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EAN : 9782020068321
376 pages
Seuil (01/05/1984)
3.77/5   66 notes
Résumé :
Babe Ozouf, Catherine et Carole sont filles de la Hague. Leur saga - qui s'étend sur trois générations - est scandée par un même geste, un acte que l'amour inspire: faire naître la lumière et le feu dans la nuit. Par trois fois, ce geste simple et fatal provoquera un naufrage: naufrage de navires et naufrage de destinées. Trois hommes traverseront la vie de ces jeunes femmes: Michael Bernstein, le pianiste; le peintre Louis Asfrid et le mystérieux Recruteur qui han... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Trois générations, trois femmes, trois naufrageuses dont les destins basculent à cause d'un feu allumé, à La Hague en bord de Manche... Trois amours aussi... trois femmes passionnées portant des cheveux couleur de feu. Un livre que j'ai apprécié, et qui m'a rappelé deux autres romans "L'Auberge de la Jamaïque" de Daphné du Maurier et aussi "Naufrages" de Akira Yoshimura, où le lecteur rencontre la volonté de se faire naufrager les navires. Avec le roman de Didier Decoin, les naufrages sont plus subtiles et ont subi une forte empreinte de psychogénéalogie. le texte de Didier Decoin diffère aussi des deux autres, car plus moderne, plus débridé, et offrant des passages chargés d'érotisme. Un auteur que je découvre, un roman agréable.
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On commence par l'arrestation de Babe Ozouf. Pourquoi cette femme a t'elle été arrêtée ? Il nous faudra attendre avant de le savoir. Quelques jours de chevauchée à travers la campagne française de la fin du 19ème siècle, vont être nécessaires aux deux gendarmes qui l'accompagnent au palais de justice. Lors des haltes, Babe demande la permission d'écrire, elle souhaite terminer son manuscrit avant son enfermement. C'est ainsi que son histoire nous est dévoilée.
La deuxième histoire est celle de Catherine, qui n'est autre que la fille de Babe. Recueillie par des religieuses elle grandit parmi elles jusqu'au jour où, elle s'extasie devant une estampe représentant une femme faisant un feu et face à la mer. Elle n'a alors plus qu'un désir, retrouver le lieu en question (la Hague) et cette femme. Déterminée, rien ne pourra la détourner de cette idée fixe.
La troisième fille est la petite-fille de Babe. nous sommes en pleine guerre 39-45. Carole, qui vit au Canada, a été recrutée pour une mission bien particulière. C'est ainsi qu'elle se retrouve sur les pas de sa mère et de sa grand-mère.
Une superbe écriture et beaucoup d'émotions, du début jusque la fin. Quand le destin se répète... avec pour idée centrale la chaleur et la lumière du feu.
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« Les Trois vies de Babe Ozouf » Didier Decoin (370 pages, Seuil)
Trois femmes d'une même lignée dont les destins se succèdent de manière bouleversante sur une cinquantaine d'années, entre la fin du XIXème siècle et la seconde guerre mondiale, sur la même pointe du Cotentin, vers La Hague. Trois femmes fortes, déterminées, et cette côte normande hachée qui saille vers la Manche, une terre et une mer violentes et magnifiques qui sont aussi des personnages du roman, comme forces de la nature et comme pièges possiblement mortels pour les bateaux. Trois femmes amoureuses, qui à quelques décennies d'écart allument des feux sur la côte, (au sens propre et au sens métaphorique) sans forcément savoir ce qu'elles vont déclencher. J'ai été un peu intrigué par le scénario, parfois un peu abracadabrantesque, mais je m'y suis laissé prendre, envoûté par l'atmosphère, par le poids de l'histoire (avec et/ou sans grand H), et par une belle écriture assez emballante… et bien, sûr, très touché par ces trois femmes. Un roman émouvant, parfois très triste, parfois violent, parfois sensuel. Un beau moment de lecture.

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Pour rester encore à La Hague après avoir fini Avec vue sur la mer du même auteur. 

Les Trois vie de Babe Ozouf est un roman en trois parties, trois vies, trois femmes. Babe Ozouf (1893), Catherine dans  les années 30, sa fille, Carole (1944) la petite fille. Unité de lieu : La Hague. Un destin commun : naufrageuses. Une constante : le feu. Et toujours la présence de la mer sauvage, des tempêtes. 

Didier Decoin évoque avec vivacité les falaises, la lande et les genêts, ainsi que la vie rurale traditionnelle au début du XXème siècle et j'ai eu grand plaisir dans ce dépaysement.

Histoires d'amour et de passion avec la figure fière et flamboyante de Babe Ozouf, en demi-teinte avec le mariage de Catherine, à peine sortie de l'enfance et du peintre Louis. Cette histoire à la limite de la perversion me laisse un peu dubitative. Il fut un temps ou Lolita ne posait aucun problème, maintenant on est plus critique. Pour Carole de Chicoutimi, l'amour est secondaire son destin se confond avec la Résistance, même si...



je recommande ce livre à tout touriste, visiteur, vacancier dans le Cotentin. A lire sur place ou au retour!
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Si vous avez lu ma précédente critique d'Avec vue sur la mer, vous avez compris que Didier Decoin est viscéralement attaché à la Hague.


S'inspirant de multiples détails vécus, il a magnifié cette passion en une étrange et obsédante histoire, qu'il relate à sa façon remarquablement sensorielle : éclats de lumière des phares de Goury et d'Aurigny, mugissement du vent et fracas des vagues sur les rochers, nuées sombres ou brumes ouatées, eau qui gifle ou qui imprègne, puissante odeur de la mer et goût du sel sur les lèvres, érotisme prégnant…


L'atmosphère du livre embarque le lecteur pour un voyage dans un bout du monde propice aux mythes, comme celui des naufrageuses. de 1800 à 1944, de mère en fille, trois femmes vont se voir irrémédiablement et dramatiquement liées, par une troublante répétition du destin, à cette pointe rocheuse dans la mer, où les hommes s'accrochent comme des berniques à une existence âpre et isolée. Une sorte d'acharnement du sort les transformera à leur corps défendant en vecteur du mal, mi-anges, mi-sorcières, objets de fantasme et de vénération, que l'amour brûlera au propre comme au figuré.


Une certaine magie imprègne ce récit envoûtant et subtil, qui classe encore une fois Didier Decoin parmi les grands romanciers.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Reste à choisir le tronc.
Pensive, elle va de l'un à l'autre, déchiffre les inscriptions calligraphiées qui mentionnent à qui ou à quoi sont destinées les offrandes. Quitte à voler, elle veut éviter de léser les plus pauvres : saint-Joseph, l'éternel éclipsé par la gloire de Marie, à qui on ne donne presque jamais, sauf de la menue monnaie, et c'est souvent pour se débarrasser de ces petits sous crispants qui déforment les poches; les Ames du Purgatoire, que les gens regardent plus ou moins de travers, qu'ils redoutent comme des vagabonds qui avouent sortir de prison - on n'aime pas les punis, on ne se résout pas à les considérer comme de vraies victimes; les Missions Etrangères sonnent le creux elles aussi, c'est si loin l'Afrique, la République de M. Fallières n'a qu'à assumer ses responsabilités, entretenir ses danseuses - qu'elles soient noires ne les rend que plus coûteuses, plus capricieuses dit-on.
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L'aubergiste dans la cour examine les gendarmes, les chevaux, et Babe enfin - mais d'un regard agacé, comme si elle ne méritait pas d'être ainsi soupesée par un honnête homme.
- Et elle? demande-t-il. Que voulez-vous pour cette fille?
Jean et Guillaume ne répondent pas. Gendarmes ou non, ils ont vaguement peur de déplaire à ce gaillard qui, si ça lui chante, peut parfaitement les envoyer au diable sous prétexte que ses chambres sont toutes occupées. Il faudrait alors traîner Babe à travers les ruelles à la recherche d'une grange, d'une bergerie, risquer qu'elle tombe encore et passe cette fois pour de bon sous les sabots.
L'aubergiste balance sa lanterne, les ombres des chevaux grandissent démesurément sur le mur de l'autre côté de la poterne :
- Il y a des chaînes et des anneaux dans l'écurie. Les chaînes sont préférables à tout, messieurs : une nuit bien tranquille, quel est le prisonnier qui ne viendra pas à bout d'une corde en la rongeant? Les femmes encore jeunes ont des dents qui valent bien les nôtres.
- Elle couchera dans notre chambre, décide Guillaume.
- Elle mangera avec nous autres, dit Jean.
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Quand la petite fille aux bras chargés de cierges s'avance dans la nef de la cathédrale, l'organiste à sa tribune joue la Toccata de la 5e symphonie de Widor.
Il la joue pour elle toute seule, il la joue chaque fois qu'elle vient garnir les chandeliers de l'autel et des chapelles latérales. Alors la petite, c'est invariable, se tourne vers lui. Sans le voir, car il se déchaîne à ce moment-là sur son clavier, elle lui adresse un salut de la tête. Lui, il s'est bricolé tout un jeu de miroirs pour pouvoir la regarder.
Il ne sait pas qui elle est.
Il l'appelle la-petite-fille-tout-court, ou la-petite-fille-du-vendredi puisque c'est ce jour-là qu'elle est chargée de remplacer les cierges usés.
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Barbe Ozouf aimait trop la beauté pour supporter longtemps le prénom qu'on lui avait infligé : à huit ans, elle en fit sauter le r et on la connut désormais sous le nom de Babe. Habitant une région proche des îles anglo-normandes, la Hague, certains prononçaient Babe à l'anglaise, comme un diminutif de baby.
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Cette certitude que le livre ne sera pas achevé fait que Babe l'écrit désormais sans hâte. Une phrase de plus, une phrase de moins, quelle importance ? Elle préfère se concentrer sur les mots, elle les choisit avec un soin extrême. Ainsi cette histoire qu'elle raconte devient-elle de moins en moins fiévreuse, mais de plus en plus belle. On sent que la mort, ou quelque chose qui ressemble à la mort, va en interrompre le cours, et que l'auteur a le souci un peu effrayant de lui tailler une lumière, un rythme à la fois solennels et détachés, comme ces reines dans l'Histoire qui laissaient entrer le bourreau en le priant de s'asseoir le temps qu'elles terminent de coudre leur dernière robe.
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Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
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