Je renoue avec les textes de
Marguerite Duras lui ayant fait quelques infidélités ces derniers temps.
J'aime bien la complexité de son oeuvre puisqu'elle entremêle, prolonge ou retourne souvent à ce qu'elle a déjà écrit.
En 1976, elle réalise Baxter Véra Baxter, un film qui emprunte au théâtre, en transformant en scénario la pièce
Suzanna Andler écrite en 1968. Je ne l'ai pas encore lu et je n'en parlerai donc pas ici.
Marguerite Duras rédige deux ans après le tournage du film une deuxième version du scénario sous un nouveau titre "
Véra Baxter ou les plages de l'Atlantique".
C'est un texte qui parle de la solitude dans le mariage d'une femme nommée Véra Baxter et de sa dépression (même si ce n'est pas dit comme ça). Cette solitude se matérialise dans la villa Les colonnades à Thionville-sur-mer que Véra est venue visiter pour une location d'été et où elle passera la journée. Cela donne une unité de temps et de lieu à cette histoire.
Dans cette grande maison vide le seul lien qu'elle a avec son mari est le téléphone. Jean Baxter est un homme riche qui part souvent avec d'autres femmes. Il est à chantilly avec un mannequin et envoie des chèques à Véra qu'il ne désire apparemment plus. Il va jusqu'à payer un homme au nom durassien de Michel
Cayre, pour la séduire. Elle le sait, et va l'accepter, elle qui ne semble avoir d'identité qu'à travers son mari. Mais ce n'est peut-être qu'en apparence.
J'ai vu le film et je dois dire que ce texte est un peu différent.
Le changement le plus radical est le remplacement de la visiteuse jouée par
Delphine Seyrig par un homme appelé le client dans le bar puis l'inconnu dans la villa. le fait que ce soit un homme peut effectivement créer une certaine ambiguïté dans ce huis clos car Véra est une femme vulnérable par sa fidélité à son mari. Cet inconnu a rencontré Michel
Cayre qui a parlé de Véra et il a eu envie de la voir.
Duras a considéré que son film était raté en raison de la féminisation de ce personnage secondaire. Personnellement, je ne trouve pas même s'il est difficile de comprendre la passivité apparente de cette mère et femme que
Duras a comparé à une sorcière d'un autre temps, ce qui ne va pas de soi. Elle dit cela en expliquant que les femmes abandonnées par les hommes se sont mises à parler aux arbres, à la mer, aux animaux de la forêt et qu'on les a brûlées.
Je n'ai pas tout saisi mais j'ai aimé l'ambiance d'autant plus qu'elle a ajouté une musique en continue joliment appelée la turbulence extérieure, sans doute en opposition aux troubles intérieurs de Véra Baxter.