« La religieuse fit une pause.
- Et vous, père Nicolas ? Quel est votre point de vue ?
- Je ne sais pas. Urbain m'a accordé une entrevue qui sera décisive. Je crois comme vous à l'obéissance, qui est le fondement d'une hiérarchie harmonieuse et ordonnée. Je reconnais que le conclave s'est déroulé de façon anormale et sous la menace. Mais cette circonstance est pour moi secondaire. Il serait beaucoup plus grave que le nouveau pontife professe une hérésie ou la tolère.
Catherine écarquilla les yeux.
- de quelle hérésie parlez-vous ? Je n'en vois aucune trace.
- C'est juste un soupçon qui doit être approfondi. »
Rome, printemps 1378. le dernier des papes d'Avignon, Grégoire XI, est mourant. L'inquisiteur
Nicolas Eymerich débarque à Ostie. Il a fui l'Espagne, où, une fois n'est pas coutume, il a connu quelques déboires. Il a été emprisonné et a subi le traitement que d'ordinaire il ordonne.
Arrivé à Rome, qu'il ne connaissait pas encore, il est effaré par cette ville décatie, en ruines, et épouvantablement sale.
Appelé par le pontife mourant, celui-ci lui fait part de sa crainte de voir ressurgir un culte païen, éradiqué près de mille ans plus tôt par l'Eglise naissante. Evidemment
Nicolas Eymerich ne peut rester insensible à ces soupçons. le conclave suivant la mort de Grégoire XI se déroule dans le désordre le plus complet car la populace romaine, appuyée par les évêques locaux et d'étranges visiteurs, exige l'élection d'un pape italien. Et italien effectivement le nouveau pape, Urbain VI, l'est.
Eymerich, pris dans les évènements, réussira à enquêter sur ces étranges sectateurs, qui semblent être adeptes du culte de Mithra. Il sera confronté à de grandes interrogations car une sorte de double de sa personne semble le devancer. Un fantôme venu du futur ?
Deux autres narrations s'intercalent entre les chapitres de celle qui se passe à Rome en 1378 : l'une, « L'étoffe de l'univers », se situe dans une Catalogne du futur où le pouvoir local fait appel à un savant qui prétend pouvoir se déplacer instantanément dans l'espace mais aussi dans le temps… La seconde, énigmatique elle aussi, se situe « A la fin de temps ».
En ce qui me concerne ce roman, l'ultime d'une longue série qui peut être lue partiellement ou dans le désordre, est une découverte de l'oeuvre de
Valerio Evangelisti. Beaucoup de thèmes ésotériques, pas vraiment ma tasse de thé pour tout dire, foisonnent dans ce roman : Mithraïsme, oeuvre de
Raymond Lulle, Point Omega de Teilhard de Chardin, ba et ka égyptiens…
On pourrait craindre une sorte d'étouffe-chrétien à la sauce
Dan Brown, mais pour moi il n'en est rien. D'une part car l'auteur réussit le tour de force de boucler ses récits avec beaucoup de savoir-faire et d'autre part car son style est d'une grande clarté. Un peu « à l'ancienne » diraient peut-être ceux qui préfèrent une écriture moins datée, à base de suspense incessant et de réponses toutes faites.
Je ne sais pas si je vais m'attaquer aux volumes précédents, plus d'une dizaine tout de même, mais ce volume m'en a donné envie. Je remercie les éditions LA VOLTE et Babelio de me l'avoir fait parvenir dans le cadre d'un opération Masse Critique.