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René de Ceccatty (Traducteur)
EAN : 9782020569170
208 pages
Seuil (15/01/2003)
3.39/5   19 notes
Résumé :
Un jeune homme fait une enquête sur un intellectuel qui est mort il y a une quinzaine d'années et qui a la particularité de n'avoir rien publié de son vivant. Cette figure de l'intégrité, de l'exigence littéraire, est un personnage qui a existé : Robert Balzen, dont les écrits retrouvés ont paru à titre posthume. Mais il s'agit d'un prétexte car du véritable Robert Balzen peu de chose sera dit, bien que le narrateur interroge minutieusement toutes les personnes qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Celui qui a convenablement posé le problème du rapport entre savoir être et savoir écrire comme condition de l'écriture, comment peut-il penser influer sur l'existence des autres sinon de la manière indirecte et implicite dont la littérature peut enseigner à être ? » ( Italo Calvino, préfacier).

C'est la troisième fois que j'essaie de lire cet ouvrage de 1983. La couverture (de l'édition Rivages) est très chouette. La préface d'Italo Calvino est sans doute très intéressante mais je n'y ai rien compris.

Le narrateur anonyme est un jeune homme, timide, inquiet aspirant à devenir écrivain. Il part à Trieste sur les traces d'un intellectuel italien bien mystérieux qui connaissait Italo Svevo et Eugenio Montale. Il s'agit, d'après la quatrième de couverture, de Robert Balzen, mais aucun nom n'est évoqué dans le livre. Et le narrateur se demande pourquoi cet homme insaisissable n'a jamais rien écrit. Son voyage circulaire est raconté froidement avec plein de détails objectifs sur les choses géométriques qui l'entourent (vérins, pylônes, câbles en acier) et des digressions savantes sur les techniques de navigation ferroviaires, nautiques et aériennes. Il rencontre ceux et celles que Balzen avait aimés autrefois d'abord à Trieste puis à Londres et transcrit fidèlement leurs conversations inutiles et plates. Il rencontre alors la femme qui a le mieux connu Balzen à Wimbledon et découvre le stade vide. Une révélation. Il retourne en Italie.

« Mais jusqu'à quel point puis-je me perdre ? Et de combien puis-je dévier ? »
Ce livre est un redoutable narcoleptique. Au lieu de trouver une réponse à l' énigme existentielle qu'est la biographie de cet illustre inconnu, le jeune narrateur finit par se perdre dans son propre tourment et il s'endort souvent. Moi aussi. J'ai quand même compris qu'il avait peur de ne pas pouvoir écrire. Et j'ai pensé, méchante ignorante que je suis, qu'il ferait peut-être mieux lui aussi de s'abstenir, comme Balzen ou Bartleby.
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Étrange petit roman, qui me laisse perplexe.
Je ne déteste pas que les auteurs soient allusifs, ni que le roman soit symbolique, comme dit la 4e de couverture.
Mais ici j'ai dû passer à côté de la signification du symbole et je n'ai goûté que très partiellement cette narration décousue.
Reprenons.
Le fil conducteur apparent est le suivant: pourquoi Roberto Bazlen n'a-t-il pas écrit? Ou plutôt pourquoi n'a-t-il pas écrit pour publier? ou pourquoi n'a-t-il pas publié ce qu'il a écrit? Roberto Bazlen est un critique et éditeur disparu en 1965 à l'âge de 63 ans.
Pour répondre à la question le narrateur se rend à Trieste, ville natale de Bazlen, aujourd'hui italienne mais presque autant balkanique et autrichienne. (Oups, j'espère ne pas me faire trucider par les italianophiles!)
Il y rencontre un homme et deux femmes très âgées qui évoquent par bribes leurs rapport avec le critique. Ces rencontres ne sont pas sans charme et la découverte progressive du personnage n'est pas inintéressante. Surtout qu'elle s'accompagne de l'évocation d'un certain milieu littéraire italien (Giotti, Montale et Svevo notamment).
Finalement, le narrateur est renvoyé à la personne qui l'a le mieux connu et habite près de Londres, à côté du Parc de Wimbledon.
Si les entretiens sont délicats et entretiennent ce qu'il faut de mystère, je n'ai pas vu l'intérêt de la description d'un navire de guerre ou du plan de vol de l'avion qui l'amène en Angleterre. Même le rôle du stade de tennis de Wimbledon est resté mystérieux pour moi.
Je reste donc sur une impression mitigée d'une lecture dispensable.
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Enrique Vila-Matas donne dans "Bartleby et compagnie" un aperçu de la vie de Roberto (Bobi) Bazlen et du roman de Daniele del Giudice, "Le stade de Wimbledon", publié en 1983, dans lequel le narrateur tente, en revenant sur ses traces, de comprendre pourquoi le triestin Bazlen (1902-1965), homme érudit et vénéré dans le monde de l'édition italienne, n'écrivit jamais rien.

« Bobi Bazlen était un juif de Trieste, Il avait lu tous les livres en toutes les langues et, en dépit (ou peut-être justement à cause) d'une très haute exigence littéraire, préféra intervenir directement dans la vie des personnes plutôt que d'écrire. le fait qu'il n'ait pas produit d'oeuvre fait partie intégrante de son oeuvre. Un cas étonnant que celui de Bazlen, sorte de soleil noir de la crise de l'Occident ; on dirait de son existence même qu'elle est l'aboutissement vrai de la littérature, de l'absence d'oeuvre, de la mort de l'auteur : de l'écrivain sans livres aux livres sans écrivain. » (Enrique Vila-Matas, Bartleby et compagnie)

Le narrateur rencontre tous ceux qui ont côtoyé Roberto Bazlen ; il reste lui-même très silencieux au cours des entretiens, hésitant à se prononcer, dans l'attente insatisfaite d'une révélation sur la cause de ce renoncement à l'écriture. A travers les rues, les places et dans les autobus de Trieste, c'est le livre d'une recherche indécise, d'un temps dilaté, suspendu, un récit plein de blancs et de points de suspension, aussi imparfait que la mémoire, qui envoûte par ses silences et sa lenteur.

« La densité de l'endroit ne m'est d'aucun secours, bien au contraire. Au fond, j'aurai bientôt ma dernière chance et il faudrait que je trouve quelque chose qui m'amène d'un seul coup à la raison pour laquelle il n'a pas écrit ; mais je n'ai que des idées confuses et le sentiment d'être éloigné de cette question, comme d'un sommet d'acuité, de rigueur ou d'ironie par compensation, ou d'angoisse paralysante, ou je ne sais pas quoi encore. »

Le stade de Wimbledon, un livre sur l'impossibilité d'écrire, contient en lui-même son propre paradoxe, la négation de l'impossibilité. Alors que les événements de notre quotidien suscitent souvent l'envie du renoncement à ce monde, « le stade de Wimbledon » fait naître (ou renaître) la possibilité d'un regard nouveau en littérature, et l'envie de flâner sur les traces des écrivains dans les rues de Trieste.
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Je retrouve ce qui m'avait fasciné à ma première lecture: le roman est court, mais d'une densité incroyable, avec ce narrateur qui erre dans Trieste à la recherche des traces d'un homme qui n'a rien écrit...Il étire le temps, au rythme d'une attention au réel, aux pensées qui l'assaillent, d'un appartement à un autre, d'un indice au suivant. Oui, ce livre est court, mais il réclame un temps de lecture supérieur à sa forme. Si vous aimez les livres méditatifs, où il ne se passe rien d'autre que des petites aventures de hasard, alors lisez-le.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Au lieu de m'écrouler sur mon lit, comme je le voudrais, je fais tous les préparatifs de la nuit. C'est une discipline que l'on apprend avec les femmes : même si elles sont très fatiguées, elles se démaquillent, s'apprêtent, prennent un verre d'eau, choisissent un livre. Ensuite, dans le lit, parfois, elles parlent une fois la lumière éteinte et il est difficile de dormir.
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- Toutes nos tentatives pour conserver un équilibre sans appui ont pour limites la maladie ou le foyer (p. 151)
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Je souris sans répondre. Je pense à "crainte" ou à "décevoir", mots si décomposables en dizaines d'autres trajectoires, disparates comme les lignes d'une fission nucléaire. (p. 165)
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Les soins dont on entoure les voitures et la qualité des tissus des vêtements que portent les vieux sont-ils des formes équivalentes d'une même conservation ? (p. 41)
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Il regarde le ciel, il dit :
- Trieste est comme Nice, le vent en plus. (p. 56)
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Videos de Daniele Del Giudice (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniele Del Giudice
Le Stade de Wimbledon, film français réalisé par Matthieu Amalric, sorti en 2002. Il s'agit d'une adaptation du roman éponyme de Daniele Del Giudice publié en 1981.
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