Le nom seul vous fait saliver : Capitaine Blood ! ça sent bon la flibuste, les pirates, les abordages, l'odeur de la poudre et celle du goudron, les trésors de guerre, et la mer, la mer, toujours recommencée… Oui, Capitaine Blood, c'est comme «
L'Ile au trésor » de
Stevenson ou « Moonfleet » de Falkner, un des classiques des « gentilshommes de fortune » qui sillonnaient les mers entre le XVIIème et le XIXème siècle.
Rafael Sabatini (1875-1950) n'est pas comme on pourrait le croire un écrivain italien, mais bel et bien un auteur anglais, un de maîtres du roman d'aventures : rappelons qu'en plus de « Capitaine Blood » (1922) il est aussi l'auteur de «
Scaramouche » (1921), «
le Faucon des mers » (1915), ou encore « le Cygne noir » (1932), autant de romans qui ont été adaptés avec succès au cinéma.
Peter Blood est un médecin chevaleresque qui a eu le malheur de soigner un rebelle en période de contestation du pouvoir. En ce temps-là (fin du XVIIème siècle) ça ne pardonne pas, il est jugé, condamné, se retrouve esclave dans les Caraïbes. Son métier de médecin lui permet quelques libertés, il rencontre Arabella qui sera l'amour de sa vie, s'évade s'empare d'un bateau et devient le plus grand pirate des Sept mers, auprès duquel Barbe-Noire et Long John Silver font figure de moussaillon.
Vous vous en doutez : c'est un roman d'aventures maritimes : ça part à cent à l'heure, ça bouge dans tous les sens, ça virevolte, flamberge au vent, de l'héroïsme en veux-tu en voilà, des bons sentiments, des méchants encore plus méchants que les plus méchants, de la romance… du vrai cinéma. Pas étonnant que le roman ait été adapté en 1935 par Michael Curtiz avec Erroll Flynn dans le rôle-titre (inoubliable). Et littérairement parlant, pour un genre dit mineur, ce n'est pas mal écrit figurez-vous, il y a du rythme, du mouvement, de l'émotion, l'oeuvre reste lisible d'un bout à l'autre et l'on ne s'ennuie pas un seul instant. Bien sûr il ne faut pas s'attendre à de pénétrantes études psychologiques, les personnages sont assez stéréotypés et les situations convenues (pour ce genre d'histoire, bien sûr). Mais l'ensemble reste très agréable et le
s héros attachants.
Sabatini est un merveilleux conteur dans le style de ses devanciers
Stevenson,
Conan Doyle (dont on oublie souvent qu'il n'est pas seulement l'inventeur de
Sherlock Holmes, mais aussi un merveilleux auteur de romans d'aventure) ou encore
Henry Rider Haggard. Et il est précurseur des grandes sagas maritimes qu'écriront
C.S. Forester (« Les aventures d'Horatio Hornblower ») ou plus près de nous Patrick O'Brian (« Les aventures de Jack Aubrey »)
Si vous aimez l'aventure, vous adorerez Sabatini, et en particulier « Capitaine Blood ». Nul doute que le livre fini, vous vous précipitiez sabre au clair (c'est une façon de parler) sur la première coquille de noix venue. Ou plus raisonnablement que vous sortiez de votre armoire à DVD celui du film de Michael Curtiz. Là non plus vous ne regretterez pas.
Et si vous aimez fureter, essayez de trouver le film « le fils du Capitaine Blood », un film de 1962 réalisé par Tullio Demicheli, avec dans le rôle-titre Sean Flynn, le fils d'Erroll ! Pas un chef-d'oeuvre impérissable, mais une belle curiosité.