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Barnabé Rudge tome 2 sur 2
EAN : 9783849134952
388 pages
tredition (20/11/2012)
3.67/5   3 notes
Résumé :
... c'est que, dans ce pays de liberté prétendue, en Angleterre même, où nous entrons par milliers tous les ans dans vos troupes pour défendre votre liberté, et pour aller mourir en masse à votre service dans les sanglantes batailles du continent...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce second tome de Barnabé Rudge est, selon moi, très inférieur au premier. C'est sans doute pour le moment ce que j'ai lu de moins bon chez Charles Dickens. Après une très bonne et très alléchante introduction qui se déroule cinq ans avant les émeutes de 1780, l'auteur me semble tomber parfois dans la facilité, notamment au niveau de la construction du roman.

Mais puisqu'il s'agit de Charles Dickens, l'écriture en elle-même est comme chaque fois agréable et très plaisante à dévorer ; on y apprécie son humour toujours distillé par touches ici ou là. Je vous rappelle simplement de quoi il est question dans ce roman.

L'auteur aborde un point de l'histoire d'Angleterre qui m'était totalement inconnu : les émeutes anti-catholiques de 1780. Replaçons-nous dans le contexte ; les années 1770 sont marquées pour la couronne anglaise par la fameuse bataille pour l'indépendance des États-Unis. Les très catholiques armées de notre brave Louis XVI sont dépêchées sur place pour prêter main forte aux Américains.

Et, dans le Royaume, uni depuis 1707, seuls l'Angleterre et le Pays de Galles sont franchement protestants. L'Irlande surtout et l'Écosse dans une moindre mesure sont plutôt catholiques. Ce qui pose quelques petits problèmes de recrutement militaire car la loi est fortement répressive vis-à-vis des catholiques et leur interdit notamment l'enrôlement dans les armées du bon roi George III.

Si bien que face au besoin de chair à canon, le parlement britannique vota en 1778 une loi qui assouplissait les contraintes vis-à-vis des catholiques dans tout le royaume. Cependant, cette " montée en puissance " des catholiques n'est pas vue par tous d'un très bon œil, notamment de la part des intégristes religieux protestants. (Tiens, tiens, Dickens serait-il furieusement d'actualité, finalement ?)

Le très protestant et très puritain lord qui mena la contestation fut Sir George Gordon et c'est pour cette raison que les émeutes en question sont baptisées outre-Manche les Gordon Riots.

Le sujet avait tout pour être très attirant. Dickens arrive parfaitement à tisser une trame romanesque qu'il entrelace avec la réalité historique. Mais la grande faiblesse de ce roman, c'est qu'il brosse des portraits monolithiques, unilatéraux et, pour tout dire, excessivement caricaturaux.

Les méchants sont très méchants et les gentils, très gentils. Dickens (qui est encore très jeune lorsqu'il écrit Barnabé Rudge) commet aussi l'erreur de faire jouer à ses personnages des rôles beaucoup trop éminents dans le déroulement des émeutes.

Et enfin, je trouve qu'il rate le coche, qu'il passe à côté de quelque chose avec son personnage de Barnabé, un simple d'esprit, enrôlé par hasard parmi les émeutiers et jouant, sans le vouloir un rôle de premier ordre lors des événements.

On sent bien que Dickens souhaite s'insurger contre le fanatisme religieux d'où qu'il soit, on sent bien qu'il souhaite nous dire que ce sont toujours les pauvres bougres qui paient l'addition et non les véritables commanditaires et ceux qui tirent les ficelles en coulisses.

Mais que c'est maladroit ! que cette multi-happy end tombe mal et fait rater à l'ensemble l'ampleur et la force que son excellent début nous avait laissé espérer ! Quel dommage ! quel potentiel gâché ou mal exploité…

Ce roman, dans son ensemble, n'est pas un navet, loin s'en faut, mais le désir de vouloir être " gentil " ou " moralisant " décrédibilise sa portée sociale et une bonne part de son intérêt pour la réflexion. Alors qu'en fait, si l'on y regarde de près, il n'est pas si loin d'un immense roman comme Les Misérables, mais où Hugo (qui dans sa jeunesse souffrait des mêmes travers que Dickens) grâce à la patine accumulée au fil des œuvres et à ses soixante ans révolus, a réussit à faire un joyau.

Bref, un roman que l'on peut encore qualifier de jeunesse, qui souffre de certaines faiblesses, mais derrière lequel on voit déjà poindre le monumental écrivain que deviendra Charles Dickens dans ses ouvrages ultérieurs. Mais, ce n'est, bien évidemment, que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Cet état d'esprit ne se limitait d'ailleurs pas à de petits villages comme Chigwell, où les gens étaient craintifs, ignorants et sans défense. Quand ils arrivèrent aux abords de Londres ils rencontrèrent, dans la lumière grisâtre du matin, plus d'une pauvre famille catholique qui, terrorisée par les menaces et les avertissements de voisins, quittaient la cité à pied ; ces gens leur racontèrent qu'ils n'avaient pu trouver de voiture ni de chevaux à louer pour déménager leurs biens et qu'ils avaient été contraints de les abandonner, à la merci de la foule. Près de Mile-End ils passèrent devant une maison dont le propriétaire, catholique peu fortuné, après avoir avoir retenu une charrette pour enlever ses meubles à minuit, les avait fait tous porter dans la rue pour attendre l'arrivée du véhicule et gagner du temps au moment du chargement. Mais l'homme avec lequel il s'était entendu, alarmé par les incendies de la soirée et par la vue des émeutiers qui passaient devant sa porte, avait refusé de tenir parole ; aussi le pauvre catholique, ainsi que sa femme, sa domestique et leurs enfants, restaient assis en pleine rue, tout tremblants, au milieu de leurs biens, redoutant la venue du jour et ne sachant ni que faire ni où aller.
Il en était de même, leur apprit-on, pour les transports publics. La panique était si forte que les malles-poste et les diligences craignaient de charger des voyageurs appartenant à cette funeste religion. Quand les cochers les reconnaissaient, ou quand ils avouaient qu'ils professaient cette foi, on refusait de les prendre, oui, même s'ils offraient de fortes sommes ; et, la veille, les gens n'avaient pas osé saluer dans la rue les catholiques de leur connaissance, de peur d'être dénoncés par des espions et " incendiés ", comme on disait alors, en conséquence.

Chapitre LXI.
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Sur l'inépuisable catalogue des miséricordes du Ciel envers l'humanité, la ressource qui nous est donnée de puiser quelques germes de réconfort dans les plus rudes épreuves devra à tout jamais occuper la toute première place ; non seulement parce qu'elle nous aide et nous soutient aux moments où nous avons le plus grand besoin de l'être, mais parce qu'on trouve dans cette source de consolation, nous avons de bonnes raisons de le penser, un peu d'esprit divin, un peu de cette bonté qui sait déceler au milieu de nos propres actions mauvaises une qualité rédemptrice, un peu de ce que nous possédons, malgré notre nature déchue, en commun avec les anges, de ce qui existait à l'époque lointaine où ils vivaient sur terre et y demeure encore aujourd'hui, miséricordieusement.

Chapitre XLVII.
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L'édifice en feu, qui laissait voir des chambres et des couloirs incandescents par des brèches ouvertes dans les murs croulants ; les foyers secondaires de l'incendie qui venaient lécher les briques et les pierres du dehors de leurs longues langues fourchues et s'élançaient en l'air pour aller à la rencontre de la masse flamboyante de l'intérieur ; le reflet des flammes sur le visage des scélérats qui assistaient à la scène et les alimentaient ; le ronflement du brasier en colère, si haut et si éclatant qu'il avait l'air d'avoir avalé dans sa rapacité la fumée elle-même ; les flammèches vives que le vent emportait rapidement dans sa course précipitée comme une rafale de neige en feu ; le sourd effondrement des grosses poutres de bois qui tombaient comme des plumes sur le tas de cendres et à l'instant même s'effritaient pour n'être plus qu'une poussière d'étincelles ; la coloration inquiétante qui envahissait le ciel et l'obscurité, très profonde par contraste, qui régnait à l'entour ; la révélation à des regards vulgaires et grossiers de tous les petits recoins que les coutumes familiales avaient transformés en lieux sacrés et la destruction par des mains violentes de tous les petits objets préférés du foyer que de vieux souvenirs avaient rendus chers et précieux ; le fait que tout se déroulât, non point parmi des regards apitoyés et des murmures d'amicales compassion, mais sous des cris d'exultation brutale, au point de faire apparaître les rats eux-mêmes, restés trop longtemps fidèles à la vieille maison, comme des créatures possédant des titres à la pitié et au respect de ceux que son toit avait abrités : tout cela s'unissait pour former un spectacle impossible à oublier, leur vie durant, pour tous ceux qui y assistaient sans prendre part à l'action.

Chapitre LV.
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Les affaires étaient complètement interrompues ; la majorité des boutiques étaient fermées ; la plupart des maisons arboraient un drapeau bleu pour témoigner de leur adhésion au camp populaire ; il n'était pas jusqu'aux Juifs de Houndsditch, de Whitechapel et autres lieux du même genre, qui n'inscrivissent sur les portes et sur les contrevents : « Cette maison est à des Protestants sincères ». La population faisait la loi et jamais la loi n'avait été tenue pour plus redoutable ou n'avait su se faire plus aveuglément obéir.

Chapitre LXIII.
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Nombre de ceux qui s'étaient groupés pour défendre la religion de leur pays, au besoin jusqu'à la mort, n'avaient jamais entendu un psaume ni un cantique de leur vie. Mais les gaillards en question étaient dotés pour la plupart de poumons vigoureux et, comme ils avaient un penchant naturel pour le chant, ils entonnaient tous les morceaux paillards ou stupides qui leur passaient par la tête, se tenant pour assez assurés qu'on ne le remarquerait pas dans le chœur d'ensemble et ne s'inquiétant guère de ce qui arriverait si on le remarquait. Nombre de ces improvisations se trouvèrent chantées sous le nez de Lord George Gordon ; mais celui-ci, parfaitement inconscient de leur teneur, passa son chemin à son allure habituelle, raide et compassée, fort édifié et ravi par le pieux comportement de ses disciples.

Chapitre XLVIII.
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"Une des plus grandes auteures américaine actuelle qui revient avec un chef d'oeuvre ! Une transposition de David Copperfield dans les Appalaches digne de Charles Dickens ! " - Jean-Edgar Casel.
Demon Copperhead réimagine le roman de Dickens dans une Amérique rurale moderne confrontée à la pauvreté et à la crise des opioïdes ... le roman de Kingsolver vous emporte avec autant de force que l'original.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html
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