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EAN : 9782012887312
266 pages
Hachette Livre BNF (01/06/2013)
3.58/5   13 notes
Résumé :
Le jeune Hippolyte refuse de vouer un culte à la déesse Aphrodite. Celle-ci utilise Phèdre comme instrument de sa vengeance. Épouse de Thésée, père d'Hippolyte, cette dernière avoue son amour à Hippolyte qui la rejette violemment. S'en suit une succession d’événements tragiques.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"C'est Vénus toute entière à sa proie attachée" ; ce n'est pas Hippolyte chez Euripide, c'est Phèdre chez Racine - qui s'est beaucoup inspiré d'Euripide. Mais là où Vénus n'est que lointaine chez Racine, comme une fatalité, chez Euripide elle intervient sur scène, dès la première scène même. Les dieux - et surtout les déesses - s'amusent et sont en colère, Vénus et Artémis sont humaines, trop humaines. Et les mortels ne sont que des victimes indirectes de leurs querelles. Vénus le dit, elle n'en veut pas particulièrement à Phèdre, celle-ci va mourir, elle l'annonce dès le début, parce qu'elle n'est qu'un instrument dont elle, Vénus, se sert pour détruire Hippolyte. Phèdre souffre d'amour de façon particulièrement cruelle donc, parce que la déesse l'a voulu. Ce n'est donc pas la Phèdre altière, fière de son rang, de son honneur de Racine, la Phèdre jalouse et en colère aussi ; non, c'est une femme dépressive pourrait-on dire, qui se meurt d'amour.
Hippolyte est intéressant, car il est violemment et ardemment chaste - un chrétien aurait dit vierge. Il s'éloigne des femmes et des tentations de la chair. Certains passages sont clairement misogynes, les femmes ne devraient servir qu'à la procréation mais en restant loin des hommes, car elles sont manipulatrices, menteuses ; et, surtout, les hommes s'affaiblissent à leurs côtés. Hippolyte adore donc Artémis, la déesse vierge de la chasse et des forêts, et dédaigne Vénus - d'où sa colère et son désir de vengeance. C'est un extrémiste, à la vision du monde figé.
La pièce est donc violente, terrible. On ne peut ressentir d'empathie pour Hippolyte, trop intégriste - même si sa mort horrible le rachète un peu, ni pour la Nourrice qui précipite le malheur de tous, ni pour Thésée qui juge trop vite et trop violemment, à peine pour Phèdre elle-même, qui, juste avant de mourir, décide d'accuser faussement Hippolyte pour le mener à la mort.
Les hommes et les femmes luttent, mais manipulés par les déesses. Cependant, leurs actes imprévisibles, bons, mauvais ou violents, les font exister, et les inscrivent à leur tour dans les mythes et dans le théâtre. C'est par leurs actions, leurs sentiments, qu'ils deviennent des héros et des héroïnes, là où les dieux semblent féroces et mesquins.
Je remercie encore une fois l'émission Quand les dieux rôdaient sur la terre de Pierre Judet de la Combe sur France Inter pour cette idée de lecture.
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J'ai lu Hippolytos dans la traduction de Leconte de Lisle datant du 19e siècle. Dans cette version du mythe de Phèdre, celle-ci se donne la mort avant qu'Hippolyte ne soit accusé de l'avoir violée ce qui scinde clairement la pièce en deux : les tourments de Phèdre puis le martyre d'Hippolyte. Thésée n'est qu'un personnage secondaire, tout comme la nourrice, qui fait le lien entre les deux personnages principaux mais il reste presque étranger au drame quoique acteur de drame et directement concerné par lui. L'histoire reste celle de Phèdre et Hippolyte.
Dans la version d'Euripide, les mortels sont peu maîtres de leur destin, et ce sont les dieux, les déesses plus exactement, qui sont en cause : Aphrodite (Kypris), déesse du vice, contre Artémis, déesse de la virginité. le placement de l'intrigue sur le plan d'un affrontement divin contribue à déshumaniser les personnages qui apparaissent tous finalement comme des victimes. Lorsque Hippolyte, parangon de vertu, repousse Phèdre, celle-ci décide de sauver son propre honneur au dépens de celui qu'elle aimait et ce retournement est peu clair dans cette version. L'intervention du choeur dans le théâtre grec est censée replacer l'action dans son contexte moral mais les nombreuses références à la Grèce antique rendant les strophes et antistrophes sibyllines quand on a des lacunes dans cette culture.
Bien que ce soit la version originale que celle d'Euripine, en tout cas, je crois la plus ancienne, les auteurs postérieurs Sénèque, puis Racine, puis les auteurs modernes ont apporté une vrais plus-value soit poétique soit dramatique au mythe de Phèdre et Hippolyte.
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Il s'agit de la version antique qui a inspiré la beaucoup plus fameuse tragédie de Racine. Beaucoup d'analogies, évidemment, mais surtout des différences révélatrices des deux époques. Chez Euripide, par exemple, les déesses tiennent un rôle et assument de se servir des hommes pour assouvir leurs envies ou leurs vengeances ; on remarque d'ailleurs un regard presque réprobateur du dramaturge vis-à-vis de cet ordre du monde, ce qui devait être assez risqué pour l'époque. Phèdre, qui disparaît rapidement, fournit elle-même un témoignage de calomnie contre Hippolyte, personnage principal dont la misogynie revendiquée et la dévotion envers Artémis se partagent, avec le débat entre le souci de justice et la soumission filiale, l'intention de la pièce. L'intérêt approfondi pour la situation de Phèdre constitue donc un développement ultérieur.

C'est assez plaisant à lire, dans la mesure où les chants du choeur viennent ponctuer la lecture et que l'ensemble paraît ainsi extrêmement structuré, offrant un enchaînement très clair de l'intrigue. Il ne faut pas avoir peur des répliques sous forme de gros pavés : le dramaturge donne libre cours à sa plume pour les événements rapportés ou les arguments rhétoriques majeurs de l'oeuvre. Les personnages sont plutôt nuancés, à l'exception peut-être d'Hippolyte qui fait figure de gendre idéal, et de Thésée qui s'abandonne à un jugement prématuré sur une preuve qui n'en est pas une, redoublant ainsi le malheur qui le frappe au lieu de le conjurer.
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Cette tragédie inspira Racine pour son chef d'oeuvre Phèdre. Et comme son titre l'indique, le célèbre dramaturge français porta son attention sur l'épouse de Thésée alors qu'Euripide focalisa sa tragédie sur le fils bâtard Hippolyte (d'une mère amazone, donc étrangère). le suicide de Phèdre arrive très tôt, laissant alors la place à la confrontation virulente et terrible du père intraitable et haineux avec son fils médusé et désemparé, épicentre de la pièce. Si la présence encadrante des divinités est un peu surfaite: Aphrodite dans le prologue annonçant toutes les péripéties du drame telle une souveraine du destin des hommes, puis Artémis dans l'exodos comme autorité morale, Euripide parvient à peindre des personnages trop portés par leur première émotion et ne se donnant pas le temps de la réflexion, c'est le cas de la nourrice et de Thésée. Enfin, Hippolyte est un ignoble orgueilleux, misogyne et hautain qui, malgré son triste sort et les louanges finales que lui porte l'auteur, reste pour le lecteur d'aujourd'hui un homme détestable.
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La version d'Euripide est intéressante en ce qu'elle permet de comprendre les apports des auteurs suivants, Euripide étant le premier à avoir écrit une Phèdre. Dans cette pièce Phèdre n'a aucun affrontement avec Thésée ou Hippolyte et l'accusation de ce dernier vient après la mort de Phèdre lorsqu'elle laisse derrière elle un message écrit le confondant. C'est Artémis qui vient révéler son innocence à la fin de la pièce en accusant Aphrodite. En revanche, les passages du choeur, très étoffés en références à la Grèce antique rendent son propos abscons pour les non initiés.

Après relecture, contient l'un des plus grandioses morceaux de misogynie que j'ai pu lire prononcé par Hippolyte.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nous nous sommes follement épris de cette vie, qui brille sur la terre, parce que nous n'en connaissons pas d'autre, que nous ne savons pas ce qui se passe aux enfers, et que nous sommes abusés par des fables.

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La vie humaine n'obéit qu'à un perpétuel caprice.
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Videos de Euripide (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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