« Un seuil historique a été franchi. Selon le rapport statistique annuel du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), le nombre de personnes déracinées dans le monde en 2015 a dépassé les 60 millions, atteignant le seuil historique de 65,3 millions de personnes. Soit un être humain sur 113 ».LE MONDE 06.2016
Haïti, Tunisie, Turquie, Syrie, Espagne, Algérie, Ukraine, Argentine, Palestine, Honduras, Iran, Vietnam, Roumanie, Rwanda…
Des points, des lignes, des cartes, des routes, des files, des bateaux, des mers, des îles, des guerres, des dates, des famines, des génocides, des chiffres, des solitudes, des espoirs, des haltes, des camps, des frontières, des ponts, des fleuves...
Angola, Erythrée, Somalie, Croatie, Serbie, Bosnie, Chine, Cambodge…
Des trains, des rencontres, des tentes, des grilles, des hasard, des langues, des sons, des demandes, des attentes, des convois, des barques,
L'exil est un radeau. Un acte. Une sauvegarde. Un risque. Une sauvetage. Une douleur. Une mort. Une blessure, une déchirement. Un espoir. Un demain, un peut être. Un espace, une lumière, une plage, un pahre, une main, un regard, un départ, un possible.
Nigeria, Mali, Guinée, Libye, Afghanistan Pakistan ,Yémen...
Des points, des rives, des lignes, des visages ...par millions, des noms... parfois.
Un nom, une histoire, une lettre, un poème. Un appel, une déclaration de perte, d'amour, de vie.
Pourquoi réunir ces textes ? Pourquoi et pour quoi cette veillée ?
Pour qu'ils existent, pour qu'ils soient lus. Pour qu'il soit dit que des hommes sont passés.
Que depuis des millénaires, des hommes sont passés.
Pour que de ces lignes se dessinent leur voyage, leur visages, leurs routes.
L'exil, coûte que coûte, malgré tout.
Le poids est lourd. La terre, le sable, l'enfance, les parfums, les fruits, les couleurs, les villages. La mémoire.
Le poids est lourd. L'absence leste l' exil.
Acte de survie, d'espoir, déclaration de vie.
Bruno Doucey le rappelle : « L'histoire des exilés est vieille comme le monde »
Nous sommes tous les derniers nés de ces premiers qui nous ont devancés.
De ce ceux qui sont passés.
Avant toute cité, il y a toujours eu une halte, un premier feu, une première nuit. .
Avant toute cité, il y a eu un fétu d'hommes et de femmes que des vents ont portés, que des glaces ont poussés, que des guerres, des famines, ont chassés.
Une halte, un nouveau feu, un premier jour.
Passagers d'exil regroupent des textes nombreux venus de partout, du passé, d'aujourd'hui, de pays de glace, de sable, de cendres, de plaines, de montagnes.
« Souviens toi » pourrait être le titre de ce recueil.
Souviens toi de nos peurs, de nos espoirs, de nos promesses, de nos rencontres, de nos rires, souviens toi que l'étranger n'existe que dans l'ignorance, et l'effacement de notre mémoire. Celui qui se souvient, qui garde et partage les mots, celui là n'a pas d'ennemi.
Celui qui accueille aujourd'hui fut un jour celui que l'on a accueilli.
Celui qui passe aujourd'hui sera celui qui un jour accueillera.
C'est ainsi que nous avons tous, depuis toujours survécu.
« Lorsqu'ils ouvrent les mains
Ce n'est pas pour supplier
C'est pour offrir
Le rêve d'Europe
Que nous avons oublié ».
Laurent Gaudé
Tendre une main, c'est ouvrir un livre.
« alors que tu t'éloignes
ici tout ce retire ». A. Lasssaque, « elle », extrait.
60 auteurs, 60 mains, un livre. Un seul continent.
un supercontinent, la terre mère, qui contenait toutes les masses continentales, s'est formé il y a environ 1 100 millions d'années . Il était entouré d'un seul océan appelé Mirovia. Il y a 750 millions d'années, il se scinda en huit continents qui dérivèrent. A leur bord, des passagers : les humains.
Passager de l'exil ! Souviens toi.
Opération Masse critque Babelio- Les Editions Bruno Doucey.
Astrid Shriqui Garain