AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782896985272
512 pages
Le Quartanier (03/02/2022)
3.78/5   178 notes
Résumé :
Alain épouse Virginie en la crypte de l’oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. En apparence, ce sera le plus beau jour de sa vie – de leur vie. Tout le monde est là, les parents de la mariée, la grande amie, les parents du narrateur – Libanais d’Égypte immigrés au Québec il y a trente ans, divorcés depuis vingt, qui ne se parlent plus depuis dix. Mais, à l’approche de la célébration, Alain va plus mal que jamais. Les insomnies sont de retour, l’angoisse et la maladie ... >Voir plus
Que lire après Mille secrets mille dangersVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 178 notes
5
7 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis
Un homme qui souffre, un roman d'anxiolytiques et de malade auto-immune, d'amours et de deuils.

Si la lecture nous permet de vivre d'autres vies que la nôtre, celle que nous découvrons dans ce livre n'est pas facile. Ce n'est pas un « rescapé d'Auschwitz » comme lui reproche une amie, mais la souffrance fait partie de sa vie. En plus de douleurs abdominales intenses, ce sont les crises de panique, une anxiété dévorante qui ruine sa vie.

Le roman comme le jour de son mariage. Alain est terriblement anxieux et toutes sortes de petits événements viendront empirer les choses.

En flash-back, nous verrons Alain traverser une enfance avec ses parents séparés qui s'affrontent, puis une adolescence difficile où il sera victime d'un amour non réciproque. Heureusement, il y aura l'amitié de son cousin qui est comme un frère. Puis, il y aura la littérature…

Un roman pas facile à ressentir si notre empathie nous met dans la peau du personnage principal, mais un texte qui permet de comprendre un peu la souffrance des autres.
Commenter  J’apprécie          320
Le début du texte dépeint la jeunesse de Shafik Elias, père d'Alain Farah, d'origine libanaise qui a grandi en Égypte avant d'immigrer à Montréal. Dans les années 1960, l'Égypte est particulièrement houleuse - les guerres et les régimes politique se succèdent. On sent une attention aux détails, une volonté de réalisme dans la description historique. Avec la mise en place des nombreux convives invités au mariage, je voyais là une annonce d'une grande fresque familiale à travers l'histoire. Détrompez-vous, nous avons plutôt droit à un autoportrait d'Alain Farah, un ego portrait chamarré, par-ci par-là, de quelques membres importants dans la vie de l'auteur.
Malgré les belles pages, malgré un talent indéniable de l'auteur, les défauts du « roman » sont nombreux. En fait, on n'a pas l'impression de faire affaire ici à un romancier. Je m'explique. le vrai romancier perd indubitablement le contrôle de son oeuvre parce qu'il est la victime, autant que l'auteur de son roman. le (bon) roman dévie de la vision de son auteur, il va ailleurs, il devient indépendant. Dans « Mille secrets mille dangers », on ne ressent (entendez subit) que trop bien l'autorité, le contrôle d'A. Farah. Notez qu'il n'y a pas de digressions, pas de débordements. Il n'a tout simplement aucune idée vraiment intéressante. L'auto dérision est minimale. L'auteur est bien trop scrupuleux pour laisser une zone d'ombre s'immiscer dans son oeuvre. Par exemple : le discours islamophobe du dentiste Wali (p. 298) est tout de suite discrédité par le narrateur (p. 301), comme pour s'assurer que l'on comprenne qu'il est absolument en désaccord avec ces propos. Bref, c'est un faux dialogue. Il ne veut que se conforter dans ses propres opinions.
L'autorité de l'auteur se fait surtout sentir dans sa volonté de se mettre de l'avant : « Alain, lui, adorait se mettre en scène...» (p. 340) Cette mise en scène se trouve même dans les pages les plus chargées d'émotions. Myriam E., dédicataire du roman rappelons-le, et dont l'histoire de l'amitié avec Virginie est relatée dans chapitre VII, est victime d'un cancer fulgurant. Dans le dernier chapitre, A. Farah revient sur le déroulement de la maladie et les funérailles de celle qui était la grande amie du couple. C'est triste et émouvant, comme l'est toujours la mort d'un être cher, d'une personne dans la fleur de l'âge, qui, de plus, laisse derrière elle une fillette de quatre ans. Dans ces situations, l'incompréhension et la colère abolissent toute raison. Ce sont donc des pages très personnelles qu'écrit A. Farah. Mais il va trop loin dans le narcissisme. Il décrit SES affres et SES souffrances (pp. 480 à 484). On comprend qu'il se libère grâce à l'écriture. Il le dit lui-même : « Ce travail de tant d'années, ce travail d'écriture et de lecture de moi-même par la parole m'aidera à comprendre comment, prisonnier de la colère, de la honte et du déni, j'ai construit un récit où me cacher, où me mettre à l'abri de la vérité. » (p. 484) le livre entier est en quelque sorte une thérapie pour son auteur. Quelle passion vulgaire que celle de soi-même !
Ceci n'est pas un roman, mais plutôt un récit romancé, une suite de souvenirs entremêlée, à l'occasion, de quelques beaux portraits et de mots judicieux. Pour ainsi dire, l'auteur ne fait que dérouler la bobine de sa vie. le Québec produit beaucoup (trop) de ces « romans » à intrigue minimale qui sont comme des journaux personnels saturés d'égotisme superficiel, des thérapies censées apporter un repos à l'âme éprouvée de l'auteur, et des récits intimes où tout ce qui compte c'est le « JE ». La situation d'A. Farah est peut-être particulière en ce qui concerne sa maladie auto-immune, pourtant elle ne méritait pas autant de place. Franchement, le culte du moi, c'est ennuyeux pour le lecteur. Gilles Marcotte avait raison de dire que « l'empyrée de la médiocrité larmoyante, au Québec, est décidément surpeuplé. »
Personnellement, je n'en revient tout simplement pas. Comment quelqu'un qui étudie la littérature depuis tant d'années, qui, de surcroit, l'enseigne, (professeur agrégé de l'université Mc Gill !) peut-il produire ce genre de texte? Je comprends que l'inspiration d'Alain Farah est l'Ulysse de James Joyce, mais encore faut-il en avoir le génie. le lecteur est emporté, ad nauseam, comme un bout de bois dans un flot déchaîné de banalités. C'est en lisant des ouvrages comme celui-ci que l'on repense avec plaisir aux romanciers qui, comme Balzac, Stendhal, Dostoïevski, Faulkner, Kafka, Rushdie, Grass, Garcia Marquez et bien d'autres, créent des mondes plus grands que nature, des personnages complexes, voire contradictoires, qui ficellent des intrigues riches et abordent des questions qui dépassent les petites avanies de la vie quotidienne. À la critique littéraire du Québec qui a encensé presque unanimement ce texte, je dis : il y a plus que l'autofiction !
Commenter  J’apprécie          121
Certifié, dense et formidable, « Mille secrets Mille dangers » est une sacrée gageure.
« Yeux bleus je vous vois. »
Alain Farah conte sa vie, rassemble l'épars, les confidences prennent place. Il suffit d'une journée pour tout dire, tout reconstruire. Il rassemble le puzzle de son existence. C'est l'électrochoc du plus beau jour d'une vie, puisque aujourd'hui Alain Farah se marie.
Le lieu est symbolique, ce sera donc à l'Oratoire Saint-Joseph. Ses parents divorcés sont des libanais d'Égypte. Son père Shafik Elias est posé, rassurant et protecteur. Sa mère Yolande Safi est à l'instar d'une anti-héroïne pour lui. Il ressent envers elle beaucoup d'amertume, d'aigreur et d'impatience.
Dans ce récit où tout vole en éclat, un cousin-frère qu'on adore pour sa candeur, ses maladresses et ses faiblesses, Édouard Safi qui s'intéresse aux vieilles voitures, la mécanique exutoire. Il se brûle les ailes, le syndrome de Peter Pan pour toile de fond. Alain Farah monte les marches, se retourne et nous parle. Et là les amis, on écoute attentif, les déchirures familiales, l'idiosyncrasie des religions, les erreurs d'aiguillage. L'enfance bercée dans les épreuves, une maladie sournoise et invalidante, les médicaments à outrance, les désenchantements, et les déroutes.
« J'aurais souhaité que ce livre raconte tout entier un mariage, j'aurais souhaité que ce livre soit un livre de joie, mais la joie nous a quittés et l'écriture m'échappe, malgré moi le temps ne va plus, malgré moi les époques, les évènements se superposent, se confondent, se projettent en une image impossible où tout bataille pour occuper l'avant-plan de ma conscience agitée. »
Ce plaidoyer socle et cheminement chaotique est prononcé à mi-voix.
Alain Farah écrit les clairières en devenir, le consentement qui exaucera son initiation.
« L'échange des voeux, le mariage, j'étais là, je suis là, c'est maintenant, mon frère ! »
Ici, ce n'est pas une histoire mais la rectitude d'une parole qui ose avec pudeur et douceur nous conter les profondeurs des sentiments, tout ce qu'une vie froisse ou élève, foudroie ou admire.
Cette contemporanéité sincère, vive et respectueuse est la marée basse, l'enjeu des migrations intérieures, l'amour pour sa femme, là, maintenant, un colibri discret et silencieux. 
« Mille secrets Mille dangers » est le livre des émancipations la conjugaison des expériences qui forgent l'humain et son macrocosme.
Cette autobiographie est valeureuse, salvatrice, immensément généreuse envers le lecteur.
C'est une invitation au mariage où le monde et ses surprises est une table de maître.
Alain Farah, après « Pourquoi Bologne & Matamore N° 29 » délivre les secrets et les risques d'un homme qui va prendre son élan du haut de la montagne de son existence et s'envoler envers et contre tout. Renaître dans le cercle d'une cérémonie exutoire.
Magistral et accompli. Publié par les majeures éditions le Quartanier éditeur.

Commenter  J’apprécie          90
Il pourrait s'agir d'une autofiction : le narrateur s'appelle Alain Farah et de toute évidence l'auteur a mis beaucoup de sa personne et de sa vie dans Mille secrets mille dangers. Mais le livre comprend surtout tous les ingrédients d'un très bon roman : des personnages hauts en couleur, des dialogues animés, des descriptions de lieux évocatrices, un rythme et une intrigue, le tout dans un registre qui passe du comique et au tragique.

Le récit se déploie autour d'un jour de juillet 2007, celui du mariage d'Alain Farah alors âgé de 27 ans. Tout au long du roman, le déroulement de la journée, raconté d'heure en heure, est entrecoupé de nombreux allers-retours dans le passé et dans le futur (au moment où l'auteur écrit le livre). L'auteur-personnage transporte avec lui un bagage familial imposant. Il est fils d'immigrants libanais d'Égypte et il souffre depuis l'enfance d'une maladie chronique héréditaire, deux caractéristiques qui l'ont forgé, qu'il le veuille ou non.
Commenter  J’apprécie          110
Mille secrets mille dangers

Alain épouse sa dulcinée Virginie dans la crypte de l'oratoire Saint-Joseph à Montréal le 7 juillet 2007. Durant cette journée, son cousin Édouard, son amie Myriam, ses parents, ses beaux-parents ont tous une responsabilité (discours, auto, montage photos, nourriture, etc.). Mais, durant cette journée qui doit être la plus belle de sa vie, Alain pense à ses origines, aborde ses angoisses, ses maladies, parle de son premier amour Constance, relate les tribulations de son cousin Édouard et la séparation de ses parents. Ce tête à tête avec lui-même l'amène à réfléchir sur le sens de la vie, de la mort, du temps qui passe, des classes sociales, de l'engagement, de la honte qui le ronge, etc.

Mais, durant sa soirée de noces, un fantôme de son passé surgit. Un fantôme portant un masque plus que réel qui s'avère porteur de lourdeur, d'angoisse, de déchirement, de honte.

Ce que j'en pense

J'ai beaucoup aimé ce livre pour toutes sortes de raison et je vais m'expliquer. D'une part, j'ai apprécié le jeu narratif. J'ai trouvé la construction dynamique et intéressante. À travers les trois parties, l'instance lectrice a accès à la perception de différents personnages afin de dresser le portrait d'Alain et de comprendre ses secrets. L'auteur se met en scène en ayant recours à «l'autofiction». Il n'hésite pas à se dévoiler et à parler de ses peurs les plus profondes.

D'autre part, j'ai été émue de lire la dédicace :

«À la mémoire de Myriam E. (1979-2014)».

Myriam est la demoiselle d'honneur de Virginie et sa meilleure amie. Elles sont inséparables et se connaissent depuis longtemps. Elle est aussi l'ami d'Alain. Ainsi, ce livre lui permet d'exulter la peine reliée à la perte de son amie, morte des suites d'un cancer du sein, beaucoup trop jeune. Myriam était aussi une maman. La vie est injuste. La mort frappe là où on ne l'attend pas. de cette injustice va naître ce récit. Il faut redonner vie à Myriam, lui rendre hommage en parlant d'elle. Dans le désordre, le chaos, jaillit la lumière. Comme le mentionne le narrateur afin de contrer son insomnie à la suite de l'enterrement de Myriam :

«Je me suis résolu à m'installer à la table de la cuisine. J'ai ouvert mon cahier et je me suis mis à écrire. J'ai accueilli les images qui m'obsédaient et j'ai accueilli les phrases les légendant, je les ai laissées venir pêle-mêle sans chercher à organiser le désordre. J'observais, j'écrivais. Je laissais venir les phrases qui me rendaient à ma souffrance, à la vérité de ce que je vivais, à celles et ceux que j'aimais, mes parents, Vir, Dodi, Mym, Mym vivante qu'il fallait laisser partir et que je voulais violemment faire revivre. » (p. 482)

Tout noter dans un cahier pour ne pas effacer les traits de son amie, pour se rappeler d'elle, de son importance dans sa vie car elle sera toujours liée à lui malgré tout lors, entre autres, du plus beau jour de sa vie, son mariage, un samedi de juillet.

Mais encore, ce récit permet à Alain de parler de la relation d'amitié qu'il vit avec son cousin Édouard et des quiproquos qui gravitent autour de cette dernière. C'est rare et précieux car le couple c'est aussi et surtout eux. Ils s'aiment, ils se comprennent et ils se respectent. C'est un bel ode à l'amitié entre hommes. Ces derniers apprennent à quitter l'enfance et à devenir ou pas des hommes.

Ce livre est tantôt drôle (j'ai ri à quelques reprises) et parfois triste. Je vous le recommande sans hésitation car je suis heureuse de l'avoir lu. Il est des livres comme ça qui vous apportent de la Joie et c'est beau ce sentiment. Ce livre m'a permis de comprendre qu'il importe de lire avec les yeux du coeur.

Je tiens à remercier les Prix littéraires du Gouverneur général du Canada pour cet envoi en service de presse. Je suis touchée par cet honneur.
https://madamelit.ca/2022/12/14/madame-lit-mille-secrets-mille-dangers-dalain-farah/
Lien : https://madamelit.ca/2022/12..
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (2)
LeMonde
24 mars 2022
Alain Farah, écrivain québécois d’origine libanaise, allie les contraires pour mieux sonder l’histoire et ses névroses dans une autobiographie romancée qui se déroule sur vingt-quatre heures.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
09 janvier 2022
Mille secrets mille dangers n’est rien de moins qu’un tour de force narratif, dans lequel l’auteur a l’élégante sagesse de ne pas attirer l’attention sur sa propre virtuosité, mais bien sur son histoire.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les mots tourbillonnaient dans ma tête, perdant un peu de leur sens à chaque tour. Égyptien pure laine. Québécois pur foul. Libanais par le mauvais oeil, Montréalais du Petit Liban. Arabe de culture. Phénicien par l’ADN, Chawam des deux côtés, maronite par Dieu. Levantin dans le silence de l’hiver.
Commenter  J’apprécie          110
J’aurais souhaité écrire un livre de joie, mais ce livre sera ma peine. Ma peine d’avoir perdu une amie, ma peine à écrire cette perte, ma peine d’avoir tant essayé, puis d’avoir abandonné.

(Le Quartanier, p.85)
Commenter  J’apprécie          90
Je me suis résolu à m’installer à la table de la cuisine. J’ai ouvert mon cahier et je me suis mis à écrire. J’ai accueilli les images qui m’obsédaient et j’ai accueilli les phrases les légendant, je les ai laissées venir pêle-mêle sans chercher à organiser le désordre. J’observais, j’écrivais. Je laissais venir les phrases qui me rendaient à ma souffrance, à la vérité de ce que je vivais, à celles et ceux que j’aimais, mes parents, Vir, Dodi, Mym, Mym vivante qu’il fallait laisser partir et que je voulais violemment faire revivre.
Commenter  J’apprécie          20
Ce travail de tant d’années, ce travail d’écriture et de lecture de moi-même par la parole m’aidera à comprendre comment, prisonnier de la colère, de la honte et du déni, j’ai construit un récit où me cacher, où me mettre à l’abri de la vérité.
Commenter  J’apprécie          30
de Wali Wali : C’est une des dernières choses que m’a dites mon père: tiens-toi loin des mosquées. Ça commence par le petit hijab sur la tête de leurs filles pendant une partie de soccer…puis après ils lancent des pétitions…On ne s’en rend pas compte mais, bientôt, les pauvres Québécois de souche ne pourront plus manger leurs oreilles de Christ en paix à la cabane à sucre.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Alain Farah (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Farah
Regards-croisés Québec-France Diffusion de la lecture-rencontre entre Alain Farah (Québec) et Nathalie Quintane (France).
autres livres classés : québecVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (402) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature québécoise

Quel est le titre du premier roman canadien-français?

Les anciens canadiens
La terre paternelle
Les rapaillages
L'influence d'un livre
Maria Chapdelaine

18 questions
221 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature québécoise , québec , québécoisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..