AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782818054291
192 pages
P.O.L. (06/01/2022)
3.05/5   21 notes
Résumé :
René, paisible retraité, rencontre Lison, jeune militante animaliste. Il verra en elle la fille qu’il n’a pas eue et une affection réciproque les conduira à passer outre leurs visions opposées du monde.
René découvrira avec stupeur le projet d’un courant antispéciste radical situé en Suisse : établir la liste des animaux ayant le droit de vivre (les proies) et de ceux devant disparaître (les prédateurs).
Que lire après Le zoo des absentsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après les manchots de la Fonte des glaces, les grands prédateurs de ce Zoo des Absents… Où l'on retrouve avec plaisir la veine satirique de Joël Baqué, sans doute la tonalité qui convient le mieux à son écriture. Certes, le récit est hanté comme la plupart des textes de l'auteur par le thème de la solitude, une solitude qui appartient sans doute à l'expérience personnelle de l'écrivain, une solitude génératrice de mélancolie, une condition qui handicape parfois fortement la vie du protagoniste et le pousse alors à préférer, comme le Louis de la Fonte des glaces, la compagnie des bêtes à celle des humains. Mais si ce thème était central dans L'Arbre d'obéissance, avec son héros à la vie particulièrement ascétique au milieu d'un paysage de désert, il passe ici au second plan, l'intrigue s'attachant à explorer les modalités de notre relation aux animaux, dénonçant avec une vraie joie malicieuse les ridicules des excès militants de certains antispécistes, tout en célébrant quelquefois, au détour d'une caresse, la tendresse qui peut occasionnellement nous lier aux bêtes, comme lorsque René, qui « ignorait que les rats ronflassent » (jolie concordance des temps allitérative, le genre de formule qui vous fait adorer le style espiègle de Baqué !), est frappé d'un coup de foudre pour le rat Romulus, découvrant qu'il ronronnerait presque comme un chat…
René est un comptable (ayant fait carrière dans une charcuterie industrielle, un passé qui ne passera pas complètement dans l'histoire…) à la retraite, un homme d'ordre et de principes, plutôt chiffres que lettres, sudokus que mots croisés. Plusieurs fois divorcé, un brin « coincé », il mène à Béziers une vie de grand solitaire, jusqu'à sa rencontre à la caisse d'un supermarché avec Stella, une jeune caissière qui l'embarque dans une discussion autour du veganisme, puis l'invite à assister le soir-même à une conférence sur l'antispécisme. D'abord réticent, René s'y rend, se prend d'amitié pour Lison, une militante antispéciste, professeure de philosophie morale et spécialiste du bien-être animal, qui le fascine, découvre les débats qui opposent simples sympathisants de la cause animale, végans et antispécistes, radicaux du mouvement L214. Dès le lendemain, sa vie s'organise autour de ces questions, si nouvelles pour lui, et brusquement, parce qu'elles sont aussi au centre des discussions avec ses nouvelles amies, Lison et Stella, si essentielles. Son destin de paisible retraité bifurque, empruntant les voies d'une aventure qui le mènera jusqu'en Suisse et à la création d'un improbable zoo…
Dès les premières pages, le lecteur tombe sous le charme de cette comédie, conquis par le regard faussement candide de René, son appréciation ironique des travers de tous ces fous de la cause animale, ses rêves rocambolesques (rien à voir, pour le coup, avec les rêves sans saveur ni logique émaillant le dernier Houellebecq !) tirant la leçon de ses rencontres quotidiennes avec le monde des bêtes. Mais au-delà du plaisir comique qu'il propose, le roman est aussi le lieu d'un questionnement sur notre rapport aux autres êtres vivants, sur les limites de la prédation, et si Joël Baqué se garde de tirer morale de l'aventure, il ouvre de larges horizons à notre réflexion. Une petite fable mêlant le rire à la sagesse, quoi de mieux pour commencer 2022 ?

Commenter  J’apprécie          1130
Se plonger dans un roman de Joël Baqué, c'est partir pour un romanesque qui cache bien son jeu et donc se retrouver à être de plus en plus surpris au fil des pages qui se tournent.
Sans rien révéler de ce qui vous attend, disons que cela démarre comme un roman d'Anita Brookner, avec un personnage lambda, passe-partout, seul et à la vie assez étriquée. René est un retraité paisible, qui se satisfait de trois fois rien et que personne ne remarque vraiment. Il fait ses courses dans la supérette pas loin de chez lui, arrose un pin parasol bonzaï offert par ses collègues lorsqu'il a quitté son emploi de comptable pour les Salaisons Occitanes après y avoir passé 40 ans, aime toujours les chiffres et donc remplir des grilles de Sudoku. Rien de bien fun donc.... sauf que lors d'un banal échange avec la caissière du petit supermarché voisin, sa vie va soudain prendre une direction franchement inespérée. Il y sera question de militants animalistes, antispécistes, d'amitié aussi. Petit à petit, le brave René va être emporté dans un univers ultra singulier pour finir par être le moins anonyme possible.
Cette trame du personnage ordinaire qui le devient nettement moins était déjà présente lors d'un précédent roman de l'auteur ( "La Fonte des Glaces" en 2017) et déjà articulée autour de thèmes portant sur l'écologie et amenant évidemment le lecteur à se questionner. "Le Zoo des Absents" suit le même projet, fera réfléchir sur le mouvement animaliste tout en faisant retrouver au lecteur cette sensation très agréable de partager avec le héros un même étonnement face à ces nouveaux horizons qui s'ouvrent. Si on peut faire un tout petit reproche à Joël Baqué, ce serait de s'être un tout petit trop attardé sur les discours des militants dans la première partie... Mais la suite fait vite oublier cela grâce à une plume qui n'a pas son pareil pour fixer une poétique de l'ordinaire tout en regardant le monde actuel ( et à venir) avec acuité. On passera en douceur de la chronique intimiste apparemment simple au roman d'anticipation dérangeant sans que jamais on ne perde l'intérêt qui va sans cesse grandissant.

Allier originalité, plaisir de lecture et réflexion, c'est rare dans le roman français. Joël Baqué sur ce terrain là, se révèle un maître !
Commenter  J’apprécie          920
René est un comptable à la retraite. A l'occasion il aime discuter quelques minutes avec la caissière du supermarché où il fait ses courses, Stella. Grâce à elle, il va rencontrer Lison, une jeune universitaire brillante qui est aussi une dynamique militante de la cause animaliste. Il va ainsi être amené à côtoyer toutes les chapelles de ce mouvement, des vegans, des « L-214 », des antispécistes, des RWAS (Reducing Wild-Animal Suffering)… ● Ce roman a le mérite de nous introduire dans le monde de l'animalisme et en particulier de nous faire découvrir les RWAS, dont le projet démentiel est d'éradiquer les prédateurs dans la nature. Lorsque j'ai lu cela et les excès auquel ce mouvement peut conduire (par exemple remplacer le gazon autour d'une maison par du béton ou du faux gazon afin qu'il n'y ait pas d'insectes proies qui se fassent dévorer par leurs prédateurs), je me suis dit, ce n'est pas possible, c'est une invention de l'auteur, ça ne peut pas exister ! Que nenni, cela existe bien, et apparemment c'est financé par quelques gourous milliardaires de la Silicon Valley… ● Cependant, je trouve le roman maladroit sur deux points essentiels au moins : d'une part les différences entre les chapelles ne sont pas suffisamment explicites et il faut recourir à Google pour les comprendre, à moins d'être déjà initié. ● D'autre part, le récit, raconté avec un style très (trop) simple, est plein de naïvetés, au point qu'on a souvent l'impression d'avoir affaire à un roman jeunesse. ● Les personnages sont superficiels, l'histoire assez grotesque, les dialogues artificiels (ce « genre » qui revient dans toutes les répliques de Stella pour bien montrer qu'elle est jeune et caissière…). ● Il y avait là matière à faire un superbe roman, malheureusement ici il est plutôt raté.
Commenter  J’apprécie          553
Oui j'ai acheté ce livre car il traite d'antispecisme et contrairement à certains lecteurs ici présents, je ne déteste pas cette idéologie ni n'en est dégoûtée. Pour moi ça serait comme être dégoûtée par l'antiracisme voilà voilà c'est dit.
Mais le but de ma critique est de parler du livre et non pas de la réaction de certains à sa lecture ou même simplement à la vue du terme antispecisme.

René est un personnage qui se laisse un peu malgré lui entraîner par une jeune fille vegan du nom de Lison. Ce monsieur est à la retraite et voit en cette nouvelle aventure et relation une nouveauté à même de rompre son monotone quotidien. Seulement voilà, il est tombé sur un courant antispeciste prônant l'élimination des prédateurs de la nature, il assiste à des réunions entre militants, lit des livres sur le sujet et ma foi se laisse harponner sans grande conviction. Je soulignerai ici que la grande majorité des antispecistes n'est pas pour l'élimination des prédateurs, je pense que certains l'ont oublié. Mais voilà il est question de cette minorité dans ces pages et ma foi l'auteur le fait bien et avec de l'humour.

Le roman est court et se lit facilement, il faut savoir prendre de la hauteur avec ce qui est décrit car encore une fois c'est une extrême minorité de personnes antispecistes et l'auteur n'a pas écrit un pamphlet contre ce courant de pensées !
Commenter  J’apprécie          381
Tout commence par une conversation avec une caissière, et puis ça devient une réunion, et puis des amitiés, des changements assez conséquents pour notre jeune retraité. Ou comment peu à peu, de presque végétarien qu'il est mais pas par principe, on en apprend avec lui sur l'association L.214, sur le véganisme, puis l'antispécisme. Ou comment à force de défendre leur dogmatisme tous ces partisans se divisent dans la pratique politique mais en arriveront au projet du Zoo des Absents : bonne idée ou pas ? Ça part de rien et on apprend beaucoup dans un petit roman qu'on avale. Bien écrit et instructif.
Dans ma bibliothèque idéale ? NON.
Commenter  J’apprécie          340


critiques presse (2)
LeMonde
29 avril 2022
L'antihéros du « Zoo des absents », embarqué malgré lui à une conférence antispéciste, questionne le devenir-hologramme de l'humanité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
FocusLeVif
11 mars 2022
Initiant un placide retraité à la cause antispéciste, Joël Baqué renoue avec l'humour discret et grinçant où il excelle.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Romulus trottinait entre les jambes des invités. René lui présenta un gressin. Repu, le rat renifla le gressin sans y toucher puis sauta sur ses genoux. René sursauta. L'animal semblait bonasse, mais bon, un rat, c'est un rat ! Romulus le fixa droit dans les yeux sans cesser de renifler. René se sentit pris en étau lorsqu'il croisa le regard bien plus bestial de Franguin. L'animal se pelotonna contre son ventre. Il risqua une main prudente sur son dos, s'attendant presque à le sentir ronronner. Sa fourrure se révéla douce, agréable à caresser. La conversation se poursuivit sans René, lequel ne tarda pas à respirer à l'unisson de Romulus.
- Les deux font la paire, remarqua perfidement Franguin sans qu'on puisse savoir s'il faisait allusion à leur somnolence commune ou aux yeux rougis de René, c'était son heure, celle d'aller au lit.
Celui-ci évita de répondre, considéra le petit animal qui ronflait sous sa main. Il ignorait que les rats ronflassent. Romulus produisait un ronflement assez rond, un ronronnement approximatif, tout arrive.
(pp.47-48)
Commenter  J’apprécie          980
La caissière confirma le montant dû, scanna et restitua la carte de fidélité de la main griffue. – Ça fait plaisir de voir des gens comme vous, à Béziers le véganisme c’est pas encore ça. Vous me direz, c’est partout que c’est pas encore ça, il y aurait beaucoup à en dire. – Je ne suis pas végan, enfin je crois pas, je sais pas trop ce que c’est précisément, en fait je ne mange ni viande ni poisson. Il ne jugea pas utile de préciser qu’il ne digérait pas la première et était allergique au second. René aurait préféré qu’elle le félicite pour sa virtuosité calculatrice, mais bon, il aimait bien échanger quelques mots à son passage aux caisses. – Un végan c’est genre un végétarien qui va plus loin dans sa démarche, il refuse toute exploitation des animaux, y compris l’utilisation de leur cuir, de leur laine, la consommation d’œufs, de produits laitiers. Cela dit, moi je suis pas végane, je suis antispéciste. – Ah bon, répondit René pris de court par ces précisions non sollicitées.
Commenter  J’apprécie          820
Ils cheminèrent tête basse pour éviter les déjections canines. Stella, songea René, marcherait bientôt tête droite dans des rues suisses aussi propres que de la neige fraîchement tombée. Dérogeant à sa nature profonde, son esprit s'emballa sur la Suisse. Leurs chiens sont porteurs de puces comme les chiens français mais électroniques, ce sont des chiens connectés! Les nôtres sont déconnectés voire dangereux! Les niches suisses rutilent comme des coffres-forts! Inspirateur des fours à catalyse, le chien suisse est autonettoyant! Il respecte les consignes de salubrité publique, se soulage sans enfreindre aucun arrêté municipal! Il aboie avec modération dans les créneaux horaires autorisés sinon il aboie en silence!
(p.88)
Commenter  J’apprécie          900

Videos de Joël Baqué (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joël Baqué
Joël Bacqué - L'arbre d'obéissance
autres livres classés : satire politiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (52) Voir plus




{* *} .._..