Violette Morris, elle jette ainsi un éclairage nouveau sur cette femme. Cette biographie a fait l'objet d'une adaptation sous forme de bande dessinée dont je vous ai parlé ci-dessus. Certains n'auront de cesse de critiquer cette biographie, arguant du fait que Marie-Jo Bonnet est une féministe militante, mais ce serait oublier qu'elle est avant tout historienne. Ce débat houleux montre combien il est encore difficile de nos jours d'aborder certains sujets et il faut reconnaître à Gérard de Cortanze le mérite d'avoir consacré un roman à ce personnage qui continue de diviser aujourd'hui.

UNE FEMME QUI COURT...
Le titre de ce roman m'a étonnée de prime abord, ne connaissant pas la carrière de sportive de haut niveau menée par Violette Morris. Mais cette course n'est pas que physique, elle est aussi symbolique : Violette Morris a toujours vécu intensément, faisant feu de tout bois, comme si elle n'avait pas le temps, comme si elle devait toujours être en action, en mouvement, pour ne pas être confrontée à ses pires démons. Et c'est sur un rythme plutôt trépidant que Gérard de Cortanze nous invite à suivre le parcours de Violette depuis son enfance jusqu'à sa mort.

LE PORTRAIT D'UNE FEMME LIBRE ET HORS DU COMMUN
Née en 1893, Violette Morris est placée en pension dès l'âge de 10 ans au couvent de l'Assomption de Huy, en Belgique. Loin des siens et en manque d'affection – un père indifférent, une mère hostile qui vit dans le souvenir de son fils Paul mort quelques années avant –, Violette développe alors une passion pour le sport, encouragée par sa professeure Miss Eliss, activité qui lui permet de canaliser son énergie, de "mettre sa violence en cage", de s'affirmer et de s'épanouir.
C'est aussi au pensionnat qu'elle découvre d'abord l'amitié puis l'amour, et son penchant pour les femmes, en la personne de Sarah Ponsonby, mais aussi la violence lorsqu'elle est violée par le jardinier du couvent, Octave Vandemer.

Mais rien ne peut arrêter cette sportive polyvalente, qui excelle dans toutes les disciplines qu'elle pratique : athlétisme (lancer du javelot et du disque, course à pied, etc.), natation, football, boxe, cyclisme, course automobile... Rien ne résiste à cette femme dont la devise est "Ce qu'un homme fait, Violette peut le faire." et autant vous dire que cela en énerve plus d'un !

UN PORTRAIT AU VITRIOL DE LA PRESSE ET DE LA SOCIÉTÉ
L'étude de la presse d'époque est un bon moyen d'apprécier l'état d'esprit qui régnait alors et le constat est sans appel : à la lecture des quelques extraits d'articles consacrés aux exploits sportifs de Violette Morris et reproduits par Gérard de Cortanze, on en ressort éberlués, avec un sentiment de dégoût, de honte et de nausée. Considérée comme un monstre, méprisée, traînée dans la boue, on y parle davantage de ses extravagances, de sa sexualité et de son physique hors norme que de ses exploits sportifs. En voici quelques extraits :

"Comment expliquer à ces « sportives » que les hommes préfèrent avoir affaire à des êtes fragiles, si joliment surnommés « femmes-poupées », plutôt qu'à des blocs de muscles inesthétiques ?" écrivit le Miroir des sports. Quant à La Vie au grand air, elle n'hésitait pas à demander : "Pourquoi des femmes « s'hommassient »-elles à ce point ? Pourquoi se musclent-elles, se déforment-elles, s'enlaidissent-elles à ce point ?" La palme revient au Sport universel illustré qui n'hésita pas à conclure son article par ces mots : « La femme est faite pour garder sa maison et élever ses enfants ! »"

"[...] l'article qui l'accompagnait était sans appel : "Le sport féminin effraie bien des milieux : pourquoi ? Parce que à côté des milliers de jeunes sportives qui doivent à des activités raisonnables une santé robuste et des maternités faciles, il est un arbre qui cache la paisible forêt. Il a pour nom : Violette Morris. Non pas une « originale à l'allure d'homme », comme la décrivent certains de nos confrères, mais un danger public, un être violent, brutal, inesthétique."

Quant à la société française, elle n'est pas prête à accepter l'existence d'une femme aux cheveux courts et aux habits d'homme, qui fume et qui préfère les femmes. Violette Morris fait tâche dans la société patriarcale du début du XXe siècle, et son ablation des seins ne fait qu'accentuer l'incompréhension entre Violette et ses contemporains, cette opération étant pour eux le summum de la monstruosité.

"Arrivée première, elle fut disqualifiée sur plainte déposée par un coureur qui l'accusait d'avoir eu un comportement dangereux pendant la course, « typique de l'hésitation féminine, un coup à droite, un coup à gauche, elles ne savent pas ce qu'elle veulent. »"

Comment Violette Morris a-t-elle pu supporter un tel acharnement et de telles attaques personnelles durant autant d'années ? Son physique, sa manière de vivre, son comportement... Traquée en permanence comme du gibier par des chasseurs, les journalistes n'attendant qu'un faux pas pour s'acharner sur elle, Violette résiste pourtant et ne cède à aucune pression, calomnie ou perfidie.

UNE FEMME EN AVANCE SUR SON TEMPS ?
Alors que la Coupe du monde féminine de football 2019 vient de s'achever, j'ai souvent pensé à Violette Morris durant ces quelques semaines, à la joie qu'elle aurait ressentie de voir ces femmes jouer au football en toute liberté, encouragées par toutes ces femmes, tous ces hommes et tous ces enfants, sans avoir à subir de remarques désobligeantes. Certains, dans la presse ou le public, n'ont certes pas pu s'empêcher de tenir des propos sexistes, mais qu'ils semblent aujourd'hui ridicules et d'un autre temps ! de là à dire que Violette Morris est née quelques années trop tôt, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas. le statut des femmes évolue dans le bon sens mais si lentement... je ne suis pas sûre que Violette Morris serait beaucoup plus heureuse de vivre aujourd'hui dans notre société rongée de manière pernicieuse par l'intolérance et la violence (remarques sexistes, gestes déplacés, féminicides, agressions homophobes, différences de salaires entre hommes et femmes, etc.). le combat est loin d'être gagné... Alors Violette Morris était une femme en avance sur son temps mais même sur le nôtre !

Dans mon esprit, le XIXe siècle était l'une des pires périodes en matière de condition féminine, mais je me suis aperçue que le début du XXe siècle n'était pas en reste ! Certes les femmes ont participé à l'effort de guerre au cours de la Première Guerre mondiale – Violette a été ambulancière puis messagère motocycliste –, mais le rôle des femmes est de rester au foyer, d'enfanter, d'élever les enfants et de s'occuper de leur mari, point barre. Manifestation de la force et de la virilité de l'homme, la pratique d'un sport peut être envisagée s'il permet d'améliorer l'état physique de la femme, promesse de futures naissances d'enfants en bonne santé. Et, là, qu'avons-nous ? Une femme qui multiplie les exploits sportifs dans des disciplines habituellement réservées aux hommes, battant même les hommes sur leur propre terrain, quel scandale, notamment pour Pierre de Coubertin qui a refusé la participation des femmes aux premiers Jeux olympiques organisés à Paris en 1900 !
Pourtant, elle se plie un temps aux bonnes moeurs en épousant Cyprien Gouraud, qu'elle rencontre lors d'un bal mais dont elle divorce rapidement pour se mettre en couple avec son amie d'enfance, Sarah.

LA DESCENTE AUX ENFERS
Malgré ses victoires – elle est l'une des sportives françaises les plus titrées, détenant même des records nationaux et mondiaux –, elle est exclue de la Fédération française sportive féminine en 1930, accusée d'être agressive, bagarreuse et de profiter de la promiscuité des vestiaires pour "peloter" ses concurrentes. Cette radiation, qui l'empêche désormais de participer à la moindre épreuve sportive, l'affecte profondément. le sport à haut niveau était pour elle comme un exutoire, lui permettant de canaliser sa violence et ses émotions. À partir de cette date, le parcours de Violette devient plus erratique, plus sinueux, plus difficile à suivre, comme si elle avait perdu sa principale raison de vivre et ne savait quelle voie prendre. Parallèlement, commence un lent et insidieux processus d'autodestruction : Violette se néglige, Violette boit, Violette fume de plus en plus, Violette prend beaucoup de poids...

Séparée de Sarah, elle se met à fréquenter les soirées mondaines au cours desquelles elle sympathise avec les personnalités de l'époque et, là encore, j'ai découvert une facette de son histoire dont j'ignorais tout : Joséphine Baker, avec laquelle elle entretient une courte relation amoureuse, Yvonne de Bray, qui sera également sa maîtresse, Jean Cocteau et Jean Marais, ces trois derniers vivront même quelque temps avec elle sur sa péniche amarrée en bord de Seine. D'ailleurs, Cocteau s'inspira de la relation conflictuelle entre les deux amantes pour écrire sa pièce Les Monstres sacrés. Elle s'essaie alors brièvement à la chanson et au théâtre, mais sa passion demeure avant tout la course automobile.

LA QUESTION QUI FÂCHE : VIOLETTE A-T-ELLE COLLABORÉ DE SON PLEIN GRÉ ?
Jusqu'à maintenant, quels que soient les coups du sort, Violette parvenait toujours à retomber sur ses pieds. Mais c'est sans compter sur son ange noir, son ancienne amante, la sportive allemande Greta Fassbinder, qui réapparaît dans sa vie et parvient à la convaincre de se rendre à Berlin pour assister comme invitée d'honneur aux Jeux olympiques de 1936 : la France la considère comme un monstre, qu'à cela ne tienne, elle est accueillie à bras ouverts en Allemagne ! Et la presse française se fait l'écho de son voyage en Allemagne, la faisant passer pour une traîtresse... Violette est alors prise dans un engrenage infernal dont les Nazis entendent bien profiter le moment venu.

"Pourquoi avait-elle accepté de venir ? Quelle imbécile ! Ce voyage était un piège. On l'avait utilisée. Et elle n'avait rien vu, rien compris, rien senti. Quelle mascarade que cette grande messe servie par tous ces officiants en uniformes S.S., ces bataillons de S.A. et des Jeunesses hitlériennes ! Elle était française, et la presse allemande n'avait cessé de faire passer les athlètes français pour des paresseux, des laxistes, des décadents."

À la déclaration de la guerre, prise à la gorge par des dettes et le chantage qu'exercent les Nazis sur elle (moeurs sexuelles, casier judiciaire, amitié avec Sarah qui est juive, volonté de continuer la course automobile, etc.), elle accepte de collaborer avec les Nazis en prenant la direction d'un garage automobile parisien réquisitionné par la Luftwaffe, où transitent des marchandises et des informations.
Les années qui suivent sont peu décrites, on voit Violette participer au marché noir en faisant des allers-retours entre Paris et la Normandie, transportant de la marchandise et de la nourriture destinées aux Allemands. C'est au cours d'un séjour en Normandie qu'elle fait la connaissance d'Annette, sa dernière passion amoureuse, qu'elle comptait retrouver à son retour de Paris pour fuir en Espagne et retrouver son ami le navigateur Alain Gerbault. Mais elle est abattue par des résistants le 26 avril 1944 alors qu'elle conduisait le couple Badreuil, des charcutiers collaborateurs, et leurs deux fils à Paris... mais ce n'était pas elle que visaient les résistants, mais Alain Boulin, cabaretier, adjoint au maire de Cabourg et collaborationniste très actif qui aurait dû être au volant, à sa place… Les cinq corps empilés les uns sur les autres furent retrouvés le 12 mai 1945 dans une ancienne mare à proximité du lieu de l'assassinat...

Il est difficile de se faire une opinion sur cette partie essentielle de la vie de Violette et qui n'est que survolée dans ce roman. Gérard de Contanze a préféré se concentrer sur sa jeunesse et ses années de sportive, éclairant par là même certaines zones d'ombre et permettant de mieux comprendre cette personnalité complexe. Une partie certes intéressante mais parfois un peu trop détaillée pour moi qui n'aime pas particulièrement le sport – j'ai un peu survolé les énumérations des titres remportés même si cela est important –, mais je m'attendais à ce qu'il détaille davantage les actions de Violette durant la Première Guerre mondiale et surtout la Seconde Guerre mondiale car c'est là que résident les plus grosses interrogations et polémiques. Absence de documentation, absence de faits avérés ? Gérard de Cortanze a choisi de ne réserver qu'une centaine de pages à cette époque cruciale dans la vie de Violette Morris, suivant la piste explorée par Marie-Jo Bonnet, celle d'une Violette Morris entraînée bien malgré elle dans la collaboration, piégée par les Nazis.
Vu son caractère pugnace et sa capacité à tenir tête à la presse et à tous ceux qui la critiquaient, j'avoue avoir un peu de mal à admettre qu'elle ait préféré collaboré plutôt que de prendre la fuite pour rejoindre la Résistance, à moins qu'elle n'ait été une opportuniste. Ou bien son ressentiment à l'égard de la France était-il si fort pour qu'elle ait pris fait et cause pour l'Allemagne nazie ? Ou a-t-elle manqué de recul à une période de sa vie où elle perdait pied, le retour à la réalité arrivant trop tard ?

Quant à son assassinat, Gérard de Cortanze expose les deux hypothèses possibles : la première met en cause la Gestapo qui souhaitait se débarrasser de Violette, devenue un témoin gênant, et qui aurait induit en erreur les résistants par le biais d'Alain Boulin, lequel leur aurait croire qu'il serait le conducteur de la voiture ; dans la seconde hypothèse, c'est Alain Boulin lui-même, informé qu'il était la cible du maquis normand, qui aurait envoyé Violette se faire tuer à sa place. Quoi qu'il en soit, il en ressort qu'aucun ordre venant de Londres n'a été donné pour tuer Violette Morris : ce n'était pas elle qui était visée, mais Alain Boulin. Toutefois, au lendemain de la guerre, la priorité était de rétablir l'ordre et de réconcilier les Français. Les journaux parlent alors "de la chute d'une femme, ancienne sportive aux seins coupés, qui avait trouvé dans la collaboration un moyen unique de donner libre cours à ses instincts sanguinaires et mauvais", voire la font passer tantôt pour un agent double, tantôt pour une sadique qui « aimait torturer dans les locaux de la Gestapo "avec une cravache et un briquet", tantôt pour la maîtresse du S.S. Standartenführer Helmut Knochen et de Carl Oberg, le chef supérieur de la S.S. et de la police en France ! La légende noire est en marche...

"Pourquoi la fascination, en temps de guerre, bien réelle tout de même pour une femme hors norme, a pu ainsi se transformer, une fois la paix revenue, en haine ? [...] quelque chose de terrible avait dû se passer dans son pays, la France, pour qu'elle accepte avec autant de facilité la thèse de la gestapiste tortionnaire."

L'IMPOSSIBILITÉ DE DISTINGUER LA RÉALITÉ DE LA FICTION...
Une fois ma lecture terminée, je me suis retrouvée avec de nombreuses questions : Sarah Ponsonby a-t-elle existé ? Violette a-t-elle été violée par le jardinier du couvent ?... J'espérais trouver en fin d'ouvrage une note de l'auteur permettant de savoir ce qui relevait de la réalité ou de la fiction, mais rien de tel.
Dans ce type de roman (roman biographique) et surtout avec ce type de personnage complexe, une préface ou une postface explicative me semble indispensable. En écoutant la fiction qui a été consacrée à Violette Morris sur France Inter et écrite par Gérard de Cortanze, j'ai alors appris que le personnage de Sarah Ponsonby n'existait pas ! Cela m'a beaucoup troublée, car ce personnage est au centre de la vie de Violette dans ce roman et il est même impliqué dans le chantage qu'exercent les Nazis à l'encontre de Violette. Alors, que penser ?

Ainsi, ce roman ne m'a pas permis de me faire une opinion tranchée sur Violette Morris, c'est pour cela que j'ai très envie d'approfondir la question en lisant la biographie de Marie-Jo Bonnet. Une chose est sûre : Violette Morris était un sacré personnage, une femme libre, indépendante, dotée d'un fort caractère et d'un physique hors norme, parfois insolente et provocante, toutes choses que la société française d'alors ne pouvait accepter. Mais derrière ce portrait tout en force et en énergie se cache une blessure, celle de ne pas avoir été aimée par ses parents, celle d'avoir été rejetée par la société française… Certes elle a collaboré, mais il n'existe aucun document prouvant son implication dans des séances de torture rue Lauriston ou un quelconque zèle en matière de collaboration ; j'ai la sensation qu'elle a profité de la situation sans se poser de questions. Même s'il est difficile de se débarrasser de l'image de "hyène de la Gestapo" qui lui colle à la peau tant elle est ancrée depuis de nombreuses années dans notre imaginaire, je retiens de ce roman le beau portrait d'une femme libre et d'une grande sportive, très en avance sur son temps, et celui d'une société corsetée et misogyne, très violente à l'égard de celles et ceux qui prétendent vivre autrement. En tout cas, grâce à ce roman, Violette Morris est enfin sortie de l'ombre...

"Violette, qui avait tant gêné quand elle était en vie, semblait gêner davantage encore une fois morte. Sa disparition posait tellement de questions sans réponses. Pourquoi s'était-elle crue mieux reconnue dans son identité de femme libre par le régime de Vichy, voire par l'Allemagne des Jeux de Berlin que par la République française ?"
Lien : http://romans-historiques.bl..
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
18 mars 2019
Après avoir étudié de près la vie de l’artiste-peintre Frida Kahlo, puis dépeint avec brio plusieurs héroïnes dans ses romans, l’écrivain français Gérard de Cortanze s’est inspiré du parcours inusité d’une athlète audacieuse et visionnaire, Violette Morris, pour écrire un roman qui fait écho à l’actualité contemporaine, Femme qui court.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeSoir
22 janvier 2019
Dans Femme qui court, Gérard de Cortanze présente une autre facette de la Morris. De son enfance à sa mort dans un piège tendu par un groupe de résistants, l’écrivain restaure le blason d’une femme au parcours hors du commun trop en avance sur son époque.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
Violette était hors d'elle. Le sport féminin était en pleine déconfiture. L'allocation gouvernementale venait d'être diminuée de près de vingt pour cent. La Fédération féminine de football avait si peu d'argent que les seuls déplacements à l'étranger de l'équipe de France se réduisaient à Bruxelles. Le cyclisme féminin sur route et sur piste venait d'être supprimé et l'athlétisme étouffait par manque de subventions. En réalité, derrière toutes ces mesures et tous ces lâchages se cachait un seul et même discours : toutes ces femmes libérées, autonomes, indépendantes, aux cheveux courts, dont beaucoup militaient pour l'obtention du droit de vote, ternissaient l'image de la femme telle que la souhaitait une société qui ne voulait voir en elles que d'humbles ouvrières travaillant pour la natalité nationale, toutes dévouées à la gloire de leur mari. Et de plus, constater qu'un certain nombre d'entre elles étaient lesbiennes ne faisait qu'ajouter à l'opprobre et au rejet.
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« Comment expliquer à ces « sportives » que les hommes préfèrent avoir affaire à des êtres fragiles, si joliment surnommés "femmes-poupées", plutôt qu'à ces blocs de muscles inesthétiques ? » écrivit Le Miroir des sports. Quant à La Vie au grand air, elle n'hésitait pas à demander : « Pourquoi ces femmes "s'hommassient"-elles à ce point ? Pourquoi se musclent-elles, se déforment-elles, s'enlaidissent-elles à ce point ? » La palme revint au Sport universel illustré qui n'hésita pas à conclure son article par ces mots : « La femme est faite pour garder sa maison et élever ses enfants ! Restez femmes, mesdames, quel besoin d'enfourcher une bicyclette ou de chausser des gants de boxe ! »
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En réalité, derrière toutes ces mesures et tous ces lâchages se cachait un seul et même discours : toutes ces femmes libérées, autonomes, indépendantes, aux cheveux courts, dont beaucoup militaient pour l'obtention du droit de vote, ternissaient l'image de la femme telle que la souhaitait une société qui ne voulait voir en elles que d'humbles ouvrières travaillant pour la natalité nationale, toutes dévouées à la gloire de leur mari. Et de plus, constater qu'un certain nombre d'entre elles étaient lesbiennes ne faisait qu'ajouter à l'opprobre et au rejet.
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A quoi pouvait bien lui servir cette pratique excessive du sport ? Était-ce un métier que cela ? Était-ce ainsi qu'on trouve un mari, qu'on fonde un foyer, qu'on accepte sa condition de femme, telle que Dieu la définit : procréer ? Mais non, mademoiselle préférait faire de la boxe… De la boxe ! Donner et recevoir des coups, quelle femme normalement constituée avait envie de cela ! Ces boxeuses : on dirait des prostituées qui se battent pour leur maquereau, à se crêper le chignon, à se donner des coups de genou dans le ventre, à se griffer.
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On était en juin. La nuit était repartie depuis longtemps. Le ciel, lourd de nuages cuivrés, avait cédé la place à un bleu d'une pureté infernale . L'orage était passé. Violette éprouva un trouble étrange. Elle ne chercha pas à comprendre pourquoi. Elle avait une faim d'ogresse, une fringale d'être.
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Vidéo de Gérard de Cortanze
Tina Modotti, photographe et militante politique italienne, a marqué l'histoire de la photographie par son engagement politique d'extrême gauche. Soucieuse des classes laborieuses et défenseuse des idées révolutionnaires et marxistes, elle a photographié toute une histoire économique, des paysans mexicains aux manifestations du 1er mai.
En quoi les photographies de Tina Modotti dénoncent-elles les conditions de vie des défavorisés et les inégalités sociales et économiques dans le Mexique du début du XXe siècle ?
Pour parler de ses travaux, Tiphaine de Rocquigny reçoit : Gérard de Cortanze, essayiste, traducteur et critique littéraire Eugénia Palieraki, maîtresse de conférences en histoire et civilisation de l'Amérique latine à Cergy Paris Université.
#photographie #mexique #economie -----------------------------------------------------
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