Amazing Grace est le premier titre inaugurant la collection Grindhouse stories chez Glénat. Une collection qui se focalise sur les récits de genre inspirés par les séries b, la pop-culture indé, tout droit sortie des salles d'exploitations (grindhouse) ou immergée désormais dans des cartons de K7 mise au rencart par le vorace numérique.
Cette collection s'adresse à la fois aux nostalgiques du bon vieux cinéma de genre mais aussi à tout les amateurs actuels de pop-culture générique décomplexée allant de l'horreur au western en passant par l'espionnage et le fantastique.
Et je trouve que Glénat fait fort avec Amazing Grace, un premier coup réussi pour un titre prévu en 3 tomes.
Au scénario, nous retrouvons
Aurélien Ducoudray, " écriveur" de front dont j'ai apprécié
L'Anniversaire de Kim Jong-ill chez Delcourt. Pour ce titre, Ducoudray combine également le point de vue de l'innocence d'un enfant dans une société cruelle et dangereuse avec cette fois une histoire post-apo tarissant pas mal de blâmes sur une humanité désespérée et enragée.
Pour donner vie à ce scénario efficace, saluons le travail de
Bruno Bessadi, dessinateur habitué à la bd de genre, et qui a contribué à rendre cette bd dangereusement vivace en s'inspirant notamment du comics. C'est navrant que ce dessinateur soit d'ailleurs absent de la fiche information. J'espère que cela sera vite rectifié.
Amazing Grace est une histoire tantôt cruelle, tantôt touchante. Dans un monde post-apo, un père et sa fille tentent de survivre. Ils traversent des Etats-Unis sauvages à la recherche d'un travail et d'un abri. Cela, ce monde devenu fou n'est pas des plus tendre et il l'encore moins pour nos héros car Grace est une "enfant de la bombe", une enfant mutante considérée comme un monstre par les humains.
Pourtant, c'est à partir de cette "monstruosité' que Ducoudray fait aussi naître l'innocence et une sorte de bonté. Quelques passages magiques traversent le cauchemar comme la lecture d'un conte au coin du feu, une ballade à cheval dans une atmosphère de Petit Chaperon Rouge, un moment de détente sur le balcon avec une petite bière à la main. Ces moments sont d'autant plus savoureux que la bd arrive parfois à se montrer cruel. le dessin de Bessadi est assez dur, j'ai retenu ma respiration devant certaines scènes tragiques. Il y a une âpreté dans cette histoire qui n'appartient qu'au genre du post-apo et dont les auteurs s'emparent avec merveille. Il y a un récurrent jeu d'équilibre entre le choc et l'innocence, entre la laideur physiques des enfants de la bombe et leurs triste candeur face à une humanité qui ne les épargne pas.
Amazing Grace est un puissante histoire post-apo. Ce premier tome inaugure avec fracas la nouvelle collection de chez Glénat qui tient à affirmer un esprit très indé. Bon, ce n'est pas nouveau dans le domaine de la bd. Ankama l'a déjà fait avec la série Doggy Bags. Glénat semble surfer sur une vague d'affection pour le grindhouse. Et c'est tant mieux, car j'ai trouve ce premier titre assez marquant. Bien évidemment, c'est un dessin et un contenu monstrueux qui peut rebuter, mais c'est aussi une marque de fabrique un peu plus audacieux pour un titre qui n'a pas peur de vouloir sortir des carcans habituels.
Mention spéciale au travail éditorial dont la couverture faussement usée donne un grain bien grindhouse au titre. Vous avez en plus une interview complète des auteurs avec un cahier graphique. Oh joie dans nos chaumières, je vais allez me regarder une K7 !