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Laurence Viallet (Traducteur)
EAN : 9782259185554
312 pages
Plon (22/01/2009)
3.78/5   211 notes
Résumé :
" Peu importe en quoi vous croyez, le fukû, lui, croit en vous. " Le fukû, c'est la malédiction qui frappe la famille d'Oscar, une très ancienne légende dominicaine. Oscar, rêve de mondes fantastiques, s'imagine en Casanova ou Tolkien, tombeur des îles et génie des lettres... au lieu de quoi il grandit et grossit au fond de sa classe et de son New Jersey, binoclard fou de SF, souffre-douleur obèse et solitaire.

Et ses seuls super pouvoirs sont ses vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 211 notes
Moi, les livres et les transports en commun, volume 4 (je crois que je m'étais un peu chauffé la dernière fois, je pense vraiment n'avoir fait que 3 épisodes avant). Comme souvent dans le tram je lis, et ce soir là, même debout je lis. Accroché à la barre centrale, je suis plongé dans le livre dont il est question. Une amie , actrice de ma troupe de théâtre, me repère de loin et s'approche, hésite à me sortir de mon univers littéraire mais finit par me saluer doucement... et forcément me demande ce que je lis, parce que les gens se demandent toujours ce qui nous sort aussi parfaitement du monde qui nous entoure. Et là, grâce à Babelio et ses challenges, je peux sortir une des réponses les plus classes qu'il m'ait été donné de faire à ce genre de question: un des livres préférés de David Bowie.

Ce fut donc ma porte d'entrée vers ce livre magnifique et je dois donc remercier Gwen et Sab pour leur si utile challenge Multi-Défis qui m'a mené à cette lecture.

Un livre magnifique par son foisonnement, rempli de références aux jeux de rôles, au Seigneur des Anneaux, aux super-héros, à la culture geek en général. le fait que je connaisse ces références a forcément dû m'aider à apprécier... mais le livre est bien plus que ça évidemment.

Il est également une approche fantastique de la culture des émigrés dominicain aux États-Unis. On visite avec les personnages leur pays d'origine et son histoire, comme ces visites que je préfère des pays quand on est accompagné par un local qui peu vous faire rentrer au coeur des maisons, dans le quotidien des habitants. Pour moi la République Dominicaine a longtemps été pour moi la moitié dorée d'une île dont le côté obscur était occupé par Haïti, comme si le destin avait décidé de faire se côtoyer deux avenirs possibles pour un même territoire, l'un radieux et l'autre ténébreux. Cette image idyllique avait déjà été écornée après un voyage de mon cousin sur place qui m'avait décrit comment les visites organisées par les hôtels sur place faisaient tout pour faire ignorer aux touristes le versant pauvre de ce pays de carte postale. J'aurais dû me douter bien sûr que les retombées financières du tourisme ne ruisselaient pas sur tout le peuple. Cette lecture n'aura fait que me confirmer cette réalité, ajoutant en plus une bien meilleure connaissance de l'Histoire du pays, avec notamment la période de la dictature infâme de Trujill, décédé en 1961 mais dont le poids pèse encore sur la politique gangrénée du pays.

Au delà des références et du contexte, la construction du livre est également très originale et jouissive. Deux narrateurs-personnages (la soeur d'Oscar et un ami d'Oscar et de sa soeur) qui racontent à la fois la vie d'Oscar mais aussi la leur. Un narrateur-écrivain qui vient aussi régulièrement mettre son jeu et brouille les pistes. Des plongées dans l'histoire familiale en remontant à l'histoire maternelle puis grand-paternelle, pour mieux faire comprendre le poids des secrets, des malédiction et celui de l'Histoire tout court. Un titre qui, presque comme un mauvais quatrième de couverture, nous révèle un élément essentiel de l'histoire (si si, relisez-le bien ce titre étrange), information avec laquelle la narration ne cessera de jouer tout au long, nous faisant frémir face à l'inéluctable, observateur omniscient qui aimerait tant pouvoir ne pas savoir.

J'ai adoré que Junot Diaz joue avec moi, j'ai ressenti tout ce qu'il avait pu donner de lui-même dans cette histoire, comme Jeunet après Amélie Poulain qui dit qu'il avait mis toutes ses idées dans le film et qu'il se sentait incapable d'écrire une nouvelle histoire ensuite (raison pour laquelle je pense il a ensuite adapté un roman et aussi rejoint une saga de SF à l'univers déjà existant... mais je m'égare). L'auteur a depuis écrit des essais, des livres pour enfant, mais pas d'autres romans il me semble pour l'instant.

Alors pourquoi manque-t-il une demi-étoile me direz-vous ? Tout simplement la frustration de me dire que je n'ai pu pleinement saisir toute la richesse du récit parce que je ne suis pas Latino-Américain et que, même si la traduction d'un tel livre est une prouesse, il me manquera toujours toutes les subtilités de ce mélange anglais-espagnol utilisé par l'auteur (merci les traduction de WordReference qui m'ont malgré tout beaucoup aidé). Ce travail linguistique était indispensable et l'auteur n'a sans doute fait que parler comme il l'aurait fait lui-même au quotidien... mais la frustration ne peut qu'être présente en tant que lecteur français, avec mon espagnol si limité.

En tout cas, que vous aimiez ou pas David Bowie, courez-y, les goûts de l'artiste sont éclectiques mais riches, j'avais déjà beaucoup aimé d'autres livres de la liste et je pense que j'y puiserais d'autres idées à l'avenir.
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Quelle entrée en matière. Un parler argotique , des phrases cinglantes , un peu d'espagnol qui se glisse ici ou là. Tout ça pour nous parler d'Oscar , un gros boutonneux dominicain exilé dans le New jersey dans les années 80.
Et en plus, il y a des notes (qui peuvent presque prendre toute une page) qui nous narre l'histoire de Santo Domingo et de la république dominicaine , depuis les conquistadors jusqu'à Trujillo, bel enculé surnommé 'face de gland' par ses compatriotes.
Et puis , on plonge dans la culture antillaise avec le 'Fuku' , sorte de malédiction qui te colle aux basques et qu'ont choppé les Kennedy (puissant le truc quand même).
300 pages d'éclate donc.
Nan :(
je ne sais pas ce qui s'est passé , c'est très long... Pauvre Oscar, puceau un jour, puceau toujours . Sa soeur, sa mère, leur vie difficile , entre coups , viols mais toujours l'honneur, l'abuela et l'abuelo victimes de "face de gland"..tout ça est prometteur.
Mais je n'ai pas accroché , trouvant l'ensemble très poussif, étant surtout déçu alors que les planètes semblaient s'aligner. Bon , je me suis fait un peu chier, ni plus ni moins.
tant pis.
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Histoires de familles hantées par la malédiction du « fukù », de la République Dominicaine à Nueva York.

Dans une alternance de chapitres centrés tour à tour sur les différents personnages, on a Oscar, un joli petit garçon qui devient un ado obèse, qui tombe amoureux de toutes les filles. Il vit en partie dans l'univers parallèle de la SF, de la fantasy et des jeux de rôles. Il est plus à l'aise avec la langue elfique qu'avec celle des approches amoureuses.

Sa soeur Lola qui protège au mieux son petit frère, mais qui deviendra une rebelle et devra même se réfugier auprès de « La Inca » en RD.

Retour quelques années plus tôt, celle qu'on a d'abord vue comme une mère intransigeante, est une ado qui travaille dans la boulangerie avec « La Inca ». L'adolescence l'a transformée en une femme trop belle pour son bien…

Les années 40, avec les grands-parents d'Oscar, le père médecin et la mère infirmière, des intellectuels, qui ferment les yeux sur les horreurs de la dictature de Trujillo, jusqu'au jour où leur fille Jackie devient une adolescente trop jolie, le genre de proie préférée du tyran…

Du mal de vivre aux tortures physiques, un roman fort, qui raconte les tragédies des générations de Dominicains. À plusieurs endroits, l'auteur a ajouté de longues notes de bas de page pour situer les personnages historiques et montrer ainsi que même si c'est un roman, il est basé sur événements et des drames humains réels.

Le texte est intéressant, mais pose plusieurs difficultés de lecture plus ou moins grande selon votre « background » linguistique. D'une part, la prose comporte beaucoup d'expressions en espagnol typiques de la République Dominicaine.

D'autre part, certains chapitres où parlent des jeunes à New York utilisent un langage très argotique. « Avec ses petos, on bédave et on ne pense qu'à bouillave. On kene sa reumda ». (Peu signifiant pour une Québécoise, je me sens bien loin du « slang » de New York… j'aurais peut-être dû lire en version originale.)

Une troisième difficulté tient à la personnalité d'Oscar. Il fait constamment référence au monde de la SF, des Morlock, de Tolkien ou des Marvel. Il faut savoir de quoi il s'agit quand on parle de l'anneau ou de Sauron…
Un très bon roman, mais pas pour tout public.
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"N'importe qui à Santo Domingo pourrait vous raconter une histoire de fukù qui s'est déchaîné dans sa famille".

Cette légende ou cette malédiction s'est abattue sur la famille d'Oscar, dans cette île sous l'emprise du dictateur Rafael Leonidas Trujillo dans les années 30 à 60.

"Oscar, à l'époque bénie de sa prime jeunesse était un petit Casanova.
Mais à partir du moment ou Maritza l'avait largué, sa vie était partie en eau de boudin.
Les deux années suivantes, il s'est mis à grossir à vue d'oeil. La préadolescence ne lui a pas fait de cadeaux, brouillant les traits d'un visage devenu tout sauf mignon, constellant sa peau de boutons ; il a commencé à se sentir mal dans ses pompes et sa passion -pour les Sous-Cultures !- à laquelle personne n'avait jamais trouvé à redire, l'a soudain fait passer pour un Tocard avec un grand T".
"L'année de sa seconde, Oscar a découvert qu'il pesait la bagatelle de cent onze kilos".

Et le fukù avait déjà fait son oeuvre sur sa mère, et n'épargnera pas sa soeur non plus...

A mon avis :
Au delà de la vie (brève et merveilleuse ?) d'Oscar, c'est aussi une part de la société Dominicaine sous la domination dictatoriale de Trujillo qui nous est exposée.
Et je crois que c'est bien ce qui fait l'intérêt de ce roman, même si cet aspect ne fait pas l'essentiel du récit et que finalement il ne soit que survolé.

Pour le reste, difficile de rentrer dans l'histoire, pour plusieurs raisons :

-les personnages n'ont rien d'attachant, ils sont décrits par une tierce personne qui ne donne qu'une vision extérieure et insuffisante pour s'en imprégner ;

-le mode narratif, avec un langage jeune, des mots en verlan et parfois en Espagnol ou en patois dominicain, m'ont dérouté, au point parfois de ne tout simplement pas comprendre leur sens, n'ayant que peu de notions d'Espagnol (et quand bien même, il me semble qu'une note de traduction en bas de page aurait été bienvenue) ;

-l'histoire de ce jeune homme et de sa famille n'a pas d'intérêt majeur en elle même, si ce n'est pour illustrer la vie sous la dictature, mais c'est insuffisant pour tenir le lecteur accroché tout au long du récit, qui par ailleurs, commence trop lentement pour instiller une dynamique de lecture.

Il faut malgré tout reconnaitre une certaine originalité dans le style littéraire, qui démarque ce roman, mais qui reste insuffisante pour rendre ce livre indispensable.

Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Junot Diaz réussit (à mon avis) un tour de force. Faire rentrer en 293 pages plusieurs livres. Il y a l'histoire d'Oscar... Surnommé Oscar Wao, pour Wilde, par ses potes et ses moins potes. Il y a l'histoire de la République Dominicaine, et du Trujillanisme... Il y a une saga familiale, sur plusieurs générations. Il y a New York, en creux, dans les errances d'Oscar. Il y a une amitié entre un frère et une soeur, Oscar et Lola. Il y a une fabuleuse histoire d'amour, celle d'Oscar et de son envie de tirer sa crampe, mais voilà ! il est obèse et complètement geek, accroc au jeux de rôles et au cinoche de genre. Pas le truc qui permet d'emballer les filles. Et Oscar, il tombe amoureux à la seconde. C'est un roman sur le mal de vivre, sur le suicide, l'auto-destruction, l'apreté de la vie.

C'est aussi l'histoire de fuku, une malédiction maousse, qui suit la famille d'Oscar, depuis le grand-père, voire avant. Faut dire aussi que Trujillo, comme lanceur de fuku, il maîtrise le sujet comme personne.

C'est surtout un style déjanté. Incroyablement personnel et déroutant. On a un peu de mal au début. Je me suis accroché et je n'ai rien regretté. A côté de ce récit La Fête au Bouc de Vargas Llosa, c'est Bonhommet et Tilapin. Une chiure de mouche. Junot Diaz multiplie les figures de style fleuries. Les références à Tolkien et à son oeuvre, à de multiples jeux de rôle (Aftermath... j'y ai joué) et il emballe sec. Il y a de l'autobiographie, une sorte de coming-out, dans le rapport qu'Oscar possède avec Yunior qui rêve de se faire Lola, mais que sa nature dominicaine empêche d'être fidèle et pousse à tringler tout ce qui passe. Ne considérez pas que c'est leste, obscène ou vulgaire. Rien de tout cela dans le récit de Diaz. Mais beaucoup de tendresse, de fatalité et de poésie sauvage. A l'instar de la vie elle-même.

Le livre, je l'ai appris lors du Challenge Multi-Défis 2021, est sur la liste des incontournables de David Bowie. Je n'en suis pas étonné. Je me suis régalé. Un roman rock'n'roll.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
C'est presque fini. Presque terminé. il ne me reste plus que deux trois bricoles à vous montrer avant que votre Gardien accomplisse son devoir cosmique et se retire enfin dans la Zone Bleue de la Lune, pour ne plus être entendu jusqu'aux Derniers Jours.
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Vous ne comprenez pas ce que c’est de grandir avec une mère qui jamais de sa vie n’a dit un mot positif, que ce soit à propos de ses enfants ou du monde, qui s’est toujours montrée soupçonneuse, vous a toujours rabaissée et a passé tout vos rêves à la moulinette.

(10/18, p.68)
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La première fois qu’il a entendu l’expression ‘un enfer peuplé de crétins’, il a su exactement où il se trouvait et quels en étaient les habitants.
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Le blème, c'était qu'en matière de mujeres, mon coturne ressemblait à personne sur cette planète.
D'un côté, c'était le pire cas de non-toto-itis que j'avais jamais vu. La dernière personne de ma connaissance qui s'en approchait un tant soit peu, c'était ce pauvre gamin originaire du Salvador que je connaissais au lycée, qui avait la gueule toute cramée, et qui pouvait pas serrer de rate parce qu'il ressemblait au Fantôme de l'Opéra.
Eh bien : c'était pire pour Oscar que pour lui. Au moins, Jeffrey pouvait honnêtement tout mettre sur le dos de son état de santé. Que pouvait dire Oscar? Que c'était la faute de Sauron?
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Un exil dans le Nord! À Nueva York, une ville tellement étrangère que même La Inca n’avait jamais eu les ovaires de s’y rendre.

(10/18, p.172)
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