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EAN : 9782846268011
217 pages
Au Diable Vauvert (31/05/2014)
3.69/5   3436 notes
Résumé :
Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d'une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6h27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine ...
Dans des décors familiers transformés par la magie des personnages hauts en couleurs, voici un magnifique conte moderne, drôle, poétique et généreux : un de ces l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (770) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 3436 notes
Depuis plusieurs semaines, un certain engouement s'est créé autour du livre de Jean-Paul Didierlaurent « le liseur du 6h27 ». Et c'est vrai, voilà un petit ouvrage gentillet, le premier roman d'un auteur d'origine vosgienne, nouvelliste déjà récompensé par plusieurs prix littéraires. Vrai aussi qu'elle se lit plutôt agréablement cette histoire d'un employé d'usine amoureux d'une dame-pipi qui manie la plume aussi bien que la chasse d'eau. Et d'ailleurs le récit commence plutôt bien au côté de cet ouvrier « ni beau, ni laid, ni gros, ni maigre » lisant dans le RER les pages des livres qu'il a réussis à sauver du pilon.

Cet ouvrier discret, le gentil «héros» du roman, c'est Guylain Vignolle dont la contrepèterie malheureuse du patronyme «Vilain Guignol » n'a jamais cessé de le blesser, depuis les rires moqueurs de ses petits camarades d'enfance jusque dans les regards ironiques de ses congénères à l'âge adulte.
Si bien qu'il a tout fait pour devenir invisible. Aussi anonyme que possible, il a décidé de «se fondre dans le paysage jusqu'à se renier soi-même pour rester un ailleurs jamais visité»…
N'ayant pas réussi à passer le cap de la contrepèterie de son nom de famille - Vilain Guignol, c'est très traumatisant, a priori bien davantage que de s'appeler Dugland ou Ducon – le voilà à 36 ans qui mène une existence terne et étriquée dans la solitude de son petit studio avec un poisson rouge pour toute compagnie. Comble d'horreur, cet homme qui adore les livres n'a rien trouvé de mieux que de travailler dans une usine où l'on broie du papier !! Jour après jour, il fait ainsi fonctionner la Zerstor 500, un diable de machine vorace qui mange même les rats et les jambes des ouvriers négligents ! Quelques éclaircies viennent toutefois illuminer çà et là cette vie maussade et solitaire en compagnie de personnages hauts en couleurs et généreux : Guiseppe, l'ancien ouvrier unijambiste, le gardien d'usine féru de poésie qui s'exprime en alexandrins…

La première partie du récit est assez savoureuse et nous projette sans mal dans l'univers étriqué du jeune homme. La description de la Zerstor 500 vaut le détour. Ce monstre de gloutonnerie déchiquetant, éviscérant et régurgitant en boue abjecte tous les ouvrages mis au rebut s'anime littéralement sous la plume de Didierlaurent et on imagine aisément le sentiment pénible d'accablement que doit ressentir Guylain, l'amoureux des livres, en actionnant chaque jour cette ignominieuse « Chose » aussi avide que pernicieuse. Déprime, honte et culpabilité dessinent son triste quotidien. Sa seule satisfaction vient alors de la lecture des pages épargnées des mâchoires du monstre.

Et nous, curieux et plein d'espoir, nous nous imaginons déjà être en présence d'un Bohumil Hrabal à la française, avec entre les mains une variante pleine d'esprit d' « Une si bruyante solitude », le chef d'oeuvre de l'auteur tchèque.
Mais la France n'est pas un régime de répression, les actes de résistance se font rares en littérature française et nos auteurs ne sont pas sanglés dans la camisole étroite d'un gouvernement dictatorial dont ils pourraient trouver matière à draper leur art. Et le roman de quitter brusquement les rives de la gravité pour sombrer dans une histoire un peu mièvre d'amour fleur bleue !...Préjudice fatal portant gravement atteinte à notre emballement initial !

Patatras ! Voilà le train qui déraille, on a subitement changé de quai, la destination n'est plus la même, on voyage maintenant au pays des Bisounours !
Où est passé notre monstre de machine dont on entendait les mâchoires de fer claquer en un sinistre fracas? Oubliées la Zerstor et les jolies pages sauvées de son estomac de métal, on passe à la dame-pipi et à la lecture de son journal de bord de technicienne de surface. S'il a fait rire les usagers du RER, le passage où la demoiselle se venge mesquinement d'un chieur désobligeant en lui laissant deux carrés de papier pour s'essuyer le postérieur, nous a, pour notre part, définitivement fâché contre cette Cendrillon moderne et son falot prince charmant !
A ces personnages sans consistance, propres sur eux, ternes et sans âme, on préfère les êtres entiers, les taciturnes, les enflammés, les ours, les râleurs, les colériques, les emmerdeurs, les êtres de chair et de sang avec qui partager les turpitudes de l'existence. On préfère la Zerstor tiens, au moins elle a du caractère !

Non, « le liseur du 6h27 » n'est pas un mauvais livre, c'est un joli conte moderne gentiment moralisateur. Mais il devient trop lisse, trop policé et débordant de bons sentiments, et ce n'est pas la destination que nous voulions suivre… On voudrait toujours pouvoir voyager en 1ère classe en littérature …On s'est trompé de compartiment voilà tout…
Merci à Masse Critique et aux éditions du Diable Vauvert pour l'envoi de ce roman que sincèrement nous aurions bien voulu aimer davantage. La plume de l'auteur est chaleureuse et enjouée, alors la prochaine fois, peut-être pourrons-nous goûter aux joies d'un autre trajet en commun ?...
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Je viens de découvrir une pépite. Je n'en reviens pas de ma chance.
Un grand merci à Babelio, aux éditions "Au diable Vauvert" et à Jean-Paul Didierlaurent, l'auteur.

Un conte de fées comme je les aime. Une histoire pleine de fantaisie, de douce folie, de tendresse.
J'ai pris le RER de 6h27 et pour rien au monde, je ne serais descendue avant le terminus. C'est sûr que la prochaine fois que je prendrai ce moyen de transport, j'aurais une pensée pour l'auteur et son héros touchant et hors du commun.

Guylain Vignolles est responsable du bon fonctionnement de l'énorme broyeuse, la Zestor 500, qui sert à détruire les livres invendus. Son métier ne lui plait pas. Il le rend même malade. Et quand il doit descendre dans les entrailles de la machine pour la nettoyer, il en ressort toujours avec quelques pages rescapées, bien cachées sous son bleu de travail. Ce sont ces quelques pages là qu'il lit le lendemain matin à ses compagnons de train, des gens comme lui ahuris par la monotonie de leur vie mais attentifs à sa lecture.
Ses seuls amis sont un cul-de-jatte, ancien employé au broyage victime d'un accident du travail et le gardien de l'usine, grand amateur d'alexandrins et de théâtre classique. Il a aussi pour confident un poisson rouge, très discret.
Entre métro-boulot-dodo, son quotidien est triste, banal et sans lendemain riant. Et puis, un jour, à bord du RER, Il trouve une clé USB dont le contenu pourrait bien changer sa vie...

Dire que cette lecture m'a enchantée est un euphémisme. le soleil brillait dehors et dedans en même temps. Ces quelques heures partagées ont traversé ma journée en la saupoudrant de joie, d'optimisme, de sensibilité, de tendresse. Je me sens aussi légère qu'une plume, en cet instant. Je me sens bien...

Découvrez cet auteur et son premier roman qui vous permettra de croiser des personnages hauts en couleur : un maître liseur-sauveteur, un cul-de-jatte à la recherche de ses jambes, un gardien d'usine alexandrophile, une dame-pipi et sa tante grande amatrice de chouquettes, des demoiselles pensionnaires d'une maison de retraite... Bref tout un petit monde extraordinaire qui vous entraînera dans une aventure pleine de poésie.

Aujourd'hui est un beau jour !
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Gardez-vous pour toujours de réveiller mes nerfs,
Sous les plus beaux atours, se cache souvent mégère.
Si je suis serviteur je n'en reste pas moins
Concernant ce secteur maître de vos destins !

p43

Conte en pour un...flirt
S'appeler Guylain, c'est ça son malheur
D'avoir trouver la clef du bonheur USB,
Faute d'un blanc destrier
emmène sa belle tout comptant
grâce à un carreau de faïence tout blanc....

Eh oui, un conte qui se compte....
en parler à un poisson rouge c'est le double effet Kiss-Kool
Pour vous persuader n'aillez aucune honte
relisez les citations, écoutez ce qu'elles racontent !
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Guylain Vignolles, un patronyme sujet de nombreuses railleries, a une vie des plus passionnantes. Quoique... Tous les matins, il se lève à la même heure, prend le RER de 6h27 et franchit les portes de l'usine qui l'embauche. Tous les jours, il doit supporter la bêtise de son collègue Brunner, le mauvais caractère et l'autorité assommante de son patron Kowalski et appuyer sur le petit bouton vert qui actionne La Chose, le Zerstor 500, une immense machine qui avale goulûment, broie et rejette les livres invendus et les rebuts. Et tous les soirs, c'est imprégné de cette horrible odeur de papier qu'il rentre chez lui, donne à manger à son poisson rouge, Rouget de Lisle. Petit coup de fil à sa maman tous les jeudis soirs et la vie passe ainsi... Son seul petit bonheur quotidien, il le trouve dans les pages que cette broyeuse n'a pas encore pilonnées. Avant de quitter son poste, il emmène avec lui quelques pages qui ont échappé à cette Chose et en fait la lecture dans le RER du 6h27. Cet homme solitaire, qui ne cherche qu'à se fondre dans la masse connaît d'autres petits instantanés de joie, à savoir le temps qu'il partage avec Yvon, le garde-barrière de l'usine, féru de théâtre et de poésie, il ne cesse de s'exprimer en alexandrins, son ancien collègue, Giuseppe, dont la Chose a mangé la jambe et qui a trouvé une drôle de manière de la récupérer...

Montez à bord de ce RER de 6h27, abaissez le strapontin orange et laissez-vous guider par la voix enchanteresse de Guylain, un homme à l'existence somme toute banale et qui, malgré sa passion pour les livres, les broie. Jean-Paul Didierlaurent nous conte cette tranche de vie, à la monotonie ambiante et empreinte d'une certaine solitude. Malgré cela, l'on suit ce trentenaire profondément humain et touchant dans sa quête d'un certain bonheur. D'une écriture légère, chaleureuse et poétique, ce petit concentré de bonne humeur, d'amitiés improbables, d'alexandrins récités, de vieilles parfois dyslexiques et d'amour pour les livres nous plonge dans une sorte de quiétude et nous sort, pour quelques minutes, de notre monotonie.

Le liseur du 6h27... entre en gare...
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Un homme un petit peu à la « limite inférieure de la courbe. »
Si le gros du troupeau se situe dans la moyenne de cette odieuse courbe, il y a aussi ceux, plus petits, plus souffreteux, moins dégourdis, qui se trouvent juste en dessous.
C'est le cas de Guylain Vignolles qui mène une existence esseulée. Il occupe un job insignifiant consistant à entretenir une effroyable machine qui broie des tonnes de livres pour les transformer en pâte à papier… Il a pour seuls amis deux âmes déchues, deux vaincus de la vie : un cul-de-jatte et un déclamateur d'alexandrins un peu fou… J'oubliais le poisson rouge compréhensif qui fait semblant de comprendre toutes ses confidences…
Non content d'être « à la limite inférieure de la courbe », Guylain Vignolles est affublé d'un patronyme propre aux contrepèteries de mauvais goût. Depuis la cour d'école, combien de Vilain Guignol eut il à subir, souffrir, accepter ?
Une pauvre vie de solitaire, bête à pleurer, douce-amère.
La vie de Guylain est un désert. Qu'importe ! Il le transforme en jardin fleuri quand il arrache des dents acérées de la machine quelques pages de livres qu'il déclame dans le RER du 6 h 27 à la stupéfaction et à l'infini plaisir des voyageurs ; quand il soutient son ami cul-de-jatte ; quand il cherche avec frénésie l'amour de sa vie…
J'ai beaucoup ri de ses balourdises et maladresses d'handicapé de la vie, de ses rêves trop grands suivis de chutes brutales dans la réalité grise, au milieu des imbéciles et des chefaillons caricaturés, peut-être trop, dans la méchanceté et la ganacherie.
J'aurais bien voulu suivre encore un petit peu Guylain quand il finit par LA rencontrer car, à n'en pas douter, Guylain le rêveur, le tendre, est l'homme d'un seul et unique amour…
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critiques presse (6)
LaPresse
21 septembre 2015
Si Didierlaurent ne bouscule pas et que le plaisir qu'il offre est fugace, il offre tout de même un divertissement de qualité. C'est déjà beaucoup.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LActualite
15 septembre 2014
Jean-Paul Didierlaurent a concocté un conte au charme irrésistible qui a aussi été, sans contredit, le roman de l’été [...].
Lire la critique sur le site : LActualite
LaPresse
07 juillet 2014
Ce qui fait le charme du Liseur, c'est aussi cet amour de la chose écrite qui transpire de partout, encore plus que l'amour du livre objet.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
23 mai 2014
Ce conte de fées réjouissant met en scène un ouvrier du pilon qui lit dans le RER les pages de livres condamnés à la broyeuse. Rencontre avec l'auteur, heureux, un vosgien de 52 ans.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
21 mai 2014
Le ton est vif; la parabole, jolie; le message, optimiste. Pourquoi bouder son plaisir?
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
09 mai 2014
Le Liseur de 6h27 se garde d'être un roman sociologique ou moralisateur, se réclamant plutôt du «conte moderne». Car à la monotonie relative de la vie de Guylain Vignolles est appliquée une légèreté et une poésie qui réconfortent en des temps de crises économique et identitaire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (333) Voir plus Ajouter une citation
Tapotant de ses doigts nerveux sur la vitre, le type reprit plus méprisant que jamais : " Il va se décider quand, à la bouger sa barrière ? "
Un nouveau, pensa Guylain. Seul un nouveau pouvait se permettre une telle liberté de ton avec Yvon Grimbert ! Après avoir glissé un marque-page dans son édition du Cid de 1953, Yvon indiqua à Guylain le coffret entreposé sur l'étagère qui courait le long de la guérite. Il y avait là, précieusement conservées, des années de versification de son invention. La caisse sur ses genoux, le gardien passa en revue le répertoire à sa disposition devant le regard courroucé du chauffeur. La moustache frémissante de contentement, Yvon se saisit de la fiche n°24 intitulée " Retards et châtiments". Tout en réajustant sa cravate d'une main experte, il jeta un bref coup d'œil au texte, le temps de s'imprégner du rôle. Il lissa du plat de la main sa chevelure argentée, s'éclaircit la voix d'un ultime raclement de gorge. Alors, Yvon Grimbert, ancien élève du cours Alphonse Daubin de Saint-Michel-sur-l'Ognon, promotion de 1970, abonné au Français depuis 1976, tira une première salve :

" Il est passé midi, voyez la grande horloge.
Déjà sur la demie, la grande aiguille se loge !
Quittez cette arrogance, rengainez ce dédain,
Il reste une petite chance que je vous ouvre enfin. "

L'hébétude qui se dessinait sur le visage du chauffeur avait balayé toute sorte de colère. Son menton persillé d'une barbe naissante s'affaissa au fur et à mesure qu'Yvon scandait le quatrain de sa voix puissante. Guylain sourit. C'était bien un nouveau. Ca leur faisait souvent ça la première fois. L'alexandrin les prenait de court. Les rimes leur tombaient dessus, les asphyxiant aussi sûrement qu'une volée de coups portée en plein plexus. " C'est droit comme une épée, un alexandrin, lui avait un jour expliqué Yvon, c'est né pour toucher au but, à condition de bien le servir. Ne pas le délivrer comme de la vulgaire prose. Ca se débite debout. Allonger la colonne d'air pour donner souffle au mot. Il faut l'égrener de ses syllabes avec passion et flamboyance, le déclamer comme on fait l'amour, à grands coups d'hémistiches, au rythme de la césure. Ca vous pose son comédien, l'alexandrin. Et pas de place à l'improvisation. On ne peut pas tricher avec un vers de douze pieds, petit. " A 59 ans, Yvon était passé maître dans l'art de les décocher. Déployant son mètre quatre-vingt-cinq, le gardien était sorti de sa guérite :

" Nombreux sont les livreurs qui affrontent mon courroux.
Arrivez donc à l'heure et vous me verrez doux.
Livrez ce chargement, quittez cet air hagard,
Effacez le tourment qu'à causé ce retard.

Tachez à l'avenir de respecter l'horaire,
Ne laissez pas tarir ma patience légendaire.
Quelle que soit l'heure passée, il n'est plus grand outrage
Que de réceptionner un nouvel arrivage.
[...]

L'inquiétude avait pris possession du camionneur. Il n'avait plus soudain devant les yeux Yvon Grimbert, insignifiant gardien d'usine, mais le grand prêtre tout-puissant du temple.
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Je suis toujours attirée par les titres de roman un peu insolite. Pour ne rien vous cacher, je n’avais pas lu de critique de ce livre avant de l’attraper au vol dans un rayon comme une affamée parce que je n’avais plus rien à me mettre sous la dent… Le premier tiers du livre j’ai cru pendant un moment à une pâle copie de Farenheit 451 de Ray Bradbury, bref j’étais déçue ! Je ne savais pas où Jean-Paul Didierlaurent m’emmenait avec un récit que je pensais involontairement plat. Ce pauvre monsieur Guylain Vignolles et la monotonie de ses déboires avec cette broyeuse de livre infernale dont il est le machiniste (ou devrais-je plutôt dire le commandant) ne me passionnait guère. Mon seul petit soleil était son affection pour le poisson rouge joliment nommé rouget de Lisle cinquième du nom ! Entre dix bâillements intempestifs, je lisais laborieusement une page. Mais l’arrivée de Guiseppe a tout changé. Cet ancien employé de l’usine où sévit la Zestor 500 a été littéralement broyé par les mâchoires de fer et y a laissé ses jambes. Depuis sa quête du graal est de retrouver les fragments de ses membres inferieurs disséminés dans l'édition des sept-cents cinquante-huit exemplaires de « Jardins et Potagers d'autrefois ». Guylain l’y aidera de façon plutôt curieuse. Le fil conducteur du récit est basé sur une multitude de fragments hétéroclites (de vies aux pluriels, d’écrits, de pensées) Mais la vraie question de cet ouvrage est : « Que peut-on faire faire de positif avec le peu de choses que nous offre l’existence ? » C’est un message qu’il nous faut retenir car trop souvent nous nous apitoyons sur ce qui est inaccessible ou en tout cas ce qui nous parait inaccessible. Or, si on y regarde de plus près, c’est notre mission première d’embellir notre quotidien pour qu’il soit riche de tout et de rien. C’est bien l’évolution que subit sans le savoir Guylain Vignolles. D’abord en sauvant de l’oubli ces pages de livre esseulées miraculée du monstre. De plus il les lit dans le RER du 6h23 et partage sa joie avec les passagers dont les sœurs Delacôtes… Il ira bientôt ensoleiller leur « résidence » en faisant des matinées lectures dont elles sont si friandes. Puis, un matin comme les autres dans le RER, il trouve une clé USB oubliée… Il ouvre les documents et découvre un trésor. Le journal intime d’une dame pipi !
Une épopée dans le style littéraire de « La délicatesse » de David Foekinos avec moins de fioritures au début mais avec une palette de personnages plus excentriques les uns que les autres. Une belle écriture toute en authenticité et simplicité ! Belle découverte. Même si la dame pipi, Julie, ressemble à peu de choses près à l’héroïne d’Eric-Emmanuel Schmitt dans « Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eue » J’ai adoré c’est dans la simplicité qu’on trouve les meilleures pépites ! Très chouette pour un premier roman. Il y a aussi une ribambelle de citations savoureuses! Je lirai une seconde fois pour les relever!
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14 717. Je rêve toujours d'un nombre plus chaleureux, plus rondouillard, plus agréable à l'œil. Un nombre avec en son sein quelques zéros bien ventru, voire des huit, des six ou des neufs pansus à souhait. Un beau trois, généreux comme une poitrine de nourrice, suffirait amplement à mon bonheur. 14 717, c'est tout en os, un nombre pareil. Ça vous exposé sa maigreur sans détour, vous agresse la rétine de l'aigu de ses angles. Quoi que vous fassiez, une fois posé sur le papier, ça reste toujours une suite de droites facturées.

P109
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Les gens n'attendent en général qu'une seule chose de vous: que vous leur renvoyiez l'image de ce qu'ils veulent que vous soyez. Et cette image que je leur proposais, ils n'en voulaient surtout pas. C'était une vue du monde d'en haut, une vue qui n'avait rien à faire ici. Alors s'il y a une leçon que j'ai bien apprise en près de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c'est que l'habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.
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Mon ouïe s'est affinée avec le temps et je peux à présent sans hésiter analyser chacun des sons qui me parviennent au travers des portes closes, tout feutré soit-il. Ma tante, nantie de cette omniscience javellisée qui la caractérise, a classé ces bruits en trois grandes catégories. Il y a tout d'abord ceux qu'elle désigne sous la jolie appellation de bruits nobles. Le cliquetis discret d'une ceinture que l'on déboucle, le chant léger d'une fermeture éclair que l'on descend, le claquement sec d'un bouton pression que l'on déverrouille, sans oublier tous ces bruissements d'étoffes, soieries, Nylon, cotons et autres tissus qui chantent contre les peaux en autant de frottements, froissements, froufroutements et autres friselis. Arrivent ensuite ce qu'elle nomme les bruits paravents. Toussotements gênés, sifflements faussement enjoués, activation de la chasse d'eau, tous ces sons censés étouffer la troisième catégorie sonore, celle des bruits d'activité : flatulences, gargouillis, clapotis, chant de l'email, bruits de plongeons de haut vol, dévidage du rouleau de papier, déchirement de la ouate. Enfin, j'ajouterais pour ma part une dernière catégorie, plus rare mais ô combien intéressante, celle des bruits d'aise, tous ces vagissements et soupirs de contentement qui s'élèvent parfois vers le plafond lorsque s'ouvrent les vannes et que cascade sur l'email le jet libérateur trop longtemps retenu ou l'avalanche bruyante d'un trop plein intestinal.
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Vidéo de Jean-Paul Didierlaurent
Book trailer de Malamute de Jean-Paul Didierlaurent aux éditions Au diable vauvert. Entre drame rural et huis-clos montagnard sous la neige : Après le liseur du 6H27, JPDL revient avec un conte moderne merveilleux. « À son admirable talent de conteur, JP Didierlaurent ajoute ici un sens éblouissant du tragique. » Bernard Lehut – RTL « À la croisée du roman réaliste, du roman familial et du conte. Brassant d'un même mouvement passé et présent, rudesses de la nature et abîmes de l'intime, prosaïque et merveilleux. Une nouvelle réussite d'écriture. Jean-Claude Lebrun – L'Humanité
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