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EAN : 9782070307746
224 pages
Gallimard (16/02/2006)
2.71/5   7 notes
Résumé :

" Pour moi, ce fut une question de droits de l'homme. Et si vous lisez mes livres attentivement vous vous en rendrez compte. Il est évidemment souhaitable de résoudre le problème des femmes, mais cela n'a pas été mon seul objet. Ma tâche a été de faire le portrait d'êtres humains. " Usant d'une langue très peu répandue, né dans un petit port du sud de la Norvège, apprenti pharmacien dans sa ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici là une biographie tout à fait indiquée pour aborder Ibsen, qu'on veuille se familiariser avec le dramaturge aussi bien qu'avec l'homme. Jacques Decker connaît bien son sujet, ce qui est, je vous l'accorde, la moindre des choses dans ce cas (mais on voit parfois des choses tellement étrange dans ce domaine!) et ne tombe jamais dans les écueils propres au genre. Pas d'extrapolations à partir de rumeurs ou de faits non avérés, pas de jugements, sur l'homme ou sur son entourage, portés à la hâte, pas de paragraphes interminables sur des anecdotes insipides. de même, il n'élude pas les aspects plus ou moins déplaisants du personnage.

C'est rigoureux, c'est concis, et, si ce n'est forcément pas exhaustif, étant donné la contrainte du format des biographies Folio, c'est tout de même assez dense. On s'y retrouve bien, le parcours d'Ibsen nous devient petit à petit familier. D'une part, la vie du dramaturge y est bien reliée à son travail d'écrivain, sans pour autant que Jacques Decker ne se lance dans des interprétations fantaisistes sur les motivations personnelles liées à l'écriture de telle ou telle pièce. En revanche, la genèse de chacune d'entre elles est abordée, parfois succinctement, parfois de façon plus poussée (comme dans le cas d'Une maison de poupée, par exemple). Mieux, Jacques Decker analyse les rapports d'Ibsen au théâtre et le caractère particulièrement novateur de son travail. D'autre part, on comprend bien les relations difficiles entre Ibsen et la Norvège, son engagement politique qui, malgré tout, connaît des limites, sa vision des femmes ; on l'a en effet souvent présenté, et on le présente encore, comme un auteur délibérément féministe : cette idée est ici nuancée et replacée dans un contexte plus global. On découvre à la fois la mélancolie qui n'a fait que grandir en lui tandis qu'il vieillissait, ainsi que sa grande soif de reconnaissance et de gloire. Et évidemment, l'auteur n'omet pas l'histoire de la réception des pièces d'Ibsen en Norvège et en Europe, qui fût plutôt épique et diffusa un parfum de scandale...

Par conséquent, cette biographie se veut avant tout une synthèse pour le grand public de travaux plus poussés effectués par d'autres - par ailleurs très souvent cités au cours de l'ouvrage. On y trouvera donc une courte bibliographie, qu'on aurait peut-être aimé plus abondante, pour qui souhaiterait approfondir sa connaissance des oeuvres et de l'homme. Pour conclure, le style est fluide, les anecdotes donnent de la vie au livre et le tout se lit donc aisément - chose que je précise pour les lecteurs qui auraient été confrontés à des biographies remplies de lourdeurs, à l'effet catalogue. Bref, on a là une biographie qui atteint très bien son but. Pour ma part, je n'en demande pas plus.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En Angleterre, Ibsen était porté aux nues par des gens de théâtre et des intellectuels également passionnés, et piétiné par les critiques des grands journaux, qui le vilipendaient à chaque occasion. Le censeur de Sa Majesté, de qui dépendaient les autorisations de représentation, avait eu un verdict accablant : "J'ai étudié les pièces d'Ibsen très soigneusement, avait-il décrété en cette même année 1892, et tous ses personnages m'apparaissent moralement dérangés. Toutes les héroïnes sont des célibataires insatisfaites qui aspirent au mariage comme à la loterie, ou des épouses aussi insatisfaites dans un état chronique de rébellion. Quant aux hommes, ce sont tous des canailles et des imbéciles." Ce n'était pas l'avis de Henry James, dont les chroniques ne figuraient malheureusement pas dans les gazettes à grand tirage, non plus que de George Bernard Shaw, l'inconditionnel, ou d'Oscar Wilde, qui venait de se convertir à l'ibénisme.
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Durant la période de maturation de "Maison de poupée", Ibsen manifesta autrement que par l'écriture son souci de promouvoir le statut de la femme. Il obtint d'abord qu'au sein de l'Association scandinave, qu'il fréquentait régulièrement ne fût-ce que pour consulter la presse, le poste de bibliothécaire pût être occupé par une femme, ce qui fut accepté. Dans la foulée, il mena campagne pour faire admettre les femmes comme membres effectifs de l'association, avec droit de vote. Il eu moins de succès : il fallait la majorité des deux tiers, et une voix fit défaut. Ibsen demanda un nouveau vote, sa proposition fut rejetée. Furieux, il quitta les lieux et bouda l’association, jusqu'au jour de la fête annuelle. Il s'y rendit en tenue de gala, couvert de ses décorations, et interpella alors les femmes de l'assemblée, qu'il soupçonnait d'avoir intrigué contre sa proposition. Comment les femmes, "à qui ce présent était destiné", avaient-elles pu se conduire ainsi ? Les récits rapportent que ses yeux fusillaient l'assemblée : "Qu'est-ce que ces dames ignorantes, sans véritable culture, immorales ?" vitupérait-il. Il fut si véhément qu'une des dames interpellées s'effondra sans connaissance !
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Un de ses grands apports à la pratique théâtrale est ainsi d'avoir rompu avec la notion de "type". Il ne nous présente pas des avares, des prodigues, des traîtres, des candides comme ils fourmillaient dans le vaste répertoire que dans sa jeunesse il avait été tenu d'explorer en tous sens. Il cherche avant tout à montrer combien un être humain ne se laisse justement pas réduire à un caractère, à une seule dimension qui le résumerait à bon compte.
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La vie d'Ibsen est un moteur à trois temps. Les années d'apprentissage, qu'il passe jusqu'à trente-cinq ans au au pays, et qui sont jalonnées de vicissitudes. Les années vécues à l'étranger, en Italie et en Allemagne, où les œuvres majeures s’élaborent. Le retour au pays, enfin, qui s'accompagne de la rédaction des pièces ultimes, qui ont, quoiqu'il s'en soit défendu, un fort accent testamentaire.
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La demande en mariage elle-même prit un tour moins solennel. Il se présenta tiré à quatre épingles au presbytère, fut introduit dans une pièce vide. Il y demeura seul très longtemps, commença de s'impatienter, se leva du sofa où il était assis, fit les cent pas, finit par prendre la porte. Au moment où il allait sortir, Suzannah surgit de derrière le sofa, où elle s'était tenue cachée, partit d'un grand rire, et lui donna son consentement.
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Videos de Jacques de Decker (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques de Decker
Rencontre littéraire animée par Jacques De Decker avec Patrick Roegiers le 9 mai 2014 à la bibliothèque des Riches Claires
>Autres littératures germaniques>Littérature norvégienne>Littérature danoise et norvégienne : théâtre (126)
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