Magnifique anthologie de contes et de légendes tsiganes, qui lève - légèrement - le voile sur la mythologie, les croyances (faites d'un mélange d'hindouisme, de christianisme et d'animisme) et surtout les valeurs de ces fils du vent, de ce peuple de musiciens, de poètes et de conteurs.
Les contes sont très poétiques et nous parlent de la beauté de la nature, de la force de l'amour et de l'appétit insatiable de l'homme pour la liberté. Un vrai bol d'air, salutaire et vivifiant …
A la fin, on trouvera une bibliographie, ô combien précieuse pour tous les amateurs de contes ou de culture tsigane. C'est suffisamment rare pour être souligné …
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Ouvrage essentiel pour découvrir, comprendre et apprécier les contes tsiganes qui font preuve d'une sagesse pas toujours très lisse et qui fait pourtant tellement de bien à entendre !
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Quand il eut fini sa tournée manquée, il rentra dans sa forêt, pauvre, affamé, accablé de ne pouvoir vivre de son art et de sa passion. Une mésange attirée par ses soupirs vint se poser et, comme il parlait la langue des oiseaux, il comprit son langage.
– Qu'as-tu, fils du vent, mon frère, qui te fait tant soupirer ?
– Ils me disent tous de fabriquer des cages. Je suis le menuisier des bouvreuils mais pas un faiseur de prisons. J'en ai plein le coffre, personne, pas même pour une pièce, ne veut de mes petites maisons. Et pourtant elles sont si belles ! Que les grives et les rouge-queues m'en soient témoins.
[in "Les oiseaux des Tsiganes"
C’était un Tsigane. Il percevait le chant du monde et le humait comme un renard doré. Il cheminait avec les loups, les taupes et les sangliers, le nez au vent, allant d’instinct vers le sud. Il arriva un jour dans une forêt de cèdres, sans savoir qu’il pénétrait dans le domaine d’un roi tsigane.
Extrait du préambule:
Au cours de l’été 2010, les auteurs se sont indignés de la campagne nauséabonde qui menaçait une fois de plus le peuple invisible. La réponse est venue comme le soleil. Si l’ignorance défigure le monde tsigane, la sagesse de ses contes réveille la conscience. Une perception capable non seulement de rendre à ceux qui sont méjugés, rejetés, leur véritable visage, mais aussi de semer dans notre espace dit civilisé ces perles rares que sont la liberté, la spontanéité et le respect.
Méfie-toi des casaniers, avait dit en son temps le vieux, le bonheur indispose. Ils demandent à Dieu comme s’ils étaient des éléphants, mais quand ils voient venir la lumière, ils tremblent et se révèlent être de parfaits dindons. La colère qui les prend vient de leur peu de gloire. Ils crient au loup, ils abattent la biche et après ils vont dormir.
Qui a longtemps vécu sait bien des choses, mais qui a beaucoup voyagé en connait plus encore. Lorsque tu restes immobile, la sueur qui coule de ton front creuse ta tombe.
A propos des contes avec Pascal Fauliot et Patrick Fischmann (extrait)