« J'étais content qu'il rie. »
De branche en branche, de la souche à la cime de l'arbre, le ravitaillement était périlleux et cela avait enfin sorti le renard de sa longue scrutation d'horizon.
Les bras chargés de fruits, d'autres bonnes choses à déguster, parce que l'attente sur l'arbre avait réveillé l'estomac et la petite faim, le petit garçon reprenait sa place, là, aux côté du renard qui s'était perché sur l'arbre.
Le petit garçon ne se posait plus la question de savoir ce qu'un renard pouvait bien faire dans un arbre, posté comme un hibou de jour, attendant un invité surprise, un ami.
Les nuages se gonflait d'eau comme d'énormes ballons, prêts à crachés leur douche froide et le renard ne bronchait pas.
Laissant au petit garçon la plus grosse moitié de pomme qu'il lui avait tendu, l'attente se faisait longue et ennuyeuse, le petit garçon n'envisageait pas qu'un ami puisse laisser un autre ami se tremper ainsi à l'attendre. Comment le renard pouvait-il l'accepter.
Après avoir fait profiter le petit garçon du duvet bien douillet de ses poils roux pour une petite sieste courte, le renard fit descendre ce petit d'homme qui appartient à la terre ferme et ils coururent, cavalèrent dans les herbes ensemble, comme deux amis...
: «
Le renard perché » de Quitterie Simon est un album baigné de poésie, d'une magie particulière nous ramenant au Petit Prince de Saint-Exupéry Un petit extrait choisi en regard de la page de titre ne nous laisse aucun doute sur l'inspiration, et elle fait du bien.
Le petit garçon se présente avec les illustrations de Magali Dulain comme un explorateur au début de l'histoire, perdu dans les herbes hautes puis, avec les jeux de perspective, comme un géant parmi cette nature qui s'étend à perdre de vue et qu'il parcourt. Parmi cette végétation automnale de verts et de dorés, les oiseaux sont chaussés de bottes et les renards se trouvent perchés dans les arbres.
Nous sommes bel et bien dans un univers onirique, plein de charmes, où l'illustratrice joue de ses techniques au crayon, d'aquarelle et d'empreintes nuageuses épaisses aux effets d'éponge.
La douceur plastique va servir une autre douceur, celle du propos sur l'amitié. Les sentiments s'installent doucement, montent dans l'intensité au point que le garçon craint de ne plus revoir le renard. L'auteure tresse délicatement une relation tout au long de cette attente imaginée, où ce petit garçon va de lui-même offrir son amitié au renard dont on ne sait au début ce qu'il attend et si il va un temps lui adresser la parole. Faisant mine d'ignorer l'enfant au début, il accepte volontiers cette générosité, cette curiosité pouvant être jugée comme une ingérence, pourtant pleine de bienveillance et cette gentillesse à partager autour d'une belle pomme. La préoccupation et l'investissement de coeur du petit garçon seront récompensés par une amitié bien gagnée et la fin donne l'impression d'une mise à l'épreuve possible à l'identique du conte « Les Fées » de Perrault, la boucle est bouclée et si cet ami attendu, c'était lui ?
Cette histoire rappelle «
Un ami pour Lucas » de
Chun-Liang Yeh et illustré par Bobi+bobi chez HongFei Édition., bel album sur l'amitié et l'imaginaire également mettant en scène aussi un renard et un enfant.
Les deux sont à découvrir et à partager.