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Blandine Longre (Traducteur)
EAN : 9782073043191
240 pages
Gallimard (18/01/2024)
2.86/5   96 notes
Résumé :
M, romancière entre deux âges, s'est isolée du monde en s'installant avec son second mari au bord d'une côte océanique spectaculaire. Sur sa propriété baignée d'une lumière splendide et entourée de marais, le couple possède une dépendance soigneusement reconvertie en résidence d'artistes. M n'a qu'un rêve : y accueillir un jour L, un peintre à la renommée mondiale, qu'elle admire. Quand il finit par accepter son invitation, M jubile. Cependant, elle déchante vite ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai eu beaucoup de mal à apprécier La dépendance, de Rachel Cusk. Tout d'abord, la forme m'a déplu : cette espèce de long récit à un dénommé Jeffers est très désagréable. Je ne sais pas qui est ce Jeffers dont le nom revient régulièrement. Très pénible.
De plus, je n'aime pas ce procédé qui consiste à ne pas donner de nom à certains personnages, les plus importants d'ailleurs. La narratrice est M et le fameux peintre qu'elle invite dans sa propriété du marais est dénommé L. Par contre, les autres sont bien identifiés : Justine, la fille de M, Tony son second mari, Brett la jeune femme accompagnant L, Kurt le compagnon de Justine, etc…
Cela est sûrement un procédé littéraire déjà utilisé mais je n'adhère pas du tout et, à mon avis, cela nuit à la fluidité de la lecture. Alors, puisque j'avais écouté Rachel Cusk parler de son roman aux Correspondances de Manosque 2022, j'étais vraiment curieux de la lire, surtout que le beau bandeau Prix Femina étranger 2022 orne la couverture du livre.
En fait, La dépendance se révèle double. C'est d'abord une maison remise en état par M et Tony afin de pouvoir accueillir amis ou artistes tout près de leur résidence principale, au bord de l'océan, un endroit entouré de marais.
La seconde dépendance est beaucoup plus trouble et compliquée. C'est celle dont est victime, volontairement ou malgré elle, la narratrice, vis-à-vis de ce peintre célèbre : L.
Après avoir décommandé sa venue, l'accepte enfin l'invitation mais Justine et Kurt sont installés dans la dépendance. Qu'importe ! M et Tony leur demandent de laisser la place à l'artiste pour venir habiter avec eux dans la grande maison.
Débute alors une longue introspection pour cette femme souvent mal dans sa peau. Elle est fascinée par ce peintre, éprouve un sentiment trouble pour cet homme qui ne lui renvoie que du mépris.
Le fait que le peintre débarque avec Brett, beauté éblouissante, n'arrange pas les choses. La vie pratique de ces quatre personnes n'est qu'anecdotique mais elle permet d'apporter du liant dans leurs relations souvent surprenantes.
Rachel Cusk va bien au bout de l'histoire de ce peintre célèbre, tellement bizarre et imprévisible comme la plupart de ces génies… Blandine Longre, la traductrice, réussit admirablement à rendre le style d'une autrice à l'écriture et au vocabulaire très riches.
Quand on héberge un artiste qui ne laisse pas indifférente, il faut choisir entre sécurité et liberté, regarder par la fenêtre ou sortir de la maison. C'est le difficile dilemme que doit affronter la narratrice.
Dans La dépendance, Rachel Cusk développe avec talent ses conceptions de la féminité. Elle disserte sur les peintures de l'artiste, y revient souvent sans donner une vraie solution aux interrogations qui la dévorent. Heureusement, les paysages dans lesquels l'autrice fait évoluer son lecteur sont magnifiques et donnent envie de les découvrir.
Pourquoi l'demande à Tony et à Justine de venir poser pour lui sans inviter celle qui n'attend que ça, celle qui en meurt d'envie ? Pour le savoir, il faut lire La dépendance, un roman qui trouve toute sa saveur dans cette admirable phrase finale : « L'art véritable revient à s'efforcer de capturer l'irréel. »

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Cet épisode somme toute banal que la narratrice choisit de nous conter, prend une dimension romanesque, sublimée par l'art d'écrire et d'emporter son lecteur dans un monde inspiré autant des soeurs Brontë que des classiques russes.

Au fond, l'histoire résumée est simple : la narratrice accueille en résidence un artiste peintre dont l'oeuvre l'avait séduite lors d'un séjour à Paris. L'homme est âgé, fragile, mais habitué à profiter de la générosité de ses admirateurs, il ne s'embarrasse pas scrupules : il accepte l'invitation mais vient accompagner d'une jeune femme encombrante.

Pour commencer, la narratrice met à distance le récit, entré dans les annales de sa vie personnelle, en s'adressant à un interlocuteur attentif, Jeffers. Ensuite elle introduit le récit en invoquant la présence d'une créature malfaisante qui lui aurait suggéré voire imposé les décisions qu'elle va prendre. Enfin nous découvrons le cadre dans lequel elle vit, une belle propriété, disposant d'une annexe, destinée à héberger l'artiste.

Le récit prend des allures de confidences et nous sommes conviés à l'histoire familiale, à petites touches, mais qui a son importance dans la configuration finale de cette aventure.

Chaque personnage est évalué à l'aune des valeurs qui comptent pour la narratrice. Elle-même règne sur le récit avec de nombreuses casquettes : épouse, mère, amante potentielle, femme mûre, égérie …

J'ai beaucoup aimé cette façon de mettre en valeur une histoire finalement peu originale mais sublimée par l'art de dresser des portraits criants de vérité et de l'auréoler d'un voile émotionnel qui hésite entre le fantastique et le subjectif.

J'aime cette plume forte et dense, qui m'emporte à chaque fois. Admirons aussi l'ambiguïté du titre.

2089 pages Gallimard 25 Août 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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M, écrivaine d'une cinquantaine d'années, s'adresse, par lettres pensons-nous, à un certain Jeffers, ami et écrivain lui aussi, pour lui relater un épisode de sa vie, dans une temporalité proche du confinement.
Elle s'est installée avec son deuxième mari, Tony, dans une maison située dans une région de marais offrant un paysage enchanteur, en Angleterre peut-être. En emménageant, ils ont découvert une deuxième petite maison cachée, la dépendance, qu'ils restaurent et décident de transformer en résidence d'artistes. Ils sont bientôt rejoints, au gré des évènements, par sa fille et son compagnon, ainsi que par un artiste peintre L. Ce dernier arrive inopinément avec une jeune et belle créature d'une trentaine d'années, pas invitée et donc attendue.
Vous penserez que nous ne sommes pas loin d'une situation vaudevillesque, décrite comme telle en quatrième de couverture pour attirer le chaland, et bien pas du tout. Les différents personnages annexes ont finalement assez peu d'importance, le coeur du roman étant consacré, d'une part, à la relation entre les deux protagonistes principaux, ceux qui ne sont pas dotés de prénoms, M et L, et d'autre part, à une plongée en apnée dans la psyché tourmentée de la narratrice, sous la forme d'une sorte de flux de conscience, que la genre épistolaire permet.
M, touchée au plus profond d'elle même, lors d'une visite à Paris, par les toiles de l'qui ont joué sur elle un rôle de révélateur, nourrit le rêve, depuis, d'inviter le peintre et de nouer avec lui un lien dont elle ne maîtrise pas vraiment les ressorts. Est-ce une aventure amoureuse ou l'représente-t-il une figure paternelle ?
C'est avant tout la rencontre entre deux créateurs qui ne parviennent pas à s'accorder, à se respecter, et dont les univers mentaux ne peuvent cohabiter, s'encastrer, l'un et l'autre courant le risque de l'envahissement et de l'anéantissement. Ils craignent l'emprise et la prise de contrôle de l'un sur l'autre.
M en proie à un questionnement intérieur taraudant, à des doutes incessants sur son être, sa féminité, sa présence au monde, la maternité, ne parait pas de taille à affronter ce monstre de fatuité. Elle s'interroge inlassablement et métaphysiquement sur son existence, son rapport à la réalité, au réel, à la vérité et cela donne lieu, dans le livre, à certains passages abscons, énigmatiques qui peuvent décourager le lecteur -je me suis posée des questions sur la qualité de la traduction-.
Est-elle si fragile que cela ? N'est-ce pas l'image qu'elle souhaite donner d'elle ? Les autres ne paraissent pas la percevoir ainsi.
Qui sortira vainqueur de ce combat d'égos ? de quelle dépendance parlons-nous dans ce livre ? Ce mot polysémique a été particulièrement bien choisi dans la version française.
On se demande jusqu'au bout de quoi on parle exactement dans La dépendance, sans que cela ait gêné ma lecture. Les accents woolfiens de plus en plus marqués au fil de l'ouvrage nous donnent un éclairage ; la dernière page également, où l'autrice mentionne sa source d'inspiration et l'origine des deux initiales (Mais chut...).
Rachel Cusk confirme ici, avec son roman à tiroirs, son art de sonder les êtres et les affres de la création artistique, son talent de romancière anglaise digne successeur (pas de féminin en français) des plus grandes, inscrite dans la tradition littéraire britannique.
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Prix Fémina 2022, bizarre.
J'aurais envie de dire, comme quand on parle d'une personne qu'on vient de rencontrer pour la première fois, que Rachel Cusk a réussi à me dérouter. Au sens propre comme au sens figuré. J'ai ressenti ce dilemme du fait que d'un côté j'ai été captivée par l'histoire, mais que de l'autre j'ai souvent eu du mal à décoder les phrases de Rachel Cusk, à suivre avec des personnages prénommés L. ou M., et donc du mal pour suivre l'évolution de l'histoire. Etait-ce l'autrice ? ou est-ce la traductrice Blandine ? ou était-ce moi qui avait un cerveau en berne ? En tout cas, l'écriture fourchue, entortillée m'a très, trop souvent déconcertée. Heureusement qu'en toute fin du livre on a une jolie surprise en découvrant de quelle artiste elle a révélé l'histoire vraie.
L'histoire de base n'a finalement rien révélé de plus intéressant que ce que la 4ème de couverture annonçait, à savoir une femme de 50 ans qui décide d'inviter un artiste peinte de près de 80 ans qui débarque avec une jeune femme, avec tout ce que cela peut créer de vaudevillesque. Rien de tonitruant dans ce huis clos.
J'aurais dû lire les appréciations de quelques babéliotes au lieu de persévérer dans ma lecture et d'essayer de trouver l'explication à l'obtention d'un prix pour cette oeuvre.
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Les phrases de Rachel Cusk sont longues, tortueuses. Elles tâchent vainement d'analyser les traumatismes d'une femme dont le malaise et le mal-être nous restent totalement étrangers, les racines du processus créatif, la manière dont l'héroïne perçoit le monde et dont le monde la perçoit. La dépendance est au coeur de ce livre, dans tous les sens du terme (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/10/30/la-dependance-rachel-cusk/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
02 janvier 2023
Accueillir chez soi un artiste qu?on admire n?est pas sans risque. Avec Rachel Cusk, cela devient un puissant détonateur.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
03 octobre 2022
L’autrice, toujours incisive, nous perd par moments dans de longues digressions. Elle est toutefois au sommet de son art quand elle s’attaque aux complexités des relations humaines. Et disons qu’il y a amplement matière ici.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
22 septembre 2022
Elle a fui l’Angleterre de Boris Johnson pour s’installer à Paris, où elle publie son plus beau roman, « la Dépendance ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LePoint
09 septembre 2022
Dans « La Dépendance », la romancière britannique décrit, sous la forme épistolaire, une relation d’emprise destructrice inpsirée d’une histoire vraie.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
08 septembre 2022
La Britannique ménage des zones d’ombre, privilégie les silences et traduit à merveille la poésie d’un bain de minuit entre une mère et une fille.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Je voulais qu'il soit plus que ce qu'il était, ou bien je désirais, d'une certaine manière, être moins que je n'étais et, parce que je voulais ces choses, ma volonté en était stimulée - dans tous les cas, j'avais la sensation qu'une entité inconnue résidait entre nous, laquelle éveillait une partie dangereuse de moi-même, celle qui avait l'impression de ne pas avoir réellement vécu. C'était cette même partie - ou l'un de ses aspects - qui m'avait poussée vers Tony, alors que d'emblée je ne l'avais pas entièrement reconnu lui non plus ni n'avait imaginé qu'il puisse m'attirer. Tony aussi m'éveillait, mais plus particulièrement à la présence en moi d'une image masculine figée, à laquelle il ne correspondait pas. Afin de le voir, je devais avoir recours à une faculté à laquelle je ne me fiais pas complètement. Toute ma vie durant, ainsi que je m'en suis peu à peu rendu compte, cette image, sous diverses formes, m'avait incitée à reconnaître certaines personnes et à les considérer comme réelles, tandis que d'autres passaient inaperçues et demeuraient sans profondeur.
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Il y avait tant de compartiments où j'avais conservé des choses, et je décidais lesquelles montrer aux autres, eux-mêmes isolés dans leurs propres compartiments ! Jusqu'alors, il m'avait semblé que Tony était la personne la moins cloisonnée que je connaisse ; en tout cas, il s'en tenait désormais à deux compartiments seulement : d'un côté ce qu'il disait et ce qu'il faisait, de l'autre ce qu'il ne disait ni ne faisait. Mais j'ai eu l'impression que L. était le premier individu que je rencontrais à former un tout entièrement indivisé, et une impulsion me poussait à le capturer, comme on le ferait d'une créature sauvage qu'il est nécessaire de prendre au piège, tandis que je m'avisais dans le même temps que sa nature consistait à ne pas être capturé, et que je serais tout bonnement contrainte de m'incliner devant lui dans un état d'atroce liberté.
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Je ne pense pas que les parents comprennent forcément leurs enfants tant que cela. On voit ce qu’ils ne peuvent s’empêcher d’être ou de faire, plutôt que leurs intentions, et cela conduit à toutes sortes de malentendus. Par exemple, de nombreux parents se persuadent que leurs enfants ont du talent, alors que ceux-ci n’entendent nullement être des artistes !
(page 79)
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Oh, pourquoi vivre était-il si douloureux, et pourquoi se voyait-on offrir ces instants de bien-être pour ensuite devoir mesurer à quel point, le reste du temps, la douleur nous accablait ?
(page 152)
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Cette dépendance se dresse sur le versant d’une pente douce, séparée de notre grande demeure en contrebas par un bosquet derrière lequel le soleil se lève et illumine nos fenêtres le matin ; le soir, il se couche derrière ces mêmes arbres et illumine les fenêtres de la dépendance.
(pages 30-31)
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Videos de Rachel Cusk (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rachel Cusk
D'un côté le récit d'une anglaise qui s'éveille à la sexualité dans les années 60, de l'autre celui d'une romancière entre deux âges, bouleversée par l'arrivée chez elle d'un artiste qu'elle admire. Remise en cause des sentiments et des idéaux dans les romans des deux écrivaines britanniques.
Rachel Cusk, La dépendance (Gallimard), Tessa Hadley, Free love (Bouquins)
Une rencontre entre les deux écrivaines, interprétée par Dominique Hascoët, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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