Un mot : somptueux.
C'est ce type de livres qui me passionnent car tant de sujets humains y sont abordés alliés à de nouvelles connaissances.
L'univers de la ganterie m'était totalement étranger et j'ai beaucoup apprécié tous les détails et l'évolution de l'apprentissage et de la perfection atteinte par l'héroïne.
Il faut dire que nous avons affaire à une sacré personnalité qui à force de courage, de pugnacité va passer d'une situation sociale misérable à l'extrémité inverse.
Alors bien sûr sa force de caractère l'aidera à surmonter les guerres, les deuils, les problèmes familiaux mais c'est son courage et sa foi en elle qui la feront traverser des mers et autres contrées afin de devenir la meilleure gantière.
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Il y a longtemps que je n'avais pas lu un roman dit de "terroir". Après ma dernière lecture sidérante de vacuité, j'ai pris plaisir à accompagner Alice dans ses choix de vie, guidés par sa force de caractère et sa volonté. Son indépendance farouche et son humanité la conduisent bien au-delà de ses rêves, ce qui n'est pas si facile au début du XXᵉ, pour une fille de la campagne.
de l'apprentissage à la création d'un véritable empire, en passant par l'aventure américaine, la découverte du vocabulaire si spécifique à la ganterie, les différences entre les techniques de Millau et celles de Grenoble, les traditions et les expressions du Rouergue ont été aussi amusants qu'instructifs. Je trouve particulièrement savoureux l'appellation "vin de quatre" que je ne connaissais pas. Elle désigne une bibine si raide à boire qu'il faut être quatre pour y arriver, « un qui vide la chopine, trois qui le tiennent pour éviter de tomber à la renverse. »
Voici un petit aperçu, que j'ai concocté à partir de quelques termes glanés dans le livre : [Quand l'espoun porte une presse, il ne doit pas tordre la nappe, tchourer ou croustiner dans le Marin, sous peine d'entendre le metteur en passe rouscailler.
Les peaux rafilées et dolées patientent sous la nappe. Les piqueuses s'activent sur leurs tapageuses, travaillant le suède, le glacé ou le doeskin et gare à la baguetteuse si elle trouve une couture qui crache sur un pied de Charlemagne.] Il faut lire le livre pour la traduction !
le destin d'Alice ne se résume pas à sa passion, pourtant dévorante, pour les peaux et le stylisme. Elle ne néglige pas sa vie de femme et construit une famille avec toutes les obligations et les grands bonheurs qui deviennent son autre raison de vivre.
Avec les joies et les peines de la vie, traversant deux guerres mondiales, subissant les agitations sociales, les grèves et la concurrence étrangère, Alice et sa famille offre une vue panoramique sur l'âge d'or de la ganterie jusqu'à son déclin. Un kaléidoscope bien sympathique et enrichissant sur un métier devenu confidentiel, dont les produits de qualité sont aujourd'hui réservés à la Haute-Couture.
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Superbe saga dans le milieu de la ganterie qui avait fait la réputation de Millau, citée du non moins célèbre viaduc. Tout un pan de l'histoire artisano-industrielle racontée au travers de la vie d'Alice qui des caves de Roquefort aux grands magasins de luxe français, américains , anglais .. traversé les 2 grands conflits mondiaux avant de s'éteindre en ayant assisté à l'invasion des marchés par les produits " délocalisé" PASSIONNANT !
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Avant de reprendre le chemin du Pas, elle éprouva le besoin de flâner le long de la Sorgues, de s'asseoir au pied d'un saule et de respirer les odeurs fortes de la rivière aux eaux troublées par l'averse, mêlant les senteurs du sureau et du buis. Peu à peu, l'étreinte qui comprimait sa poitrine se desserra. Le calme revint sur son visage. Lorsqu'une brise légère caressa ses joues, elle s'étira, ramena ses genoux sous le menton, se laissa envahir par le bien-être et s'endormit.
Daniel Crozes. A Naucelles, on raconte.