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EAN : 9782757804667
256 pages
Points (03/01/2008)
3.77/5   40 notes
Résumé :
Un macchabée sur le trottoir tous les samedis, et méchamment arrangé : pour faire bonne mesure - et brouiller les pistes sans doute -, le tueur, chaque fois, a pris soin d'arracher au pauvre zigue la peau du visage. L'inspecteur Francis Zondi est dans le noir : il a l'habitude, c'est la couleur de sa peau - on est à Soweto (Afrique du Sud), un endroit où ont toujours rôdé d'inquiétants fantômes. Un endroit, surtout, où il faut beaucoup d'astuce ou des poings solides... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais envie de fouler à nouveau la terre africaine et je pensais à un Deon Meyer avec une nouvelle enquête de Benny Griessel mais comme je l'ai dit tout haut, une amie m'a proposé un polar de Louis-Ferdinand Despreez !
Alors j'ai dit ok, je ne connais pas cet auteur ! Et me voilà partie avec son premier polar, La mémoire courte .

Afrique du Sud juin 2004 sur la Ben Schoeman Highway, importante autoroute d'Afrique du Sud reliant Johannesburg à Pretoria, le Capitaine Zondi, Françis « Bronx » Zondi, tout juste 40 ans traverse un long moment de solitude.
Deux raisons à cela : primo sa voiture l'a lâché, secundo, son enquête piétine.
Et quelle enquête ! Depuis plusieurs semaines, chaque samedi, il a rendez vous avec la mort ou plutôt avec un macchabée dont la dépouille est gentiment déposée dans des lieux improbables et méticuleusement lavée ! le nombre des cadavres commence à faire peur.
Jeu d'un psychopathe ? D'un serial killer ? Crime rituel ? Règlements de compte ?
Zondi, qui a suivi une formation de profiler à Quantico avec le FBI , qui de plus est l'un des meilleurs flics du SAPS, la police nationale, en perd son zoulou et ne trouve pas les parts manquantes du puzzle. Son chef, le super intendant indien Padayachee, formé à l'ancienne lui laisse pourtant toutes latitudes. Zondi s'obstine préférant allé chercher les infos dans les quartiers de sécurité où certains détenus sont devenus ses indics plutôt qu'écouter la psychologue de la Brigade criminelle . Pourtant il va devoir se rendre à l'évidence, peut être l'ouverture d'une piste se dessine. En effet toutes les victimes ont au moins un point commun, elles ont des corps d'athlètes noirs, sûrement des malabars de leur vivant ! Donc une idée à creuser.
Mais le temps presse d'autant que les médias s'en mêlent et que les tension politiques sont vives: Thabo Mbeki , le successeur de Mandela en 1999, est menacé, victime d'une fronde de l'ANC, conduite par Jacob Zuma.

Louis-Ferdinand Despreez, auteur sud-africain francophone, engagé aux côtés de Nelson Mandela dans l'ANC, nous entraîne, grâce à l'intrigue de ce premier roman, dans les coulisses de l'histoire contemporaine de l'Afrique du Sud pour mieux en comprendre la complexité nous révélant une radioscopie de la Nation Arc-en-ciel avec tous ses paradoxes, ses onze langues nationales ainsi qu'un éclairage sur la lutte contre l'Apartheid et le passé des Afrikaners.
L'inspecteur Zondi est le représentant de la transition démocratique : zoulou issu des towns-ships il a su tirer son épingle du jeu, il est vivant et a un bon job.
Mais d'autres ont choisi d'avoir la mémoire courte pour aller de l'avant et continuer leur chemin dans la nouvelle république.
J'ai bien aimé Zondi mais aussi les profils des victimes, ressuscités au gré de l'enquête par les témoins, qui sont quant à eux les oubliés de l'Histoire.
Une plongée dans les racines de la société sud-africaine et une vue de son devenir.
Pour ne pas gâcher le plaisir de ce court polar bien rythmé, l'écriture de Louis-Ferdinand Despreez révèle une pluralité de langage qui dynamise le récit , tour à tour incisif, humoristique, mais aussi poétique et, émaillé de nombreuses expressions afrikaans et de « fanagalo », sabir sud-africain.
Tout ce qu'il faut pour sentir et ressentir la nouvelle Nation Arc-en-ciel.

Une enquête addictive. Un auteur à explorer.
Et envie de découvrir la seconde enquête de l'inspecteur Zondi, le noir qui marche à pied.

Et une note d'espérance à travers les mots de chief Luthuli (p,88), prix nobel de la paix en 1960 :
« Devant nous il reste à construire un nouveau pays… Il ne sera pas nécessairement noir mais africain. »
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Chaque samedi matin depuis plusieurs semaines, le cadavre d'un homme noir, mutilé et défiguré, est retrouvé dans un lieu public de Pretoria. L'inspecteur Francis « Bronx » Zondi, du South African Police Service, un flic désabusé par ce qu'est devenue la nation arc-en-ciel depuis la fin de l'apartheid et l'élection de Mandela en 1994, enquête sur une affaire d'autant plus délicate que l'Afrique du Sud est à nouveau en pleine période électorale. Il doit donc se plonger dans la réalité d'un pays qu'il connaît bien, entre une population noire paupérisée et des blancs revanchards et nostalgiques d'un pays qui n'est plus. Il devra également faire face à l'histoire de son pays et à ses témoins, des membres des forces spéciales sud-africaines engagées contre la guérilla communiste en Angola ou au Mozambique comme des partisans du MK, la branche armée de l'African National Congress (ANC), qui, tous, se sont fait « cocufier par l'histoire ». Avec en fond le chômage, la misère, la violence et le sida et alors que les nouveaux dirigeants ne sont pas exempts de critiques.

La mémoire courte (2006) se révèle un roman policier très habile qui mêle intimement une enquête riche en rebondissements sur des crimes de droit commun, le passé de l'Afrique du Sud et le présent postapartheid, aussi peu satisfaisant que glorieux. le personnage du policier zoulou, enfant de Soweto à qui on ne la fait pas, que l'on soit blanc ou noir, est attachant ; pour Zondi, qui connaît parfaitement le terrain sur lequel il évolue, l'intuition l'emporte sur les connaissances psychologiques des profileurs, bien qu'il appartienne à cette catégorie depuis un stage aux Etats-Unis qui lui a valu son surnom de « Bronx ». Humain et attentif, dénué de tout esprit de vengeance sociale ou raciale, il sait toutefois être sans pitié envers ceux qui ne respectent rien, comme la vieille logeuse qui ne pourra plus jamais louer sa « porcherie » à plus pauvre qu'elle ou le jeune révolutionnaire congolais exilé – « un merdeux bien-pensant et prétentieux » - qui profite de sa position pour recruter des mercenaires : le boulot de Zondi, c'est de « faire le ménage, pas la charité. »

On sait que dans la plupart des romans policiers africains, l'information sociologique l'emporte sur la trame criminelle et les intrigues. Dans le cas du polar sud-africain, la réalité politique et économique postapartheid constitue l'épine dorsale des oeuvres : démocratie mise à mal, misère et chômage endémiques, corruption, criminalité grandissante, violences urbaines, affrontements ethniques, etc. Dans ce roman très noir, Louis-Ferdinand Despreez mêle avec un immense talent une affaire criminelle qui se révélera de plus en plus sordide au fil des pages à des témoignages de première qualité (et de première main) sur le pays qui lui sert de cadre, cette nouvelle Afrique du Sud qui peine à se débarrasser de ses anciens fantômes.

Derrière le nom de Louis-Ferdinand Despreez se cache un haut fonctionnaire sud-africain né en 1955, compagnon de route de l'ANC de Nelson Mandela, chargé de missions plus ou moins officielles dans différents pays d'Afrique, et qui signe en français ce polar peu politiquement correct. Un français riche et savoureux, parfois académique, souvent argotique, pour des descriptions et des commentaires d'un humour dévastateur qui rappellent Tom Sharpe.

« Comme ce que j'écris dans mes romans n'est ni correct ni convenable, il m'a semblé que le français me permettait d'aller beaucoup plus loin dans mes imprécations. L'argot français permet de mettre de la distance entre les mots et les situations. Cela dit, j'ai commencé à traduire La Mémoire courte en anglais, et je ne vais pas me faire que des amis quand le livre sortira ici ! »

Pour ceux qui ont aimé ce roman, le Noir qui marche à pied (2008) propose la seconde enquête du superintendant (il a été promu) Zondi, encore plus noire et critique.
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Un thriller hallucinant qui dévoile tout un pan de l'histoire sud-africaine

Je viens de terminer ce roman coup de poing, totalement décoiffant qui m'a retourné les tripes. Une véritable bombe littéraire qui balaie tout sur son passage, et qui procure des sensations fortes, croyez-moi! le personnage principal est un flic noir tenace, et surtout incorruptible (vachement rare en Afrique du Sud, à en croire l'auteur!).
L'inspecteur Zondi enquête sur une série de meurtres sanglants qui ne frappent que des hommes noirs très athlétiques. L'oeuvre d'un tueur en série raciste, à la Dylan Roof, qui regrette “le bon vieux temps de l'apartheid”? le pauvre inspecteur n'est pas au bout de ses peines, d'autant que découvrir la vérité dans un pays fragile, en pleine mutation, ce n'est pas de la tarte!

Au programme, racisme persistant, magouilles politiques, organisations extrémistes, misère et vaudou: un cocktail détonnant pour le premier roman très épicé de Louis-Ferdinand Despreez, citoyen sud-africain qui écrit ses livres dans la langue de Molière.
Et cet auteur raconte son histoire criminelle comme un type qui entrerait dans un bar et défoncerait la porte à coups de batte de Baseball. Un style musclé donc, alerte, frontal. L'auteur nous interpelle vraiment par une description crue et sans concession de son pays, où le spectre de l'apartheid est en fait toujours présent.

L'auteur réussit à combiner avec brio enquête criminelle pleine de rebondissements, et chronique historique et politique de son pays.
Et le propos n'est pas édulcoré, l'auteur ne nous épargne rien, et dévoile tout un pan peu glorieux de l'histoire de son pays, car il semblerait que beaucoup de gens en Afrique du Sud aient la mémoire courte! Beaucoup préfèrent oublier les atrocités commises pendant l'apartheid, cette politique terrifiante de ségrégation raciale qui aura maintenu des millions d'africains dans une terreur de tous les instants.
Une plongée saisissante dans les coulisses d'un pays loin, très loin d'avoir réglé tous ses problèmes.
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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En Afrique du Sud, depuis quelques semaines, chaque samedi matin un cadavre d'homme noir est retrouvé dans un lieu public, mutilé et la peau du visage arrachée. Serial killer ? Racisme ordinaire ? L'inspecteur Zondi mène l'enquête à sa manière, plus empreinte de ses expériences à Soweto (où il a grandi) que de l'école de profiling américaine où il a fait un stage...

Mon premier polar sud-africain et je suis plutôt contente de l'expérience ! L'intrigue démarre sur les chapeaux de roues puis entre en sommeil, le temps de replacer l'histoire dans le contexte (les origines et le parcours de Zondi, l'histoire du pays et ses différentes phases) mais ces changements de rythme ne m'ont pas gênée. Je trouve le personnage de l'inspecteur assez intéressant, bien qu'assez peu fouillé psychologiquement. J'aurais aimé en savoir plus sur sa vie privée, par exemple. Mais au final, ce roman m'a plu, je l'ai trouvé dépaysant, pour tout ce qu'il m'a appris sur l'Afrique du Sud actuelle et en même temps noir, comme je les aime...
Un détail : ce roman est écrit par un Sud-Africain anglophone mais qui écrit en français, en hommage à ses ancêtres huguenots. Ça se sent, on ne trouve pas de ces maladresses de traduction que je commence à percevoir dans d'autres textes !
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Décidément les polars nous auront permis cette année d'explorer l'Afrique du Sud.
Après Deon Meyer et Henning Mankell, voici Louis-Ferdinand Despreez et La mémoire courte.
Louis-Ferdinand Despreez est un personnage un peu atypique dont on ne sait trop quoi penser (cf. l'article du Figaro). Un auteur ambigü dont il convient certainement de se méfier. Quoiqu'il en soit, ce monsieur a fait partie des rangs de l'ANC, il écrit en français (la langue de ses ancêtres huguenots) et il met en scène un policier noir, Zondi, dans l'Afrique du Sud d'après Mandela.
Le répertoire des polars Sa langue vive et féroce est toujours à la limite de la diatribe : visiblement Despreez a des comptes à régler, tant avec les noirs qu'avec les blancs. À moins que ce ne soit une façon finalement raccoleuse et très politiquement correcte de critiquer tantôt les uns, tantôt les autres.
Au-delà de cette écriture rageuse, parfois violente, à la limite de la vulgarité qui pourrait irriter (Despreez est un admirateur de Céline), l'intérêt du polar de Despreez c'est de nous faire découvrir ce pays étonnant à peine sorti du chaos et de l'horreur.
Un pays ou certains ont encore beaucoup de mal à oublier ce passé ou plus simplement à vivre avec ce passif.
Un pays au lourd passé mais qui a donc l'avenir devant lui.
Côté polar, on découvrira un sombre trafic dans les milieux de la boxe, à faire froid dans le dos, dans ce pays où la vie (du moins celle de certains) n'a pas le même prix qu'ailleurs.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le froid était tombé brutalement après la disparition du soleil. Avec les couleurs qui basculaient brutalement de l'orange au bleu gris, toutes les odeurs de la brousse remontaient de la terre en longs effluves humides et fumants. Zondi laissait la fragrance du bush envahir ses narines: un mélange d'herbes médicinales, de bouse de vache et de foin coupé tiède. Et, alors que la brousse, encore traversée de soubressauts, ou agitée par les tropismes de millions de fleurs fatiguées qui refermaient leurs corolles pour la nuit, devenait sombre et noire comme un océan par une nuit sans lune, la voûte céleste s'éclairait de milliers de coups de poinçons blancs sur lesquels régnait la Croix du Sud. C'était beau et paisible en toute simplécité.
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[...] Dans les jolis quartiers d'Atteridgeville où vivait depuis le milieu des années quatre-vingt-dix la jeune bourgeoisie noire, les maisons étaient encore silencieuses. Les riches dorment toujours plus tard que les déshérités. Qu'ils soient chômeurs, infirmes ou retraités, les damnés de la terre doivent commencer tôt à réfléchir à la façon dont ils vont bouffer à midi. L'oisiveté besogneuse et frénétique chez les pauvres est un job à plein temps ...
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[...] Il se disait que d'ici vingt ans tous ces abrutis qui voulaient faire sécession et créer un Volkstaat pour abriter une ribambelle de petits blancs incultes nourris de cantiques et de biltong seraient morts ou en chaise roulante et que l'on pourrait enfin commencer à travailler sérieusement. On pourrait tout simplement commencer à faire ce qui est possible, après avoir réussi l'impossible ...
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Le capitaine n'était pas dupe, elle avait cette longue expérience des psy qui consiste à vous répéter, avec leur mots à eux, ce que vous venez de leur dire avec vos mots à vous, avant bien sûr, de vous réclamer leurs honoraires avec leurs chiffres à eux ...
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[...] Tout avait commencé huit semaines auparavant, à la fin de l'été, alors que les trottoirs de Pretoria jonchés de fleurs de jacarandas pourries et piétinées répandaient une odeur de pissotière dans les rues des quartiers chics et que les quartiers pauvres ne sentaient pas plus la pisse que d'habitude.
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