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EAN : 9782916390413
125 pages
Cent pages (14/11/2013)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Extrait de « Le côté de Guermantes », un des passages les plus émouvants de A la recherche du temps perdu.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En 100 pages, entrevoyez pourquoi on peut trouver à Proust un charma infini
Proust fait parfois un peu peur. Il fait partie de ces auteurs dont on rechigne à ouvrir les livres. Les Céline, Faulkner, Duras... Pour tous, je ne sais pas mais pour Proust, il y a une solution. Partielle il est vrai:
Lisez donc ce petit recueil de 100 pages qui reprend les merveilleuses pages que Proust a écrites sur la mort de sa grand-mère. 100 pages, ce n'est rien. Allez-y sans crainte. Pour vous aguicher, je reprends ci-dessous trois extraits où apparaissent toute la délicatesse de l'auteur, son sens des mots et des images...
Je néglige ce faisant, mais vous en trouverez une foule d'exemples dans ces 100 pages, les passages emplis d'humour, d'ironie acerbe, et plein d'autres richesses.
En cent pages, vous vous rendez compte !
Je cite :
"Alors pour la première fois les yeux de ma mère se posèrent passionnément sur ceux de ma grand-mère, ne voulant pas voir le reste de son visage, et elle dit, commençant la liste de ces faux serment que nous ne pouvons pas tenir : "Maman tu seras bientôt guéri c'est ta fille qui s'y engage" et, enfermant son amour le plus fort, toute sa volonté que sa mère guérit, dans un baiser à qui elle les confia et qu'elle accompagna de sa pensée, de tout son être jusqu'au bord de ses lèvres, elle alla le déposer humblement et pieusement sur le front adoré."
Plus loin :
"Et ma mère, au pied du lit, rivée à cette souffrance comme si, à force de percer de son regard ce front douloureux,, ce corps qui recelait le mal, elle a eût du finir par l'atteindre et l'emporter, ma mère disait "Non ma petite maman, nous te laisserons pas souffrir comme ça. On va trouver quelque chose, prends patience une seconde, me permets-tu de t'embrasser sans que tu aies à bouger ? Et penchée sur le lit, les jambes fléchissantes, un demi agenouillée, comme si à force d'humilité, elle avait plus de chance de faire exaucer le don passionné d'elle-même, elle inclinait vers ma grand-mère toute sa vie dans son visage comme dans un ciboire qu'elle lui tendait, décoré en relief de fossettes et de plissements si passionnés, si désolés et si doux qu'on ne savait pas s'il y étaient creusés par le ciseau d'un baiser, d'un sanglot ou d'un sourire."
Et pour finir :
"Ses traits, comme dans des séances de modelage, semblaient s'appliquer, dans un effort qui la détournait de tout le reste, à se conformer à un certain modèle que nous ne connaissions pas. Ce travail du statuaire touchait à sa fin et, si la figure de ma grand-mère avait diminué, elle avait également durci. Les veines qui la traversaient semblaient celles non pas d'un marbre mais d'une pierre plus rugueuse. Toujours penchée en avant par la difficulté de respirer en même temps que repliée sur elle-même par la fatigue, sa figure, frustre, réduite, atrocement expressive, semblait dans une sculpture primitive, presque préhistorique, la figure rude, violâtre, rousse, désespérée de quelque sauvage gardienne de tombeau. Mais toute l'oeuvre n'était pas accomplie. Ensuite, il faudrait la briser et puis, dans ce tombeau - qu'on avait si péniblement gardé avec cette dure contraction - descendre."
J'ai failli faire de ce dernier passage une explication de texte comme j'en faisais avec délectation au lycée ! Comment l'auteur nous fait passer, sans que l'on y prenne garde, d'une description physique de sa grand-mère à une remise en perspective. Elle est au bord du tombeau et la sanction tombera comme un couperet : la briser et descendre...
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Ah ! La mort de la grand-mère de Proust !
Tout un poème !
Il est tiré du Côté de Guermantes.
C'est un passage bien connu des amoureux de Proust.
Petit texte mais dense.
Il m'a fait penser un peu à Molière, avec son ballet de médecins de tout genre, les bons comme les mauvais.
Le plus "drôle"- étant, pour moi, le Docteur du Boulbon, incorrigible optimiste, qui ne croit qu'aux maux psychosomatiques, et qui aggravera la maladie de la grand-mère en lui permettant une dernière sortie.
J'ai bien aimé le passage sur les "cabinets"des Champs-Elysées, avec "sa marquise"!
Quelques moments grandioses, sous la plume de ce génie de Proust (que l'on aime ou pas, c'est un génie), comme celui bouleversant de sa mère qui n'ose pas regarder le visage de sa propre mère de peur d'y lire le symptôme de l'attaque.
Pourquoi cette lecture ? Parce que dans le lambeau de Philippe Lançon, rescapé miraculeux de l'attentat de Charlie Hebdo, mais atrocement mutilé au visage, il en parle sans cesse, et le lit avant chaque opération, comme une, tel qu'il le dit, prière préopératoire.
Curieuse comme je suis, j'ai donc voulu connaître ce texte.
Gageons que cette lecture lui ait porté bonheur et réconfort dans son cauchemar sans nom.
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Qu'on aime Proust ou non ( sacrilège !) voici deux bonne sraisons de lire "mort de ma grand-mère", extrait de "A la recherche du temps perdu" : le format pour le moins original adopté par les éditions cent pages, une sorte de _,( x 11 cm improbable et puis le très documenté texte de Bernard Franck sur les médecins dans l'oeuvre de Proust.
Ici, qui dit médecins dit mort, et Proust déploie tout son talent à nous faire entrer dans ce processus qui fonctionnerait comme une pièce mortifère au théâtre.
Il resterait à parler de l'écriture proustienne : aucune compétence sur ce sujet, je m'abstiens ; je lis le texte de B Franck puis je me plonge dans celui de Proust.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
(La grand-mère de l'auteur vient d'avoir une attaque.)

Je ne voulais pas que ma mère remarquât trop l'altération du visage, la déviation de la bouche ; ma précaution était inutile : ma mère s'approcha de grand-mère, embrassa sa main comme celle de son Dieu, la soutint, la souleva jusqu'à l'ascenseur, avec des précautions infinies où il y avait, avec la peur de ne pas être adroite et de lui faire mal, l'humilité dequi se sent indigne de toucher ce qu'il connaît de plus précieux : mais pas une fois elle ne leva les yeux et ne regarda le visage de la malade.
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Comme au temps lointain où ses parents lui avaient choisi un époux, elle avait les traits délicatement tracés par la pureté et la soumission, les joues brillantes d'une chaste espérance, d'un rêve de bonheur, même d'une innocente gaité, que les années avaient peu à peu détruits. La vie en se retirant venait d'emporter les désillusions de la vie. Un sourire semblait posé sur les lèvres de ma grand-mere. Sur ce lit funèbre, la mort, Comme le sculpteur du Moyen-Âge, l'avait couchée sous l'apparence d'une jeune fille.
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La grande modification qu'amène en nous le réveil est moins de nous introduire dans la vie claire de la conscience que de nous faire perdre le souvenir de la lumière un peu plus tamisée où reposait notre intelligence, comme au fond opalin des eaux.
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Je fus surpris qu'à ce moment où ma grand-mère était si mal, Françoise disparût à tout moment. C'était qu'elle s'était commandée une toilette de deuil et ne voulait pas faire attendre la couturière. Dans la vie de la plupart des femmes, tout, même le plus grand chagrin, aboutit à une question d'essayage.
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Françoise n'était pas insensible à tant de mise en scène ; celle qui entourait la maladie de ma grand-mère lui semblait un peu pauvre, bonne pour une maladie sur un petit théâtre de province.
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