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Sylvain Fort (Traducteur)
EAN : 9782851815293
166 pages
L'Arche (01/01/2003)
3.96/5   27 notes
Résumé :
Aucun autre suisse est tellement connu que Guillaume Tell - grâce au poète allemand Friedrich von Schiller et son drame Wilhelm Tell.
L' image de Guillaume Tell se trouve sur les pièces de monnaie de 5 francs suisses - mais les doutes que Guillaume Tell n'a jamais vécu sont très bien fondés. Mais sans doute, la légende de Guillaume Tell a exercé une influence importante sur l'histoire de la suisse et d'autres pays.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai adoré ce Guillaume Tell de Schiller. Je comprends aisément qu'il ait pu inspirer si divinement Gioachino Rossini pour son opéra homonyme. Car cette pièce est une invite à la grandiloquence, à la grandeur d'âme, à la passion, au romantisme, à l'héroïsme, au dépassement et à l'abandon de soi pour la cause commune.

C'est vrai, Guillaume Tell n'est pas Cyrano, mais tout de même ; il a quelque chose ce garçon, avouons-le ! Il nous fait frétiller la poitrine ; il vous décolle la plèvre rien qu'à sauter dans une barque au plus fort d'une tempête ou à bondir comme un chamois, arbalète à la main, au-dessus des précipices, dans les escarpements abrupts où même les agiles quadrupèdes seraient mis à mal.

Je vous concède que ce n'est pas un champion du maniement de la langue. C'est un taiseux, qui parle par courtes phrases — quand il parle ! —, qui lâche une longue tirade uniquement quand il est seul et qu'il devise pour lui-même, cherchant au fond de son coeur les solutions à ses problèmes. Car ce qu'il aime avant tout, ce Guillaume Tell, c'est agir, agir et encore agir.

Les longs discours l'ennuient et il les méprise, or, de conciliabules il est grandement question ici, car ce n'est rien moins que le destin politique de la Suisse qui se joue sous nos yeux.

Friedrich Schiller reprend à son compte un récit traditionnel légendaire datant du début du XIVème siècle pour le faire coller au goût du jour de l'époque (de son époque en 1804) et le désir d'émancipation des peuples dans la mouvance de la Révolution française.

L'auteur reprend assez fidèlement le mythe ancien qui veut que du temps de l'empereur germanique de la lignée des Habsbourg, Albert Ier, celui-ci ait eu un bailli, nommé Hermann Gessler qui pour éprouver la fidélité et l'allégeance des habitants de trois cantons suisses voisins les fait plier sous sa férule.

En 1307, il fait ériger, en plein centre de la place publique d'Altdorf un mat au sommet duquel il installe son propre couvre-chef que chaque habitant devra saluer en se découvrant à chacun de ses passages sous le chapeau en signe de soumission.

Guillaume Tell, un brin séditieux sur les bords, passe ouvertement auprès du mat en ignorant cordialement l'appareil vestimentaire du bailli. Convoqué devant Gessler, Tell invoque sa distraction au moment des faits ; ce à quoi Gessler ne croit que très moyennement et le condamne à tirer une flèche dans une pomme posée sur la tête du propre fils de Guillaume. En cas d'échec volontaire du tireur, celui-ci sera mis à mort.

Malgré la cruauté de l'enjeu, Guillaume Tell s'exécute et vient victorieusement à bout de l'épreuve. Néanmoins, le bailli s'étonne du fait que Tell ait glissé, préalablement au tir, une seconde flèche dans son habit. Il demande au tireur de s'expliquer sans crainte.

Guillaume Tell avoue alors sans détour que si sa flèche avait touché son fils, il aurait décoché celle-ci en plein coeur de Gessler. Je vous laisse découvrir la suite si vous ne la connaissez pas.

Ce récit mythique, fondateur de l'identité suisse, dont on retrouve la trace écrite pour la première fois dans le livre blanc de Sarnen, qui a pour théâtre le Lac Des Quatre Cantons situé en plein coeur de la Suisse moderne, tombe à pic pour Schiller.

En effet, l'Europe est secouée par le tremblement de terre idéologique et politique que constitue la Révolution française. L'ordre ancien vacille et le désir des peuples à l'autodétermination et à l'émancipation n'a jamais été aussi fort, notamment sous la houlette des Lumières.

L'émergence de Napoléon, le leader national issu du peuple et combattant la tyrannie des monarques européens consanguins fait son oeuvre dans les cerveaux un peu partout en Europe. le romantisme commence à pointer le bout de son nez, donc, quoi de mieux pour Schiller que cette légende ancienne, montrant la réussite d'un soulèvement populaire pour l'accession au plus fondamental des droits de l'homme, — la Liberté.

Cependant, probablement en raison des écarts de conduites constatés lors de la Terreur, l'auteur insiste sur la légitimité d'une insurrection et que tout régicide n'est pas bon à prendre comme l'atteste le personnage de Joannes, duc de Souabe, criminel par vénalité et par soif de pouvoir.

Vous vous doutez bien que de nos jours, cette oeuvre de Schiller a perdu tout caractère de subversion, bien qu'elle en ait probablement eu un dans l'Europe du début du XIXème siècle. Il est même fort possible que s'il n'était mort peu de temps après la sortie de sa pièce, Friedrich Schiller aurait eu à rendre quelques comptes sur la signification du message véhiculé par ce drame.

Ce qu'il en reste, en ce début de XXIème siècle, c'est un beau morceau de théâtre, bien plaisant ma foi et qui donne envie d'aller mordre encore à la besace de Friedrich, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, trois pépins de pomme sur une tête…
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Créé en 1804, Guillaume Tell est la dernière pièce de théâtre de Schiller, mais la première que je découvre de son oeuvre.

Schiller, qui n'est jamais allé en Suisse écrit à partir des notes de son ami Goethe une oeuvre sur le héro du mythe fondateur Suisse, arbalétrier hors-pairs. Héros de la révolte des trois cantons Suisse contre l'empire des Habsbourg

En 1804 , la pièce est crée quelques mois avant le coup de d'Etat de Napoléon en France. Nous sommes donc encore sous la première république française, et les idées révolutionnaires agitent l'Europe. Ces idées ont une influence évidente sur la pièce, qui a une lecture politique assez simple. Les peuples ont le droit de disposer librement d'eux-même. La figure de l'empereur n'est pas accablée, mais les gouverneurs autrichiens sont des tortionnaires sans coeur. La révolte des opprimés est donc légitime et les suisse ont légitiment le droit de chasser l'occupant .

La particularité est ici qu'il s'agit des trois cantons suisses Uri, Unterwalt et Schwytz liés par une "antique alliance" qui s'unissent lors du mythique serment du Grutli et se soulèvent.
Il y a donc plusieurs lieux chaque cantons comptant ses propres héros et paysans. On a un peu de mal à se retrouver dans de si nombreux personnages secondaires à la lecture, c'est peut-être un peu plus facile au théâtre. Dans ceux ci on retrouve des personnages mis un peu plus en avant : Walther Furst , le beau père de guillaume Tell a la sagesse procurée par son age, Stauffacher portera la révolte.
La figure du baron Attinghausen est intéressante : il s'agit d'un noble épargné par les autrichiens, mais souffrant des mauvais traitement infligés à son peule, et le soutenant donc contre l'occupant.

Guillaume Tell est donc le personnage principale du récit. il est d'abord présenté comme rameur intrépide et excellent arbalétrier. Cette figure de héros intrépide se teintera d'humanité quand il exprime sa peur devant l'épreuve imposée par le gouverneur Gessler, puis de bonté dans la dernière scène. Schiller nous propose un portait profond de son héros
On notera que son histoire n' a pas réellement de rapport avec celle de l'insurrection mais ne fait que la croiser. Il refusera même de s'engager dans celle ci au début du récit. Peut-être s'agit t'il d'un reste de la vision Rousseauiste (du refus de la vie en société) que Schiller a eu au début de sa vie artistique.

La scène finale présente l'opposition entre Tell, ayant tué après un long monologue le gouverneur Gessler, dans un cadre de légitime défense pour la protection de sa famille et des siens (dans une moindre mesure) à Jean le parricide, ayant tué l'empereur par simple cupidité, horrifié de son geste. Après hésitation Tell lui apportera le secours minimum requis à celui qui reste son semblable, et le recommande à Dieu et à l'intercession du Pape. Schiller insiste avec force sur la différence entre la légitime défense et la violence égoïste liée à la cupidité.

Bref : une pièce intéressante et un peu plus complexe que d'autres probablement bon reflet de la pensée européenne révolutionnaire du début du XIXème siècle. Probablement pas l'oeuvre de Schiller la plus accessible, mais ça je m'en rendrai compte quand j'aurai avancé dans ses écrits.

Sources :
- La conception dramaturgique de Guillaume Tell. Un drame de la liberté d'une bouleversante actualité par Peter André Bloch, Professeur à l'Université de Haute-Alsace (Mulhouse)
- Dans une bien moindre mesure, l'article Wikipédia correspondant à la pièce
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Une pièce à grand spectacle, serais-je tentée de dire. L'histoire est très connue. La Suisse au XIVe siècle, les Autrichiens veulent prendre le contrôle du pays. Les paysans et quelques seigneurs locaux souhaitent garder l'indépendance suisse. le premier acte nous dépeint les pressions et les exactions autrichienne, le deuxième le conflit de générations entre le vieux Attinghausen et son neveu Rudenz, prêt à embraser la cause de l'Autriche pour se rapprocher de Bertha. Mais la résistance s'organise, et les représentants de trois cantons organisent l'action de la résistance à venir et prêtent serment. Dans le troisième acte, nous en venons à la fameuse scène dans laquelle Guillaume Tell ne salut pas le chapeau ducal et doit viser la pomme sur la tête de son fils. Dans le quatrième acte, Tell s'échappe et abat Gessler, son cruel oppresseur. Dans le dernier acte, la révolte a réussie, et grâce au meurtre de l'empereur de la main de son neveu, l'Autriche n'est pas en mesure de réagir.

Pièce très construite, très dramatique, avec de longues et belles tirades, appel à la liberté, hymne à la nature. Les très nombreux personnages, intrigues, l'importance des foules, lui donnent un côté très "grand opéra".

C'est la dernière pièce de Schiller, et la comparaison avec Les brigands montre le chemin parcouru, avec une maîtrise infiniment plus grande, une façon de varier les registres dramatiques.
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De l'opéra de Rossini aux cahiers de cette oeuvre, tout le charme de ce héros et de sa légende nous emmène dans ces contrées de montagnes où amour et bravoure combattent pour la liberté de tous et de toutes, celle d'un pays. La Suisse.

Belle légende à découvrir dans ses élans et ses aventures.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
GESSLER : Tu es un maître à l'arbalète, Tell, on dit que tu défierais n'importe quel tireur ?
WALTER TELL : Et c'est la vérité, seigneur... Mon père pourra te tirer une pomme de l'arbre à cent pas.
GESSLER : C'est ton fils, Tell ?
TELL : Oui, cher seigneur.
GESSLER : Tu as d'autres enfants ?
TELL : Deux garçons, seigneur.
GESSLER : Et lequel préfères-tu ?
TELL : Seigneur, j'aime mes deux enfants tout autant.
GESSLER : Eh bien, Tell ! Puisque tu touches la pomme de l'arbre à cent pas, il va te falloir me donner une preuve de ton art... Prends ton arbalète... Puisque tu l'as avec toi... et prépare-là à tirer une pomme sur la tête de ton fils... Mais, je te le conseille, vise bien, et touche la pomme du premier coup, car si tu la manques, tu le paieras de ta vie.
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LE PARRICIDE : J'espérais trouver chez vous miséricorde, vous aussi vous êtes vengé de votre ennemi.
TELL : Malheureux ! Oses-tu confondre le méfait sanglant de l'ambition avec la légitime défense d'un père ? As-tu défendu la tête chérie de ton enfant ? Protégé le sanctuaire du foyer ? Détourné des tiens le plus horrible, le plus extrême des châtiments ? ... Je lève au ciel mes mains pures, je te maudis, toi et ton crime... J'ai vengé la sainte nature que toi tu as souillée... Je n'ai rien à voir avec toi... Tu as assassiné, j'ai défendu mon bien le plus cher.
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STAUFFACHER : Nous pourrions faire de grandes choses en nous alliant.
TELL : Dans le naufrage, on s'aide mieux tout seul.
STAUFFACHER : Vous délaissez si froidement le bien public ?
TELL : Compter sur soi-même, rien de plus sûr.
STAUFFACHER : Unis, les faibles deviennent puissants.
TELL : Seul, l'homme fort est plus puissant.
STAUFFACHER : Ainsi la patrie ne pourra pas compter sur vous quand par désespoir elle prendra les armes ?
TELL : Tell remonte du gouffre un agneau perdu et il ferait défaut à ses amis ? Quoi que vous fassiez, laissez-moi hors de l'assemblée. Je ne sais pas prendre le temps d'examiner et choisir. Mais si vous avez besoin de moi pour une action précise alors, appelez Tell, et je serai des vôtres.
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GERTRUDE : Vous aussi êtes des hommes, vous savez manier la hache : que Dieu assiste l'homme courageux !
STAUFFACHER : Ô, femme ! C'est une horreur redoutable, ravageuse, que la guerre, elle abat le troupeau, elle abat le berger.
GERTRUDE : L'on doit supporter ce que le Ciel envoie. L'injustice, elle, est insupportable au cœur noble. (...)
STAUFFACHER : Nous autres hommes pouvons mourir en vaillant combat, mais votre destin, à vous, quel sera-t-il ?
GERTRUDE : Le choix ultime, même le plus faible en dispose. Un saut depuis ce pont, et je suis libre.

GERTRUD :
Ihr seid auch Männer, wisset eure Axt
Zu führen, und dem Muthigen hilft Gott !
STAUFFACHER :
O Weib ! Ein furchtbar wüthend Schreckniß ist
Der Krieg, die Heerde schlägt er und den Hirten.
GERTRUD :
Ertragen muß man, was der Himmel sendet,
Unbilliges erträgt kein edles Herz. (...)
STAUFFACHER :
Wir Männer können tapfer fechtend sterben,
Welch Schicksal aber wird das Eure seyn ?
GERTRUD :
Die lezte Wahl steht auch dem Schwächsten offen,
Ein Sprung von dieser Brücke macht mich frei.
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Ne rejette pas pour un vain éclat et un brillant trompeur la perle véritable de ta valeur... Être le chef d'un peuple libre qui ne se voue à toi de tout son cœur que par amour, qui te sera fidèle dans le combat et dans la mort... Que cela fasse ta fierté, vante-toi de cette noblesse-là... Serre bien fort tes liens de naissance, attache-toi à ta patrie, tiens-toi à elle de tout ton cœur. Là sont les racines vigoureuses de ta force ; là-bas, en ce monde étranger, tu seras seul, roseau tremblant que brisera la moindre tempête. Oh, viens, voilà longtemps que tu ne nous as vus, essaie de passer avec nous un jour seulement...
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