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EAN : 9782070301157
330 pages
Gallimard (01/01/1968)
4.05/5   19 notes
Résumé :
Émilien Dombe s'engage comme chef de culture dans une ferme du hameau de Rieux qui domine une vallée livrée aux ronces et aux épines. On y raconte une étrange légende, prétexte aux intrigues où les intérêts se mêlent aux passions amoureuses : une jeune fille inconnue apparaîtrait de temps à autres dans la campagne. Un jour, Émilien rencontre une jeune fille et découvre qu'elle n'est qu'un fantôme. Sa vie s'en trouve entièrement bouleversée...

"L'azur"... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"L'azur" est l'aventure du temps qui passe, soit le brillant 30ème des 49 "romans et récits" dus à l'étonnante prodigalité de l'étonnant (et bien sûr toujours largement méconnu) romancier-conteur oriental que restera André DHÔTEL [1900-1991].

"Conteur oriental", oui ! Rappelons que l'Ardennes et la Champagne demeurent "ses" Chasses domaniales (universelles) les plus familières...

Bien sûr retrouvées ici - d'un roman à l'autre - cette clarté absolue, cette prodigieuse richesse et cette si curieuse "fausse simplicité" de la langue dhôtélienne. Matériau noble que certains apôtres du "parler Cash" despentien - habituels lecteurs de prose-magazine suffisamment surlignée - pourront juger "désuète"... (Je rigole). Bref, vertus vraies devenues "exotiques" à pas mal de lecteurs : c'est ainsi ! Donc, vive l'exotisme (sincère) et la caducité des camaïeux, émaux ou autres yeux et mots bleus (Cf. "La tribu Bécaille"[1963])...

Ne nous emballons pas.

Car - selon notre goût personnel - "L'azur", publié en 1968 est loin d'être une oeuvre sans défauts. Peut-être parce qu'il se situe dans le sillage d'un chef d'oeuvre : son "Pays natal" [1966] (qui sera suivi d'un roman que nous jugeons beaucoup moins inspiré : "Lumineux rentre chez lui" [1967]) et qu'il précédera 3 nouveaux chefs d'oeuvre : le célèbre conte "L'enfant qui disait n'importe quoi" [1968] puis deux romans d'une maîtrise sans égale : l'épais "Un jour viendra" [1970] puis "La maison du bout du monde" [1970], sorte de cristal romanesque quasi-parfaitement épuré de toutes scories...

Quelques petits nuages passent dans "l'Azur" et s'y étirent, ma foi, parfois un peu inutilement : tel cet épisode bien longuet des taureaux échappés de l'enclos des Desterne, avec sa profusion des demoiselles rencontrées et des amourettes dévoilées [pages 69 à 91 de l'édition "folio" de poche]... ou ce dénouement volontairement "saboté" en 3 pages finales [329 à 331] : dame ! on sent ben que le p'tit père Dhôtel était pressé de passer à autre chose, crebleu, et donc de se débarrasser le plancher à ces coeurs envahissants d'Emilien et Fabienne !

Profusion supra-balzacienne des personnages (mais on finit par s'y retrouver et le chat-conteur ardennais retombe toujours sur ses quatre pattes !).

Nul n'est parfait, Dhôtel se flattait d'être un "romancier mineur" (une conviction délirante parmi d'autres), involontairement "produisait beaucoup"... et nous devons partir à l'assaut de son Continent pour y trouver NOS chefs d'oeuvre... Je rappelle tout cela puisque l'étiquetage ou le tri subtil entre "textes romanesques parfaitement maîtrisés" et "les autres" n'a toujours pas été produit à ce jour, ni donc subjectivement "assumé" par tel ou tel fin connaisseur-explorateur de l'Oeuvre généreuse d'André DHÔTEL : ce qui est fort dommageable à l'Oeuvre d'A.D. puisqu'entretemps, l'amnésie du lectorat "de masse" poursuit sa carrière... [Mon propos actuel ne se veut point "élitiste" mais plutôt réaliste.. et la belle énergie collective, grandement convaincante et enthousiasmante des débuts de notre chère association "La Route Inconnue" me semble devenue aujourd'hui assez globalement roupillante... Bref, dommage !]

Dans l'un de ses entretiens, Dhôtel semble se rire du côté parfois redondant, grandiloquent et parfois assez artificiel de ce qu'on nomme "LA" poésie - tout comme de la langue "calibrée" et si peu inventive de pas mal de "poètes" autoproclamés (bien qu'ayant commis 3 essais sur son compatriote Rimbaud)

Je rejoindrais l'avis de notre amie babéliote Eleonora, parlant de sa découverte du style de l'un des "nos" romanciers favoris et (bien sûr) méconnus, A.D. : "émerveillée par son écriture, sa simplicité miraculeuse, ces merveilles cachées au sein du quotidien, la réalité et le divin qui cohabitent à chaque ligne".

Mais je n'en dirai pas plus et vous laisse découvrir TOUT l'univers champêtre (avec ses fantastiques clairières parisiennes) d'Emilien Dombe, Fabienne, Jenny Janret, son "visage de chat" et son frère Edouard, son père Hector et Mme si effacée, de Blanche et Alcide Desterne, d'Aurore (la fille chapardeuse de Ralph), de Prabit l'usurier avare et son frère Amédée disparu à la poursuite d'une inconnue, de la dynastie ruinée des Comtois (le fils Léon fait l'horloger rural), des gamins du charpentier chercheurs d'un trésor envasé dans la rivière, de Chimard le botaniste (l'âme cachée et la mémoire du hameau sauvage), d'Edmée Biermes et sa famille si "BCBG", des Seurdon, du hameau des Rieux, de Dongy, de Reims, de Gibraltar...de la fille-fantôme au grand chapeau de paille et au sourcil légèrement fendu...

Amitiés !
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Pourquoi "L'AZUR" ? alors que tout le roman se déroule dans une ambiance terrienne, entre les on-dits, les commérages, les mensonges, les inventions d'un monde rural...
Parce que l'apparition subreptice d'une jeune fille qui n'en finit pas d'apparaître et de disparaître, parce que le personnage principal, Émilien, ne se satisfait pas de ce qu'il vit au quotidien (bien qu'il s'en satisfît au terme : la fin précipitée du roman!) Peut-être que ce roman possède une dimension métaphysique plus forte que les autres romans de Dhôtel ?
"La conversation tomba. Ça ne faisait rien. La chaleur et la lumière du soir d'été c'était suffisant pour vivre. Plus que suffisant."(page 13)
"Fin juin. L'époque des adonia goutte-de-sang sur les talus. Mais qu'il y ait ces fleurs-là, ça ne comble pas le vide. Au contraire il s'agrandit et comment le vide peut-il s'agrandir ? Bien sûr on est occupé dans la vie, mais on trouve des temps morts à chaque instant, et pourquoi est-ce beau les temps morts ? A cause de la lumière ? Mais il y a autre chose. Quelle autre chose ? Émilien ne se posait pas tant de questions à vrai dire." (page 17)
Editions Folio.
nb : remarqué, à chaque fois que pointe la métaphysique, cette volonté (ou cet humour ?) de redescendre sur terre !


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Je découvre cet auteur et suis émerveillée par son écriture, sa simplicité miraculeuse, ces merveilles cachées au sein du quotidien, la réalité et le divin qui cohabitent à chaque ligne. J'ai adoré l'Azur et vais commencer La tribu Bécaille.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le ciel était noir au-dessus de Saint-Sulpice avec des quantités d'étoiles. Emilien regagna le boulevard Saint-Michel et remonta le long du trottoir animé. Il se devait d'être mélancolique, mais cela ne lui disait rien de mener cette mélancolie jusqu'à l'infini. Tous ces gens sen fichaient d'ailleurs et ignoraient complètement Emilien. Les enseignes des cafés et des cinémas resplendissaient. il buta sur Fabienne. Il s'écria :
‒ Encore toi !
‒ Tu viens au cinéma, dit-elle ?
‒ Une idée, dit Emilien.
Quel film ? Cela n'avait pas tellement d 'importance.
‒ Tu l'as raté, ton rendez-vous.
‒ Complètement raté dit Emilien.
‒ Ce sera pour une autre fois.
‒ Je pars demain matin.
Le film était commencé. Une histoire en couleurs à la frontière du Mexique. L'azur. Une fille superbe. Et puis des tas de discussions. Encore l'azur.
‒ Fabienne, souffla Emilien.
Qu'est-ce qu'il voulait lui dire ? Il dit :
‒ Embrasse-moi !
Elle lui donna un baiser. Un film sans un baiser ça n'a pas de sens.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, éditions Gallimard ; réédition collection "folio", 2003, 336 p. - pages 14-15]
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‒ Ce soir, [...] le vent crie à travers le pont de fer, là bas.[...]
‒ Qu'est-ce qu'ils ne veulent pas entendre ?[...]
‒ Ce que personne ne veut entendre[...]
Emilien se trouvait toujours pris de court avec Chimard, et cette fois il fut plus incertain que jamais. D'abord il y avait de la part de Chimard une sorte d'amitié difficile à comprendre. Ce qu'il disait, il semblait qu'on ne parviendrait à y répondre qu'au bout d'un temps très long. Ce temps très long peut-être c'était l'amitié. Il y eut une pause dans le vent. Ils écoutèrent ensemble.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, Gallimard ‒ réédition collection "folio", 2003, 336 p., page 54]
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Le vieux Comtois regardait l'eau immobile.
‒ Je me demande comment on peut supporter ces mensonges, observa Emilien.
‒ Si les gens se complaisent dans les mensonges, qu'y pouvons-nous ?
‒ C'est votre faute.
Comtois prit une brème de moyenne taille et se mit à parler de la façon d'accommoder les brèmes. Emilien revint à la ferme.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, Gallimard ‒ réédition collection "folio", 2003, 336 p., page 161]
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Chimard fit entrer Emilien chez lui ce soir-là, pour lui offrir un verre. Il le servit sans prononcer un mot. Le vent soufflait de plus en plus fort à travers la pluie. Il s'y mêlait des intonations variées comme dans une toupie allemande. Chimard écoutait.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, Gallimard ‒ réédition collection "folio", 2003, 336 p., page 53]
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["L'Azur", roman d'André Dhôtel (1968) - CITATION EXTRAITE D'UNE CRITIQUE d'ALAIN CLERVAL : "DANS UN HAMEAU DE CHAMPAGNE", parue dans "la Quinzaine Littéraire, 1er au 15 mai 1969]

" Dans l'oeuvre d'André Dhôtel, l'invraisemblable côtoie à tout instant le miracle. Les histoires surnaturelles, les fables ont le pouvoir de transfigurer l'univers et de révéler les personnages à eux-mêmes, en délivrant la vérité qui les habite. Et la beauté semble toujours tenir du prodige. C'est souvent sur une apparition que s'ouvre l'aventure. Ainsi dans "L'Azur", tous les personnages qui traversent l'histoire, crédules ou retors, simulateurs ou faussaires, conjurés ou victimes, sont finalement profondément marqués par le passage du surnaturel, du magique, même s'il est, en fin de compte, démontré que l'imposture est l'auteur du miracle. [...] C'est avec un art toujours égal qu'André Dhôtel tient serrés les fils de l'intrigue et du rêve, mêle le féérique, la poésie du grand vent et des terres désolées, en friche sous le ciel, aux sombres calculs de l'argent, de la passion et de la peur. [...] "

[Alain Clerval, "La Quinzaine Littéraire", 1er au 15 mai 1969 - extrait de l'article intégralement reproduit dans le Bulletin n°5 de "La Route inconnue", Association des Amis d'André Dhôtel, août 2003, page 24]
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Videos de André Dhôtel (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de André Dhôtel
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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