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EAN : 9782246592914
326 pages
Grasset (29/08/2001)
2.93/5   14 notes
Résumé :

" Je sais aujourd'hui que mes parents n'ont été pour moi que des pièges. Sous les visages de la psychanalyse et du communisme, ils formaient les deux pans du même gouffre. " C. D. le narrateur, un adolescent surdoué et névrosé, en proie à des hallucinations, doit être interné dans un centre spécialisé. Comment en est-il arrivé là ? Entre un père disciple de Marx et une mère adep... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après Ainsi va le jeune loup de sang, j'ai ressorti de mes étagères un autre roman de Christophe Donner qui m'attendait depuis plusieurs années : L'empire de la morale. Sur la quatrième de couverture, on peut lire ceci :

Un jeune adolescent surdoué, habité par une hallucination qui fait de lui un handicapé de la vie auquel tout contact physique est interdit, est interné dans une institution spécialisée. Enfin libéré, il part avec son père à Saint-Tropez avant de revenir vers Paris où il s'affranchit progressivement de ses démons.

Comment le narrateur en arrive-t-il là ? Il est le fils bâtard de Freud et de Marx, de la psychanalyse et du communisme, deux fléaux incarnés par sa mère et son père.

La religion de l'Inconscient contre celle de la Révolution ont coulé dans ses veines depuis l'enfance : c'est cette double violence exercée sur lui, ce double mensonge meurtrier du siècle, qui constituent les véritables personnages du roman.

La révolte contre la tyrannie douce d'une mère psychanalyste passe par la dénonciation de l'escroquerie du freudisme ; l'apostasie de la religion du père communiste passe par le règlement de comptes avec la légende léniniste.

De sorte que l'extrême singularité du « roman familial » touche à l'universalité du roman générationnel. Roman total où l'on trouve de la drôlerie et de la sauvagerie, de la science et de l'histoire, une théorie de la morale et une certain pratique de la fiction ...


L'empire de la morale n'est pas un roman comme les autres. Je suis tenté de dire que c'est plus qu'un roman, tant le narrateur, ou l'auteur, nous entraîne parfois dans des réflexions qui vont au-delà de la fiction. Je vais partir de l'hypothèse que c'est l'auteur qui s'exprime dans les deux passages, excellents et mémorables, où il dénonce la psychanalyse et les théories freudiennes dans un premier temps, puis le communisme, dans des démonstrations qui semblent d'une précision chirurgicale. Je n'ai pas suffisamment de connaissance de ces sujets pour évaluer la pertinence des éléments présentés par Christophe Donner, mais je dois au moins reconnaître que cela semble très bien documenté, mais aussi sa force de conviction et le fait que tout cela semble vraiment « sortir des tripes ». J'ai particulièrement apprécié ce qui ressemble presque à un cours sur l'histoire du socialisme, sur Lénine et sur la révolution russe.

Ces réflexions éclipsent presque le reste du roman, plus anecdotique à mes yeux, avec notamment des éléments sur la relation du narrateur avec ses parents. Je ne sais plus, finalement, si la dénonciation de la psychanalyse et du communisme servent de prétexte au propos du narrateur sur ses parents, ou si c'est l'inverse qui est voulu. Quel est le message, finalement ? C'est peut-être la seule critique que je ferais à ce livre : ne pas vraiment choisir entre fiction et essai. Les deux aspects du livre sont réussis, c'est là la force de Christophe Donner, mais c'est un peu perturbant pour le lecteur un peu simplet que je suis. Je reste malgré tout emballé par ce livre particulier et marquant.
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Dans ce récit autobiographique consacré aux traumatismes et aux souffrances de son enfance et de son adolescence, Christophe Donner entreprend de régler des comptes avec deux idéologies en vogue dans les années 60-70, la psychanalyse et le marxisme-léninisme, incarnés dans sa famille par une mère analyste et un père militant communiste. Cela commence par l'évocation d'un malaise psychique chez l'enfant, une hallucination obsédante qui transforme sa main en une pince gigantesque et étouffante : les internements en maison de santé spécialisée, les psychiatres et autres interprétations analytiques ne viendront pas à bout de cette souffrance que l'adolescent vaincra seul, à l'occasion de vacances dans le Midi avec son père, communiste fervent ; mais l'idéologie révolutionnaire de ce dernier, fondée sur des prémisses violentes, ne peut qu'aliéner la liberté de pensée du jeune Christophe.
Le roman est aussi l'occasion d'une charge accusatrice contre ces deux interprétations du monde psychologique et social, stigmatisées pour l'hypothèse violente qui les fonde : l'Oedipe pour la psychanalyse, la lutte des classes pour le marxisme. Cela se termine par un éloge un peu provocateur de l'argent comme facteur de civilisation.
Beaucoup de violence dans ce règlement de comptes avec ces deux idéologies par parents interposés (ou l'inverse). Mais la remise en cause du caractère totalisant de ces interprétations du moi et de la société a été faite depuis longtemps et manque d'originalité. En revanche, nier l'existence de l'inconscient et de l'injustice sociale, sous prétexte que Lénine était syphilitique( !), c'est jeter le bébé avec l'eau du bain et manquer de discernement. La rancune contre ses parents semble aveugler C. Donner, qui donne à ce pamphlet un ton inutilement outrancier ou provocateur, sans que ses élucubrations para-philosophiques sur la nature de la morale paraissent bien convaincantes.
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Il est un peu complexe de critiquer le roman de Christophe Donner alors qu'à la simple lecture de cet ouvrage, la classification d'essai autobiographique semblerait plus approprié. "L'Empire de la morale" regroupe en réalité un ensemble de considérations sur des sujets qui ont traumatisé l'enfance de l'auteur, transformant son récit en une succession de diatribes virulentes sur des sujets divers et variés. Ainsi l'auteur médira de la psychanalyse freudienne, laquelle ne jure que sur la culpabilisation sexuelle et le renvoi systématique au complexe d'Oedipe, ou encore honnira le communisme portant en son germe la sacralisation de la violence depuis les origines léninistes. En adoptant le point de vue d'un enfant surdoué et incompris, sera élaborée une théorie de la morale, qui je l'avoue humblement, m'a paru absconse et que je ne saurais résumer sans avoir au préalable relu les passages plusieurs dizaines de fois. le lecteur ressort de cette lecture parfois intrigué et amusé devant le renversement des rôles entre fous ou prolétaires à soigner ou guider et leurs thérapeutes ou dirigeants politiques, déboulonnant certains totems de l'autorité. le plus souvent, c'est la circonspection et l'éreintement qui prédomine, nous laissant souvent déboussolé et stupide devant les concepts développés, surtout gêné d'assister à un règlement de compte familial vitriolique qui libérera à n'en pas douter l'auteur, à défaut d'en combler son lecteur.
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Il m'arrive souvent, lorsque je flâne à la bibliothèque municipale, de prendre un livre totalement au hasard.
Et je fais parfois des découvertes réjouissantes.
Mais là ... (très) mauvaise pioche !

Même si je ne suis pas pingre, je m'en serais voulu d'avoir acheté un livre aux propos fumeux (je n'ai rien compris à cette approche pseudo-neurologique de la morale - s'il y a quelque chose à comprendre) ; qui n'est qu'un prétexte à un règlement de compte familial assez sordide.
Je suis très très très ... loin d'être un fan du marxisme-léninisme et de la psychanalyse.
Mais la critique perd tout intérêt quand elle relève de l'hystérie.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je suis né communiste.Vers l'âge de six ou sept ans j'étais coco à mort, promis à un fanatisme plus radical que celui de mon père, si c'est possible. Mais un jour, il s'est passé quelque chose.
   On partait en vacances, tous les six dans la voiture, la caravane derrière. Au moment de passer le Petit-Clamart, non loin du carrefour où, quelques mois plus tôt,  le général de Gaulle avait échappé à la mort, et alors que nous commentions cette tentative d'assassinat, j'ai dû dire ce que je pensais du général de Gaulle, ce qu'on devait tous penser du général de Gaulle : ce salaud, dommage qu'ils l'aient raté, dommage qu'il ne soit pas mort, voilà ce que j'ai dû dire, et dans le brouhaha de cette voiture, la radio, Lucien Jeunesse avec son jeu des Mille francs, j'ai entendu la voix de ma grand-mère, la seule voix féminine de la tribu :
  - Il ne faut jamais souhaiter la mort des gens, Christophe.
  D'où elle sortait ça, Mamie ? Et d'abord, comment on allait faire pour tuer les bourgeois, les curés, les capitalistes, si on ne souhaitait pas leur mort ? Ça ne tenait pas debout. Elle avait déraillé. Mieux valait oublier cette phrase incohérente.
   Mais cette phrase n'a jamais été oubliée, aujourd'hui encore je continue d'entendre la voix étrange de ma grand-mère, ce n'était pas vraiment sa voix, ça venait de beaucoup plus loin, elle-même ne s'était certainement pas reconnue. Je me souviens que ça avait jeté un froid dans l'ambiance survoltée de la voiture. Tandis que Lucien Jeunesse égrenait les secondes de la question rouge sur son triangle, mon grand-père faisait semblant de n'avoir rien entendu, mes oncles se forçaient à ricaner, mais le cœur n' y était plus. Nous étions tous en présence d'un énigme, effarés par ce commandement de Dieu sorti de la bouche de Mamie, et qui venait de sauver le général de Gaulle, notre pire ennemi...
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Je ne suis presque jamais d'accord avec ce qui est écrit dans les livres, je suis systématiquement contre les opinions, mais j'aime bien leur répondre, je pense que c'est le jeu. J'éspère qu'un jour les phrases viendront de moi, les idées seront vraiment neuves. Certains disent que les idées neuves n'existent pas. Les contredire serait leur donner raison, puisque cette contradiction n'est pas non plus une idée neuve. Tu comprends ?
 _ Et tu n'aimes pas les histoires simples, les aventures ?
 _ Non. C'est comme de la pensée remâchée, de la bouillie, je n'y crois pas, je n'apprends rien. Pour moi, l'ignorance mérite mieux que ça. C'est une sensation utile, comme la soif, la faim, elle a sa place dans la conscience, l'ignorance n'est pas le contraire de la connaissance...

  Elle est sur le dos, elle m'écoute vaguement, dans le sens des vagues, sans savoir si c'est la mer ou ma voix qui la fait vibrer.
  Je la regarde s'endormir pour de vrai en me demandant ce qu'il y aura après, ce que je pourrais faire d'autre, dans mon état. Finalement le jour se lève. C'est toujours comme ça quand on se pose des questions impossible à résoudre : le jour se lève.
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On n'était plus que trois ou quatre autour de la table. La fenêtre de la chambre de Lilas était ouverte. Toujours pas de lumière, rien. Il devait être 4 heures du matin lorsqu'il s'est passé une chose très douce : le père de Lilas a fredonné la chanson qu'il était en train d'écrire ces jours-ci. La chanson était triste, c'était une histoire d'amour, un type qui revoit la fille qu'il a aimée après plusieurs années, elle a changé, elle a du fric, elle ne dit plus aux copains ça va ça vient, elle est toujours aussi jolie, sauf le cœur. Voilà l'histoire. Jacky la chantait en me regardant, en s'appuyant sur moi, comme pour me l'apprendre, mais c'était plus ça, c'était pour me parler des femmes, son petit brin de Lilas était devenue une femme parmi toutes les femmes, et nous, pauvres de nous, toujours des chiens lépreux d'Afrique, au regard noyé... Je me souviendrai toujours de cette chanson en train de faire son chemin entre les mots, la mélodie, encore un verre, il la reprenait, jusqu'à ce que ce soit ça, parce qu'il n'y avait rien de mieux à dire. Quand il l'a chantée pour finir, c'était comme un chagrin, toutes les chansons sont des chagrins, quand on y pense, tous les malheureux écrivent des chansons, ils marchent, la tête baissée, on croit qu'ils comptent leurs pas, mais ce sont des rimes, la cadence, le pourquoi, comment ça finit, dès qu'ils ont le refrain ça va ça vient, ça va déjà mieux.
   Jacky était encore meilleur chanteur que je ne le pensais, ou alors c'était l'homme avec son chagrin, et non plus le chanteur, que j'aimais à présent, pour toujours.
   Je suis remonté dans la chambre de Lilas, saoul, je me suis couché dans son lit. Elle était plus jolie que jamais, son odeur...
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Videos de Christophe Donner (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Donner
Christophe Donner vous présente son ouvrage "La France goy" aux éditions Grasset. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2549013/christophe-donner-la-france-goy
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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