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EAN : 9782072480218
320 pages
Gallimard (10/01/2013)
2.67/5   6 notes
Résumé :
«Une génération s'en va dans les lettres modernes. Parmi les maîtres qui m'ont interpellé par-dessus les années, comme on se hèle d'une rive à l'autre quand la brume qui monte va rendre le passage difficile, bien peu ont mis formellement le feu au lac. Ce sont les plus classiques d'entre les modernes, et non les plus avant-gardistes. Ils viennent d'un temps d'outre-tombe, d'avant les linguisteries et les sociologismes, où la musique importait, où écrire n'était pas ... >Voir plus
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critiques presse (4)
NonFiction
11 février 2013
Conception crépusculaire de la culture, sans aucun doute ! Mais aussi conception de la mission du critique consistant à dessiner pour les autres le Panthéon de ce à quoi ils doivent adhérer s’ils veulent survivre dans le monde de Facebook, Google et des grandes surfaces.
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Bibliobs
30 janvier 2013
Rien de plus gai que ces hommages crépitant de calembours, d'allitérations, de raccourcis pour happy few.
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Lexpress
16 janvier 2013
A la fois érudit et frondeur, lyrique et féroce, souvent bavard, faussement modeste, Régis Debray reste passionné, assurément.
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Lexpress
06 janvier 2013
Dans Modernes catacombes, Hommages à la France littéraire, "Régis Debray rend hommage à ses maîtres en littérature. Ces anciens dont le point commun, au-delà de leurs divergences, a pour nom Chateaubriand.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pour les corps et les âmes, la lutte de la lenteur contre la vitesse, véritable enjeu de survie, a partie liée, dans notre civilisation, avec les capacités du temps littéraire de résister aux défonces stroboscopiques de l'image et du son. Si cette ligne de défense cède, c'est la victoire de la gondole et du cul d'autobus. Comment échapper aux cadences de plus en plus infernales du fast-food, du fast thinking, etc., à consommer sur place et en un clin d'oeil ? Dans le tout-info, digression interdite, flânerie déconseillée, time is money. Avec la peinture et la sculpture, la littérature apparaît comme l'une des plus performantes machines à décélérer. Malgré les formules de la lecture dite rapide, de prélèvement et de picorage, malgré les digests et les extracts, le temps de la lecture reste incompressible, comme celui de la rotation de la Lune et du Soleil. Pour aller de Paris à Madrid, nous mettons cent fois moins de temps qu'un contemporain de Cervantès, mais pour lire Don Quichotte de part en part, nous mettons à peu près le même temps. Le temps intérieur de la méditation poétique de l'existence (...) a échappé aux moyens de locomotion. Ce monstrueux, cet irrémédiable décalage ne rend pas la lecture des classiques très commode, mais peut la rendre attrayante, par contraste, et de plus en plus précieuse pour le rééquilibrage physique et mental de nos organismes déstabilisés par l'incohérence et l'effervescence. Le présent a gonflé. Il est devenu obèse. Il a mangé le passé et l'avenir. Le dégonfler est une nécessité - et un plaisir. Les médias opèrent à coups de stimulations sans mémoire et d'impacts sans avenir ; la littérature desserre l'instant , et met de la syntaxe là où nous nous habituons à une rhapsodie de surprises sans débouchés ni conséquences. L'ordinateur réduit la profondeur du temps, un livre d'auteur prend son temps. C'est un maximum de durée dans un minimum de volume - avec un rapport temps/espace, comme on dit qualité/prix, jusqu'ici imbattable" (page 130-131)
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Plus vous expropriez les consciences, par l'industrie du rêve ou de l'information, plus vous leur donnez l'envie de se construire une cabane à part, par le biais d'un artisanat fait main, comme l'est la littérature. Toute langue littéraire est asociale en ce qu'elle est plus qu'un moyen de communication. Elle transcende sa fonction instrumentale, devient une forme en soi, capable de survivre à la disparition de son sujet, à l'usure des passions politiques, à l'évanescence des motifs. "Journaliste" est celui qui délivre son message , et s'en va ; "écrivain", celui qui, pour rester, s'intéresse autant à la manière qu'à la matière. Logique de la demande collective contre logique de l'offre personnelle. Par quoi l'homme des médias rassure, si l'écrivain offense. Le premier donne des gages à son groupe d'appartenances parce qu'il présente le réel sous sa forme jugée ; le second nous met face au réel, mais chacun pour soi, rien n'est tranché (...) en démassifiant le langage, en désindustrialisant la culture. En nous incitant, par la force de l'exemple, à prendre du recul sur l'environnement, à nous confectionner nous-mêmes nos verre de lunettes. Délivrer l'homme de sa tribu, rendre sa propre voix à chacun, le soustraire ne serait-ce qu'un instant au ronron collectif et du besoin, pour lui signaler qu'il y a quelque part de l'insubstituable, c'est exactement ce que les médias ne peuvent faire pour la simple raison qu'ils ont pour fonction de faire le contraire : replonger les poissons dans le bocal. La force émancipatrice d'un travail sur les mots se mesure en somme à sa vertu de désengagement. Elle seule peut briser l'intimidation morale comme méthode de pensée, repousser la violence des idées générales qui violent la singularité, des êtres et des situations, dissoute dans les emphases convenues de l'agit-prop mercantile. La littérature aurait alors inconsciemment pour mission de produire des inadaptés chroniques à la consommation de masse. Mission immorale si l'on veut, au regard du consensus, mais profondément éthique, au regard des consciences. Cette aptitude à dépolitiser dépend du traitement, non du sujet. Quand un Nabokov écrit sur les papillons, il nous aide à prendre le gouvernement de nous-mêmes. Quand un folliculaire s'apitoie sur les mineurs de fond, ses lamentos convenus prolongent l'aliénation. Aussi bien Nabokov a-t-il des lecteurs, et l'auteur de best-sellers une clientèle. (page 129-130)
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La relation épistolaire exige 1) de ne pas être trop dérangé du matin au soir, 2) d'avoir de quoi boucler ses fins de mois. [...] L'exercice est bénévole. Flaubert, le veinard (quatre cent lettres entre lui et George Sand), avait une cuisinière et des rentes. La fin des "bonnes" à domicile, dans la moyenne bourgeoisie intellectuelle, 'est pas étrangère à l'épuisement de cette générosité de coeur et d'esprit qui consiste à prendre son temps et une feuille blanche pour prendre des nouvelles d'un tiers. Quand il faut faire chaque matin ses courses et son frichti, soutenir une longue correspondance relève d'une sorte de sainteté, aux limites de la névrose.
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Quand on va sur le Net pour se livrer à des centaines de milliers de personnes, on ne se livre à personne. On veille sur sa marionnette.
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