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EAN : 9782722606289
88 pages
Collège de France (16/11/2023)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Écologique, sanitaire, énergétique, économique, sociale, humanitaire, démocratique : les crises sont une composante essentielle du monde contemporain. Si les sciences sociales peuvent aider à les comprendre et à les résoudre, leur rôle est également d'interroger le langage de la crise, d'analyser l’écart ou la convergence entre la réalité et sa représentation : nommer ou taire une crise, l’exagérer ou la minimiser sont autant de procédés générateurs d’affects, de te... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Exprimer le passé en termes historiques ne signifie pas le reconnaître "tel qu'il a réellement été". Cela revient à s'emparer d'un souvenir tel qu'il apparaît en un éclair à l'instant d'un danger."

(Walter Benjamin, "Sur le concept d'histoire")

À l'instar de Didier Fassin, qui débute sa leçon inaugurale par l'évocation de la fin tragique que connut Walter Benjamin en 1940, c'est également par lui que j'aimerais commencer.
Enfin, presque !
Commençons par le Collège de France, puis Patrick Boucheron, puis Walter Benjamin et son oeuvre ultime...
Car ce sont quelques mots (que j'ai vite noté), prononcés par le professeur Boucheron, lors de son cours "Inventions du politique" qui m'ont fait lire, chercher d'abord puis découvrir ce joyau littéraire et philosophique (je ne sais pas trop comment le qualifier, je sais seulement que c'est précieux)

"[...] s'emparer d'un souvenir tel qu'il apparaît en un éclair à l'instant d'un danger."
Lorsque l'on prend l'habitude de se faire scribe, pour un oui, pour un non ; on n'est d'autant plus frappé par l'étrange beauté de certaines expressions, un détachement soudain, une singularité qui étonne, exigeant l'attention...
Qu'a-t-il voulu dire ?

J'ai l'impression qu'il y a comme l'esquisse d'un impossible mouvement ; comme cet Ange de l'Histoire, fasciné, le regard fixe qui s'en va pourtant où il ne peut rien voir ; comme le moment critique de définition de la crise peut-être..
Critique parce que la situation impliquant une telle définition doit être, de part son caractère événementiel, ou en tout cas inhabituel et sa charge émotionnelle, de fait, peu propice à la réflexion et à un raisonnement lucide
À propos de ce qui est en train d'arriver, de ce qui nous arrive...

Ce fascicule contient une très belle leçon ; une seule, mais cette leçon, c'est la première.. C'est donc aussi un moment et un rite de passage dans l'institution du Collège de France.
Qui, s'il n'est pas censé être "critique", sinon par abus de langage, n'en est pas moins chargé d'affect tant pour le nouveau professeur que pour son auditoire
(Bien qu'en l'occurrence, l'exercice ne soit pas inédit pour Didier Fassin, inaugurant en 2020, au même endroit, son cours intitulé "De l'inégalité des vies")

Il me reste à remercier chaleureusement l'équipe de Babelio et les éditions du Collège de France pour l'envoi de ce petit ouvrage (petit mais substantiel et incitatif)

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« C'est la grande signification de toutes les crises qu'elles rendent manifeste ce qui est caché », écrivait Lénine en 1917, cité par Didier Fassin.

Dans ce cours inaugural de Didier Fassin pour son élection à la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines », le sociologue s'interroge sur le rôle que peut être celui du chercheur en sciences sociales face aux crises (dont il donne une définition).

En revenant sur le parcours de ceux qui ont fait les sciences sociales en France (Claude Lévi-Strauss, Marc Bloch, Germaine Tillon, Pierre Bourdieu...), il nous montre que la sociologie est une discipline qui s'est elle-même fondée sur les crises et qu'elle ne peut être pensée sans elles, tout comme la société ne peut se passer du sociologue pour les penser et les résoudre.

Ce petit livre très court et très dense (une cinquantaine de pages), d'une grande solidité (arguments en béton, sources systématiques, économie de la langue, clarté et concision) et d'une grande actualité suscite la réflexion. Il donne un bon état des lieux des sciences sociales et de leurs différents courants. Il est excellent pour les enseignants et les étudiants en sciences sociales, mais aussi pour les citoyens concernés souhaitant prendre de la hauteur sur les enjeux actuels et les militants cherchant à ajouter quelques théories et concepts à leur arsenal rhétorique.

Je conclurais en disant que ma grand-mère de droite, fervente lectrice du Figaro, l'a lu et qu'elle a trouvé ce petit essai « très intéressant et enrichissant ». Je l'ai lu pour ma part après une embrouille sur X avec une vélo taffeuse, et la lecture de ce livre m'a donné envie de faire la paix avec elle. Bref, à mettre entre toutes les mains !

Je remercie Babelio pour ce livre envoyé dans le cadre du programme Masse Critique non-fiction, qui m'a donné envie de relire Didier Fassin et de découvrir d'autres cours inauguraux du Collège de France.
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Cet ouvrage d'une cinquantaine de pages est la retranscription de la leçon inaugurale de Didier Frassin, médecin, anthropologue et sociologue, au Collège de France.

C'est une tradition dans les universités. Par ce premier discours solennel public, face notamment ses homologues universitaires et autres personnalités officielles, le professeur prend possession de la chaire où il va enseigner. La leçon inaugurale présente ses recherches et le situe par rapport à ses prédécesseurs.

Didier FRASSIN évoque donc la CRISE, de son origine étymologique aux représentations et aux effets qu'elle produit - qu'elle soit sociale, humanitaire, économique, politique... Il met en évidence, entre autre, les conséquences d'une crise désignée, et au contraire de celle qui est tue.
Sujet plus que d'actualité donc.

Plusieurs personnages, du monde des sciences humaines ou sociales, sont cités en référence, ainsi que différentes situations aux conjonctures variables.

Ce n'est pas forcément le type de récit que je lis habituellement (malgré mon Master en Sciences Sociales...!) mais il aurait été dommage de passer à côté. Une lecture rapide et très intéressante découvert grâce à la masse critique Babelio.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Significativement, Koselleck voit dans Kant un dangereux penseur qui a ouvert la boîte de Pandore et participe de ce qui a conduit à ce qu'il nomme une "hypocrisie révolutionnaire", tandis que Foucault en fait un philosophe émancipateur qui non seulement a aidé ses contemporains à sortir de leur "état de tutelle", selon la formule kantienne, mais les a également invités à se reconnaître comme sujets de leur histoire. Aussi différentes que soient ces deux lectures, l'une comme l'autre associent la crise et la critique à la modernité, et même plus précisément à la modernité occidentale. Pour Koselleck, la crise marque une rupture dans l'écoulement du temps : elle est la signature de la modernité. Pour Foucault, la critique est un nouveau mode de relation au présent et à soi : elle est une attitude qui définit la modernité.
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Le covid était là, imprévu, soudain. Le changement climatique est, lui, attendu, progressif. Ses effets les plus graves sont différés. On n'envisage pas de mettre en œuvre à son sujet des mesures d'exception. Cette pusillanimité tient au fait que les choix qu'il suppose et les sacrifices qu'il impose sont bien plus audacieux que ne l'étaient un confinement de quelques mois.
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De sanitaire, la crise est devenue celle de la politique sanitaire, impliquant la critique des choix faits de longue date en matière de délocalisation de la production des biens communs, de réduction des dépenses relatives aux soins, de fermeture de lits d'hôpitaux et de délaissement de la santé publique.
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Le langage de la crise met ainsi à l'épreuve la démocratie. Il diffère la réflexion. Il permet d'agir sur les conséquences, ce qui est légitime, mais en éludant les causes, qui sont généralement structurelles. Nommer la crise, c'est ainsi souvent s'exposer au risque de se priver de la penser.
L'exemple le plus récent en est la pandémie de COVID, pour laquelle le lexique martial utilisé au début en France contribuait au phénomène de sidération collective, permettait la déclaration d'un état d'urgence sanitaire et justifiait des mesures coercitives quand, par contraste, on tenait en Allemagne un discours moins angoissant, on s'abstenait de dispositions d'exception et on en appelait à la responsabilité des citoyens, avec des résultats meilleurs en termes de mortalité pendant les premiers mois de la pandémie.
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Enquête dans laquelle chaque passage d'exilé contournant le col de Montgenèvre dans l'espoir d'atteindre Briançon m'évoque celui, tragique, il y a quatre-vingt-trois ans, de Walter Benjamin sous le Puig de Querroig, dans les Pyrénées, pour rallier Port-Bou.
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Videos de Didier Fassin (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Fassin
Didier Fassin, professeur titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines, introduit son cours de l'année 2022-2023 : Les épreuves de la frontière
Découvrez la suite du cours : https://www.college-de-france.fr/agenda/cours/les-epreuves-de-la-frontiere/rencontres
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