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EAN : 9782080685346
408 pages
Flammarion (12/12/2005)
3.53/5   17 notes
Résumé :

" C'était un bel été. Il changea d'un seul coup. Le 2 août 1914. Soudain, tous les clochers de France se mirent à sonner le tocsin. Sans répit. C'était un déchirement musical. Une note, sonore, distincte, très proche, obsédante.

C'était déjà un rythme militaire et l'affolement, à la fin du jour, avait fait place à la tentation de l'héroïsme. On voyait s'agiter tout le monde, à la manière des abeilles filant vers les fleurs du bois, en gro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est par une belle journée d'été de 1914 que Gilberte Jansuire, 16 ans, amorce le récit de l'histoire des siens, une riche famille de fabricants de cerfs-volants et de ceux de Saint-Eutrope, petit village au bord de l'océan atlantique, près de Royan.
Un jour radieux de pique-nique en famille joint à l'occasion pour Gilbert, le père, d'essayer le dernier cerf-volant conçu dans les ateliers de la grande propriété familiale du « Bois des Abeilles ».
Mais en ce 1er Août 1914, les membres de la famille Jansuire vivent leurs dernières heures d'insouciance.
Pour Gilbert, qui voue un amour passionnel et douloureux à sa femme Adrienne, belle à couper le souffle, distinguée et coquette ; pour Bernadette, la soeur muette de Gilberte ; pour les grands-parents Gustave et Noémie ; pour l'oncle Léonce, secrètement épris de la femme de son frère, la belle Adrienne ou pour l'oncle Lucas, poète et rebelle…le tocsin qui se met à retentir à toute volée marque la fin d'une vie heureuse et tranquille passée ensemble.

Dans toutes les villes, dans toutes les bourgades, les clochers de France sonnent sans répit, annonçant lugubrement l'entrée dans le conflit avec l'Allemagne et le déclenchement de la 1ère guerre mondiale.
Devant la mairie, c'est l'attroupement général ; on affiche l'ordre de mobilisation. Tout le monde se précipite. On crie, on pleure, on a peur. Néanmoins un profond désir d'héroïsme se fait ressentir, surtout chez les hommes, une envie d'en découdre associée à la volonté farouche de reprendre l'Alsace et la Lorraine aux allemands.
Dans chaque foyer, on prépare le paquetage, la musette d'un mari, d'un fils, d'un frère. le village de Saint-Eutrope perd en quelques heures tous les bras vigoureux de ses hommes valides.
C'est une longue nuit de veille qui se prépare entre le 1er et le 2 Août 1914. L'humeur est sombre et exaltée tout à la fois. Personne ne s'imagine l'horreur dans laquelle tous bientôt vont basculer.
Puis c'est l'heure du départ ; on se rend à la gare. Sur le quai, au moment des adieux, on s'embrasse, on s'échange des promesses et de menus cadeaux, des porte-bonheurs, la photo d'une fiancée que le soldat portera sur son coeur…
Les femmes brandissent des fleurs tricolores, marguerites, coquelicots, bleuets, tandis que le train s'ébranle et que tous ces destins se séparent pour une longue nuit d'horreur qui va durer bien trop d'années. Sur les quais, des milliers de fleurs écrasées prennent la couleur d'un champ ensanglanté.

Au village, les femmes commencent à s'organiser ; il reste bien peu d'hommes. Toutes vont se serrer les coudes et faire montre d'une incroyable solidarité pour faire vivre qui une ferme, qui un atelier, qui un commerce.
Elles se substituent aux hommes, souvent dans des rôles très durs mais toujours dans l'espoir et la bonne humeur. Même si les temps sont rudes, l'absence des hommes est aussi synonyme de grande récréation pour celles qui sont régulièrement traitées en servantes dans leur propre foyer. La prise de responsabilités entraîne une volonté de plus en plus affichée d'indépendance. Symbole de cette nouvelle indépendance, la mode des cheveux courts qui s'étend partout et qui, au-delà des raisons pratiques, est un signe de révolte contre le joug masculin.

Pendant ce temps, la guerre fait rage. Dans les villages, il est difficile de savoir quelles tournures prennent les évènements. Des bruits commencent cependant à circuler sur les atrocités commises.
Avec les 1ères lettres et les 1ères permissions, on comprend toute l'étendue de l'horreur et dans quel cauchemar quotidien vivent les hommes plongés dans l'enfer des tranchées, sous les bombardements incessants, avec la faim, la vermine, les poux...

Au fil des mois les tragédies vont endeuiller St-Eutrope ainsi que la famille Jansuire. de nombreux disparus, de morts, des hommes revenant gravement blessés, amputés, mutilés, défigurés, gazés.
L'horreur est à son comble, le malaise et l'attente sont insupportables et « Au Bois des Abeilles » comme partout ailleurs, on attend fébrilement le jour où, dans cette France endeuillée, meurtrie, traumatisée, l'on pourra enfin panser ses plaies, soigner ses blessés et recommencer à vivre.

Que de sensibilité, de fluidité et d'entrain a mis Hortense Dufour dans cette grande fresque familiale ! Impossible de ne pas être happé par cette bouleversante saga, riche en émotions et en évènements !
Les nombreux personnages s'incarnent avec une facilité quasi cinématographique dans notre imaginaire de lecteur au gré de la plume enjouée, intelligente et délicate de la romancière et c'est avec avidité que l'on fait défiler les pages de ce roman qui combine avec brio, épisodes de la grande Histoire et récit de famille.
Avec beaucoup d'aisance et le plus grand naturel, la romancière entrecroise à la trame de son récit les événements qui ont jalonnés cette tragique période, des 8 millions de morts et de blessés graves recensés à la fin du conflit aux 12 000 morts français de la bataille de Soissons, du désastre de l'offensive du Chemin des Dames provoquant une révolte de soldats à la bataille de la Somme, de la Grève des Bras Croisés aux Fusillés de Craonne, jusqu'à la signature du Traité de Versailles.
Le force du documentaire, le soin porté aux détails de la vie quotidienne, l'attention consacrée aux personnages même les plus secondaires, les rebondissements, les moments de peines ou de joies, les sentiments exprimés…rien n'a échappé à l'oeil sensible de l'auteur de « Colette : La Vagabonde assise » ou de « La Marie-Marraine ».
Entre roman historique et fresque romanesque, « le Bois des Abeilles » est une immersion aussi belle qu'intéressante dans ces temps tourmentés de la Grande Guerre ainsi qu'un récit poignant sur les femmes, la découverte de leur force, de leur indépendance et de l'amour qu'elles portent aux leurs.
Et malgré les tragédies, le résultat est un livre plein d'espoir sur le dépassement de soi et sur « la force de vivre et de faire vivre ».
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Le bois des abeilles, c'est le domaine de la famille Jansuire, près de Royan. Cette famille dirige une entreprise de cerfs-volants, réputée et florissante. Au bois des abeilles, vivent trois générations : Gustave et Noémie, les grand-parents, Gilbert le fils aîné et sa femme Adrienne, Léonce et Lucas les deux autres fils célibataires, nés sur le tard, Gilberte et Bernadette les deux petites-filles. Il est également question des employées de la maison et de l'entreprise, de la famille d'Adrienne, de la Loupote, la sage-femme du pays qui est bien souvent mise à contribution, de la postière qui se ronge d'amour pour Léonce, qui lui n'a d'yeux que pour la femme de son frère. Toute cette petite société vit plus ou moins en harmonie dans la campagne charentaise, en cet été 1914, mais va être bouleversée par la déclaration de guerre.

Les hommes au front, les femmes doivent assumer tous les rôles, prendre des responsabilités, faire évoluer l'activité de l'entreprise (qui va acheter des cerfs-volants en temps de guerre !), découvrir une liberté nouvelle et trembler pour leurs soldats.

Gilberte, la narratrice, adolescente de 15 ans, perçoit déjà bien les tensions qui existent dans la famille, la fragilité de sa mère, trop belle et engluée par l'adoration de son mari.

L'horreur de la guerre s'insinue doucement au fil du récit, au fur et à mesure que les mauvaises nouvelles parviennent au domaine.

J'étais un peu inquiète en lisant les premières pages de ce roman : ça commence un peu "fleur bleue", la campagne, les histoires de famille. Mais très vite, le contexte historique s'impose et transforme parfois le roman en documentaire : la vie à la campagne, les antécédents de la famille, comment elle s'est constituée, tout cela est très réel et prépare à la suite, la transformation de la vie des femmes, la rapide désillusion des hommes, partis pour récupérer l'Alsace et la Lorraine et très vite confrontés aux conséquences de la mauvaise préparation du conflit.

Il y avait très longtemps que je n'avais plus lu Hortense Dufour. J'avais gardé un bon souvenir de " La marie-marraine". J'ai dévoré "Le bois des abeilles", d'autant que le sujet s'est trouvé en plein dans l'actualité, avec la disparition récente du dernier Poilu. Ce roman nous replonge dans cette période tourmentée, sans tomber dans l'excès de scènes de guerre sanglantes.
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Je n'ai qu'un seul reproche à faire dans ce livre : l'absence d'arbre généalogique car j'avoue que je me suis un peu perdue parmi tous les personnages.
Pour le reste, je suis très satisfaite de ma lecture car l'auteur aborde la première guerre mondiale sous l'angle de la condition des femmes, ce qui me semble assez rare. le courage dont elles ont dû faire preuve face à l'absence des hommes, à la mort, aux terribles blessures physiques et psychologiques des survivants, ça me donne le frisson. Que de drames vécus par ces générations qui souffriront encore lors de la guerre suivante !
Ce livre éclaire aussi sur l'hygiène, les soins, la façon de vivre de l'époque.
J'ai bien envie de découvrir les autres romans de l'auteur !

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J'ai laborieusement atteint la 100ème page de ce roman au bout de deux semaines. Ce fut le parcours du combattant (c'est le cas de le dire) mais quand je me suis décidée à le lire le temps du week-end, cela m'a permis de mieux cerner les personnages, leur place dans l'intrigue et de ce fait la légitimité de l'histoire. J'ai enfin pu ressentir de l'intérêt et du plaisir en lisant ce roman.
Le principal défaut selon moi est que l'intrigue a été trop longue à démarrer: trop de digressions, trop de descriptions des personnages et de leur arbre généalogique, ce qui a complétement altéré ma compréhension et mon intérêt. La mise en place du décor fut trop lente.
La fin du roman et mon rythme de lecture m'ont un peu réconcilié avec le début de celui-ci, ce qui a permis de titiller ma curiosité et a donné du sens à ma lecture.
L'écriture demeure fluide, globalement c'est une belle histoire avec un dénouement satisfaisant mais mal menée selon moi. Lecture mitigée mais pas complétement désagréable.
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Un très beau roman sur une période très dure du début du XXème siècle, la première guerre mondiale et ses conséquences. le dur labeur que les femmes ont du exercer pendant que les hommes étaient au front et qui ensuite ont dû retourner à leurs fourneaux sans commentaire aucun et les maris reprendre leur place de chef de famille alors qu'ils n'en avaient souvent plus la capacité....

Une oeuvre émouvante, et ce n'est pas si loin de nous.

Je n'ai qu'une remarque à faire sur la construction du livre, au début nous nous perdons un peu dans les personnages, car la narratrice nous présente les membres de sa famille sans préciser leur lien de parenté
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je m’élançai. Je sus que je n’avais plus pied ; je sus qu’à un moment de la vie, on ne compte que sur soi, on n’a plus rien pour vous soutenir.
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Les obus creusent des cratères qui feront de Verdun une sorte de planète éclatée. Une lune de cendres et de poussières, des cratères de suie et de sang. Un volcan mort où le feu continue à s'évader du ventre gorgé de morts en charpie. La terre pousse un long moment ses hurlements.
Tout se tait. Tout est mort.
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