Comme un ado attardé, j'ai lu
Dérib le suisse et les aventures du trappeur Buddy Longway. J'ai lu, c'est un euphémisme, j'ai rêvé avec Buddy Longway. Toute la série m'a transporté jusqu'à l'avant dernier numéro, fin inachevée où propulsé dans le monde adulte, le lycée m'a fait connaître un autre monde : les romans classiques en poche, et ma foi , je suis resté dans cette marmite là, avec des textes plus ambitieux, pour les grands !
Mais pour revenir à
Dérib, il y avait dans le sillage de la BD parodique western, du lourd avec Charlier-Gir,
Gourmelen-Palacios,
Blanc Dumont,
Hugo Pratt.. Tout cela représente bien une centaine de numéros auxquels je suis attaché viscéralement ; ce fut ma vie, certes passée, je suis fier d'avoir vécu cela, destinés à un public plus large auxquels bien sûr je n'ai pu résisté. Ils n'ont pas été remplacés, ils étaient au zénith du genre. Aujourd'hui il m'est arrivé de voir les plaines du Far West inspirées de bocage normand : horribilis ! Rien ne va plus. Il est vrai que dans le même temps, l'Amérique a cessé d'être un eldorado pour nombre d'entre nous.
On peut lire maintenant ces géants de la BD western parodique qui ont tant marqué une époque dès les années 1970 comme des classiques. la rupture est consommée. Oui cette vague hétéroclite a écumé les années 1970-2000, peut-être avec comme centre rayonnant la Belgique issue de
Hergé, Cuvelier, entrainant la France, l'Italie, l'Espagne, la Suisse. Je ne peux pas dire que les plus belles histoires nous viennent de Charlier qui se paie la part du lion sans citer
Hugo Pratt, sans citer les dessinateurs Gir,
Blanc Dumont, Palacios, les auteurs Gourmelen, Harlé, sans oublier
Dérib : ils étaient tous associés dans cette aventure de BD western et eurent un impact sur tout un public assez large d'aficionados dont j'étais qui a démarré pour moi dans les années 75, j'ai donc pris le train en marche et me suis empressé de recoller aux numéros publiés qui m'avait précédé. Peut-être que j'en oublie, qu'ils me pardonnent ; voilà en tout cas quel était mon centre d'intérêt BD western qui a bien sûr puisé dans les Kit Carson, Buck John, Caribou, Aigle noir.. des années 50-60, les bouquins de cow boys comme on disait que, paraît-il il ne fallait pas lire !
Restent en vie de cette aventure très peu de monde :
Blanc Dumont, Gourmelen,
Dérib.
Blanc Dumont se commet encore de temps à autre mais a bien sûr le sentiment que la page est tournée. Charlier avait dit que s'il n'avait pas eu la chance de travailler avec Giraud, il aurait choisi
Blanc Dumont. Il l'aura choisi pour la Jeunesse de Blueberry.
Dans ce neuvième art si sublimé et chamarré ici, peut-être fallait-il aller plus loin que ce qu''une littérature ou une peinture intrinsèque pût-elle exprimer pour nous représenter cette nature que jamais peuplade n'ait rendue plus harmonieuse. Un véritable hymne à la nature, Les premiers établissements des colons, les forts militaires avancés en territoire indien, les grandes plaines, les tepees, les bisons, les mustangs, les tomahoaks, les canoés, les mocassins, les coiffes guerrières de plumes d'aigle des chefs sioux, cheyennes, comanches ..