Dix-huit ans que Ted Burton n'est pas revenu dans son bled, situé dans une vallée encaissée des Appalaches. Sur la route des vacances, suivant une inspiration subite et malgré les protestations de sa femme vipérine et hargneuse, il bifurque pour aller visiter son village natal. Il fait très chaud, la route est en mauvais état, mais rien n'entame l'humeur d'attente joyeuse de Ted, désireux de replonger dans son passé...
Jusqu'au moment où, arrivant à Millgate...il ne reconnaît rien : les rues, les commerces, les maisons, les habitants de la petite ville de son enfance ne ressemblent pas à ce qu'il a connu. Ted se renseigne or personne ne semble avoir connu sa famille. L'accablement le gagne quand il apprend que Théodore Burton est mort de la scarlatine à neuf ans...
Consterné, il s'installe dans une pension de famille à Millgate pour en avoir le coeur net. C'est ainsi qu'il fait la connaissance de Peter Trilling, un gamin chétif et très énigmatique qui s'intéresse beaucoup à ce nouveau venu...parce que personne n'entre, ni ne sort jamais de Millgate !
Nous sommes dans un livre de Ph. K. Dick et que ce texte n'est pas une histoire de SF, mais de fantastique (un des rares, écrit par l'auteur) ne change rien au thème de prédilection dickien : la réalité est une illusion !
Dans le style rapide et incisif propre aux romans d'aventures des années 1960, l'auteur nous fait miroiter un monde falsifié dans lequel aucune chose, ni personne n'est réellement ce qu'elle paraît être. Un univers embrumé et poussiéreux (façades de maisons affaissées, personnages vieux et fatigués, présence d'êtres fantomatiques, bars miteux...) qui est l'enjeu d'entités titanesques, symbolisant le Bien et le Mal.
Dick ne s'est pas seulement inspiré de la mythologie Perse pour "réveiller" ces géants cosmiques, mais, voulu par l'auteur ou non, la finale crépusculaire dans toute sa magnificence horrifique fait -sans hésiter- penser à
Lovecraft.
Ce n'est peut-être pas le meilleur texte de l'auteur...mais c'est incontestablement un "trompe-oeil" de Dick, dans lequel il faut se laisser aspirer sans se poser des questions...