Mémoires d'un confident

Sans Masse Critique, je n'aurai sûrement jamais lu les Mémoires d'un Confident ( le XIXème siècle n'étant pas ma tasse de thé ) et cela aurait été dommage.
En utilisant l'artifice d'un meuble-narrateur, l'auteur s'impose un exercice de style réussi.
Comment dérouler l'intimité d'une famille en prenant comme héros un objet par définition immobile, fixé dans une pièce de maison ou une remise ? Corinne Ergasse y parvient avec brio en nous offrant des instantanés de vie et d'Histoire.
Le Confident, comme serviteur muet ( à nos oreilles) et invisible (parce que “faisant partie des meubles”) peut se permettre d'analyser les sentiments que chacun lui inspire au travers des différents événements d'une vie de famille à cette époque (rapport entre époux, entre parents et enfants..) et l'évolution mouvementé d'une société ( attentats, guerre civile, affaire Dreyfus...)
Sans efforts volontaires, grâce a une écriture fluide, on apprend ainsi l'Histoire de France. Un moyen ludique et intelligent dont pourrait s'inspirer l'Éducation Nationale. Combien d'entre nous sont encore traumatisé par les Grands Classiques Littéraires imposés, ou éternuent à l'idée de la poussière déposée sur le pensum d'histoire-géo qui ne leur parait ni concret ni utile.
A déplorer quelques maladresses (“comme on le verra par la suite...”, “mais j'y reviendrai ..”) ressenti comme un frein a la lecture tant on veut savoir...mais paradoxe, plus les pages a lire diminuai moins j'allai vite pour ne pas quitter ce confident auquel on s'attache presque tendrement.
En résume, une excellente surprise.
Grâce à Babelio et aux Éditeurs participants, ici CALLEVA , je redécouvre le plaisir d'essayer des romans hors de mon champ habituel.

Voici un livre pour le moins original ou le narrateur est... un meuble. Plus exactement un confident, ce sont ces sièges avec un double fauteuil en forme de S.

Et oui si les meubles pouvaient parler ils auraient tant de choses à nous raconter. Notre confident à peine né dans un atelier parisien rejoint le boudoir de Charlotte Picquart. Son mari Auguste travaille à un immense projet de reconstruction de Paris avec un certain Baron Haussmann.
Proches de l'empereur Napoléon III, la bonne fortune leur sourit, et Auguste se laisse tenter par la carrière politique. Les évènements et émeutes de la Commune viendront mettre un frein à tout cela.
Julie, leur fille, artiste peintre, côtoiera Manet et Monet, son fils Frédéric, journaliste couvrira l'affaire Dreyfus et se liera d'amitié avec Marcel Proust. Lui même aura deux deux fils qui connaîtront l'horreur de la guerre des tranchés.
C'est ainsi l'histoire de 4 générations que le confident nous raconte.

J'ai reçu ce livre grâce à l'opération Masse critique de Babelio. Je l'ai choisi pour son sujet, car cette partie de l'Histoire, du second empire jusqu'à la première guerre mondiale, est une période que je connais mal, m'intéressant le plus souvent au Moyen âge, la Renaissance ou à l'époque de Louis XIII jusqu'à Louis XVI.
J'étais très contente de m'ouvrir à autre chose grâce à la plume de Corinne Ergasse, romancière, spécialiste du XIXe siècle français.

Nous suivons l'histoire de la famille Picquart et en même temps les évènements marquants de cette époque, pour la France, le tout commenté par les meubles, car le confident n'est pas le seul doué de paroles, tous les meubles conversent et commentent, se lient entre eux, voir même tombe amoureux. le narrateur lui-même éprouvera une tendre inclination pour une console, Il s'opposera farouchement à la bibliothèque lors de l'affaire Dreyfus et la montée de l'antisémitisme.

Dans ce roman, on côtoie également Napoléon III et l'impératrice Eugénie, Marcel Proust, Emile Zola, la famille Dreyfus, Manet et Monet...
Se déroulant presque intégralement à Paris le récit nous emmènera tout de même brièvement à Giverny chez Monet.

J'ai trouvé ce roman intéressant, la lecture en est vraiment aisée et le style très agréable.
J'ai toute de même trouvé que parfois on reste un peu extérieur aux évènements, ce qui semble en parti voulu car bien sur le narrateur, est cantonné dans une seule et même pièce, ne sort jamais et peut donc louper certaines conversations ou évènements qui auront lieu dehors ou dans une autre pièce.

J'ai appris pas mal de chose cette époque que je connais peu, mais j'aurai aimé parfois un peu plus de descriptions. Les portraits des différents protagonistes et même des meubles qui sont ici des personnages à part entière sont à peine esquissés.
Mais ce n'est que détails car au final j'ai passé un agréable moment de lecture.

Un grand merci à Babelio et les éditions Calleva pour cette lecture intéressante.

Lien : http://jelydragon.blogspot.f..

Le narrateur principal de ce roman est un meuble, un confident. Il verra se succéder plusieurs générations au sein de la famille Picquart à laquelle il appartient et sera (entre autres meubles) un témoin privilégié des amours naissants de la famille, de complots politiques, d'adultère mais aussi...de meurtre.
Trimballé de pièce en pièce et de lieux en lieux, ce confident, par ses témoignages, nous fait aussi traverser les grands moments historiques de la France et ses événements majeurs.
Il évoque également les personnages illustres qui marqueront la science, la peinture et la littérature de leurs empreintes.
Ce narrateur extraordinaire parle avec les autres meubles, partage leurs souvenirs. Il comprend le langage humain mais ne peut se faire entendre d'eux.
Ce confident a aussi des états d'âme, il se révolte, tombe amoureux, a peur du brocanteur et craint de finir ses jours oublié dans un grenier.
Humaniser un meuble et en faire le gardien de nos secrets et de notre mémoire est une idée très originale et qui m'a beaucoup plu par ailleurs.
De plus, l'auteur retrace l'histoire de France, du Second Empire jusqu'à la fin de la première guerre mondiale sans nous lasser, ce qui est plutôt agréable quand on n'est pas féru d'histoire..
Un très bon roman!