Ce livre aborde de manière érudite le thème « psoriasis et littérature »;le psoriasis est une maladie chronique de la peau, encore mal connue, qui ne guérit pas, qui a des traitements qui ne fonctionnent pas toujours.
L'auteur, atteint de psoriasis, aborde le sujet avec franchise et raconte le côté difficile de cette anomalie chronique de la peau, un vrai stigmate qui l'a marqué intensément. Son avis est intelligent, érudit et charrie beaucoup d'humour.
C'est un livre atypique car il mélange les genres : autobiographie sans concessions, un essai, un témoignage avec un contenu intertextuel citant des personnes célèbres atteintes de la maladie et ayant un lien avec la littérature. Mais il va au delà car il évoque l'importance de la peau, notre première barrière et défense contre les infections.
La couverture du livre en espagnol est très belle, montrant un zoom sur un oeil du peintre Anglais
Joseph Wright of Derby qui semble nous regarder depuis les profondeurs de son âme.
L'auteur va citer et analyser la vie de quelques personnages célèbres atteints de psoriasis.
Il dédie pas mal de pages à Staline qui cachait sa maladie sous les vêtements. On avait dit à Staline que les eaux de la Mer Noire faisaient merveille sur le psoriasis; alors il a fait aménager une datcha avec une piscine remplie de cette eau miraculeuse où il prenait de longs bains-mijotés à l'abri d'un paravent entourant la piscine. Car personne n'avait le droit de l'apercevoir à l'exception de son ami Kirov et de son fils adoptif.
Sergio del Molino explique en partie la cruauté du personnage par les souffrances physiques qu'il a dû endurer (prurit féroce, douleurs articulaires, vastes zones de squames) sans compter la honte et l'envie d'avoir une peau fine et saine.
Les pages dédiées à l'écrivain nord-américain
John Updike sont intéressantes. Son personnage Rabbit serait la sublimation par la liberté de son ennemi, le psoriasis. Updike avait compris que l'exposition au soleil ralentissait la maladie, raison pour laquelle il se rendait chaque année à l'île d'Anguille pendant un mois où il pratiquait le nudisme avec bains de soleil et revenait à New York sain de peau.
John Updike a écrit sur sa maladie dans son livre de 1965
le Centaure.
D'autres gens célèbres ont souffert du psoriasis comme par exemple Cindy Lauper, la reine Isabel II d'Espagne,
Vladimir Nabokov (il a écrit ouvertement sur le psoriasis dans son livre de 1969 Ada ou l'Ardeur),
Ernest Hemingway, le narco Pablo Escobar etc.
Le chapitre consacré au racisme par la couleur de la peau est un monument de justesse et de réflexion; l'anecdote qu'il cite sur les enfants américains Max et Reddy, est très belle.
Les pages consacrées au traitement son très up-to date, mais il reste encore à découvrir la molécule qui pourrait freiner le dérapage cellulaire inhérent à cette maladie immunologique,
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